[ FR / EN ] HELENA ALMEIDA CORPUS 09/02 – 22/05/2016 HELENA ALMEIDA CORPUS Depu

[ FR / EN ] HELENA ALMEIDA CORPUS 09/02 – 22/05/2016 HELENA ALMEIDA CORPUS Depuis les années 1960, Helena Almeida (née à Lisbonne en 1934) produit une œuvre singulière caractérisée par un intérêt marqué pour le corps – qui enregistre, occupe et définit l’espace – et sa rencontre performative avec le monde. Lieu d’expression politique et personnelle, le corps représenté dans ses images rencontre et manipule le monde environnant – agit, touche, sent et inscrit –, laissant derrière lui des traces de ses mouvements et assumant une variété de formes et de configurations. Couvrant près de cinquante ans de travaux issus des différentes phases d’un parcours précurseur se déployant dans les champs de la peinture, de la photographie, de la vidéo et du dessin, cette exposition réunit les séries photographiques qui ont fait la notoriété de l’artiste, ainsi que des œuvres rarement montrées au public. Dès le début de sa carrière, Almeida introduit dans ses peintures abstraites les préoccupations centrales qui définiront sa pratique artistique, notamment sa volonté de dépasser les limites de l’espace pictural et narratif. Sa série de toiles sans titre des années 1968- 1969 témoigne d’un processus de déconstruction des supports artistiques traditionnels et du langage de la peinture. L’artiste enroule la toile et la suspend comme un store, la déploie comme une structure molle qui se dérobe et s’affaisse sous son propre poids ou encore donne à voir l’autre côté du tableau, son châssis, parfois avec une toile translucide. « J’ai commencé par un langage familier […] ; mon but n’était pas de faire de l’art abstrait, et peu à peu, tous ces éléments sont sortis du tableau. Ensuite, la toile a commencé à s’autodétruire. C’était une sorte de destruction, une nécessité d’en finir avec la peinture […], comme une fenêtre qui s’ouvre, une persienne qui s’enroule, une toile qui s’étire […]. » Conçue comme un geste, chaque peinture appelle un mouvement performatif. En appliquant du crin de cheval sur des travaux sur papier et carton, Almeida inaugure, à la fin des années 1960, une série de dessins sculpturaux qui se poursuivra tout au long de la décennie suivante. Ces œuvres sortent du support, se projetant à l’extérieur, en rendant le dessin tridimensionnel et tangible à mesure qu’il envahit l’espace du spectateur. L’artiste explique : « Je n’ai jamais fait la paix avec la toile à l’aide du papier ou d’un autre médium. Je pense que ma rupture avec le médium par le biais des volumes, des fils et de divers autres moyens a toujours été motivée par une insatisfaction profonde envers les questions d’espace. Que je les affronte ou que je les nie, elles ont été la seule vraie constante dans mon travail. Je ne serais pas loin de la vérité en disant que je peins des peintures et que je dessine des dessins. » Vers le milieu des années 1970, le jeu avec la forme, la ligne et la couleur de ses tableaux évolue vers des compositions performatives. Almeida commence à utiliser les matériaux de la peinture comme des extensions de son corps et se fait photographier en action. Le recours à la photographie lui permet d’explorer le fossé entre des états intérieurs subjectifs et leur forme extérieure visible. Dès lors, l’espace de l’atelier et le corps féminin, fragmenté ou partiellement dissimulé, deviennent des présences récurrentes. La transformation du fil en une ligne (Desenhos habitados [Dessins habités]), l’application de coups de pinceau bleu sur la photographie (Pinturas habitadas [Peintures habitées] et Estudos para um enriquecimento interior [Études pour un enrichissement intérieur]) ou l’acte de se vêtir de la toile elle-même (Tela habitada [Toile habitée]) correspondent à une action, une marque, un registre de présence. Dans ce Sem título [Sans titre], 1969 Coll. Fundação de Serralves – Museu de Arte Contemporânea, Porto Photo Filipe Braga, © Fundação de Serralves, Porto Desenho habitado [Dessin habité], 1975 Coll. Museu Nacional de Arte Contemporânea – Museu do Chiado, Lisbonne Photo Mário Valente, courtesy MNAC – Museu do Chiado, Lisbonne qui demeure ses œuvres les plus connues, les Pinturas habitadas (1975‑1977), Almeida occupe l’espace à la fois comme artiste et modèle – et, à ce titre, dans la position historique du masculin et du féminin ; elle est saisie en train de façonner et organiser son propre autoportrait, mais à travers une image réfractée. L’œuvre Tela habitada [Toile habitée] (1976) est également infléchie par une posture féministe à l’égard de la représentation par le biais du geste espiègle de l’artiste revêtue de l’une de ses toiles et photographiée en mouvement. À la fin des années 1970, les images d’Helena Almeida prennent