Terminologie. Repères minimaux. Illustrations (surtout) économiques, juridiques

Terminologie. Repères minimaux. Illustrations (surtout) économiques, juridiques ; scientifiques, techniques 0. Introduction à la terminologie 0.1. Polysémie du terme Qu'est-ce que la terminologie ? Un mot pour chaque chose, pour chaque notion, pour chaque réalité… Une langue n’est pas une entité figée, fixée une fois pour toutes : sans cesse des mots disparaissent, meurent, des mots nouveaux apparaissent…le monde change, et le lexique évolue. Pour désigner les réalités nouvelles, le français, comme toutes les autres langues, s’enrichit de nouveaux mots -les néologismes- qui sont créés à partir du français ou empruntés aux langues étrangères. Dans la langue courante, cette création est en quelque sorte spontanée, l’inventivité des jeunes, des journalistes, sans parler des écrivains et poètes… se déploie dans la plus grande liberté. Il suffit de penser à tous ces mots nouveaux, gouvernance, altermondialisme, écocitoyen, slam …) que l’on entend dans les médias, que l’on voit dans les journaux. Tantôt ils passent de mode rapidement, tantôt ils s’implantent durablement dans l’usage, et dans les dictionnaires. Dans les domaines techniques et scientifiques, les données sont différentes et d’une toute autre ampleur : pour exprimer des notions souvent très complexes, les professionnels emploient dans leur domaine d’activité particulier des mots ou des expressions très précis, des termes, qui se dénombrent en centaines de milliers (par comparaison, un dictionnaire de langue générale compte 50 000 à 100 000 mots au maximum). 1. Une terminologie est d’abord un ensemble de termes spécialisés relevant d’un même domaine d’activité qui a son vocabulaire propre: terminologie de la médecine, de l’informatique, du sport, de la marine… 2. Le mot terminologie désigne aussi une activité, l’ « art de repérer, d’analyser et, au besoin, de créer le vocabulaire pour une technique donnée, dans une situation concrète de fonctionnement, de façon à répondre aux besoins d’expression de l’usager» de produire les termes et définitions pour désigner les notions et réalités d’un domaine : récemment il a fallu créer génome, cybercaméra, biocarburant, minimessage… La terminologie (ou terminographie) s’applique aux langages spécialisés comme la lexicographie touche à la langue générale. Une notion, une définition, un terme : c’est le principe d’élaboration de toute terminologie ; chaque notion nouvelle doit être définie avec précision et désignée par un terme, le plus adapté, le plus parlant, le plus clair possible. Elle est proche de la traduction, se fondant sur le sens d’une notion pour donner des termes équivalents d’une langue à l’autre. 3. C’est enfin une discipline linguistique qui étudie les concepts spécialisés et les termes qui les désignent en langue de spécialité. Portail France Terme http://franceterme.culture.fr/FranceTerme/terminologie.html 0.2. Terminologie conceptuelle : les distinctions opératoires. Objet/ concept/ désignation Objet : entité particulière du monde extralinguistique : perçu (isolé par la perception à partir du continuum du réel) ou bien conçu (imaginé, abstrait). 1 Concept (=notion) : abstraction à partir d’objets du monde1 ; construction mentale constituée de caractères {essentiels (distinctifs, non distinctifs)/ non essentiels}2). Désignation : signe verbal (chlorure de sodium, eau, euro, livre sterling), formule (Na-Cl, H2O) ou symbole graphique (€, £). Bien que parallèles à référent/ signifié/ signifiant (reformulation, en termes saussuriens3, du triangle du signe linguistique selon Ogden & Richards), ces termes participent d’une démarche distincte (des choses, aux concepts et des concepts, aux mots [démarche onomasiologique : ‘vers les noms’], plutôt que des mots, aux sens, et des sens, aux choses désignées [démarche sémasiologique : ‘vers les sens’]). Désignations :  termes (concept général: institution financière, banque),  appellations (concept unique : particulier – Banque Nationale de Paris),  symboles (concept général le plus souvent : € pour désigner l’euro, $, pour le dollar, …, ruban de Möbius   pour désigner l’aptitude au récyclage, croix rouge, etc.). Noter que le ruban de Möbius (dessin) en tant que tel est un symbole graphique qui désigne (au premier degré) un concept unique (« le ruban de Möbius4 »), à l’instar de l’appellation ruban de Möbius. La désignation de l’aptitude au recyclage est le fait du passage à la figure, et de la convention graphique : il s’agit donc de distinguer un ruban de Möbius –voir photo ci-contre, et le symbole lui- même de l’aptitude au recyclage (voir dessin ci-avant). Image: Nature Materials/Starostin & van der Heijden 1. Objets (entités particulières du monde extralinguistique : perçus (isolés par la perception à partir du continuum du réel) ou bien conçus (abstrait ou imaginés). Imaginé veut dire, au sens de la Norme ISO 704/2000 « imaginaire », « fictionnel » : après avoir défini la catégorie (« un objet est tout ce qui se perçoit ou se conçoit »), l’on y opère un classement assorti d’exemples (listes ouvertes) : ■ objets qui « doivent être considérés comme concrets » : machine, diamant, rivière, … ; ■ objets qui « doivent être considérés comme immatériels ou abstraits » : chaque manifestation d’un plan financier, la gravité, un rapport de conversion, … ; ■ objets qui « doivent être considérés comme purement imaginés » : une licorne, une pierre philosophale, un personnage de la littérature, ... (cf. ISO 704/2000 (F) : §4). 