Volume ! La revue des musiques populaires 8 : 2 | 2011 Sex Sells, Blackness too
Volume ! La revue des musiques populaires 8 : 2 | 2011 Sex Sells, Blackness too? Laurent CUGNY, Analyser le jazz Grégoire Tosser Édition électronique URL : http://volume.revues.org/2781 ISSN : 1950-568X Éditeur Association Mélanie Seteun Édition imprimée Date de publication : 15 décembre 2011 Pagination : 268-270 ISBN : 978-2-913169-30-2 ISSN : 1634-5495 Référence électronique Grégoire Tosser, « Laurent CUGNY, Analyser le jazz », Volume ! [En ligne], 8 : 2 | 2011, mis en ligne le 15 décembre 2011, consulté le 30 septembre 2016. URL : http://volume.revues.org/2781 Ce document a été généré automatiquement le 30 septembre 2016. L'auteur & les Éd. Mélanie Seteun Laurent CUGNY, Analyser le jazz Grégoire Tosser RÉFÉRENCE Paris, Outre mesure, 2009 Laurent Cugny, Analyser le jazz Volume !, 8 : 2 | 2013 1 1 LE VOLUMINEUX LIVRE de Laurent Cugny vient très heureusement combler une lacune dans la littérature française sur le jazz en général, et sur l’analyse du jazz en particulier. Il s’agit en effet pour Cugny d’écrire un ouvrage de référence pour traiter de l’œuvre de jazz comme un objet d’étude musicologique, statut qui lui a longtemps échappé, qui lui a souvent été refusé, à cause, notamment, des difficultés d’appréhension que cette musique présente et des différences notables avec les œuvres de la tradition savante ayant pour support la partition. 2 Après un préambule qui annonce l’ambition du livre (en particulier le « défrichage méthodologique » p. 14, qui est fondé sur « l’intuition qu’en repassant par la matière, on pourra peut-être retrouver une essence », p. 18), l’ouvrage se divise en trois grandes parties – « L’œuvre » (p. 19-149), « Les paramètres » (p. 151-321), « L’analyse » (p. 323-533) – suivies d’une conclusion générale et assorties d’annexes, notamment d’un « Aide-mémoire pour l’analyse de l’œuvre de jazz » (p. 544-549) qui souligne la volonté pédagogique de l’ouvrage. Fort de ses activités plurielles, de musicien, compositeur, pianiste, arrangeur, chef d’orchestre, enseignant, chercheur, conscient des implications musicales, mais aussi socio-historiques et anthropologiques d’une telle entreprise, Laurent Cugny s’attèle à l’analyse (et non seulement à « l’exégèse », p. 15) de l’œuvre de jazz. Bénéficiant du recul historique et critique nécessaire à sa mise en place, le panorama inclut la littérature anglaise et américaine sur la question (à laquelle la large bibliographie, de façon significative, offre une place de choix), la théorie littéraire et l’esthétique (par exemple Jean Molino, Gérard Genette ou Nelson Goodman auquel Cugny empruntera la démarche par l’exemplification qui semble particulièrement adaptée pour aborder l’objet du jazz), mais aussi le commentaire précis, technique, musicologique – comme le montre l’imposante troisième partie, cœur véritable de l’ouvrage. 3 S’ils occupent une place conséquente, les prolégomènes et la première partie (« L’œuvre ») se lisent avec grand intérêt, tant ils sont émaillés de points de repère historiques et méthodologiques, de rapports d’étape suspensifs, ou de définitions provisoires qui seront amenées à être modifiées et infléchies au gré des apports de la réflexion – il s’agit donc, pour l’auteur, dans son parcours que le lecteur suit, de proposer plutôt que d’imposer. Si la convocation de certaines théories peut paraître arbitraire (comme celle de Roman Ingarden, même si, en conclusion, Cugny « en appelle » à « une phénoménologie du jazz plutôt qu’à une ontologie », p. 542) ou relevant d’une recherche encyclopédique universitaire, d’autres transpositions ouvrent des perspectives prometteuses, comme les notions de « performance » (p. 53) ou de « manifestation » (p. 55) qui indiquent la nécessité, dans le jazz peut-être plus que partout ailleurs, de considérer la matière sonore et les phénomènes acoustiques comme primordiaux – ce qui glorifie la position de l’improvisation. Le mérite de Laurent Cugny est d’avoir les moyens de mettre les mains dans le cambouis (je n’ose pas dire « les oreilles »), c’est-à-dire de plonger au cœur de Laurent Cugny, Analyser le jazz Volume !, 8 : 2 | 2013 2 musique sans contourner les difficultés, sans évacuer a priori aucune possibilité, et en abordant les problèmes de front – tels ceux du timbre et du son qui parsèment l’ouvrage, comme si chacune des parties parcourues devait apporter une réponse partielle à leur définition et à leur délimitation. 4 Agrémentés de tableaux et diagrammes à la lecture parfois malaisée mais toujours éclairants, les « paramètres », malgré un découpage un peu étonnant (trois chapitres « harmonie » sont suivis d’un « rythme » puis à quelque distance d’une triplette « forme – son – mélodie », à partir de la p. 298), présentent des exemples précis et des transcriptions passionnantes par leur clarté et leur intégration dans le cours du propos. 5 Mais la vraie initiative, qui découle des deux premières parties auxquelles elle doit non seulement son existence, mais aussi sa force didactique, c’est la troisième partie – « analyse ». Ici encore rigoureusement inscrites dans le contexte historique, mises en perspective avec les théories esthétiques (musicales ou littéraires), les propositions scientifiques de Cugny prennent en compte toutes les « procédures de mise en œuvre » concrètes d’une analyse, incluent l’ensemble des écueils et des réquisits, en passant même par l’erreur, valorisent la transcription en détaillant, notamment, les « positions » de dix auteurs, entre 1934 et 1996. 6 Œuvre d’un auteur érudit en parfaite adéquation avec son objet d’étude, l’ouvrage, incontestablement de référence, de Laurent Cugny semble être un livre en forme d’histoire de l’œuvre de jazz à l’épreuve de l’analyse, dans lequel le mélomane, l’amateur, le musicien, le musicologue trouveront chacun du grain à moudre. Quant aux perspectives d’étude du jazz contemporain (en considérant la borne de 1975, comme le suggère Cugny), elles semblent particulièrement alléchantes – nul doute à présent que l’analyste a à sa disposition un outil salutaire et décisif à l’exercice d’une telle pratique. BIBLIOGRAPHIE Outre de nombreux articles pour des ouvrages collectifs ou pour Les Cahiers du jazz, Laurent Cugny est l’auteur de : (1993) Électrique Miles Davis (1968-1975), Marseille, André Dimanche, coll. « Birdland ». (1989) Las Vegas Tango : une vie de Gil Evans, Paris, P. O. L., coll. « Birdland ». INDEX genremusical jazz AUTEURS GRÉGOIRE TOSSER Agrégé de musique et docteur en musicologie, Grégoire TOSSER enseigne à l’université d’Évry-Val d’Essonne. Son travail de recherche et ses publications concernent principalement la musique américaine, russe et hongroise des XXe et XXIe siècles, et notamment Dimitri Chostakovitch, Laurent Cugny, Analyser le jazz Volume !, 8 : 2 | 2013 3 György Kurtág et John Coltrane. mail Laurent Cugny, Analyser le jazz Volume !, 8 : 2 | 2013 4 uploads/s3/ volume-2781.pdf
Documents similaires
-
14
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Aoû 08, 2021
- Catégorie Creative Arts / Ar...
- Langue French
- Taille du fichier 0.1574MB