1 WALTER S. ALLWARD Sa vie et son œuvre par Philip Dombowsky Table des matières
1 WALTER S. ALLWARD Sa vie et son œuvre par Philip Dombowsky Table des matières 03 Biographie 31 Œuvres phares 64 Importance et questions essentielles 79 Style et technique 96 Où voir 104 Notes 114 Glossaire 124 Sources et ressources 129 À propos de l’auteur 130 Copyright et mentions 2 WALTER S. ALLWARD Sa vie et son œuvre par Philip Dombowsky Walter S. Allward (1874-1955) commence modestement sa vie à Toronto et devient, contre toute attente, le plus grand sculpteur de sa génération. Il quitte l’école à quatorze ans et apprend la sculpture en consultant des livres et des magazines à la bibliothèque locale ainsi qu’en étudiant des répliques dans un musée voisin. À vingt ans, il remporte sa première commande et, dès lors, ne regarde plus que vers l’avenir. Ses œuvres marquantes – le Monument commémoratif Bell, les monuments de Brantford, de Stratford et de Peterborough et, surtout, son chef-d’œuvre, le Mémorial national du Canada à Vimy, en France – transforment la sculpture. 3 WALTER S. ALLWARD Sa vie et son œuvre par Philip Dombowsky GAUCHE : John Allward, s.d., photographie de Gagen and Fraser, Toronto. DROITE : Emma Pittman Allward, s.d., photographe inconnu. Malgré son énorme succès, Allward sombre dans l’oubli dans les années qui ont suivi sa mort, et ce, jusqu’en 2001, lorsqu’il ressurgit sous la forme d’un personnage de fiction dans le roman de Jane Urquhart, The Stone Carvers. PREMIÈRES ANNÉES Walter Seymour Allward connaît l’adversité dès son plus jeune âge. Né le 18 novembre 1874, il est le fils de John A. Allward (1833- 1903) et Emma Pittman (1839- 1905)1. Son père a été élevé à St. John’s, Terre-Neuve, où il apprend le métier de menuisier. Sa mère, la fille aînée de James Pittman, un maître-constructeur de navires, grandit quant à elle dans la ville côtière de New Perlican2. En 1869, en raison de la dépression économique qui sévit depuis une dizaine d’années, John, Emma et leurs enfants (Charles, Elizabeth, Mary et James) s’établissent à Toronto, où naissent Walter et deux de ses frères et sœurs. Même si la ville offre à John davantage de possibilités, il demeure difficile de subvenir aux besoins de cette famille grandissante3. Durant les premières années de la vie de Walter, la famille Allward déménage à maintes reprises, le plus souvent dans l’est de Toronto. Enfant, en plus d’être confronté à ces difficultés économiques, Walter vit la perte de quatre frères et sœurs, qui meurent en bas âge avant que lui-même n’atteigne ses dix ans4. Malgré ces épreuves, il grandit dans un environnement protecteur, entouré de ses parents, de ses deux frères et sœurs aînés et d’une famille élargie qui comprend deux des sœurs de sa mère, Sarah et Mary. Le plus jeune des enfants survivants de John et Emma Allward trouve en l’art le moyen d’exprimer ses émotions et de donner libre cours à son imagination. Sa sœur Elizabeth raconte : « Walter a toujours été un artiste. Enfant, il dessinait, modelait et rêvait toujours, il rêvait des grandes choses qu’il ferait un jour en art5. » Aussi est-il très tôt attiré par la sculpture; l’un de ses premiers passe- temps créatifs consiste à fabriquer des figures en argile qu’il trouve en abondance sur les rives de la rivière Don près de chez lui. Plus tard, il attribuera son succès artistique aux valeurs inculquées par ses parents, louant son père pour son « refus de se satisfaire de quoi que ce soit d’autre que du travail bien fait » et sa mère, « une femme d’une force de caractère peu commune et d’une grande qualité spirituelle », pour l’avoir encouragé à développer son imagination6. 4 WALTER S. ALLWARD Sa vie et son œuvre par Philip Dombowsky William Cruikshank, Breaking a Road (Ouverture du chemin), 1894, huile sur toile, 93 x 175,6 cm, Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa. DEVENIR ARTISTE Le parcours d’Allward est peu conventionnel pour un sculpteur. Il fréquente la Dufferin School sur la rue Berkeley, dans le quartier majoritairement ouvrier de St. David’s Ward, jusqu’à l’âge de quatorze ans, après quoi il commence à aider son père dans ses travaux de menuiserie. Bien que des considérations économiques aient sans doute guidé cette décision, Allward confie : « Je n’ai jamais été un érudit. J’ai toujours préféré faire des choses avec mes mains plutôt que d’étudier7. » En 1890, malgré un vif intérêt pour la sculpture, Allward emprunte une voie plus prudente sur le plan financier en devenant apprenti dessinateur dans un cabinet d’architectes dirigé par Charles Gibson (1862-1935) et Henry Simpson (1865-1926). Lorsque la société est dissoute l’année suivante, il continue à travailler sous la direction de Simpson, qui crée son propre