1 Aux origines du design moderne MUSÉE DES BEAUX ARTS — ROUEN MUSÉE DE LA CÉRAM

1 Aux origines du design moderne MUSÉE DES BEAUX ARTS — ROUEN MUSÉE DE LA CÉRAMIQUE — ROUEN FABRIQUE DES SAVOIRS — ELBEUF MUSÉE LE SECQ DES TOURNELLES — ROUEN MUSÉE INDUSTRIEL DE LA CORDERIE VALLOIS — N-D-DE-BONDEVILLE 6e édition 24 novembre 2017 20 mai 2018 le TEmpsdEs COLlectioNs DES EXPOSITIONS GRATUITES DOSSIER PÉDAGOGIQUE 3 2 A.  INTRODUCTION AUX ORIGINES DU DESIGN MODERNE - La Révolution industrielle du 19e siècle ; impact sur les arts décoratifs - Brève histoire des styles à partir de 1850 B.  MUSÉE DES BEAUX-ARTS – ROUEN « ARTS & CRAFTS, 1860-1914 ; LES FORMES D’UNE UTOPIE » - Les Arts & Crafts ; tentative de définition - Le Bois des Moutiers, une maison Arts & Crafts en Normandie • FICHE D’ŒUVRE C.  MUSÉE LE SECQ DES TOURNELLES – ROUEN « LE POUVOIR DE LA LIGNE : GUIMARD ET L’ART NOUVEAU » - Hector Guimard (1867-1942), figure majeure de l’Art Nouveau (1890-1914) - L’Art Nouveau, héritier des Arts & Crafts - Le « Style Guimard », synonyme d’Art Nouveau - Le Métropolitain : fusion entre forme, décor et structure • FICHE D’ŒUVRE D.  MUSÉE DE LA CÉRAMIQUE – ROUEN « ÉMILE GALLÉ, ALCHIMISTE DE LA TERRE ET DU VERRE » - Une jeune homme curieux - Émile Gallé, un homme au goût éclectique • FICHE D’ŒUVRE E.  FABRIQUE DES SAVOIRS – ELBEUF « L’ÉTONNANT THONET : L’AVENTURE INDUSTRIELLE DU BOIS COURBÉ » - La création d’une entreprise familiale - Stratégie commerciale - L’origine du meuble en kit : les « chaises n°4 et n°14 » - L’acier tubulaire des créations « Modernistes » • FICHE D’ŒUVRE F.  MUSÉE INDUSTRIEL DE LA CORDERIE VALLOIS – NOTRE-DAME-DE-BONDEVILLE « LUXE, TABLE ET VOLUPTÉ, L’ORFÈVRERIE CHRISTOFLE » - Du bijoutier à l’orfèvre : Charles Christofle - Stratégies à succès - De l’Art Nouveau aux « Formes nouvelles » • FICHE D’ŒUVRE GLOSSAIRE BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE 6-7 10-11 16-17 22-23 28-29 36-37 42-43 44-45 5 La Réunion des Musées Métropolitains organise la sixième édition du Temps des col- lections. Ce programme lancé en 2012 au musée des Beaux-Arts de Rouen, l’une des toutes premières initiatives en France, vise à remettre les collections au cœur de la programmation des musées. Il s’agit chaque fois de révéler la richesse et la variété des collections publiques, de dévoiler l’envers du décor et le mystère des réserves, de favoriser les redécouvertes en ouvrant les musées à de nouveaux regards. De nombreux invités se sont succédés, conservateurs, historiens, artistes, personnalités du monde de la culture, ou plus récemment le public avec la « Chambre des visiteurs ». L’invité central de cette sixième édition est une grande institution nationale, le musée d’Orsay, qui vient de fêter son trentième anniversaire (2016). Sa considérable collec- tion se déploie bien au-delà des tableaux impressionnistes, et offre un panorama très complet de la naissance de l’époque contemporaine. Avec les progrès de l’indus- trie et des techniques, dont les Expositions Universelles scandent les plus belles réus- sites, le 19e siècle est une époque particulièrement riche pour les arts appliqués. Ce sont ces trésors d’art décoratif, auxquels s’associent les prêts prestigieux de la célèbre maison d’orfèvrerie Christofle, de l’association French Lines, de Von Vegesach et de la Maison du Bois de Moutiers, que nous avons choisi d’inviter dans cinq musées métropolitains. Ces expositions inédites mettent en lumière de très grands artistes qui ont révolutionné les pratiques et inventé des formes nouvelles. Le mouvement anglais Arts & Crafts, les créateurs et entrepreneurs que furent Gallé, Guimard, Christofle, Thonet, nous conduisent à travers cinq continents, des arts décoratifs, jusqu’aux sources du design moderne. SYLVAIN AMIC DIRECTEUR DE LA RÉUNION DES MUSÉES MÉTROPOLITAINS Aux origines du design moderne le TEmpsdEs COLlectioNsVI 7 6 LA RÉVOLUTION INDUSTRIELLE DU 19E SIÈCLE ; IMPACT SUR LES ARTS DÉCORATIFS La Révolution industrielle s’accompagne, dans les grandes capitales européennes, du développement d’une bourgeoisie aisée, avide de nouveauté. Les clients les plus riches continuent à passer commande auprès d’un artisanat de luxe, les autres se tournent vers une variété d’objets de grande qualité mais industrialisés et moins coû- teux. Dès 1840, les industries de papiers peints, de textiles et de métaux, sont en grande partie mécanisées. Dans le domaine des arts de la table, l’orfèvre et industriel Charles Christofle (1805-1863) est, dès 1842, le premier en France à fabriquer du métal argenté qu’il met à la portée du plus grand nombre. Parallèlement, le café, lieu de sociabilité par excellence du 19e siècle, suscite la création d’un mobilier reproduc- tible et bon marché. L’ébéniste Michael Thonet (1796-1871) adapte à la fabrication d’un mobilier en série