Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche Éducation à la

Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche Éducation à la sexualité en milieu scolaire Juillet 2021 Évelyne LIOUVILLE Anne-Marie ROMULUS Inspectrices générales de l’éducation, du sport et de la recherche SOMMAIRE Synthèse ...................................................................................................................................... 1 Liste des recommandations .......................................................................................................... 3 Introduction ................................................................................................................................. 6 1. Un objet d’éducation difficile à cerner .................................................................................. 7 1.1. « Le mot et la chose » qui peuvent créer, au sens premier, une inquiétude ............................ 7 1.2. Une constitution progressive de l’EAS présidée par des enjeux de santé et des enjeux sociaux et sociétaux ............................................................................................................................................. 9 2. Un cadre réglementaire et opérationnel de l’éducation à la sexualité qui manque de clarté . 12 2.1. Une obligation législative et une succession de circulaires assez complexes .......................... 12 2.2. Une « éducation à » spécifique ? ............................................................................................. 14 2.3. Un dispositif structuré qui laisse des questions ouvertes ........................................................ 15 2.3.1. De simples orientations et quelques repères utiles, qui omettent certains points liés à l’organisation des séances ........................................................................................................................................................ 15 2.3.2. Un pilotage quelquefois confus .......................................................................................................... 16 2.3.3. Un souci de mise en œuvre d’actions concertées dans le cadre de partenariats institutionnels ....... 18 2.3.4. Une multiplication d’intervenants extérieurs qui nécessite une réflexion spécifique......................... 19 2.3.5. Un suivi limité et l’absence de véritable évaluation ........................................................................... 20 3. La mise en œuvre de l’EAS dans les établissements scolaires : un engagement variable et des difficultés récurrentes ................................................................................................................ 20 3.1. Un pilotage par le comité de l’éducation à la santé et à la citoyenneté (CESC) qui induit progressivement une mise en retrait de l’éducation à la sexualité dans l’effort global pour ces actions éducatives.............................................................................................................................................. 21 3.1.1. Une place de l’EAS pour l’instant assez stable parmi les actions éducatives des domaines de la santé et de la citoyenneté en établissement ................................................................................................................ 21 3.1.2. Une visibilité plus faible de l’EAS dans le contexte de déploiement de stratégies nationales ............ 23 3.1.3. Les conséquences de la réforme annoncée des CESC ......................................................................... 24 3.2. Un large panorama d’intervenants dans un cadre à géométrie variable ................................ 24 3.2.1. Une faible part de personnels de l’éducation prenant en charge l’EAS, avec un centrage sur le pôle médical, qui pourrait inciter à l’externalisation ................................................................................................. 24 3.2.2. Une externalisation récente auprès des étudiants en service sanitaire ............................................. 25 3.2.3. Une externalisation croissante auprès d’intervenants dans le cadre associatif ................................. 26 3.3. Un objet complexe revêtant des formes pédagogiques variées, qui compromet l’effectivité de la mise en œuvre en établissement ...................................................................................................... 27 3.3.1. L’appui trop partiel de l’EAS sur les disciplines, par manque de référence dans certains programmes scolaires ........................................................................................................................................................... 27 3.3.2. La mosaïque des activités déployées autour de l’EAS qui ne servent qu’une faible partie des élèves et dont la fragilité interroge ................................................................................................................................... 29 3.3.3. Les trois séances, un objectif pédagogique inatteignable en l’état des instructions sur l’opérationnalité et des ressources disponibles ............................................................................................................................. 30 3.4. Un manque de réflexion sur la continuité éducative temporelle et pluridisciplinaire, qui nuit à la cohérence du dispositif et des contenus de l’EAS tout au long de la scolarité de l’élève ................. 32 3.5. L’élève et sa famille, au centre ou à la périphérie de la mise en œuvre de l’EAS ? ................. 33 3.5.1. Les conséquences du contexte sociétal .............................................................................................. 33 3.5.2. Des élèves globalement en demande d’EAS à l’école ......................................................................... 34 3.5.3. Des parents généralement confiants et rassurés par la prise en charge de l’EAS à l’école ................ 36 3.6. De nombreuses ressources pédagogiques et culturelles pour la mise en œuvre de l’EAS en établissement mais une faible appropriation ....................................................................................... 37 3.6.1. Un foisonnement de ressources ......................................................................................................... 37 3.6.2. Une faible appropriation par les professeurs ..................................................................................... 40 3.7. Le suivi et l’évaluation des actions d’EAS, encore timides et souvent absents ....................... 40 3.8. Une attention particulière sur la formation des acteurs de la mise en œuvre de l’EAS .......... 41 3.8.1. L’offre de formation continue sur l’EAS par l’éducation nationale, encore modeste ......................... 