Commentaire d'une œuvre suivie HEGEL XIXe siècle LLS.fr/PHTHegel Thèse et hypot

Commentaire d'une œuvre suivie HEGEL XIXe siècle LLS.fr/PHTHegel Thèse et hypothèse L’esthétique est une philosophie de l’art, c’est donc le moment pendant lequel l’es- prit (la philosophie) se saisit de sa manifestation sensible (l’art). Toute la démarche de Hegel dans ce regroupement de textes issu de ses cours est d’analyser l’art comme un déploiement spirituel dans la matière. Le beau est ainsi « résultant de la fusion du rationnel et du sensible ». Il est donc compréhensible par la philosophie : « si l’on veut assigner à l’art un but final, ce ne peut être que celui de révéler la vérité », or « l’esprit ne retrouve que lui-même dans les produits de l’art ». Présentation Il faut commencer par indiquer que, pour l’au- teur, l’Esprit connaît trois stades, selon la célèbre triade hégélienne, d’abord l’Esprit « en soi », puis l’Esprit « pour soi », et enfin l’Esprit « en et pour soi ». L’« en soi » désigne une réalité sans s’ac- compagner de conscience, le « pour soi » désigne cette réalité qui prend conscience d’elle-même, y compris par toutes ses manifestations exté- rieures, et « l’en et pour soi » est cette réalité qui retourne en elle pour se connaître pleinement manifestée, cette étape de pleine connaissance est la science. Ainsi, en ce qui concerne l’Esprit absolu, il trouve son « en soi » dans l’art, son « pour soi » dans la religion, et son « en et pour soi » dans la phi- losophie. L’art n’est donc qu’une étape du mou- vement dialectique. Or, le moment est venu, selon l’auteur, de dépasser l’art en créant une réflexion sur l’art, car il n’est plus l’incarnation de l’absolu, il devient un objet d’étude sur le chemin vers l’absolu. À l’époque du romantisme allemand, l’art est conçu comme étant l’expression des sentiments, mais Hegel tente d’aller plus loin et de donner à l’esthétique les fondements d’une science. Toute science se définit par son objet et ses méthodes. Ainsi, Hegel délimite d’abord l’esthé- tique comme l’étude du beau artistique et en exclut le beau naturel et l’imitation du naturel. Il en questionne ensuite les méthodes : comment analyser l’activité artistique de façon légitime et efficace ? Il fait alors de l’esthétique la discipline qui rend à l’art sa réelle destination : révéler la vérité, comme le fait la philosophie, mais avec ses moyens propres qui passent par la singularité de l’œuvre : elle est cette fusion paradoxale entre le rationnel et le sensible : « l’art représente ce qui est le plus élevé de façon sensible ». LECTURE SUIVIE Introduction à L’Esthétique, Georg Wilhelm Friedrich Hegel, 1818-1829 Qu’est-ce que l’esthétique ? La finalité de l’art est-elle pensable par la philosophie ? Et quelle est cette finalité ? L’art serait indigne d’occuper la science. Hegel répond qu’il n’est pas un objet digne si nous ne le considérons que comme un moyen, mais il existe un art libre qui recherche ses propres fins et qui mérite une étude scientifique. Or cette fin propre est : « une manière propre de révéler Dieu à la conscience ». L’art ne serait qu’une production d’illusions. L’auteur répond que l’art est la réalisation sensible de l’Esprit : « L’art dégage la vérité des formes illusoires et mensongères de ce monde imparfait et grossier, pour la revêtir d’une forme plus élevée et plus pure, créée par l’esprit lui-même ». Fruits de l’esprit, les œuvres d’art peuvent être analysées par l’esprit réfléchi, la conscience. La réflexion sur l’art serait philosophique, mais ne pourrait être scientifique. C’est un préjugé de refuser le caractère scientifique à une démarche philosophique, car toutes les deux considèrent leurs objets à travers leurs caractères nécessaires et essentiels. L’art serait création libre de l’imagination, donc impropre à une approche scientifique. Nous ne pouvons nier qu’il existe une part de sensibilité dans l’art, mais « l’art et ses œuvres, comme création de l’esprit, sont eux-mêmes d’une nature spirituelle », nous pouvons donc étudier l’art sous un angle scientifique qui aura pour tâche précisément de mettre en lumière la part rationnelle de l’art : « l’art trouve sa véritable confirmation dans la science ». L’art serait l’expression d’un « caprice », d’une fantaisie qui prend des formes multiples. L’art s’exprime en une variété de formes, mais toute forme est l’expression d’un fond. Nous pouvons orienter une étude de l’art de manière scientifique en prenant le fond pour objet d’étude, car ce fond : « est rigoureusement déterminé par ces idées qui