DU FLANEUR. DESSINS PAR ALOPHK, DAIJMIER ET MAURISSET: AUBE PvT^e D 1 TC Ullt f

DU FLANEUR. DESSINS PAR ALOPHK, DAIJMIER ET MAURISSET: AUBE PvT^e D 1 TC Ullt ffl AUBERT, éditeur: I LaVIGNE, q] Galerie V DELAPORTE'S 'ooa Sainl-Aodré. ISl Parisian Repository, [n 3335c 37, & 38, SSSS2S3J BLKLINGTON ARCADiî, Corner of blRLlNGTON GARDENS. PUBLICATIONS GALERIE VÉRO-DODAT. FOLIES CARICATURALES, par Cham, Emy, Foresl, Maurisset, Bouchot, Trimolet, Pruche et autres. La livrai- son est composée de 8 pages remplies de petites caricatures très-comiques. Prix de la livraison. 50 c 13 livraisons sont en vente. l'album chaos , huit livraisons composées chacunede 4 pages contenant un nombre incroyable de sujets de tous genres , dessinés à la plume. Prix de la livraison. 50 c. So^is Yxesse. LE MIROIR DU BUREAUCRATE , ioli petit album de poche, caricatures sur la bureaucratie. LA MORALE EN IMAGES va paraître par livraisons de 8 pages de texte, ornées de jolis dessins sur bois et ac- compagnées chacune d'une lithographie par MM. Charlel Jules Davïd, Devéria, Grenier, Roqueplan, et autres. Le volume se composera de 40 livraisons à 25 c. LE PANORAMA DES ENFANTS CÉLÈBRES, 40 li- vraisons ornées de lithographies imprimées en deux tein- tes. Prix de la livraison. 25 c. PHYSIOLOGIE DU FLANEUR, Physiologie mm w^Mmmmm^ II. I^ouis Huart. VIGNETTES De rara. Alophe, Daumier et Maurisset. PARIS, AUBEHT ET C" , ? LAVIG.NË , (ialerie Vcro-Dod.it. ^ Uui.' du l'aoïi-st-André, 1S41. Digitized by the Internet Archive in 2010 witln funding from Researcln Library, Tlne Getty Researcln Institute In ttp://www.arc liive.org/details/pliysiologieduflaOOIiuar CHAPITRE I-. Nouvelle définition de l'homme. UBEPxT lEBSTCUK^ ristotc, rlatoii,Socrate, M. de Bonald, M. Cousin et une foule d'autres philosophes et naturalistes , dont le détail se- rait beaucoup trop long pour vous et pour moi, ontsucces- 1 sivement proposé de nouvelles ^définitions de ranimai qui est convenu de se nommer homme. Les uns ont dit — que l'homme était une (i inteHùjcnce seiwic par des organes, — ce qui me semble bien flatteur pour une foule d'épiciers, d'actionnaires et même de pairs de France. D'autres ont tout simplement déclaré que l'homme est un animal à deux pieds et sans plumes; —ce qui, comme l'a fort bien fait ob- server Diogène, nous met sur le pied de la plus parfaite égalité avec un simple coq qui vient d'être plumé par un cruel rôtisseur. Aussi Platon, pour compléter sa définition de l'homme, aurait dû ajouter que c'est un ani- mal à deux pieds et sans plumes, non destiné \\ être mis à la broche : — et encore les sauva- ges de la mer du Sud donneraient-ils un dé- menti à cette opinion philosophique et gastro- nomique. Beaumarchais, par la voix de Figaro, décla- rait que le bipède en question ne se distinguail des autres animaux qu'en mangeant sans faim, en buvant sans soif et en faisant l'amour en tout temps. Ceci se rapproche déjà plus de la vérité. Mais cette définition n'est pas encore totalement sa- tisfaisante ; car une foule de gens ne sont pas à même de se distinguer de la manière qu'exige Bt-aumarcliais : — il est beaucoup de pau- vres diables (jui ne i)euvent pas manger, même lorsqu'ils ont faim. L'homme s'élève au-desstis de tous les autres animaux uniquement parce qu'il sait flâner. On peut même affirmer que c'est là sa su- périorité sociale, et, malgré M. de Beaumar- chais, qui cependant était un homme d'esprit, nous dirons que ce qui distingue essentielle- ment l'homme de la brute, oui! ce qui fait de l'homme le roi de la création , c'est qu'il sait perdre son temps et sa jeunesse par tous les climats et toutes les saisons possibles. Étudiez plutôt les mœurs et les habitudes de tous les animaux de votre connaissance, et vous admirerez toute la justesse de cette remarque. — Après qu'ils ont pris leur nourriture : — le singe gambade, — le chien court à droite et à gauche, — l'ours tourne sur lui-même , — le bœuf rumine, — et ainsi de toutes les autres créatures (jui embellissent plus ou moins la surface de la terre. Mais l'homme seul , après son dîner , achète un cigare , qu'il consent à payer quatre sous parce qu'il est mauvais , — puis il va flâner. Donc, vous voyez bien que nous avons par- faitemenl raison de définir ['homme : — Un anvmal à deux pieds, sans plumes, à pa- letot, fumant et flânant. Vous remarquerez encore que, pour se dis- tinguer