1 Le Coran et la question du pluralisme religieux Résumé des conférences donnée

1 Le Coran et la question du pluralisme religieux Résumé des conférences données par Shaykh Arif Abdul Hussain, suivi d’une série de réflexions critiques et les étapes suivantes à envisager. [Muharram 2018/1440] Auteur : Arsheen Devjee Traduction française : Tufayl al-Azad Les pages que vous lirez présentent un résumé des éléments essentiels abordés au cours de la série de conférences donnée par Shaykh Arif Abdul Hussain au cours du mois de Muharram 2018/1440, organisées par l’Organization of Islamic Learning (OIL) de Toronto, ON. Le résumé et les explications suivants sont proposés par l’OIL pour que les participants puissent s’y référer, confronter leurs compréhensions et perceptions des idées présentées au cours des conférences et les prolonger par des discussions critiques. Ce résumé1 a été lu et approuvé par Shaykh Arif Abdul Hussain et considéré conforme au contenu de ses conférences. Table des matières 1. L’essence et la forme ................................................................................................................................................ 2 1.1. Qu’est-ce que l’essence ? ................................................................................................................................... 2 1.2. Qu’est-ce que la forme ? .................................................................................................................................... 3 1.3. L’importance du contexte .................................................................................................................................. 4 2. La diversité : fonctionnelle et marque de la création ............................................................................................... 5 3. L’Islam, le Judaïsme, le Christianisme et l’islām : vers un modèle inclusif ............................................................... 6 4. L’élitisme exclusiviste condamné dans le Coran ....................................................................................................... 6 5. Le caractère central de la relation entre le soi et Dieu ............................................................................................. 6 6. Le Livre : al-kitāb al-mubīn ........................................................................................................................................ 7 7. Le shirk et le kufr ....................................................................................................................................................... 8 7.1. Qu’est-ce que le shirk ? ...................................................................................................................................... 8 7.2. Qu’est-ce que le kufr ? ....................................................................................................................................... 8 7.3. Les Gens du Livre sont-ils des mushrikīn et des kuffār ?.................................................................................... 9 8. Le pluralisme dans l’humanité .................................................................................................................................. 9 9. Plusieurs réflexions critiques .................................................................................................................................... 9 9.1. S’éloignons-nous de Dieu ou se rapprochons-nous de Lui ? ............................................................................. 9 9.2. Les Lumières est-il un mouvement de rejet du faux-dieu ? ............................................................................. 10 9.3. L’Homme, une autorité morale autonome ? ................................................................................................... 11 9.4. Qu’est-ce que l’intelligence collective ?........................................................................................................... 11 9.5. La question de l’ijtihād ..................................................................................................................................... 12 9.6. Deux critiques chi’ites du pluralisme religieux : Rizvi et Mutahhari ................................................................ 12 10. Les étapes suivantes à envisager .......................................................................................................................... 13 1 NDT : celui en anglais. 2 Prémisse métaphysique : Shaykh Arif Abdul Hussain a construit l’analyse suivante à partir de la doctrine existentialiste de Mollā Sadrā Shīrazī sur le mouvement intra-substantiel (ḥarakāt al-jawhariyā)2 qui considère que toutes les entités sont dans un état de mouvement constant et se réalisent elles-mêmes de façon évolutive. Le mouvement intra-substantiel est caractérisé par deux propriétés : une propriété de négation selon laquelle toute chose cherche à se libérer et la seconde propriété qui est positive, selon laquelle toute chose connaît son auto-réalisation. Quand cette doctrine est appliquée aux communautés humaines, la recherche de la complétude morale et spirituelle suivent les mêmes tendances, aussi bien à l’échelle individuelle que collective. 1. L’essence et la forme La religion, traduit par « dīn » correspond aux enseignements qui forment la base d’une représentation de la vie et d’un mode de vie. Principalement, le Coran souligne que le « dīn » (ici, religion) est soit celui d’Allah ou autre chose que le « dīn » d’Allah. Tous les enseignements religieux (ici, du dīn) s’appuient sur deux composantes élémentaires : l’essence et la forme. 