1 MASTER RECHERCHE EN ÉTUDES THÉÂTRALES GUIDE METHODOLOGIQUE DE CONCEPTION ET D

1 MASTER RECHERCHE EN ÉTUDES THÉÂTRALES GUIDE METHODOLOGIQUE DE CONCEPTION ET DE PRÉSENTATION DES TRAVAUX DE RECHERCHES ET MÉMOIRES Année 2015-2016 2 SOMMAIRE I. CONSEILS POUR CERNER ET DEGAGER UNE PROBLEMATIQUE………………... 3 II. CADRAGE DU PROJET………………………………………………………………….. 7 III. STRUCTURE DU MEMOIRE…………………………………………………………… 9 IV. EXIGENCES ACADÉMIQUES…………………………………………………………11 V. PROTOCOLE POUR LA SAISIE, LE FORMAT ET LES REGLES DE BASE D’UN MEMOIRE………………………………………………………………………………… 13 VI. UNE OPTION PIONNIÈRE : LA « RECHERCHE CRÉATION »…………………… 18 VII. CONSEILS POUR ECRIRE ET TEMOIGNER D’UN PROCESSUS DE CREATION, FAIRE PARTAGER VOTRE EXPERIENCE A UN LECTEUR……………………………19 VIII. SPECIALITES ET DOMAINES D’EXPERTISE DES ENSEIGNANTS………...….. 20 3 I. CONSEILS POUR CERNER ET DEGAGER UNE PROBLEMATIQUE 1) Faire jouer les paradoxes L’énonciation d’un domaine d’intérêt pour le théâtre ou le spectacle vivant, la formulation d’une idée ne suffisent pas. Pour cerner son thème, pour engager la réflexion, il est fécond pour l’étudiant-chercheur de se demander ce qui, au regard de son propre vécu, à partir de son expérience, le pousse à entreprendre une telle recherche : qu’est-ce qu’il lui paraît primordial d’éclairer, maintenant, en cet instant précis, pour sa propre gouverne, d’artiste, de chercheur ou de spectateur- connaisseur ? Par-delà l’apparente évidence, qu’est-ce qui paraît ne pas aller de soi, semble méconnu, contradictoire ou paradoxal ? Qu’est-ce qui, dans tel processus créatif par exemple, vous paraît poser problème ? Bref, qu’est-ce qui vous motive à entreprendre cette investigation ? Que la recherche soit théorique ou artistique, il s’agit de se mettre en mouvement. S’employer à trouver les impulsions d’une réflexion équivaut sur scène à cerner les moteurs du jeu pour engager l’action. La pensée théorique obéit aux même principes dynamiques. Tant pour le chercheur en ethnoscénologie, en histoire ou en esthétique, il s’agit de questionner les lieux et matériaux de recherche. Travailler sur l’histoire, la rencontre ou l’entrechoc de forces contradictoires vaut pour toute création. Pendant que le chercheur a besoin de formuler clairement une problématique, metteurs en scène, comédiens, et autres métiers de la scène artistique, technique et administratif, ont besoin de cerner concrètement les conflits de jeu et en jeu. 2) Relativiser, s’étonner, porter un regard étranger sur le proche comme sur le lointain, bref contextualiser On ne mesure pas toujours suffisamment combien les contextes, notamment historiques, politiques, sociaux et économiques, ainsi que les conditions matérielles de la création et de la réalisation influent sur les modalités d’exercice du spectacle vivant. Ces incidences doivent être systématiquement repérées pour situer les enjeux esthétiques, toujours mouvants, qui, en fonction, sont à relativiser. Rappeler que les choses ne sont pas immuables dérange, car cela suggère que les conditions dans lesquelles nous vivons sont en perpétuelle voie de modification, et que, malgré les apparences, l’état du monde peut être changé. Dès lors, comment appréhender dans leur altérité l’étonnante diversité de pratiques et comportements spectaculaires inventés par l’humanité, sans les édulcorer ni réduire leur complexité originale à l’aune de nos présupposés perceptifs, idéologiques et esthétiques ? Assurément, les mutations sociétales liées à la mondialisation, la multiplication des échanges internationaux et les expériences artistiques diverses qui en résultent, ne manquent pas de soulever des questions qui par leur complexité incitent pour les démêler à ne pas se cantonner dans le champ de ses seules compétences. La transformation continue, entre autres au cours du dernier siècle, des catégories esthétiques, des conditions culturelles, socio-économiques, institutionnelles ou politiques, les provenances culturelles et compétences variées des étudiants, les échanges internationaux ont conduit à privilégier des approches plurielles. L’évaluation et l’élaboration d'outils de compréhension critique des conditions d'existence, passées et présentes de l’art dramatique, du spectacle vivant et des arts performatifs, passent par la recherche de synergies entre les départements universitaires des arts du spectacle et les autres disciplines, pour appréhender sans a priori, ni exclusive, les phénomènes artistiques spectaculaires et performatifs dans toute leur complexité, interdisciplinaire et transculturelle, afin d’apporter tant à la création qu’aux propositions théoriques qui l’innervent, plus d’élan et 4 de vitalité. 