Communiqué de presse Jean-Léon Gérôme L'histoire en spectacle Niveau 0, grand e
Communiqué de presse Jean-Léon Gérôme L'histoire en spectacle Niveau 0, grand espace d'exposition 19 octobre 2010 – 23 janvier 2011 Jean-Léon Gérôme, Pollice Verso, 1872 Huile sur toile, 97,5 x 146,7 cm, Phœnix Art Museum © Phœnix Art Museum Cette exposition est organisée par le musée d’Orsay, la Réunion des musées nationaux, Paris et le Getty Museum, Los Angeles en collaboration avec le musée Thyssen-Bornemisza, Madrid. Los Angeles, J. Paul Getty Museum 15 juin – 12 septembre 2010 Madrid, Museo Thyssen-Bornemisza, 1er mars – 22 mai 2011 Cette exposition est la première exposition monographique consacrée au peintre et sculpteur Jean- Léon Gérôme à Paris, depuis son décès en 1904. La perception de Gérôme a, durant les dernières décennies, profondément évolué en France. Longtemps stigmatisé comme le tenant emblématique d'un académisme stérile, Gérôme est aujourd'hui regardé comme l'un des grands créateurs d'images du XIXe siècle. Cette évolution est le fruit des recherches historiographiques, au premier rang desquels il faut citer les travaux de Gerald Ackerman, l'exposition pionnière qui lui consacrée par sa ville natale, Vesoul en 1981 ainsi que les aux récentes recherches menées par le musée Goupil de Bordeaux sur la diffusion de son œuvre. Depuis son ouverture, le musée d'Orsay a montré un intérêt soutenu pour cet artiste comme en témoignent les acquisitions de Consummatum Est en 1990, de La Réception du Grand Condé à Versailles en 2004, ou du plâtre original de la Corinthe en 2008. L'exposition, comme le catalogue qui l'accompagne, abordent tous les enjeux de l'œuvre, de ses sources à son influence. Elle souhaite donner à voir et analyser la foisonnante mise en œuvre d'une grammaire visuelle, qui pousse parfois l'obsession illusionniste jusqu'à l'étrange, et entre en résonance avec tous les arts visuels, estampe, photographie jusqu’au cinéma, alors naissant, sur lequel l’influence de Gérôme est profonde. Elle souhaite notamment faire le point et proposer des approches renouvelées sur des questions aussi diverses que la place de Gérôme dans la peinture française de son temps, sa conception théâtralisée de la peinture d'histoire, son rapport complexe à l'Orient, son usage de la polychromie en sculpture son rapport à la référence archéologique, du mouvement néo-grec aux codifications pédagogiques déduites de ses œuvres, mais aussi comment la figure de l'artiste a cristallisé tout le combat anti-académique de la fin du XIXe siècle, et enfin, le singulier destin américain de son œuvre. Entré à seize ans dans l’atelier de Paul Delaroche, Jean-Léon Gérôme revendique très tôt l’héritage du grand peintre qu’il a rejoint à Rome en 1843. Restant toute sa vie muet sur son passage dans celui de Charles Gleyre, il se place également sous l’influence directe de Jean-Dominique Ingres, qui méprise Delaroche et ne fut jamais le maître de Gérôme. La tradition académique dont ces deux artistes sont alors les plus grands défenseurs s’épanouit ainsi dans l’art du jeune Gérôme, que ce soit dans le genre de la peinture d’histoire (La République, 1848, Mairie des Lilas), ou dans celui du portrait (Tête de femme italienne, 1843-1844, Cleveland Museum of art ; Portrait d’Armand Gérôme, 1848, Londres, National Gallery, dépôt possible à la National Gallery de Dublin ; Portrait de femme, 1851, Art Institute of Chicago ; Portrait de Rachel, 1859, Paris, Comédie Française). C’est dans l’atelier de Delaroche que le peintre rencontre Gustave Le Gray. Les deux hommes deviennent vite très proches, comme en témoigne la photographie prise par Le Gray, sans doute au chalet, l’atelier communautaire que Gérôme occupe alors (Groupe d’hommes et une femme assis sur un perron,1848, Paris, Musée d’Orsay). Avec le tableau intitulé Le combat de coqs exposé au salon de 1847 (Paris, Musée d’Orsay), un nouveau talent est révélé au public et son auteur proclamé chef de file d’une nouvelle école, les néo- grecs. Celle-ci compte entre autres parmi ses membres, tous élèves de Delaroche et de Gleyre, les peintres Jean-Louis Hamon et Henri-Pierre Picou. La démarche de ces artistes s’inscrit dans le climat de recherches qui animent le milieu parisien autour de 1850, à la fois en architecture, en sculpture et en peinture. L’intérêt pour l’antique, renouvelé par un désir du faire vrai archéologique, devient alors prétexte à des scènes de genre plaisantes et sentimentales, mettant en scène une antiquité humanisée et intimiste dans un style parfois archaïsant (Anacréon, Bacchus et l’Amour, 1848, Toulouse, Musée des Augustins ; Le roi Candaule, 1859, Ponce, Museo de Arte). Si Gérôme abandonne bientôt le style néo-grec pour satisfaire le goût contemporain pour « l’ailleurs », son désir de faire vrai ne s’étend pas moins à toutes les époques et à tous les lieux. Les peintures de l’artiste prenant pour sujet l’histoire nationale constituent la part