la technique du bois courbé à la vapeur. Il est à l’origine de la chaise bistrot. S’associant à ses fils, il est dans les années 1850, l’un des initiateurs des premières pièces de mobilier en kit. LES EXPOSITIONS UNIVERSELLES, DE GIGANTESQUES « SHOW ROOMS » Le Crystal Palace, architecture de verre et de fonte, abrite en 1851 la première Exposition universelle qui se tient à Londres. Le bâtiment fait sensation. Dans un esprit de compétition, la deuxième exposition se tient à Paris en 1855. Ces deux évènements attirent des millions de visiteurs et sont l’occasion de montrer le savoir- faire des artisans-ouvriers ainsi que les nouvelles techniques industrielles appliquées notamment aux arts décoratifs. En 1855, la France se démarque de l’Angleterre en édifiant un Palais des Beaux-arts où se tient pour la première fois de l’histoire une grande exposition internationale d’art contemporain et d’un Palais de l’industrie où se regroupent les créations de 25 000 exposants. Les objets présentés dans ce dernier suscitent deux types de réaction : certains artistes et intellectuels jugent que les objets présentés ne sont pas esthétiques, le public lui s’émerveille de toutes ces nouveautés. AUX ORIGINES DU DESIGN MODERNE 8 DE L’ARTISAN AU DESIGNER L’ornement (l’art de décorer) est omniprésent dans le cadre de vie comme dans les produits de consommation. Le marché réclamant sans cesse de nouveaux motifs, les arts appliqués (sous-entendu « à l’industrie ») constituent un enjeu important pour l’in- dustrie et les arts. Il est donc nécessaire de créer des établissements d’enseignement artistique pour former non plus des créateurs, mais des praticiens nommés « artistes industriels » en France et déjà « designers » en Angleterre. Ces derniers donnent alors forme à tout ce qui entoure l’homme du 19e siècle : objets, moyens de transports, sup- ports de communication, habitats… BRÈVE HISTOIRE DES STYLES À PARTIR DE 1850 RETOUR À L’ARTISANAT, LE « GOTHIC REVIVAL » Face à la « destruction » de l’économie rurale, qui s’accompagne de l’appauvrissement des ouvriers de l’industrie, face à la « laideur » des nouveaux bâtiments et des objets industriels, certains artistes et intellectuels anglais puis français s’intéressent au Moyen âge redécouvert dès la fin du 18e siècle. Ce que l’on appelle outre-manche le « gothic revival » valorise le travail collaboratif entre artistes, artisans, architectes et décorateurs. Cet engouement pour cette longue période historique justifie une quête, qui s’avèrera parfois utopique, d’une fusion entre art et technique, art et industrie et qui finalement place les arts décoratifs au-devant de la scène artistique. LE CULTE DU BEAU : L’« AESTHETIC MOVEMENT » Dès 1860, l’Aesthetic Movement*1 prend forme, en réaction à l’inesthétisme des créa- tions en série ainsi qu’aux rigidités sociales et morales de la période victorienne (1837- 1901). Ses protagonistes, des peintres, poètes, illustrateurs, artisans, collectionneurs, architectes… loin de proposer un style collectif uniforme, trouvent à travers les arts décoratifs* et la décoration d’intérieur un véritable art de vivre. Vouant un véritable culte à la beauté, des hommes tels John Ruskin (1819-1900) ou Oscar Wilde (1854- 1900), poètes et écrivains britanniques, estiment que la faune, la flore ainsi que les plus belles œuvres des différentes époques et cultures, doivent servir de modèles pour les créations contemporaines. Dans un premier temps, les décors prennent le gothique pour modèle, puis s’en écartent au profit des cultures extra-européennes qui deviennent une source d’inspiration inépuisable. Elles sont d’autant plus acces- sibles que les Expositions universelles présentent les créations de différentes régions du monde : l’Égypte, la Perse, l’Orient, l’Inde et l’Extrême Orient. À partir de 1867, le Japon suscite un engouement sans pareil. ARTS & CRAFTS ; FUSION ENTRE ART ET ARTISANAT Pour John Ruskin, « l’art est beau lorsque la main, le cœur et la tête travaillent ensemble ». Arts & Crafts est le premier mouvement esthétique à rapprocher réso- lument les Beaux-Arts et les arts appliqués « à l’industrie ». William Morris (1834- 1896), figure de proue des Arts & Crafts, participe à la fondation en 1887 de l’asso- ciation Arts & Crafts Exhibition Society créée sur le modèle des guildes médiévales. Celle-ci a pour mission de défendre, promouvoir et exposer, les réalisations de ce cou- rant d’avant-garde britannique. De manière générale, les Arts & Crafts contribuent au développement du design international, font avancer dans toute l’Europe et aux États-Unis, la cause des arts décoratifs qu’ils estiment de même valeur que les Beaux- arts. Ces idées aboutissent au succès uploads/s3/ temps-des-collections-2017-aux-origines-du-design-moderne.pdf

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