ÉRIC ROMMELUÈRE LE SHŌBŌGENZŌ Présentation générale Un Zen Occidental AVERTISSE
ÉRIC ROMMELUÈRE LE SHŌBŌGENZŌ Présentation générale Un Zen Occidental AVERTISSEMENT Ce document numérique est protégé par les législations françaises et internationales sur le droit d’auteur et la propriété intellectuelle. Il vous est proposé à titre gratuit pour votre seul usage personnel. Vous êtes autorisé à le conserver sous format pdf sur votre ordinateur aux fins de sauvegarde et d’impression sur papier. Tout autre usage est soumis à autorisation préalable et expresse. Toute diffusion, mise en réseau, reproduction, vente, adaptation, traduction sous quelque forme que ce soit, partielle ou totale, sont interdites. La modification des codes sources de ce document numérique est également interdite. © 2008 – Un Zen Occidental 55 rue de l’Abbé Carton 75014 Paris Site internet : http://www.zen-occidental.net Courrier électronique : info@zen-occidental.net Téléphone : 33 [0] 1 40 44 53 94 Couverture : Eihei Dōgen Document numérique du 1er juin 2008 ~ 3 ~ LE SHŌBŌGENZŌ PRÉSENTATION GÉNÉRALE Parmi tous les ouvrages écrits ou composés par Dōgen (1200-1253), son Shōbōgenzō (“Le Trésor de l’œil de la vraie loi”) a toujours attiré l’attention par l’ampleur, la diversité et l’originalité de ses textes. Cette somme se présente comme une compilation de discours et d’écrits disparates apparemment faite par Dōgen lui-même. Après avoir dressé et révisé une première compilation de soixante-quinze fascicules, en tête desquels il place le fameux chapitre philosophique intitulé Genjō kōan, “La présence des kōan”, il entreprend, à la fin de sa vie, une seconde compilation dans le but de faire, semble-t-il, un seul livre de cent chapitres. La mort l’arrête après qu’il ait rédigé le douzième chapitre de cette nouvelle série ainsi que l’atteste une note additive au chapitre Hachi dainin gaku, “Les huit recommandations du grand homme”, écrite de la main de Koun Ejō (1198-1280), son principal disciple : Le volume était daté du six du premier mois de la cinquième année de l’époque Kenchō [1253] à Eiheiji. Aujourd’hui la veille de se délier des règles de la septième année yin bois-lièvre de l’époque Kenchō [1255], Gien qui exerce les fonctions de copiste a pu en faire une copie. Il l’a également révisé. Ce volume est le manuscrit que mon dernier maître rédigea pendant sa dernière maladie. En y songeant, les textes qui précèdent et qui prennent le titre de Shōbōgenzō, ceux qui ont été corrigés comme ceux des nouveaux manuscrits, n’auraient dû former qu’un seul livre en cent volumes. Ce volume est le douzième dans la série des nouveaux manuscrits. Après l’avoir rédigé, sa maladie empira peu à peu. Il dut alors arrêter son projet. C’est pourquoi ce manuscrit rapporte les dernières observations de notre défunt maître. Malheureusement, nous ne pourrons révérer ce livre en cent volumes. Quel dommage ! Lorsqu’on se rappelle de notre dernier maître, on ne peut que recopier ce douzième manuscrit et le protéger. Ce furent les dernières observations du vénérable des Śākya et ce sont aussi les dernières recommandations de notre défunt maître. Ejō. Le Shōbōgenzō est si paradoxal : en compilant ces textes, en les réécrivant même, il a apparemment la vision d’une œuvre complète, le nombre de cent fascicules n’est pas anodin. En le lisant on a l’impression qu’il a la vision d’une somme. Mais où veut-il en venir ? L’ordre, les thèmes abordés ne suivent aucune logique, le Shōbōgenzō n’a ni début ni fin. Le propre de toute compilation est Le Shōbōgenzō ~ 4 ~ d’être une simple succession sans forcément qu’un sens général se dessine. En ce sens, le Shōbōgenzō paraît proche des compilations de kōan de l’époque Song. Pourtant même ces compilations suivent un agencement formel : cas, introductions aux cas, commentaires en prose, en vers, etc. Mais rien de tel dans le Shōbōgenzō. Si la plupart de ses chapitres doivent se lire comme des commentaires de kōan, d’autres n’adoptent pas cette forme. Sa pensée y est éclatée, jamais linéaire. Quelle unité le sous-tend, quelle structure dans cette œuvre déstructurée ? Tout paraît morcelé, de bric et de broc. Fracture et division semblent au cœur même de son discours. Il ne nous propose pas de synthèse, jamais ne se dévoile une unité. En le lisant, il nous invite à un étrange cheminement. Le nombre de cent chapitres (un système clos) est une déclaration d’Ejō, non de Dōgen lui-même. Doit-on la remettre en cause ? L’absence d’apparente structure pourrait être mise sur l’apparente oralité des discours. La plupart des chapitres sont en effet qualifiés, selon leur colophon, d’explication à la communauté (jishu). On entend par ce terme, le prêche donné au sein d’une monastère lors de la consultation du soir (bansan) ou lors