Kiki Smith 18 octobre 2019 9 février 2020 Active depuis le milieu des années 19
Kiki Smith 18 octobre 2019 9 février 2020 Active depuis le milieu des années 1970, l’artiste américaine Kiki Smith (née en 1954) a été l’une des premières à représenter le corps féminin de l’intérieur, à redonner une place centrale aux arts décoratifs et à utiliser des matériaux rarement utilisés auparavant dans le domaine des Beaux-Arts. Allant du viscéral au végétal, du microscopique au cosmologique, son exploration ne perd jamais l’essentiel : ce point de vue d’une artiste qui tend à recomposer le monde d’une manière apaisée, syncrétique. Spirituel et corporel, masculin et féminin, humain et animal, enfance et monde adulte, artistique et décoratif, vertical et horizontal, petit et grand s’y entendent. Au sein de cet univers élargi, l’expérience personnelle de Kiki Smith est essentielle : sa vie, son entourage familial et amical, sont intégrés comme autant d’éléments d’une œuvre généreuse, qui s’ouvre à tous. Kiki Smith s’est emparée de grandes figures féminines bibliques pour en proposer de nouvelles représentations. Dans son œuvre, celles-ci côtoient des héroïnes de contes, ou le personnage ambigu de la sorcière. À partir des années 2000, les grands mythes de la création attirent progressivement son attention. Parallèlement, femmes et animaux coexistent paisiblement. L’œuvre de Kiki Smith s’apparente ainsi à une quête romantique de l’harmonie entre les espèces, comme de leur union avec l’environnement naturel. L’exposition, la première de cette envergure en France, est composée de dialogues, d’entrecroisements. Toutes les périodes sont représentées, des œuvres historiques des années 1980 jusqu’à celles produites pour la Monnaie de Paris. L’éventail des techniques frappe : le bronze, le verre, la cire, le plâtre, la tapisserie et le papier cohabitent, si bien que certains des motifs sont volontairement déclinés à di≠érentes échelles et dans di≠érents matériaux. Le parcours a été précisément construit par l’artiste afin que ni le chronologique ni le thématique ne s’imposent : le récit alterne, selon ses mots, le « chaud » et le « froid », le « simple » et le « sophistiqué ». À la suite des salons historiques, l’exposition se prolonge dans les cours intérieures, où deux sculptures sont exposées. Elle se conclut au sein du musée, avec une présentation d’œuvres de Kiki Smith, en résonnance avec les collections patrimoniales, au sein desquelles l’artiste a fait une sélection, qui constitue un «parcours». Plan de l’exposition 1er étage Entrée Rez-de-chaussée Boutique Sortie Films Musée Sun, Moon, Stars and Cloud, 2011 Dans son œuvre, Kiki Smith a progressivement cheminé de la représentation du corps humain à l’exploration des liens pouvant être tissés entre celui-ci et le monde naturel, avant d’embrasser les thèmes de l’univers et du cosmos. Ce mobile, qui consiste en l’agrandissement d’une broche lui appartenant, a été pensé comme un pendentif monumental. Sa préciosité renvoie à l’intérêt de l’artiste pour les arts décoratifs, et atteste de son penchant pour l’ornement. Passionnée par le travail manuel, Smith se nourrit des savoir-faire des artisans avec lesquels elle collabore, dépassant ainsi les séparations traditionnellement établies entre les disciplines. Pause, 2003 Cette sculpture a été imaginée par Kiki Smith en réponse à l’invitation faite par l’artiste contemporain Cai Guo-Qiang d’investir un ancien four dragon – un modèle traditionnel de four à bois utilisé pour la cuisson de la céramique au Japon et en Chine. L’œuvre était à l’origine composée de neuf porcelaines identiques, disposées en enfilade à travers le conduit ascendant caractéristique de ces fours de grande taille. Pour Kiki Smith, la répétition de ces jeunes filles assises évoquait la succession d’images individuelles qui composent, in fine, un film. Sleeping, Wandering, Slumber, Looking About, Rest Upon, 2009-2019 À l’origine, cet ensemble sculptural en bronze a été imaginé pour être déployé au sein d’un vaste espace vert. Dans une atmosphère bucolique, femmes et animaux cohabitent de manière harmonieuse. Un sentiment de quiétude se dégage de cette imagerie pastorale, où les moutons semblent veiller leurs bergères assoupies. Caractéristique du tournant amorcé par Kiki Smith dans son travail à compter des années 2000, lorsque le corps féminin, la nature et le monde animal s’enchevêtrent, la scène semble échappée des contes et des légendes populaires que l’artiste apprécie tant. Untitled (Glass Teardrops), 2004-2005 Tongue and Hand, 1985 | Glass Stomach, 1985 | Untitled (7 Organs), 1992 Tongue in Ear, 1983-1993 | Ear, 1996 Little Mountain, 1993-1996 Kiki Smith s’est attachée à figurer le corps humain dans toute sa matérialité. La plupart de ses œuvres des années 1980 et 1990 nous confrontent à notre réalité physiologique, notamment au travers de représentations d’organes internes isolés. Morcelé, disséqué, le corps