. « Dès lors, j’entends par éducation l’éclosion initiale de la vertu chez l’en
. « Dès lors, j’entends par éducation l’éclosion initiale de la vertu chez l’enfant. Si le plaisir, l’affection, la douleur et la haine apparaissent donc comme il faut dans l’âme, avant qu’elle puisse en saisir la raison, et si, lorsque l’âme en a saisi la raison, ils s’accordent avec la raison pour reconnaître qu’elle a pris de bonnes habitudes, c’est cet accord qui constitue l’excellence dans sa totalité. Mais la partie de cette vertu qui concerne la formation au bon usage des plaisirs et des douleurs et qui fait que, du début à la fin, on prend en haine [653c] ce qu’il faut prendre en haine et qu’on chérit ce qu’il faut chérir, cette partie, si, après l’avoir isolée par la raison tu l’appelais « éducation », tu aurais raison, à mon avis, de l’appeler ainsi. p.653b-654a LIVREII -Dans les lois selon l’étranger, le début de l’éducation des enfants dépend des Muses et d’Apollon. L’éducation, faut-il donc dire, consiste à orienter les enfants selon la méthode que la loi dit être bonne et dont, forts de leur expérience, les gens les plus convenables et les plus âgés s’accordent pour proclamer qu’elle est réellement la meilleure. Ainsi donc, éviter que l’âme de l’enfant ne s’habitue à éprouver des joies et des 469 douleurs qui sont contraires à celles que recommande la loi, c’est-à-dire à celles dont la loi persuade qu’il faut les éprouver, et faire plutôt qu’elle suive les recommandations de la loi en éprouvant les mêmes plaisirs et les mêmes douleurs qu’éprouve le vieillard, c’est dans ce but qu’existent aujourd’hui, élaborés avec sérieux, ce que nous avons appelé des « chants » et qui sont en réalité des « incantations » pour les âmes, destinées à réaliser l’accord dont nous venons de parler. [659e] Mais, comme les âmes des jeunes gens ne sont pas capables de supporter ce qui est sérieux, il faut parler de « chants » et de « jeux » et les pratiquer comme tels. C’est ainsi qu’il en va chez les gens qui sont malades et qui sont de constitution faible : ceux qui sont chargés de les nourrir tentent de leur servir ce qui est bon pour eux sous forme de mets et de boissons agréables [660a], tandis que ce qui leur est nuisible, ils le présentent sous forme de mets et de boissons qui rebutent, pour qu’ils aiment les uns et qu’ils prennent la bonne habitude de détester les autres. De même aussi le bon législateur usera de formules belles et élogieuses pour persuader les poètes dans leur ensemble – et s’il n’arrive pas à les persuader il les y forcera –, s’ils veulent composer comme il faut, de mettre dans les rythmes et dans les harmonies les attitudes et les mélodies d’hommes réfléchis, courageux et pourvus de toutes les qualités morales. P.659c-660b ¨¨ Nous avons dit, si je ne me trompe, que les chanteurs sexagénaires qui forment le chœur de Dionysos devaient avoir acquis un goût d’une exceptionnelle sûreté [812c] eu égard aux rythmes tout autant qu’à la composition des harmonies, afin d’être en mesure de distinguer la bonne et la mauvaise imitation dans les imitations que mettent en œuvre les mélodies et qui suscitent des émotions dans l’âme, de faire un choix entre les productions de la bonne imitation et celles de la mauvaise, de rejeter les secondes et de retenir les premières, afin, en produisant les premières en public, d’en faire des hymnes et de s’en servir pour enchanter les âmes des jeunes gens, exhortant chacun d’eux à suivre en leur compagnie le chemin qui mène, par ces imitations mêmes, à l’acquisition de la vertu. P 546 -LES MUSES : Au début de cette discussion, nous avons, vous en souvient-il, dit la chose suivante : parce que tous les êtres jeunes sont par nature ardents, incapables de tenir leur corps et leur voix en repos, ils ne cessent d’émettre des sons et de faire des bonds désordonnés ; mais, alors que le sens de l’ordre en ces deux domaines échappe complètement aux autres vivants, seule la nature humaine peut l’acquérir. Or, l’ordre dans le mouvement [665a] a reçu le nom de « rythme » ; par ailleurs, l’ordre dans le domaine de la voix, quand le grave et l’aigu se mêlent et se combinent s’appelle « harmonie » ; enfin, l’association de ces deux éléments est appelée « art choral ». Les dieux, disions-nous, qui nous ont pris en pitié, nous ont donné, pour nous accompagner dans les chœurs et pour les mener, Apollon, les Muses, et tout naturellement en troisième lieu, vous en souvient-il, Dionysos ? 