41 3.8.2. La formation universitaire en sexologie, un apport intéressant......................................................... 44 3.8.3. Une offre assez diversifiée de formation des intervenants en EAS par les partenaires...................... 44 3.8.4. Une offre de formation initiale en redéploiement.............................................................................. 45 4. Recommandations ............................................................................................................. 47 4.1. Mieux cerner l’éducation à la sexualité ................................................................................... 47 4.2. Clarifier le cadre législatif et réglementaire ............................................................................. 48 4.3. Mieux intégrer l’éducation à la sexualité à la politique éducative aux niveaux national et territorial ............................................................................................................................................... 48 4.4. Rendre l’éducation à la sexualité plus lisible ........................................................................... 49 4.5. Encourager l’établissement scolaire à développer la mise en œuvre de l’éducation à la sexualité ................................................................................................................................................ 49 4.6. Consolider le cadre administratif et opérationnel des interventions extérieures ................... 49 4.7. Mettre en œuvre une démarche de suivi et d’évaluation ....................................................... 50 4.8. Renforcer la formation des acteurs .......................................................................................... 50 Conclusion ................................................................................................................................. 51 Annexes ..................................................................................................................................... 53 1 SYNTHÈSE En application de la mesure n° 2 du plan de lutte contre les violences faites aux enfants 2020-2022, le ministre de l’éducation nationale, de la jeunesse et des sports, la ministre déléguée auprès du Premier ministre, chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité et de l’égalité des chances et le secrétaire d’État chargé de l’enfance et des familles ont confié à l’inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGÉSR) et à l’inspection générale des affaires sociales (IGAS) une mission d’évaluation de la politique publique d’éducation à la sexualité (EAS). Au-delà de l’effectivité de la mise en œuvre de l’EAS, cette mission pose la question de l’existence et de la réalité de cette politique publique. « Cachée » essentiellement dans la politique éducative sociale et de santé menée par le ministère de l’éducation nationale et dans les stratégies nationales ou plans interministériels sur la santé, l’égalité et la protection de l’enfance, l’EAS peine en effet à s’affirmer en tant que politique publique au sens premier du terme. En raison de l’absence de représentants de l’IGAS, la mission, composée seulement de deux inspectrices générales de l’IGÉSR, a vu son ambition et son périmètre considérablement réduits. Même si elle ne pouvait pas avoir une vision globale de l’EAS, elle s’est donné l’objectif de mieux comprendre ses enjeux et son contexte et d’analyser le dispositif qui a été mis en place à l’éducation nationale, en lien étroit avec le ministère de la santé et les autres ministères chargés de l’égalité et de la protection de l’enfance et en collaboration avec les collectivités territoriales. L’EAS s’inscrit dans une histoire assez chaotique, qui participe elle-même à l’histoire de la sexualité. C’est à la fin des années soixante que la sexualité des jeunes est devenue vraiment une question à la fois privée et publique qui a conduit à la mise en place progressive d’une éducation à la sexualité en milieu scolaire. Elle est le résultat d’un combat mené au cours de la première moitié du XXè siècle par des médecins, des féministes, des ecclésiastiques, des sexologues, quelques enseignants pour développer une éducation sexuelle pour les jeunes gens, dans le cadre de débats sous-tendus par des considérations démographiques et sanitaires (notamment le péril vénérien). Longtemps réticente, l’École s’est emparée petit à petit de ce sujet jugé « sulfureux » qui questionne les frontières éducatives à partir de la fin des années quarante. Vingt ans après, elle a commencé à s’impliquer réellement, essentiellement pour répondre à plusieurs questions sanitaires d’envergure, d’abord la contraception et l’interruption volontaire de grossesse puis le sida. Outre ces enjeux de santé publique, elle a été ensuite amenée à prendre en compte les enjeux sociaux et sociétaux développés à partir des années 2000, en matière de protection de l’enfance et de l’égalité entre les filles et les garçons. Le ministère de l’éducation nationale a, en 1973, introduit officiellement une information sexuelle obligatoire pour les élèves et une éducation sexuelle, facultative, qui ont été regroupées dans une « véritable éducation à la sexualité » en 1996. En 2001, la loi a rendu obligatoires au moins trois séances annuelles sur l’éducation à la sexualité qui avaient été déjà prévues. Le périmètre de l’EAS s’est rapidement élargi : à la prévention et à la réduction des risques (grossesses précoces non désirées, infections sexuellement transmissibles / sida), se sont ajoutés la mixité, l’égalité, le consentement et la lutte contre le sexisme, les violences sexistes et sexuelles, la prostitution et la pornographie, l’homophobie, la LGBT-phobie. L’EAS est désormais considérée comme une composante de la construction de la personne et de l’éducation du citoyen. Ainsi, le ministère doit traiter des problématiques, dont les objectifs, les concepts, les difficultés diffèrent et qui font l’objet de dispositifs suivis par les pouvoirs publics, plus ou moins mobilisés en fonction des besoins exprimés par les publics concernés. À la fois complexe et délicate, l’éducation à la sexualité est invitée à prendre en considération des objectifs de plus en plus divers, parfois controversés, que les élèves, les parents, ou même certains personnels de l’éducation nationale, ont du mal à cerner. Consciente de l’impossibilité d’appréhender ce sujet très vaste, la mission s’est concentrée sur les enjeux de l’éducation à la sexualité et sur les questions qu’elle soulève aujourd’hui. L’EAS a fait l’objet d’un certain nombre uploads/s3/ igesr-rapport-2021-149-education-sexualite-milieu-scolaire-pdf-113772.pdf

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