3) De l’importance de repérer et de distinguer les points de vue En analysant les textes, les spectacles, les comportements et formes spectaculaires, il convient de distinguer la manière dont les metteurs en scène, les artistes interprètes, les performeurs sont (ou se sont) investis dans le processus selon leurs multiples statuts (de créateur, artiste interprète, modèle, de médium, de passeur....), et ce qui résulte de la collaboration consciente ou dérobée entre les différents métiers de la scène : dramaturge, scénographe, créateur de lumières et du son, comédiens, costumiers...). Penser la pratique sans passer par l’éprouvé peut engendrer des bévues, comme celles de confondre les points de vue de spectateur avec ceux des acteurs ou des performeurs. Le metteur en scène qui se conçoit comme « premier spectateur » situe son point de vue depuis la salle. Il attend de l’acteur un résultat, et s’intéresse à son expression. L’acteur, depuis le plateau, adopte un autre point de vue : pour satisfaire l’attente du metteur en scène, il doit d’abord chercher l’action. Son intérêt n’est pas de montrer, mais de laisser voir ou percevoir. Mais la confusion reste fréquente, entre les résultats espérés par l’auteur, le metteur en scène, son envie de résultat, et le chemin par lequel doit passer l’artiste interprète pour y parvenir… C’est non seulement une nécessité mais un impératif de toute recherche que de s’intéresser aux définitions, de les questionner. Il convient de veiller personnellement à sans cesse repréciser et redéfinir de façon constructive les notions, concepts, catégories théâtrales, esthétiques, etc. De même qu’il peut être utile de spécifier les notions de personne, de rôle et de personnage, il faut aussi distinguer ce que « l’artiste-maître d’œuvre » a souhaité ou non provoquer chez les spectateurs, et ce qui a été effectivement éprouvé soit collectivement, soit individuellement, de manière partagée ou non, plus ou moins avouée, plus ou moins autorisée, ce qui reste dans le souvenir, suivant le contexte et la place conférée à chacun : artistes, médiateurs et spectateurs. Les réponses sont souvent plurielles. La réflexion peut être ici étayée par l’analyse de la critique, de la presse, de diverses données telles la fréquentation du public, la diffusion du spectacle, sa durée de vie, ses éventuelles influences, etc.) Par ailleurs, les recours au témoignage, à la création de source orale, à l’observation des processus de mises en scène et à l’expérimentation participante, nécessitent nécessitent une réflexion méthodologique visant à spécifier les outils, à cadrer les conditions de l’enquête, à interroger les modalités et stratégies déployées pour mener celle-ci, dans la perspective de décrire, rendre compte, analyser l’histoire des institutions, des groupes artistiques, des théâtres, les esthétiques, les divers processus d’incarnation de l’imaginaire qui, tout en reflétant une vision du monde, relèvent de l’éprouvé, de l’expérience relationnelle et de l’échange sensible. En faisant valoir les dimensions culturelles, idéologiques ou encore historique historique des mises en scène, des spectacles, du corps expressif, à l’appui d’exemples de spectacles, de créations artistiques, de réalisations, de manifestations, de performances, de cérémonials, de rites qui impliquent ou mettent en jeu des personnes agissant devant témoins (en vue d’intentions variables qu’il convient de spécifier). Il s’agit de prêter attention au développement des équipements artistiques et culturels, et aussi à la manière dont la culture, l’éducation et le vécu interfèrent pour forger habitus et schémas corporels, qui exercent une incidence dans la mise en forme du corps sensible, dans la manière de circonscrire l’espace- temps où il évolue, et dans la manière de rendre compte de leur époque. Bien d’autres aspects peuvent interférer, concernant les consciences politiques, les identités sociales, les parti-pris esthétiques ou idéologiques, les enjeux de politique culturelle, les 5 stratégies de réussite sociale ou de rentabilité économique, les défis techniques ou technologiques… Il faudra ainsi tenter de circonscrire tout ce qui peut rentrer en ligne de compte dans la construction de la problématique. Tout ce questionnement préalable, les atermoiements et obstacles rencontrés au cours des investigations contribuent à la recherche en arts du spectacle vivant : le mémoire pourra déjà en faire état, soit dans le corpus même, soit en annexe (possibilité de journal ou de carnet de route par exemple). La soutenance offrira un moment privilégié d’échange où l’étudiant pourra également revenir oralement sur ses impasses, difficultés, erreurs, toujours fécondes pour ouvrir des perspectives… 4) Commencer par préciser ses outils en s’accordant sur le vocabulaire, à redéfinir La recherche universitaire invite à la circonspection et à la précision quant à l’emploi du vocabulaire, qu’il soit conceptuel ou technique. Il s’avère d’autant plus utile de vérifier certaines acceptions de la pratique artistique, que bon nombres de mots-clés, tellement usités dans les métiers, et justement parce qu’ils sont devenus familiers, sont employés aveuglément sans définition précise, sans que plus personne n’ait idée de demander à l’autre comment il définit le terme. Pourtant le même mot-clé répond souvent au sein d’un même groupe de collaborateurs, à des définitions différentes, voire contradictoires. Par exemple, le mot « situation », ou le mot « émotion », termes que la plupart des dictionnaires de théâtre français actuels ne jugent pourtant pas utiles de retenir. Le travail de création, dit de « uploads/s3/ guide-me-thodologique-du-master-recherche-2016 1 .pdf

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