472 Eh bien, ne renonçons pas à indiquer les difficultés particulières qui sont relatives au domaine des Muses. En effet, comme on chante les louanges des images produites en ce domaine plus que celles de toutes les images d’une autre espèce, ce sont de toutes les images celles qui exigent le plus de circonspection. En effet, celui qui sur ce point se tromperait subirait le plus grand des dommages, parce qu’il ferait un accueil complaisant à de mauvaises dispositions morales, et ce serait un dommage très difficile [669c] à percevoir, pour cette raison que nos poètes sont loin de valoir ces poètes que sont les Muses elles- mêmes. Ce ne sont certainement pas les Muses qui commettraient jamais des fautes aussi graves que celles-là : après avoir inventé des paroles d’hommes, leur donner un style et une mélodie qui conviennent à des paroles de femmes et, pour les mettre en accord, mêler à une mélodie et à des jeux de scène qui conviennent à des hommes libres des rythmes d’esclaves et de gens qui ne sont pas des hommes libres. Et encore, après avoir pris comme sujet des rythmes et un jeu de scène d’homme libre, leur faire correspondre une mélodie ou des paroles qui entrent en conflit avec ces rythmes. Elles n’iraient pas non plus jusqu’à mêler dans la même œuvre des cris de bêtes [669d], des voix d’êtres humains, des sons produits par des instruments et toutes sortes de bruits, pour représenter une seule et même chose. Les poètes humains, en revanche, avec la façon qu’ils ont d’entrelacer étroitement et de fondre inconsidérément les éléments de ce genre, exciteraient le rire de tous ceux des hommes dont Orphée dit que « le délicieux plaisir est en son printemps23 ». Ceux-ci en effet voient cette confusion généralisée, et les poètes vont jusqu’à séparer de la mélodie le rythme et les attitudes, en mettant en vers des paroles sans accompagnement musical puis inversement en composant une mélodie et un rythme [669e] dépourvus de paroles et où n’intervient que la cithare ou la flûte, composition où il est fort difficile de discerner ce que cherchent à exprimer un rythme et une harmonie où la parole n’a pas de place et qui ils souhaitent représenter parmi les personnes dignes d’être imitées. Mais il faut convenir que ce genre de pratique en particulier est tout plein de rusticité, dans la mesure où il est fortement épris de vitesse, de virtuosité et de cris animaux, au point de recourir à l’aulós et à la cithare [670a] sans qu’interviennent la danse et le chant, alors que l’usage exclusif de l’un et l’autre de ces instruments dénote tout à la fois un manque de culture totale et une virtuosité étonnante. Voilà ce qui se dit à ce propos. Mais certes, il ne s’agit pas pour nous d’examiner ce que dans le domaine des Muses doivent éviter ceux qui ont plus de trente ans et ceux qui ont dépassé la cinquantaine, mais ce qu’ils doivent cultiver. Or, de tout ce qui vient d’être dit, il semble que nous puissions désormais tirer cette conclusion : les quinquagénaires à qui il revient de chanter doivent être formés mieux que personne pour tout ce qui concerne les chœurs dans le domaine des Muses. [670b] Car pour ce qui regarde les rythmes et les harmonies, ils doivent à la fois bien les sentir et les connaître. Sinon, comment reconnaîtront-ils la rectitude dans les mélodies, comment sauront-ils auxquelles convenaient ou ne convenaient pas le mode dorien et les rythmes que le compositeur leur a appliqués, et s’il l’a fait ou non correctement ? 476 C’est donc dans ce but que le maître de cithare et son élève doivent user en outre des notes de l’instrument en tirant profit de la netteté des sons que produisent les cordes pour mettre en accord les sons des cordes avec les sons de la voix. Mais qu’il s’agisse de produire sur la lyre un son différent et varié, l’air joué sur ses cordes étant dans un ton alors que la mélodie composée par le poète est dans un autre, qu’il s’agisse pour celui qui joue de l’instrument, comme cela est bien naturel, de faire se répondre ce qui est resserré et ce qui s’espace, ce dont le mouvement est rapide et ce qui a de la lenteur, les sonorités aiguës et les sons qui ont de la gravité, en employant uploads/s3/ le-role-des-muses-et-chants-dans-l-x27-education 1 .pdf
Documents similaires










-
72
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Mai 20, 2021
- Catégorie Creative Arts / Ar...
- Langue French
- Taille du fichier 0.0742MB