Guide pratique pour le marquage d'identification des biens culturels Version 4.
Guide pratique pour le marquage d'identification des biens culturels Version 4.8 du 5 juin 2015 Introduction La commission de récolement des dépôts d’œuvres d’art de l’État (CRDOA) a été créée en 1996 suite à un rapport de la Cour des comptes mettant en évidence la mauvaise gestion des collections en dépôts. En 2000, Jean-Pierre Bady, conseiller maître à la Cour des comptes et président de la CRDOA, a encouragé la rationalisation des pratiques de marquage des collections en créant la commission Marquage. Cette commission avait comme objectif la mise en place d’une certification des produits de marquage d'identification et la rédaction d’un guide pratique pour l'identification des collections publiques. Elle devait aussi assurer la veille technologique et la formation des personnels chargés du marquage dans les musées de France. La certification Grâce à un financement de la Mission de la recherche et de la technologie du ministère de la Culture et de la communication, la commission marquage a conçu, entre 2001 et 2005, un programme d’essais des produits d’identification, en collaboration avec le Laboratoire national de métrologie et d’essais (LNE). Le Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF) est le maître d’œuvre de cette certification. Le guide Ce guide est un outil pratique permettant d’aider toute personne chargée du marquage de collections. La première version se basait sur la documentation de la Direction des musées de Francei, sur les résultats d’études menés par le C2RMFii et le LNEiii et sur une enquête concernant les pratiques de marquage au sein de dix-sept musées de France, du Mobilier national et du Centre des monuments nationaux. La présente version prend aussi en compte les commentaires des usagers rencontrés pendant les formations en 2008 et 2009. La formation Depuis janvier 2008, le C2RMF est intervenu dans le cadre de la formation permanente auprès des responsables du marquage dans les régions Aquitaine, Centre, Franche-Comté, Limousin, Midi-Pyrénées, en partenariat avec la Direction générale des patrimoines du ministère de la Culture et de la Communication, le Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT) et l'Institut national du patrimoine (INP). Le marquage Le marquage d’identification des biens culturels doit faire l’objet d’une attention particulière pour répondre à l’obligation d’inventaire et de récolement de la loi n° 2002-5 du 4 janvier 2002 relative aux musées de France, et pour assurer la gestion des dépôts d’œuvres protégées au titre du Code du patrimoine. Inventaire, récolement et documentation des biens protégés sont des tâches essentielles pour tous les responsables scientifiques des collections nationales, des musées de France, des fonds d’archives, des bibliothèques et du patrimoine archéologique ou protégé au titre des monuments historiquesiv. Le marquage est toujours réalisé sous la responsabilité du responsable juridique des collections. Il peut avoir trois fonctions : L'identification par le marquage traditionnel des numéros d’inventaire (encres, crayons, feutres, peintures), La gestion au moyen de techniques automatique de traitement de l'information (code à barres, puces radiofréquences), La sûreté pour lutter contre le vol et le trafic illicite des biens culturels (encres à base de pigments spéciaux, techniques d’imagerie scientifique). L’Office central de lutte contre le trafic de biens culturels recommande de les documenter par une couverture photographique et macrophotographique. Ce guide traite des marquages d’identification. Certains procédés à vocation de sûreté n’y sont pas évoqués comme, par exemple, les inserts, le marquage ADN, la micro gravure ou encore les encres invisibles. Dans l’idéal, un marquage d’identification doit être direct, présent physiquement sur l’objet sans interagir avec lui, lisible, résistant aux manipulations, au climat et à la lumière dans un bâtiment. La liste des produits de marquage certifiés est valide jusqu'en septembre 2016. L'emplacement Les œuvres de même type doivent toujours être marquées au même endroit pour identifier facilement le numéro d’inventaire et éviter les manipulations inutilesv. Connaissant la localisation du marquage, toute tentative d’enlèvement sera facilement détectée en cas de vol. Ne pas manipuler les œuvres à l'emplacement du marquage. Les grands objets sont marqués en plusieurs points. Pour les petits objets, le numéro est inscrit sur le conditionnement, le montage ou le socle. Toutes les parties des objets complexes sont marquées pour limiter le risque de dissociation. Quand l’objet est composite, il faut marquer le matériau le moins fragile à l’endroit le plus adapté, au cas par cas. Il ne faut pas marquer sur une restauration ni sur des parties fragiles. La mise en œuvre La méthode employée doit être simple à mettre en œuvre, adaptée à la fragilité, à la couleur, à l’état de surface, aux dimensions de