cabinet. À cette époque, les principales commandes passées à l’architecte sont celles de l’église presbytérienne Cooke’s sur la rue Queen Est en 1891 et celle de la chapelle Bethany sur l’avenue University en 1892. Allward reste à son service jusqu’en 1894, produisant des copies de plans et des dessins de présentation, acquérant ainsi une profonde compréhension de l’architecture qui lui sera utile par la suite. Tout au long de cette période, toujours déterminé à poursuivre une carrière artistique, Allward étudie la peinture sous la direction de William Cruikshank (1848- 1922). Bien que cet intérêt soit de courte durée, il entretient une profonde relation d’amitié avec Cruikshank pendant les deux décennies suivantes. En tant que membre de nombreuses sociétés artistiques, dont la Ontario Society of Artists (OSA) et l’Académie royale des arts du Canada (ARC), Cruikshank donne à Allward un premier aperçu du milieu artistique de Toronto. Il dirige peut-être aussi Allward vers la Toronto Art Students’ League (TASL), qui voit le jour en 1886 sous la forme d’un club de dessin. Allward devient membre de la TASL au début des années 1890, une occasion pour lui de perfectionner ses talents de dessinateur et d’interagir avec d’autres artistes. Comparativement à d’autres sculpteurs canadiens de la fin du dix-neuvième siècle, dont Louis-Philippe Hébert (1850-1917) et George W. Hill (1862-1934), Allward ne détient pratiquement aucune formation artistique. Hébert passe huit ans à Montréal comme apprenti de l’architecte et peintre Napoléon Bourassa (1827-1916), puis trois ans à Paris, où il assimile les techniques complexes du moulage du bronze. Hill développe lui aussi ses aptitudes à Paris, en fréquentant l’Académie Julian et l’École des beaux-arts. Pour ces deux artistes, l’étude de la sculpture européenne est essentielle à leur œuvre future. Ne pouvant se permettre des études en Europe, Allward s’engage dans une voie différente. 5 WALTER S. ALLWARD Sa vie et son œuvre par Philip Dombowsky Plus tard, il relatera que son goût pour la sculpture naît réellement à la fin de son adolescence, lorsqu’il découvre la statuaire antique et l’art de Michel-Ange (1475-1564) dans les livres et les magazines à la Bibliothèque publique de Toronto et qu’il étudie des répliques de sculptures au Musée pédagogique de la ville8. Il est également captivé par le sculpteur français Auguste Rodin (1840- 1917), qu’il souhaite tout particulièrement imiter. Ainsi Allward dira-t-il un jour : « L’œuvre de Rodin, parmi les modernes, m’a beaucoup plu à l’époque, et me plaît toujours. Elle est vivante. J’ai compris que je voulais faire du travail comme cela9. » GAUCHE : Walter S. Allward, Figure Study (Étude de figure), s.d., mine de plomb sur papier, Fonds Walter Seymour Allward, archives de l’Université Queen’s, Kingston. DROITE : Auguste Rodin, Le Penseur, modelé v.1880, coulé v.1910, bronze, 70,2 cm (hauteur), Metropolitan Museum of Art, New York. Au début, malgré le peu d’encouragements de sa famille et de ses amis, Allward persévère dans la sculpture tout en subissant la pression constante de devoir gagner sa vie. Sa seule formation et expérience concrète en sculpture tient dans les cours du soir de modelage qu’il suit au début des années 1890 à la nouvelle école technique de Wycliffe Hall sur la rue College et dans le travail qu’il occupe à partir de 1894, à la Don Valley Pressed Brick Works – récemment ouverte –, où il crée des bas-reliefs et des sculptures tridimensionnelles en terre cuite pour la décoration architecturale. Allward acquiert alors progressivement les habiletés qui lui permettront de consacrer sa vie à la sculpture. 6 WALTER S. ALLWARD Sa vie et son œuvre par Philip Dombowsky PREMIERS MONUMENTS ET COMMANDES PRIVÉES En 1894, alors qu’il n’a que dix-neuf ans et une formation très minimale en sculpture, Allward pose sa candidature à un concours et sa proposition est retenue pour la conception d’une statue en bronze représentant la Paix destinée au Monument à la rébellion du Nord-Ouest érigé à Queen’s Park, près du récent bâtiment de l’Assemblée législative de l’Ontario. Élevé en commémoration de la fin de la rébellion du Nord-Ouest (aujourd’hui connue sous le nom de résistance du Nord-Ouest) menée par Louis Riel dans la région qui correspond aujourd’hui à la province de la Saskatchewan, le monument marque un tournant dans la vie d’Allward et le début de sa carrière de sculpteur. GAUCHE : Walter S. Allward, Monument à la rébellion du Nord-Ouest, 1894-1896, bronze et granit, Queen’s Park, uploads/s3/ walter-s-allward-sa-vie-et-son-oeuvre-par-philip-dombowsky.pdf
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- Publié le Apv 09, 2022
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