Article Reference Fantastique Phénomène* NANCY, Jean-Luc NANCY, Jean-Luc. Fanta
Article Reference Fantastique Phénomène* NANCY, Jean-Luc NANCY, Jean-Luc. Fantastique Phénomène*. EU-topias, 2012, vol. 3, p. 7-12 Available at: http://archive-ouverte.unige.ch/unige:133807 Disclaimer: layout of this document may differ from the published version. 7 GRAN ANGULAR Fantastique Phénomène Fantastique Phénomène* Jean-Luc Nancy destino de algunas imágenes capaces de dar a leer la apertura de sentido anterior a la proyección de significados. Es lo que de manera ejemplar da a ver “El origen del mundo” de Courbet. Mots-clés / Key Words / Palabras clave Phenomène, chose en soi, représentation, philosophie de l’art, Courbet. Phenomenon, Thing in Itself, Representation, Philosophy of Art, Courbet. Fenónemo, cosa en sí, representación, filosofía del arte, Courbet. Présence, représentation : la seconde n’est pas une copie de la première, elle est sa présentation à un sujet (c’est le sens premier du mot « représentation »). Si la présence n’est pas présentée, ou si elle ne se présente pas, comment sera-t-elle présente ? La présentation de la présence, c’est sa manifestation, son apparition, sa venue au jour. Notre tradition a un mot pour cela : « phénomène ». Essayons de penser le phénomène comme vérité de la pré- sence, ou de sa présentation. * * * On ne doit pas oublier que « fantasme » et « phénomène » sont de même famille, tout comme « fantaisie » et « fan- tôme », pas plus qu’on ne peut oublier que « phénoménal » prend en langue ordinaire le sens d’ « extraordinaire » ou encore, précisément, de « fantastique » lui-même entendu comme « exceptionnel ». Résumé / Abstract / Resumen Le texte présenté est représentatif du travail mené depuis un certain temps par Jean-Luc Nancy sur les concepts et les images, la philosophie et l’art. Cette fois sont mis à l’épreuve quelques-uns des concepts les plus représentatifs d’une grande partie de la philosophie de la moder- nité : phénomène, chose en soi- et représentation, synthétisés dans le rôle que l’imagination et le schématisme jouent dans cette même phi- losophie . Bien que le fait de la production d’images soit inimaginable, l’inimaginable doit être inscrit d’une certaine façon dans l’imaginable, car il est quelque chose de plus que sa simple limite négative. Au-delà du dilemme entre une philosophie qui plonge l’inimaginable dans le si- lence et une philosophie confinée à ce qui est phénoméniquement ima- ginable, se rendrait ainsi visible ce qui pour l’une comme pour l’autre est littéralement inimaginable. Tel est le destin de certaines images ca- pables de donner à lire l’ouverture de sens avant la projection de signi- fiés. C’est ce que donne à voir d’une manière exemplaire « L’Origine du monde » de Courbet. The text we present here is representative of the work that Jean-Luc Nancy has been carrying out on concepts and images, philosophy and art. On this occasion he scrutinizes some of the most representative concepts in the philosophy of modernity, phenomenon, the thing in it- self and representation, all of which are synthesized in the role that the imagination and schematization play in the above mentioned philo- sophical movement. Even when the actual production of images is un- imaginable, the unimaginable as such has to be inscribed in some way in the imaginable, as something more than merely its negative limit. Thus the dilemma of a philosophy that subsumes the unimaginable in silence and a philosophy whose boundaries are confined to the phe- nomenogically imaginable would be transcended. This way, what is for both literally unimaginable would become visible. Such is the fate of those images which make readable the opening of meaning preceding the projection of signifieds. This is what Courbet´s “The Origin of the World” shows us in an exemplary way. El texto que presentamos es representativo del trabajo que Jean-Luc Nancy elabora de un tiempo a esta parte con los conceptos y las imáge- nes, la filosofía y el arte. En esta ocasión son puestos a prueba algunos de los conceptos más representativos de buena parte de la filosofía de la modernidad: fenómeno, cosa en sí y representación, sintetizados en el papel que en esa misma filosofía juegan la imaginación y el esque- matismo. Aun cuando el hecho de la producción de imágenes sea ini- maginable, lo inimaginable debe estar inscrito de alguna manera en lo imaginable, siendo algo más que su mero límite negativo. Así, más allá del dilema entre una filosofía que sume a lo inimaginable en el mutismo y una filosofía circunscrita a lo fenoménicamente imaginable, se haría visible lo que para una y otra es literalmente inimaginable. Tal es el q q q q * La conferencia que ahora publicamos fue pronunciada por Jean-Luc Nancy el 15 de noviembre de 2011 en el Aula Magna de la Facultad de Filosofía y CC.EE. de la Universidad de Valencia. 