! ! INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR DES ARTS ET DE L’ACTION CULTURELLE E.S.M.D. ECO

! ! INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR DES ARTS ET DE L’ACTION CULTURELLE E.S.M.D. ECOLE SUPERIEURE DE MUSIQUE ET DE DANSE DEPARTEMENT DE MUSIQUE ET MUSICOLOGIE UNITE PEDAGOGIQUE CULTURE MUSICALE LICENCE PROFESSIONNELLE 1 ‘‘Histoire de la musique urbaine ivoirienne’’ ! ! ! ! 2! SOMMAIRE INTRODUCTION CHAPITRE 1 : LA MUSIQUE EN CÖTE D’IVOIRE AVANT LES INDEPENDANCES CHAPITRE 2 : LA MUSIQUE EN CÔTE D’IVOIRE DE 1960 A 1970 : UNE MUSIQUE SOUS L’INFLUENCE DES MUSIQUES ETRANGERES CHAPITRE 3 : LA MUSIQUE EN CÔTE D’IVOIRE DE 1970 A 1980 : NAISSANCE D’UNE MUSIQUE IDENTITAIRE CHAPITRE 4 : LA MUSIQUE EN CÔTE D’IVOIRE DE 1980 A 1990 : MANIFESTATION DE LA MUSIQUE IVOIRIENNE SYNTHESE ! 3! INTRODUCTION En Côte d’Ivoire, comme dans l’ensemble des territoires du continent africain, avant la rencontre avec l’Europe, les musiques étaient exclusivement acoustiques. La scène musicale ne se cloisonnait pas entre des murs. Elle occupait les espaces ouverts des divers évènements qui rythment la vie sociale. Rituels sacrés de funérailles, consécration des générations de jeunes à l’entrée et à la sortie de leur cycle d’initiation, célébration des naissances ou des mariages, accompagnement des travaux champêtres, fête des récoltes, tout était (et le demeure dans certains endroits) soutenu par la musique. Les orchestres de musique de pur « divertissement » sont nés de la rencontre avec les Européens. Les musiques urbaines, en Côte d’Ivoire comme partout ailleurs en Afrique, se sont nourries d’instruments et de genres européens pour développer une création moderne d’inspiration traditionnelle. Jetons un coup d’œil dans le rétroviseur pour revenir sur quelques titres emblématiques de la création musicale ivoirienne des cinq dernières décennies, et sur les figures qui les ont engendrés. Une sélection subjective, et forcément non exhaustive. ! 4! CHAPITRE 1 : LA MUSIQUE EN CÔTE D’IVOIRE AVANT LES INDEPENDANCES CONTEXTE ET HISTORIQUE ! 5! De prime abord il est important de savoir que la présence des colons sur le territoire ivoirien favorise l’apport de musiques étrangères et de danses. Notons que nous parlons ici de la musique urbaine et moderne. Ainsi il serait bien de connaitre le contexte socio politique qui prévalait dans cette période, mais avant nous allons juste rappeler quelques notions d’histoire : •! En 1893 : la France, solidement installée à Assinie et Grand-Bassam, fait de la Côte d'Ivoire une colonie, avec Binger comme premier gouverneur. •! En 1899 : Capitale de la Côte d'Ivoire, Grand-Bassam est atteinte par une terrible épidémie de fièvre jaune et vidée de ses habitants. Bingerville lui succède. •! En 1902, toute l'Afrique de l'ouest fait partie de l'AOF (Afrique Occidentale française), dont le gouverneur réside à Dakar. •! En 1934, Abidjan remplace Bingerville comme capitale de la Côte d'Ivoire. Dès cette période, la majeure partie des genres musicaux en vogue en Europe se retrouvèrent en côte d’ivoire. Il s’agit de la musique cubaine qui a été adoptée par les jeunes ivoiriens, ainsi que la valse et le tango qui ont connu des beaux jours en côte d’ivoire aidé par la radio et ses 78, 45 et 33 tours. •! En 1944, la conférence de Brazzaville réunie par De Gaulle amorce l'idée d'une autonomie possible des colonies françaises. Après-guerre, des intellectuels africains militent de plus en plus pour l'indépendance. Parmi eux, le médecin ivoirien Félix Houphouët Boigny. Egalement après la deuxième guerre mondiale, La rumba congolaise, le high life et la fanfare arrivent en côte d’ivoire. Les fanfares se sont plus développées sur les villes côtières. Il faut noter aussi que les ivoiriens accordaient toujours de la place pour les musiques venues de l’extérieur. Ces styles musicaux sont tous ! 6! synthétiques c’est-à-dire ils résultent de la rencontre entre les instruments occidentaux et ‘‘d’instruments rythmiques’’ autochtones. •! En 1946 : étant élu député, il part siéger à l'assemblée constituante de Paris où il fait voter la loi abolissant le travail forcé dans les colonies françaises. La même année, il est un des fondateurs à Bamako du RDA (Rassemblement Démocratique Africain) auquel appartiennent les dirigeants africains les plus importants de l'empire français. C’est dans cet univers musical qu’ont évolué bon nombre d’artistes musiciens ivoiriens de la première garde. Cette atmosphère a prévalu jusque dans la période de l’indépendance. ! 7! CHAPITRE 2 : LA MUSIQUE EN CÔTE D’IVOIRE DE 1960 A 1970 : UNE MUSIQUE SOUS L’INFLUENCE DES MUSIQUES ETRANGERES ! 8! 