du singe qui parfois se promène dans 9 les bois, la canne à la main,— le flâneur pari- sien, par un excès de civilisation, a soin de porter sa canne dans sa poche : ce n'est pas utile, mais c'est gênant. Si la diiïérence entre ces deux animaux intelligents est peu sensible, en revanche les points par lesquels ils se ressem- blent sont nombreux et saillants. — Ils ont également l'air de ne pensep à rien , — de ne s'inquiéter, de ne s'occuper de rien. Ils vont tous deux à droite ou à gauche sans raison, sans but, et reviennent sur leuis pas sans plus de motifs; — tous deux regardent les femmes dans le blanc des yeux et leur font des grima- ces plus ou moins amoureuses ; enfin , tous deux sont remarquables par l'inconvenance de leur tenue dans les lieux publics. — Nous ne prétendons pas dire que le flâneur se permctt(^ toutes les légèretés du singe, mais rien n'est sa- cré pour lui ; vous le voyez baguenauder dans le palais des rois, dans le temple du Seigneur, dans le sanctuaire de la justice, partout où se rencontrent des jolies femmes ou des hommes ridicules. 10 CHAPITRE II. Est-il donné à tout le monde de pouvoir flâner? ien de plus com- mun que le nom rien de plus rare que la chose ! »— car il en est des flâneurs véritables tout comme des amis dont parlait La Fontaine, et si de notre défmi- lion (le Illumine, donnée dans notre chapitre précédent , on concluait que tous les hommes sont appelés à flâner, on se tromperait étrange- ment. Il est des infortunés qui, par beaucoup de mo- tifs difTérenls, sont privés de goûter ce plaisir 11 (|ue nous ne craignons pas de nommer celui des dieux, — car les dieux de l'Olympe eux-mêmes ne faisaient rien autre chose que de prendre une foule de travestissements pour pouvoir venir flâner tranquillement sur la terre comme de bons petits rentiers, après avoir pris leur demi- tasse d'Ambroisie, café de l'époque. D'abord nous avons la classe nombreuse des infirmes, —on trouve peu de charme à se pro- mener sur la terrasse des Feuillants quand on est Quinze-Vingt , — ou au beau milieu Ide l'allée des Tuileries, quand on est affligé d'une protubérance exagérée au milieu du dos ; — on court même risque de se voir arrêter à la grille par un tourlourou qui prend à la lettre sa con- signe de ne laisser entrer aucun paquet. Quand on est boiteux , on ne se promène qu'en voiture, — et, si on a le malheur d'être sourd, on court grand risque de se faire écraser sur les boulevards.—Vous voyez donc bien quel rare assemblage de qualités physiques exige le titre de flâneur, — c'est pire qu'un conseil de révision. Quant aux qualités morales, — elles ne sont )as moins nombreuses, et nous nous en occupe- •ons plus tard. 1-i Nous allions oublier une classe de malheureux auxquels la flânerie n'est permise que pendant les mois où l'on mange des huîtres, — nous voulons parler des flâneurs affligés par la na- ture d'un excès de santé et d'embonpoini. — Dès que les premiers rayons du soleil de mai vieiment h percer les nuages, le flâneur obèse est le plus infortuné des hommes ! — Il veut en vain lutter contre sa destinée, à peine a-l-il fait 13 trois ou (iiialre cents pas sur l'asphalte du bou- levard, (lue les forces trahissent sou courage, ei tout ce qu'il peut faire, c'est d'aller tomber sur le tabouret du café le plus voisin, en s'épon- geant le front. Et pour se rafraîchir, l'impru- dent se met à boire deux ou trois bouteilles de bière, — sa perfide et engraissante ennemie. Les gens affligés de cinquante mille livres de : rentes ne peuvent pas davantage connaître la jouissance que procure une simple promenade faite pédestrement dans les boues de Paris, — ces Turcarets se croiraient compromis à tout ja- mais s'ils étaient un peu éclaboussés, — mais ils sont bien punis de leur vanité par l'ennui mor- tel qu'ils éprouvent à éclabousser les autres. Les lanternes de la place de la Concorde, l'arc de l'Étoile et les arbres rabougris et ])oussiéreux du bois de Boulogne doivent finir par paraître bien monotones quand on les contemple trois cent soixante-cinq fois par an du fond du lan- dau, ou même du haut d'un cheval plus ou moins arabe,— et pourtant voilà l'unique point de vue qu'offre une promenade au bois de Bou- logne. Pour se divertir de la sorte, autant vaut n'avoir pas le sou, uploads/s3/ louis-huart-physiologie-du-flaneur-pdf.pdf

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