8 GRAN ANGULAR Fantastique Phénomène Ce n’est pas des aléas de la langue qu’il faut prendre leçon, mais on peut saisir ici l’occasion d’affirmer simplement ceci : tout phénomène est fantastique, la phénoménalité elle-même, l’apparaître du monde, est un événement ex- ceptionnel. Le monde est extraordinaire. C’est pourquoi le monde est d’abord objet d’imagination. L’imagination transcendantale procède à l’ouverture du monde en tant que possibilité générale de l’étant. Ouverture du monde donc ex nihilo . L’image première, la première imaginée au sens fort de créée, est présence de cette absence – pas même absence, en vérité, mais simplement néance sans « pré » ni « ab ». Imago de ce qui ft avant tout et donc ne fut pas, ne fut en aucun temps ni hors du temps où rien n’est. Comment est cette image ? Elle est l’image de rien. Image par excellence, si l’image est présence de la chose absente. Mais ici nulle chose n’est absente, nul objet, nul sujet. Ici, il n’y a rien. Rien, c’est ce qu’il y a « derrière » le monde, « au-delà » de lui ou « au fond » de lui. C’est très exactement ce que le nom de Dieu a désigné. Et c’est pourquoi « Dieu est mort » signifie simplement : l’outre-monde n’est pas. Mais que l’outre-monde ne soit pas signifie que l’être du monde n’est pas une consistance ou une subsistance qui soutien- drait, fonderait ou créerait le monde. Que Dieu crée le monde signifie au contraire que le monde sort de rien et pour rien. En ce sens « Dieu crée le monde » dit la même chose que « Dieu est mort ». On peut dire : seul un Dieu mort peut laisser place à cette déflagration de rien – rien jaillissant de rien, fission de la Chose : res / rien. Précisions : il n’y a rien / il y a rien – sont deux propo- sitions équivalentes. Il faut en finir avec la hantise du « rien ». Avec l’une et l’autre des deux hantises possibles : la fascination pour le rien, la peur panique du nihilisme. « Rien », c’est la chose même. C’est la mêmeté de la chose – de cette « chose en soi » de Kant devenue plus tard chose de Heidegger et de Lacan. La chose en soi n’est pas, n’a jamais été une autre chose, première ou occultée, derrière la chose perceptible. La chose en soi est la choséité de la chose, ou la possi- bilité de la chose, elle est l’ « être » si toute chose est un « étant », elle est l’ « Idée » si toute chose est sensible mais elle est aussi bien la matière si toute chose a une forme. La chose en soi est cela en quoi il y a « chose » en général. Or une chose en général est la négation d’aucune chose ou du néant (de « rien » au sens moderne ordinaire du mot). La négation d’aucune chose est « quelque chose » : une chose quelconque, en somme. Mais la chose en soi n’est pas sim- plement une chose quelconque : elle est plutôt le « quel- conque » en tant que tel, le non particulier, le non diffé- rencié considéré pour lui-même. La chose en soi n’est pas une chose, telle ou telle, mais elle est « quelque chose » au sens où toute sa teneur chosale se tient dans l’indéterminé du « quelque ». La chose en soi est l’ « il y a » de quoi que ce soit. L’ « il y a » indifférencié de tout ce qu’il peut y avoir. En ce sens elle est le monde aussi bien que quelque chose et aussi bien que rien, c’est-à-dire res, la chose dans sa simple va- leur de différenciation du néant. Un rien, en français, c’est une chose infime, minuscule, c’est un détail négligeable mais qui peut aussi, bien entendu, avoir une portée ou des conséquences considérables – pour ne pas dire « phéno- ménales » au sens de « considérable ». Mais peut-être justement ne faut-il pas éviter, au moins pour un instant, de s’arrêter sur cette acception populaire, en français, des mots « phénoménal » et « uploads/s3/fantastique-phenomene-jean-luc-nancy.pdf
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- Publié le Aoû 31, 2021
- Catégorie Creative Arts / Ar...
- Langue French
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