un caractère plus cinématographique dans les séries Ouve‑me [Écoute-moi] (1978-1980), Sente‑me [Sens-moi] (1979) et Vê-me [Regarde-moi] (1979), chacune ayant trait à un siège sensoriel et à sa charge émotionnelle. Les mots « écoute-moi » semblent cousus sur les lèvres de l’artiste, accentuant la sensation de mutisme imposé. Des images d’Helena Almeida bâillonnée, suturée ou étouffée par une toile contre laquelle elle presse sa bouche et ses mains, véhiculent un sentiment d’oppression et en même temps de contrôle, d’ingestion, d’espace intérieur combiné avec l’espace extérieur. Dans sa pièce sonore Vê-me, Almeida enregistre le son qu’elle produit en dessinant, son propos, explique-t-elle, n’étant pas de réaliser « l’enregistrement descriptif d’une action, mais plutôt de donner à sentir l’espace en mouvement ; en entrant et en restant dans les zones vibrantes du dessin, nous nous diluons en lui et avec lui, nous formons un espace physique, manipulé, divisé, coupé, plein et vide ». La performance filmée Ouve-me montre l’artiste plaquée contre un voile qui palpite au rythme de sa respiration et de la pression de son corps, tel un dessin obtenu par contact corporel. Dans les années 1980 et 1990, un changement de format et d’échelle introduit la figure humaine presque à taille réelle, en réduisant ses mouvements et son expression à un contour noir ou à une ombre, comme dans les dessins et les photographies de la série Dentro de mim [À l’intérieur de moi] (1998-1995). Ici, cette figure humaine marque sa présence et projette son ombre sous la forme d’un épais pigment noir qui trace des diagonales au sol ; ses mains et ses pieds étirent des traînées de peinture dans l’espace vide de l’atelier. Le corps est absorbé dans son mouvement. Plutôt que sur l’expression du visage, Almeida concentre l’attention du spectateur sur les éléments réduits du corps, le pouvoir expressif d’une main en mouvement ou d’une jambe en tension, ou la géométrie gauche des corps en contact avec l’espace environnant. C’est ce corps que l’on peut voir évoluer et changer au fil du travail d’Almeida sur plusieurs décennies, avec tout son savoir et son expérience et avec la profondeur émotionnelle et psychologique qui en résulte. La chorégraphie et la composition de nombre de ces œuvres sont souvent élaborées à l’aide d’esquisses préparatoires et d’études de mouvement qui, par leur rigueur et leur niveau de précision, structurent l’instant fugace de la prise de vue. Dans sa série récente, Seduzir [Séduire] (2001-2002), Almeida poursuit son exploration de ce personnage expressif et de la manifestation physique du désir et de l’intériorité. Les photographies, dessins et vidéos de cette série témoignent de la complexité d’un processus créatif où le moment de la photographie est défini à l’aide de dessins, d’études chorégraphiques et du conditionnement du potentiel émotif et affectif du corps. À partir d’un dessin, Almeida crée dans son atelier des mouvements et des formes – une chorégraphie qui est également filmée –, lesquels définissent la composition de ses remarquables images mais testent aussi les limites de la capacité expressive de son corps. Tela habitada [Toile habitée], 1976 Collection Galeria Filomena Soares, Lisbonne Photo Filipe Braga, © Fundação de Serralves, Porto Saída negra [Black Exit], 1995 Coll. Norlinda and José Lima, long-term loan to Núcleo de Arte da Oliva Creative Factory, S. João da Madeira Photo Aníbal Lemos, courtesy Núcleo de Arte da Oliva Creative Factory, S. João da Madeira HELENA ALMEIDA CORPUS Helena Almeida (born in Lisbon in 1934) has been producing singular work since the 1960s, in which the importance of the body – registering, occupying and defining space – and its performative encounter with the world have been defining concerns. As the site of both political and personal expression, the body represented in her images encounters and manipulates the surrounding world – it acts, touches, senses and marks, leaving behind moving traces, and it shapes itself into a variety of forms and outlines. Spanning nearly fifty years of works in painting, photography, video and drawing, this exhibition brings together the photographic series for which the artist is best known, as well as rarely seen works from throughout her pioneering artistic career. Almeida’s early abstract paintings introduce the central themes of her work, which revolve around the limits of pictorial and narrative space, evident from the very beginning of her career. A series of untitled canvases from 1968–69 reveal a process of confronting traditional artistic media and the language of painting. The artist rolls up the canvas and hangs uploads/s3/ petitjournal-helenaalmeida.pdf

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