d’une petite consultation (chōsan). Pourtant, même si de nombreux fascicules passent pour être des prêches, on sent qu’ils ont été pensés et polis et qu’ils n’étaient apparemment pas improvisés. Le Shōbōgenzō est une œuvre écrite qui doit se lire comme une œuvre inachevée. On peut néanmoins se demander si c’est cet inachèvement est fortuit ou pleinement signifiant. Est-ce sa seule mort qui empêche Dōgen de terminer cette somme, ou devait-elle rester inachevée comme un ultime message sur l’incomplétude ? Le manque obsède Dōgen, et l’on peut être étonné qu’il n’ait écrit que 80 ou 90 % d’une œuvre supposée alors que ce même terme hachikūshin, “à quatre-vingt ou quatre-vingt dix pour cent”, y apparaît à de nombreuses reprises. Cette expression est reprise d’un fameux dialogue zen où à une réponse de Yunyan, Daowu réplique par : “Ce que tu dis là est fort bien dit, mais c’est seulement exprimer quatre-vingt ou quatre-vingt dix pour cent...” Une expression que l’on pourrait appliquer au Shōbōgenzō lui- même... ESSAI DE RECONSTITUTION La première édition xylographique du Shōbōgenzō fut imprimée en 1690 sous la direction de Kōzen, trente-cinquième abbé du monastère d’Eiheiji. Cette édition, connue sous l’appellation de Kōzenbon (lit. “le texte de Kōzen”), comprenait quatre-vingt quinze fascicules placés dans l’ordre chronologique Le Shōbōgenzō ~ 5 ~ d’écriture ou de prédication supposées. La publication du Shōbōgenzō fut ensuite interdite par le pouvoir shogunal durant la seconde période d’Edo (en 1722) à la suite de luttes intestines au sein de l’école Sōtō où son interprétation jouait un rôle crucial. En 1796, l’abbé du monastère d’Eiheiji, Gentō Sokuchū, obtint la permission de le republier. Cette nouvelle édition, connue sous le nom de Honzanban (“L’Édition du Siège”), fut achevée en 1811 dans un version légèrement différente de l’édition de Kōzen : elle excluait notamment certains fascicules considérés comme secrets (Shisho, “Le certificat de succession”, par exemple). Il fallut attendre le début du vingtième siècle pour que le monastère d’Eiheiji en réimprime une version exhaustive. Les plus anciens manuscrits du Shōbōgenzō sont composés d’un nombre variable de fascicules. Il s’agit : ❖ de la compilation de Koun Ejō (1198-1280) en soixante-quinze fascicules, conservée au temple de Sempukuji ; ❖ de la compilation de Eihei Giun (1253-1333) en soixante fascicules, dite “le texte du Rurikōji” ou “le texte de Sōgo”, datée de la quatrième année de l’ère Karyaku (1329) et conservée au temple de Rurikōji ; ❖ de la compilation de Taiyō Bonsei en quatre-vingt quatre fascicules, dite “le texte de Bonsei”, datée de la vingt-sixième année de l’ère Ōei (1419) et conservée au temple de Tokuunji ; ❖ de la compilation de Taiyō Bonsei en quatre-vingt quatre fascicules, dite “le texte du Gyokuunji”, conservée au temple de Gyokuunji ; ❖ d’une compilation anonyme en douze fascicules, dite “le texte du Yōkōji”, datée de la vingt-septième année de l’ère Ōei (1420) et conservée au temple de Yōkōji ; ❖ d’une copie du troisième abbé de Kenkon’in en soixante-quinze fascicules, dite “le texte du Kenkon’in”, datée de la deuxième année de l’ère Meiō (1495) et conservée au temple de Kenkon’in ; ❖ d’une copie de Kōshū, quinzième abbé d’Eiheiji, et de Konkō, abbé- fondateur du Dōunji, en soixante fascicules, dite “le texte du Dōunji”, datée de la septième année de l’ère Eishō (1510) et conservée au temple de Dōunji ; ❖ d’une copie du septième abbé de Shōbōji en soixante-quinze fascicules, dite “le texte du Shōbōji”, datée de la neuvième année de l’ère Eishō (1512) et conservée au temple de Shōbōji ; Le Shōbōgenzō ~ 6 ~ ❖ d’une copie de Koun Ejō en vingt-huit fascicules, dite “Le Shōbōgenzō secret” (Himitsu shōbōgenzō) et conservée au temple d’Eiheiji ; ❖ d’une compilation anonyme en dix-sept fascicules, datée de la troisième à la onzième année de l’ère Kan’ei (1626-1634) et conservée au temple de Nikkōrin’ōji ; ❖ d’une copie du deuxième abbé de Chōenji en quatre-vingt quatre fascicules, dite “le texte du Chōenji”, datée de la deuxième année de l’ère Kan’ei (1625) à la deuxième année de la période Shōhō (1645) et conservée au temple de Chōenji. Peu de manuscrits holographes de Dōgen ont été conservés. Pour le Shōbōgenzō, il nous reste : le fascicule Sansuikyō daté de la première année de l’ère Ninji (1240, un rouleau) ; le fascicule Shisho daté de la deuxième année de l’ère Ninji (1241, un rouleau) ; une deuxième copie du même fascicule datée du même jour que la copie précédente (neuf morceaux) ; le fascicule Gyōji (première partie) uploads/s3/ shobogenzo-apresentacao-e-historia-do-texto.pdf
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- Publié le Apv 29, 2021
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