1.1. Qu’est-ce que l’essence ? Nous appelons essence, une caractéristique saillante du dīn, tandis que la forme est une caractéristique contextuelle du dīn. Au sein du dīn d’Allah, l’essence englobe d’abord les enseignements théologiques tels que : comprendre l’origine et le but de l’existence humaine, la relation de l’être humain à Dieu, le rôle de Dieu dans la vie de l’être humain, les vertus humaines et les normes morales humaines. L’essence est transmise grâce aux révélations et aux enseignements des prophètes et des saints. Shaykh Arif Abdul Hussain défend le postulat suivant lequel l’essence est intuitivement accessible et saisissable à partir de la base même de la condition humaine. À partir de là, nous pouvons affirmer que l’essence est partagée indifféremment par toute l’humanité, et en particulier par la foi monothéiste, et plus spécifiquement par les religions abrahamiques qui, d’une façon ou d’une autre, s’appuient sur la théocentricité et la spiritualité morale. Le Coran appelle ce dīn d’Allah islām3, qui signifie se remettre à la volonté de Dieu et aux enseignements décrétés par Dieu lesquels, selon toute vraisemblance, sont cohérents avec l’intuition humaine et ont été conçus d’une manière à susciter chez l’être humain les plus belles vertus humaines, sources du salut humain. Ainsi, islām est constitué de deux composantes saillantes, celle de l’essence et celle de la forme contextuelle ; ceux qui suivent l’islām sont désignés par le terme muslimūn dans le Coran. Les versets ci-dessous du Coran renvoient aux notions de islām et de muslimūn. D’autres versets relatifs au caractère universel des termes islām, muslimūn, et dīn sont : 3:64, 3:67, 27:44, 29:46 et 29:46. 2 Un concept métaphysique qui a été discuté et élaboré par Mollā Sadrā Shīrazī dans son Al-Asfār. 3 Il existe une différence fondamentale entre islām (i minuscule) et Islam (i majuscule). Le premier renvoie à la soumission à Dieu et le second terme à la religion formelle de ceux qui ont adhéré au message du Prophète Muḥammad. Pour plus de détails, le lecteur peut consulter Abdul Hussain, A. (2018). Islam et Théocentricité, Tome 1 : Bases théologiques pour la libération de l’Homme. 3 2:133 Étiez-vous présents, lorsque la mort se présenta à Jacob et qu’il dit à ses enfants : « Qu’allez-vous adorer après moi ? » Ils dirent : « Nous adorons ton Dieu, le Dieu de tes pères : Abraham, Ismaël et Isaac, Dieu unique ! et nous nous soumettons (muslimūna) à Lui ». 3:52 Jésus dit, après avoir constaté leur incrédulité : « Qui sont mes auxiliaires dans la voie de Dieu ? » Les apôtres dirent : « Nous sommes les auxiliaires de Dieu ; nous croyons en Dieu, sois témoin de notre soumission (muslimūna). » 3:84 Dis : « Nous croyons en Dieu, à ce qui nous a été révélé, à ce qui a été révélé à Abraham, à Ismaël, à Isaac, à Jacob et aux tribus, à ce qui a été donné à Moïse, à Jésus, aux prophètes de la part de leur Seigneur. Nous n’avons pas de préférences pour l’un d’entre eux : nous sommes soumis (muslimūna) à Dieu. » 3:85 Le culte de celui qui cherche une religion en dehors de la soumission (islām) n’est pas accepté. Cet homme sera, dans la vie future, au nombre de ceux qui ont tout perdu. 42:13 Il a établi pour vous, en fait d’obligations religieuses (dīn), ce qu’il avait prescrit à Noé, ce que nous te révélons et ce que nous avions prescrit à Abraham, à Moïse et à Jésus (…). Traduction de Denise Masson (1967), Le Coran. Bibliothèque de la Pléiade. Belgique. 1.2. Qu’est-ce que la forme ? La forme donne de la matière à l’essence de la religion dans différents contextes donnés. Elle fournit une structure sur la manière de se soumettre à Dieu, de vivre une vie sainte et vertueuse. Le Coran appelle l’ensemble de ces formes la sharī`āt. Au sens large du terme, la sharī`āt peut faire l’objet d’un usage synonyme à celui de dīn d’Allah et dans un sens plus restreint, elle fait référence à l’aspect formel de dīn. La sharī`āt en tant qu’aspect formel est subdivisée en deux partie : les règles (aḥkām) relatives aux dévotions qui constituent les marqueurs d’identité propres à chaque religion et les règles relatives aux interactions humaines. Les règles correspondant aux dévotions (ṣalāt, ṣawm, ḥajj) sont différentes dans chaque religion et peuvent changer pour s’ajuster à différents contextes. Les versets ci-dessous du Coran renvoient au caractère changeant des formes. 2:148 Il y a pour chacun, une direction (wijhatun) vers laquelle il se tourne. Cherchez à vous surpasser les uns les autres dans les bonnes actions. Dieu marche avec vous tous, où que vous soyez. Dieu est puissant sur toute chose. 5:48 (…) Nous avons donné, à chacun d’entre eux, une règle (shir`atan) et une Loi (minhājan). Si Dieu l’avait voulu, il aurait fait de vous une seule communauté. Mais il a voulu vous éprouver par le don qu’il vous a fait. Cherchez à vous surpasser les uns les autres dans les bonnes actions (…). 22:67 Nous avons institué un rite (mansakan) pour chaque communauté ; ses membres l’observent. Qu’ils ne discutent donc pas avec toi l’ordre reçu ! Invoque ton Seigneur ! Tu es sur une voie droite. Traduction de Denise Masson (1967), Le Coran. Bibliothèque de la Pléiade. Belgique. Shaykh Arif Abdul Hussain apporte une clarification sur les règles relatives aux consommables et à la décence et plaide pour se conformer à celles-ci de manière stricte, au sens où elles ne peuvent 4 pas changer pour la communauté musulmane. Le changement de forme n’est pas seulement évident à travers les sharī`āt-es successives révélées par Dieu, mais aussi par un processus d’abrogation inscrit dans le Coran. Malgré la variation temporelle de la forme des différentes règles, l’essence spirituelle et morale de chaque règle est uploads/s3/ quran-pluralism.pdf

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