1 Les concepts sont-ils donc eux-mêmes des objets abstraits ? Oui, selon certains (voir SEP, abstract objects, liste d’exemples illustratifs des deux catégories objets abstraits/ objets concrets). Non, selon d’autres auteurs (voir définition du « tiers ordre » de Frege : ni mental (= subjectif), ni sensible (=perçu → objectif)). Le concept « quatre » serait-il à envisager comme représentation mentale de ce que les instances de la quantité numérique concernée, dans l’environnement du sujet, ont en commun et ces instances mêmes de la quantité numérique concernée, dans l’environnement du sujet, comme objets abstraits (ce qui revient à reformuler la distinction concept (entité mentale)/ objet abstrait (entité objective) comme un cas de l’opposition type/ occurrences)? 2 Caractères essentiels non distinctifs des appointements, du traitement, de la solde ou des gages : [+rémunération sous forme de douzième mensuels] ; caractères distinctifs procédant du type de bénéficiaire de chacune de ces rétributions, soit, dans l’ordre : [bénéficiaire = employé] / [bénéficiaire = fonctionnaire]/ [bénéficiaire = militaire] / [bénéficiaire = domestique]. Caractères non essentiels : le fait, pour les appointements, de se situer (actuellement) aux alentours de 2000 euros (en France). 3 Ferdinand de Saussure : signe linguistique (= signifiant+signifié) vs référent (=objet du monde extralinguistique). 4Le nom de cette forme étrange a été donné par celui des deux mathématiciens l’ayant décrite (indépendamment l’un de l’autre), en 1858, qui aura eu l’heur de présenter un mémoire à ce sujet à l’Académie des sciences de Paris : August Ferdinand Möbius. L’autre mathématicien était Johann Benedict Lessing. 2 L’exemple illustratif typique de la catégorie ontologique des objets abstraits (et de la distinction objet abstrait/ objet concret) reste sans doute, dans la littérature philosophique, celui des nombres et des entités mathématiques, en général. Ainsi, une pile de quatre volumes sur la chaire de la salle 212 (Université de Bucarest, rue Edgar Quinet), ou un tas de quatre pommes sur la table du séjour (sur la table de mon séjour), bien que tout ce qu’il y a de plus concrets, comportent, au même titre, un objet abstrait - la quantité numérique ; selon les tenants du pari réaliste en matière de mathématiques, les nombres ne seraient à situer ni parmi les choses, ni dans l’esprit de l’observateur-analyste : les objets abstraits (tels les nombres) ne seraient donc ni des entités du monde, spatio-temporelles, ni des entités purement mentales, subjectives. Pour les tenants du fictionnalisme, en mathématiques, au contraire, les nombres n’existeraient que dans l’esprit de l’observateur (entités mentales), et en tant que signes (chiffres). Nous noterons la neutralité manifeste de la norme de terminologie pour ce qui est des définitions (vs illustrations) des sous-classes d’objets posées. En effet, dans la littérature (en particulier philosophique), il n’y a guère de consensus sur la définition des objets abstraits vs concrets, ni d’ailleurs sur celle des objets imaginés. Parmi les critères distinctifs communément évoqués, pour les objets abstraits (vs concrets): ■ objets définis par la négative (ni sensibles, ni mentaux), ■ non spatio-temporels, ■ dépourvus d’action ou de déterminations causales (« causalement inefficients »), ■ ne comportant pas certaines caractéristiques que les objets concrets comportent (moins de spécifications : ce qui rapproche la catégorie ontologique OBJETS ABSTRAITS de l’opération mentale d’ABSTRACTION postulée en psychologie cognitive comme fondement de la conceptualisation). Un mammifère serait-il un objet abstrait, et un humain ou un dauphin, des objets concrets ? La couleur blanc serait-elle un objet abstrait, seul l’ours polaire, le mur peint à la chaux et les cheveux argentés qui exhibent, outre d’autres caractéristiques pertinentes, cette couleur, étant des objets concrets ? Aucune différence ontologique ne subsisterait alors entre blancheur comme qualité et blanc comme couleur (sauf à entendre la couleur blanc comme peinture de cette couleur (roum. vopsea)) – à l’encontre de ce qui se passe du côté des noms de la langue naturelle5. Si l’accord, en matière de définition de ces catégories ontologiques s’avère à tel point problématique, cela pourrait également être le fait d’une impossibilité de principe : soit la distinction objet abstrait/ objet uploads/s3/ terminologie-conceptuelle-objet-concept-2012.pdf

  • 19
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager