Cependant il serait naïf de croire qu'on peut pratiquer un art sans posséde auc
Cependant il serait naïf de croire qu'on peut pratiquer un art sans posséde aucune connaissance ni maîtriser aucune technique. Un étudiant en sculpture apprend la différence entre les matériaux qu'il travaille, entre les outils qu’il utilise, il découvre leur adaptation aux divers matériaux; il apprend l'histoire de la sculpture, tire enseignement des techniques et procédés mis au point par ses devanciers. Cependant cela ne suffira pas à faire de lui un artiste, contrairement à l’apprenti qui au terme de son apprentissage sera devenu boulanger. Car il ne suffit pas d'apprendre les “règles de l'art”, de consulter et d'appliquer un “art poétique” pour créer des oeuvres d'art de valeur, c'est-à-dire digne d'être proposée à l'appréciation esthétique d'un public. Chacun peut apprendre la technique du dessin au fusain (les règles du contraste, les relations entre les masses et les volumes masses) ou à représenter une scène selon les règles de la perspective: il suffit de connaître les outils et les règles puis de s’exercer. Mais ce n'est en rien la garantie de produire à coup sûr, comme conséquence nécessaire de l'application des règles, une oeuvre susceptible de plaire. Il n'y aurait alors plus de différence entre art et technique, la création artistique pourrait faire l'objet d'un apprentissage efficace par chacun. Que penser alors de la notion d'art poétique? Un art poétique, comme celui de Boileau, prétend énoncer les règles selon lesquelles l'art doit se faire. Ces règles sont en fait des préceptes correspondant au goût d'une époque, à ses normes esthétiques. Comme elles sont conçues à partir de ce qui s'est déjà fait, elles ne permettent que d'imiter, non de créer. Il est vrai qu'à l'époque de Boileau, l'imitation des anciens (les classiques grecs et latins) est un idéal artistique. Cependant lorsqu’on applique à la lettre des règles et des recettes on fait une oeuvre académique, insipide, dénuée d’originalité, de goût. Suivant cette analyse posséder un art c’est donc posséder une aptitudes à produire intentionnellement un résultat (point commun avec la techniques) selon une manière de faire que tous ne possèdent pas et ne peuvent pas posséder (spécificité de l’activité artistique) et qui ne s'explique pas. C’est pourquoi Kant dit que “seul ce qu’on est incapable de faire immédiatement, alors même qu’on en possède totalement la science, mérite le nom d’art. ” L’expression “c’est tout un art”, souligne d'ailleurs que la réussite dans certains domaines ne peut pas être obtenue par la simple application de règles. Le propre du génie est de créer ce qui n’existe pas. Il s’impose à nous de manière irrationnelle, sans que nous soyons capables de l’expliquer. De ce fait, l’art n’est pas imitation, il n’est pas réductif au concept, à l’entendement. Il est indépendant de la connaissance et de la morale et atteint son essence grâce au génie. Cependant, il serait naïf de croire que l’artiste ne possède aucune connaissance ni ne maîtrise aucune technique. Un étudiant en musique apprend à distinguer les notes et la manière de les produire, il découvre les différentes formes de combinaison qu’on peut en faire pour produire tel ou tel son. On pourrait dès lors soutenir que le génie n’est pas inné, mais constitue un don qui naît de manière naturelle grâce aux passions suscitées par tel ou tel autre art. Il serait alors tel un sentiment aveugle qui échappe à notre volonté et se manifeste généralement quand certaines conditions sont réalisées. uploads/s3/ cependant-il-serait-naif-de-croire-qu.pdf
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- Publié le Fev 14, 2022
- Catégorie Creative Arts / Ar...
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