l'objet. Le marquage est réversible ; le produit employé, l’emplacement et la date du récolement sont documentés. Les surfaces peintes doivent être traitées avec précaution : elles peuvent réagir avec les produits de marquage. Le marquage indirect est préconisé. Un vernis peut être appliqué en sous-couche sur les surfaces poreuses ou pour que le marquage soit réversible, mais son usage n'est pas systématique car il peut dégrader certains supports (acryliques, papiers, plastiques, textiles). En cas d’incertitude sur les interactions entre le produit et le support, consulter un restaurateur. En cas de doute, préférer un marquage indirect. Le marquage risque de perdre en lisibilité avec une deuxième couche de vernis. Le numéro d’inventaire doit figurer sur plusieurs photographies pour renforcer le lien entre l’objet et sa documentation. Les anciens numéros, qui peuvent fournir des renseignements historiques sur l’objet, ne doivent pas être effacés. S’ils devaient être retirés, les enregistrer dans la documentation et les photographier. Les pratiques de marquage des musées de France, du Mobilier national, du Centre des monuments nationaux et de la Bibliothèque nationale de France ont servi à rédiger ces préconisations pour chaque type de support. Le marquage de A à Z par types de collections et de matériaux Audiovisuelvi Le marquage doit être visible et durable pour faciliter l’identification et la gestion des œuvres. Les boîtes contenant les films sont marquées avec des étiquettes adhésives. Les pellicules argentiques ne sont pas marquées. Vidéos : une étiquette se rapportant à l’appartenance de la collection est collée sur la tranche inférieure de la boîte ; une étiquette se rapportant à la nature de l’œuvre est collée sur la tranche supérieure de la boîte. Les bandes vidéo sont marquées avec des étiquettes amovibles écrites à la main, mentionnant l’identité et la nature technique de l’œuvre, et avec des étiquettes autocollantes : une première étiquette pré-imprimée identifie la nature de l’œuvre : rouge pour les masters (originaux), vert pour les masters d’exploitation (copies numérisées), jaune pour les copies de diffusion (copie réservée à la monstration de l’œuvre). une seconde étiquette rouge en partie pré-imprimée, commune à chacun des éléments constituants l’œuvre (master, master d’exploitation, copie de diffusion et matériel technique) permet d’identifier l’appartenance et le secteur de la collection. Le numéro d’inventaire de l’œuvre y est ajouté manuellement. Ces étiquettes sont toujours collées au même emplacement sur les boîtes. Le support matériel de l’œuvre vidéo est lui aussi étiqueté (contenu). Le matériel technique attaché à l’œuvre est marqué avec les étiquettes autocollantes. Sur ce type de matériel, les étiquettes se décollent facilement et demandent donc une attention particulière, notamment lors des déplacements. Elles sont remplacées si nécessaire. Les étiquettes pouvant être retirées plus ou moins facilement, la solution du sceau de sécurité personnalisé est également envisageable pour un marquage durable et dissuasif. Cinéma : les étiquettes sont collées sur la face et sur la tranche des boîtes de films. Les disques optiques peuvent être gravés par laservii. Bois Emplacement : à l'arrière des commodes et des coffres, au dos du pied arrière gauche des chaises, sur la ceinture des tables, sur le côté extérieur, près du bas des pieds des lits. La dimension de la marque est proportionnelle à celle de l’objet. Si aucun endroit ne convient, choisir le marquage indirect. Marquage direct : attention, certaines surfaces peintes, laquées, vernies peuvent réagir avec les produits. Marquage indirect avec des étiquettes attachées par un fil pour limiter les manipulations en réserve. Céramiques Emplacement discret mais facile à repérer, en dessous du pied Marquage direct : certaines glaçures craquelées peuvent laisser pénétrer le produit de marquage jusqu’au tesson par capillarité de manière irréversible. Par précaution, on marque donc sur une couche isolante de vernis. Cire Le marquage indirect est préférable, le marquage direct doit se faire sur une couche de vernis. Histoire naturelle Les spécimens sont étiquetés avec un galon de coton ou de non-tissé de polyéthylène attaché par un fil, le numéro est reporté sur l’encadrement ou sur le conditionnement. Les spécimens en liquides sont étiquetés dans le contenant avec un produit résistant au liquide ; le contenant est aussi marqué de façon à ce que le numéro ne soit pas effacé par les manipulations. Métaux Emplacement : ne pas marquer les surfaces corrodées. Marquage direct sur une couche de vernis, le numéro est inscrit sur une partie non visible mais facilement accessible. Si la surface est poreuse, préférer le marquage indirect avec des étiquettes en carton neutre ou non-tissé de polyester, attachées ou placée dans le sachet ou dans la boîte contenant l’objet. uploads/s3/ c2rmf-guide-pratique-pour-le-marquage-d-x27-identification-des-biens-culturels.pdf