de son œuvre la moins connue. Or, qu’il s’attache à illustrer l’histoire moderne (L’éminence grise,1873, Boston Museum of Fine Arts ; Réception du Grand Condé à Versailles, 1878, Paris, Musée d’Orsay), l’histoire récente à travers la légende napoléonienne (L’exécution du Maréchal Ney, 1867, Sheffield, City Art Gallery), ou même des épisodes contemporains (Audience des ambassadeurs de Siam à Fontainebleau, 1864, Versailles, Musée national du château), Gérôme marque son originalité par son refus du grand sujet. Le réalisme de l’anecdote et le goût du détail prennent ainsi le pas sur le rôle édificateur traditionnellement dévolu à la peinture d’histoire. L’instant peut bien sûr précéder immédiatement l’action. Il peut aussi efficacement lui succéder (Consumatum est, 1867, Paris, Musée d’Orsay ; Sortie du bal masqué, 1857, Baltimore, Walters Art Museum). De la même manière, le succès de la narration est servi par un sens de la composition qui a également beaucoup influencé les cadrages cinématographiques. D’autre part, ses représentations érudites de la civilisation romaine, son culte du détail archéologiquement exact qui irritait tant Charles Baudelaire, ont servi de référence naturelle à des reconstitutions spectaculaires et hautes en couleur, basées sur des images marquantes et largement diffusées. Ainsi les réalisations ressortissant du genre du péplum ont-elles été largement influencées par des œuvres comme La mort de César (1867, Baltimore, Walters Art Museum) ou Pollice Verso (1872, Phoenix Art Museum), qu’elles datent de la grande époque du technicolor (Quo vadis de Mervyn Leroy en 1951 ; Ben-Hur de William Wyler en1959) ou d’une époque beaucoup plus récente (Gladiator de Ridley Scott en 2000). Le même souci de théâtralisation est perceptible lorsque le peintre s’inscrit dans la veine orientaliste, qu’il s’agisse de peinture de paysage, de peinture religieuse, de scène de genre ou de nu féminin. Cela ne l’empêche pas de se montrer soucieux de la plus grande fidélité dans la reconstitution des lieux et des ambiances, du pittoresque de l’architecture ou de celui des costumes. Aux sujets colorés d’inspiration militaire ou islamique en Egypte (Le prisonnier, 1861, Nantes, Musée des Beaux-Arts ; La prière au Caire, 1865, Hambourg, Kunsthalle ; Bachi-Bouzouk nègre, 1869, collection particulière), répondent ainsi les compositions turques, décoratives et empruntes de sensualité (Bain turc ou Bain Maure, 1870, Boston Museum of Fine Arts ; Charmeur de serpents, 1880, Williamstown, Sterling and Francine Clark Institute). L’ailleurs représenté n’est donc plus l’Orient imaginaire de la génération précédente. Très documentée, sa peinture est en effet nourrie par les croquis réalisés lors de ses voyages. Elle l’est aussi par les photographies prises sur place par ses compagnons (Auguste Bartholdi, Mocka, 1855-1856, Colmar, Musée Bartholdi ; Albert Goupil, Le Caire, 1868, Paris, Bibliothèque nationale de France, département des Estampes et de la Photographie), ou encore sur le toit de son atelier parisien (Anonyme, Modèle masculin vêtu à l’orientale, sur le toit de l’atelier, vers 1855, Paris, Musée d’Orsay). Gérôme débute sa carrière officielle de sculpteur en 1878 dans le cadre de l’exposition universelle. Il est alors considéré par la critique comme le parangon de l’académisme. Très vite, l’artiste n’hésite cependant pas à prendre le contre-pied du dogme puisque sa conception, exprimée dans son tableau- manifeste Sculpturae vitam insufflat pictura, l’inscrit au cœur des débats et résistances sur la question de la polychromie de la sculpture moderne. Dans un contexte de découvertes archéologiques, il participe ainsi au renouveau de la sculpture chryséléphantine initié au milieu du siècle. Toujours selon l’exemple antique, il teinte ses œuvres en marbre par un mélange de cire et de pigments. Son goût du détail et de la vérité archéologique atteint alors l’illusionnisme et le trompe l’œil (La joueuse de boules, vers 1902, Caen, Musée des Beaux-Arts ; Sarah Bernhardt, vers 1895, Paris, Musée d’Orsay). Tanagra (1890, Paris, Musée d’Orsay), sa sculpture peinte la plus célèbre, est par ailleurs un bon exemple de son goût pour l’autocitation, qui se prolonge dans un jeu de miroir entre l’œuvre sculpté et l’œuvre peint. A la fin de la vie de l’artiste, la figure du sculpteur à l’œuvre dans son atelier devient même le thème privilégié de nombreux tableaux (Pygmalion et Galatée, 1890, New York, Metropolitan Museum of Art) et d’autoportraits mis en scène de manière obsessionnelle. Gérôme compte parmi les artistes du XIXe siècle qui se sont le plus préoccupés de la diffusion de leurs œuvres. La maison Goupil, galerie d’art et maison d’édition, dirigée par Adolphe Goupil dont il devient le gendre, assure ensuite, à partir de uploads/s3/ cp-gerome-014e09.pdf
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- Publié le Mai 10, 2021
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