intéressent notre intelligence et par les lois de leur développement ». B. Que pouvons-nous opposer à ce projet esthétique ? La méthode empirique consisterait à extraire, des grandes œuvres de l’histoire de l’art, les principes du goût. La méthode rationnelle consisterait à établir ce qu’est l’idée du beau a priori, pour l’appli- quer à des jugements de goût. Hegel répond à cette alternative : « La vraie méthode consiste dans la réunion de ces deux procédés, dans leur conciliation et leur emploi simultané. À la connaissance positive des œuvres de l’art, à la finesse et à la délicatesse du goût nécessaires pour les apprécier, doivent se joindre la réflexion philosophique et la capacité de saisir le beau en lui-même, d’en comprendre les caractères et les règles immuables. » C. La méthode philosophique suivie dans le cadre de l’esthétique sera-t-elle empirique ou rationnelle ? Analyse de l’œuvre Hegel exclut de l’esthétique le beau naturel, puis lui réserve l’étude du seul beau artistique qui seul est né de l’esprit. En effet, le beau dans l’art n’est pas un donné, mais une création libre de l’esprit et « c’est pourquoi le beau artistique est supérieur au beau naturel » parce que « le spirituel est supérieur au naturel » en tant qu’il est le lieu de la liberté. L’esprit est, selon Hegel, à la recherche de l’absolu. Dans l’art, l’esprit se prend pour objet et peut se penser sous une forme sensible. L’art donne donc l’occasion à l’esprit de penser ce qu’est la spiritualité. Dans son contenu même, « l’homme s’est toujours servi de l’art comme d’un moyen de prendre conscience des idées et des intérêts les plus élevés de son esprit ». Mais l’art est-il un objet assez digne pour une étude scientifique ? N’est-il pas qu’un simple délas- sement de l’esprit ? Nous ne pouvons pas sauver l’intérêt de l’art en en faisant un moyen au service d’une cause, serait-ce un moyen pour être plus moral. Il convient au contraire de considérer ce qu’est sa finalité propre, ce sera l’objet de l’esthétique. A. Quel est l’objet de l’esthétique ? Introduction à L’Esthétique, Georg Wilhelm Friedrich Hegel, 1818-1829 Commentaire d'une œuvre suivie Il faut ici commencer par mettre en doute de nombreuses thèses, et pour cela Hegel pose que : L’art n’a pas pour but d’imiter la belle nature. S’il existe un plaisir de l’art, il tient à l’acte créatif et non à l’acte reproductif comme se le propose l’imitation. L’art est plutôt une utilisation des formes de la nature pour les recomposer selon sa liberté, la forme naturelle devient alors symbole. L’art n’est pas qu’une expression d’un principe interne naturel. S’il existe une capacité à exprimer dans l’art, elle n’est rien comparativement à l’idée. Dire de l’art, comme dans le mouvement de l’art pour l’art, que l’œuvre n’est qu’une expression, c’est être indifférent au fond exprimé. Or le fond est ce qui fait de l’art l’incarnation de l’esprit. Car si le fond ne compte pas, l’art serait au service de principes antagonistes sans en avoir le souci. L’art n’est pas au service d’un développement moral. L’art, présentant l’homme à l’homme, adoucit les mœurs. Mais l’effet moralisateur de l’art n’est pas son but pour autant. II existe une distinction essentielle entre la morale et l’art. Dans la morale, nos antagonismes doivent constamment trouver une harmonie par l’exercice de notre liberté dirigée vers la vertu, alors que l’art vise le sens du beau : « l’art, au contraire, nous offre dans une image visible l’har- monie réalisée des deux termes de l’existence, de la loi des êtres et de leur manifestation, de l’essence et de la forme, du bien et du bonheur. » F. Que révèle, sur l’art, l’activité artistique elle-même ? Quel est son but ? Le principe à l’origine de l’art est l’homme conscient de lui-même : « pour soi ». En effet si l’homme est esprit c’est qu’il peut se prendre pour objet. Il fait ce retour sur lui-même de manière théorique par la science, et de manière pratique par ses actions, dont l’art est une forme élevée. Faire de l’art le lieu d’une prise de conscience de l’esprit suppose d’abolir certains présupposés : L’art ne vise pas une excitation sensible, ou un plaisir. Rapporter l’art à ce qu’il produit dans la sensibilité revient à traiter de ses effets et non de ce qu’il est. Par ailleurs, ces sentiments sont subjectifs et ils ne livrent donc pas l’objectivité de l’art. Notre esprit entretient deux types de rapports avec les objets sensibles, soit elle se uploads/s3/ phi-t-num-comment-oeuvre-georghegel.pdf

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