1.!Contexte Le 7 aout 1960, la côte d’ivoire obtient son indépendance et Félix Houphouët-Boigny est le président. Ecoute de la proclamation de l’indépendance de la côte d’ivoire Nous nous trouvons pleinement dans la mouvance des indépendances. Une grande joie pour tous les ivoiriens de l’époque. L’univers musical urbain est dominé par ces musiques étrangères et au premier rang comme pré-citées (valse, tango, musique cubaine, la rumba, le high life et « les orchestres de fanfares ») A cette époque le pays est marqué par son nouveau statut d’Etat indépendant. Les manifestations de grandes affluences restent les célébrations autour de la fête de l’indépendance. En effet, à son accession à la souveraineté nationale en 1960, pour développer la musique, le gouvernement ivoirien offre aux principaux départements du pays des formations modernes dotées d’instruments électriques. Ces « Orchestres Départementaux », fonctionnarisés, animaient les manifestations administratives et les fêtes populaires. Parallèlement à ces orchestres d’État, on voit apparaître dans les villes naissantes des formations musicales privées telles que l’orchestre du Conseil de l’Entente de Mamadou Doumbia, l’Ivoiry Band d’Anoman Brouh Félix, mais aussi le duo féminin Les Sœurs Comöe, le couple Allah Thérèse et N’Goran la Loi, ou encore Yao Jean-Baptiste et sa chorale. Un autre fait majeur qu’on peut retenir de cette période fut le « Concours National du Chant Patriotique » organisé par la RTI et piloté par Georges Taï Benson. Le but principal était de magnifier l’indépendance. ! 9! 2.!Quelques artistes marquants de la période !! Allah Thérèse et N’Goran La loi Chanteuse traditionnelle et lead vocal originaire du village de Gbofia dans la sous-préfecture de Toumodi (Centre de la Côte d’Ivoire), Allah Thérèse est l’égérie d’un genre local dénommé Agbirô. Dans les années 1950, elle rencontre Béhibro N’goran dit « N’Goran la Loi » dans une manifestation funéraire. Ce dernier joue de l’accordéon et est aussi le chanteur principal d’un groupe du même genre dans son propre village. Ils s’unissent pour la scène et pour la vie, l’une chantant et l’autre l’accompagnant à l’accordéon. En 1956, ils enregistrent « Ahoumo N’Seli », leur première œuvre commune. L’ensemble de leurs productions chantent le « Fo’ndi » (la paix en langue baoulé) et leurs compositions évoquent régulièrement les leaders de l’indépendance ivoirienne, à commencer par Félix Houphouët-Boigny, le premier président de la Côte d’Ivoire libre, mais aussi d’autres figures comme Ouezzin Coulibaly, Marie Koré ou Philippe Yacé. Sur scène, le couple apparaît toujours drapé d’un pagne en coton tissé imprimé de symboles traditionnels baoulé. Portant toujours la même coiffure appelée « Akôrou Koffié » (la femme de l’araignée en baoulé), le visage barré d’un sourire permanent, Allah Thérèse court le plateau d’un pas alerte qu’on a appelé la « démarche de la perdrix des savanes », agitant son chasse-mouches pour conjurer les mauvais esprits. « Indépendance », témoin de l’accession à la souveraineté nationale de la Côte d’Ivoire est certainement leur plus gros tube. Après le décès de son mari N’Goran la loi le 20 mai 2018, Allah Thérèse prend sa retraite à plus de 80 ans et décède le 19 Janvier 2020, après avoir été avec son mari distinguée Chevalier de l’Ordre du Mérite Ivoirien en 2012. Ecoute d’œuvre : Fondio ! 10! !! Les sœurs Comoé Les sœurs Comoé sont de la communauté « andô », une des composantes du peuple akan et sont originaires de Koffi-Amonkro, un village de M’Bahiakro, ville située au centre de la côte d’ivoire, à l’est de Bouaké. Madiara, l’ainée et N’goran Mariam la cadette, natives de M’Bahiakro dans la première grande région de production de café-cacao, doivent leur surnom « Sœurs Comoé » à leurs voix, fraîches et claires comme l’eau du fleuve Comoé. Elles chantaient en chœur avec des proverbes qui sont des éléments essentiels chez les Akan. En cette aube des années 60, leur apparition sur la scène des musiques modernes flanquées d’une guitare a choqué l’opinion publique qui ne pouvait admettre que des femmes se dévergondent en s’affichant avec des « instruments de blancs », comme le faisaient les hommes. Malgré l’enfer du regard des bien-pensants, elles persistent et signent un florilège de chansons populaires contant l’amour, la solidarité ou les proverbes. Elles furent dédouanées et acceptées par l’opinion publique quand Mathieu Ekra, à l’époque ministre de l’Information de la Côte d’Ivoire, les présente sur scène en 1964 à l’occasion du grand prix de la chanson ivoirienne, au centre culturel de Treichville. La musique des sœurs Comoé constituait le menu du réveil national de Radio Côte d’Ivoire pendant toute la décennie 60. Leur titre fétiche demeure « Abidjan Pont Sous » (sous le pont d’Abidjan, en baoulé). Ce titre a séduit le public. Dans les années 1960, personne n’avait pensé que des femmes pouvaient faire uploads/s3/ histoire-de-la-musique-africaine.pdf

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