n’apparaît plus comme un tout indivisible ; sa vulnérabilité est plus que jamais exposée. Si ses sculptures de verre sou≠lé ou de papier mâché peuvent surprendre, voire déranger, c’est qu’elles montrent ce qui relève du caché : l’intérieur, l’intime, la réalité crue qui rebute et fascine à la fois. Untitled, 1995 Marquée par l’a≠aissement prononcé du corps d’un Christ en croix accroché chez une connaissance, Kiki Smith réinvente cette iconographie dans une œuvre visuellement renversante. En assemblant le moulage de la partie supérieure de son propre corps à celui du bas du corps d’un voisin, elle donne forme à une crucifixion d’un nouveau genre. Dans son œuvre, la représentation du corps humain est indissociable de sa réflexion sur la place centrale que celui-ci occupe dans la religion catholique. Le recours au papier-mâché lui permet de restituer l’aspect sensible de la peau, tout en o≠rant une approche métaphorique de cet organe : il s’agit d’une frontière éminemment fragile, froissable et périssable. Untitled (Skins), 1992 Après s’être notamment consacrée à la représentation d’organes internes, Kiki Smith s’attache à l’examen de notre enveloppe corporelle. La surface totale d’une peau humaine est rigoureusement mise à plat, mesurée, rationnalisée. Cette œuvre charnière, l’une des premières pour laquelle l’artiste a eu recours au moulage sur le vif, est révélatrice de son intérêt pour les limites poreuses du corps. En le représentant alternativement ouvert (voir aussi l’œuvre Meat Head, qui revisite la tradition anatomique de l’écorché) et fermé, Smith renvoie à la dualité entre intériorité et extériorité. Untitled III (Upside-Down Body with Beads), 1993 Cette œuvre s’inscrit à la suite d’une série de sculptures viscérales réalisées par Kiki Smith dans les années 1990, mettant en scène les divers fluides qui peuvent s’échapper du corps humain. Inspirée par l’image d’une gargouille, elle figure une femme dont le corps nu est à la fois exhibé et replié sur lui-même. Le réseau tissé par de délicates perles de verre s’étalant à ses pieds accentue le caractère ambivalent de la représentation, dont la préciosité contraste avec le sujet, à la fois intrigante et obscène. Pyre Woman Kneeling, 2002 Cette sculpture a été imaginée par Kiki Smith en réponse à l’appel di≠usé par une ville allemande pour une commande dans l’espace public. À cette époque, l’artiste est frappée par la complète absence de monument à la mémoire des milliers de femmes assassinées en Europe, au fil des siècles, dans le cadre de procès en sorcellerie. Bien que son projet n’ait pas été retenu, Smith a réalisé trois versions de cette œuvre en leur hommage. Elle établit un parallèle entre la posture de la femme nue, agenouillée les bras ouverts dans l’attitude d’une orante, les yeux tournés vers le ciel, avec celle de Jésus en croix prononçant parmi ses dernières paroles : « Mon Dieu, Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Sungrazers VII, VIII, IX, 2019 Kiki Smith a récemment étendu son champ d’exploration au paysage cosmique. Du corps fragmenté à l’univers, du microscopique au macroscopique, se dessine un même élan continu vers la réconciliation et l’unité. Les objets astronomiques qui intègrent son répertoire actent un décentrement de la figure humaine. L’être vivant n’est plus qu’une composante d’un vaste tout. Sky, 2012 | Underground, 2012 Guide, 2012 | Cathedral, 2013 Fortune, 2014 | Harbor, 2015 Entre 2012 et 2017, Kiki Smith travaille à un cycle de douze tapisseries, influencé par la Tapisserie de l’Apocalypse (1377-1382) et par Le Chant du Monde (1968), tapisserie de Jean Lurçat conçue en résonance avec le chef-d’œuvre médiéval. L’artiste a découvert ces deux œuvres lors d’un séjour à Angers, en 1976. La technique traditionnelle est revisitée à travers un processus en plusieurs étapes, les grands collages réalisés par Kiki Smith étant photographiés et retouchés numériquement avant d’être tissés sur métier Jacquard. Leur iconographie conjugue des éléments primordiaux des grandes cosmogonies indo-européennes en une vision holistique. Blue Girl, 1998 Kiki Smith revisite pour partie une posture classique de l’iconographie de la Vierge Marie – les paumes de mains ouvertes à hauteur des hanches, la tête légèrement baissée. Au-delà de cette référence a∞rmée, l’œuvre peut être lue au prisme de l’intérêt de l’artiste pour les liens invisibles unissant l’être humain à l’environnement naturel, et entre tous les éléments de celui-ci. Ainsi les « astres » ont été fondus à partir de moulages d’étoiles de mer. La partie supérieure du corps de cette jeune fille bleue est quant à elle issue d’un moule que Kiki Smith réutilisera pour Bandage Girl et Girl with Globe, présentées plus loin. Virgin Mary, 1992 Mue par son intérêt pour uploads/s3/ livret-kiki-smith-fr.pdf
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- Publié le Jul 04, 2021
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