L’Etat doit-il maintenir l’ordre ou assurer la justice ? Question qui peut para

L’Etat doit-il maintenir l’ordre ou assurer la justice ? Question qui peut paraître un peu surprenante : comme si nous étions face à une alternative qui pourtant n’a pas lieu d’être. Pourquoi l’Etat devrait-il choisir entre l’ordre et la justice ? Le sujet doit-il être interprété en termes de priorité, de hiérarchie ou de condition de possibilité ? 1/Analyse du sujet et définition des concepts : Les concepts ne doivent pas être expliqués de façon indépendante et isolée mais toujours en référence à l’ensemble du sujet. Analyser un sujet, c’est déjà le problématiser. Tous les éléments de l’analyse des concepts seront repris dans le cours du développement. L’ordre : L’idée d’ordre est celle d’un arrangement des choses qui garantit la stabilité. L’ordre peut-être ou bien imposé de l’extérieur sans logique interne, ou au contraire provenir d’une nécessité intérieure. (L’Etat qui impose l’ordre de l’extérieur contraint, L’Etat qui impose l’ordre de l’intérieur oblige) Dans ce deuxième cas de figure on est face à un ordre qui renvoie à l’idée de corps social, un ordre organisé, un organisme où chaque organe du corps a une place et surtout un rôle à jouer en fonction du tout. Le concept d’ordre a pour contraire le désordre, la crise. Si l’on évoque cette idée d’un ordre social organisé comme un corps où chaque chose est à sa place et suppose la bonne santé du tout, alors la crise, le désordre est maladie et déséquilibre. Cette conception d’un corps social, d’un organisme social renvoie à la définition de la justice donnée notamment par Platon où les concepts d’ordre et de justice se recoupent. La justice désigne l’harmonie de l’ensemble, l’équilibre des instances. L’archétype de l’ensemble juste est alors le cosmos, la nature où chaque chose a une place qui lui est propre. Un régime politique juste est celui qui comprend l’harmonie naturelle comme un modèle. Donc toute situation de crise, de remise en cause de l’ordre pourrait s’avérer dangereuse, comme une maladie, ou un accident peut remettre en cause le fonctionnement du tout. Problème : Et pourtant, si toute situation de crise sociale : révolte, manifestation etc, est dangereuse en tant que telle, est-ce qu’il n’existe pas des ordres, des situations sécuritaires qui pour être stables n’en sont pas foncièrement injustes et non souhaitables ? La paix, la sécurité ne sont pas forcément des fins en soi. N’y a t’il pas des situations de paix, de sécurité, d’ordres plus misérables qu’un état de crise ? Comme le disait Rousseau « On vit tranquille aussi dans les cachots ; en est-ce assez pour s'y trouver bien ? ». Est-ce qu’il n’existe pas des Etats, qui tout en réussissant à maintenir l’ordre, ne sont en définitive que des Etats « prison » ? A l’inverse, toute situation de désordre tend à créer à créer de l’injustice, s’il y a des ordres injustes, il ne saurait y avoir de désordre, de chaos vecteurs de justice. Toute révolte, toute révolution engendre des débordements. Comme si l’ordre se présentait comme la condition de possibilité de la justice. Et pourtant, les crises, les révolutions ne sont-elles pas aussi à considérer comme des moments nécessaires vers la conquête de l’harmonie et du juste? Malgré leur incompatibilité avec la pérennité d’un Etat ? L’Etat : A distinguer du gouvernement et du seul pouvoir exécutif. (Etat et état) Il désigne l’ensemble organisé des institutions politiques, juridiques et administratives, ensemble structurant la société et ce à l’intérieur d’une nation et d’un territoire donné. La fonction de l’Etat, suivant cette définition, est d’ordonner la société, voir de l’organiser. Ce qui n’empêche pas l’existence de sociétés sans Etat où l’ordre règne. Si l’Etat se doit de maintenir l’ordre, n’a t-il pas cependant pour vocation dernière de faire régner la justice ? La justice Il faut tout d’abord définir la justice en fonction de son étymologie : Justice vient de « jus » qui veut dire droit en latin. La justice consiste dans son sens premier à appliquer le droit. >Justice au sens de la légalité >Approche insuffisante. On serait dans le cadre d’un positivisme juridique parfaitement critiquable. « On doit se comporter comme la constitution le prévoit » disait Kelsen, indépendamment de la référence à des valeurs transhistoriques. Reprise de la distinction conceptuelle entre le légal et le légitime. Plusieurs niveaux de compréhension : - La justice comme institution - La justice comme valeur - La justice comme vertu. Comme capacité à reconnaître le juste et à s’efforcer de l’appliquer. Au sens technique, la vertu = capacité, pour un matériau, d’assurer telle ou telle fonction. La vertu de telle ou telle plante médicinale par exemple est de guérir telle ou telle maladie. Dans un cadre social et dans le cadre de la compréhension de la fonction de l’Etat, La vertu de justice consiste donc dans la capacité à reconnaître le bien commun et à équilibrer les intérêts particuliers, de façon à créer un ensemble et une harmonie et à respecter l’unité du corps social. La loi est donc, pour l’Etat, le moyen qui permet de mettre en œuvre la justice. Juste et justice renvoient à l’idée de justesse. Le juste notamment chez les anciens désigne une forme de juste milieu, dans le sens où chaque membre du corps social doit avoir sa juste place, prétendre à son du. Il s’agit aussi peut-être de trouver un juste milieu entre l’ordre et la justice. La conception de la justice à l’intérieur du corps rejoint la conception de la justice à l’intérieur de l’âme. La vertu consiste donc, selon la conception Aristotélicienne, à être capable « d’ajuster ». Assurer la justice au sens d’assurer la justesse des rapports des membres de l’Etat, des individus entre eux. Et d’ajuster l’importance de l’ordre, de la sécurité, de la paix par rapport à la morale et à l’importance des valeurs. Il faudra bien entendu dépasser la conception antique de la justice et montrer qu’elle amène à défendre des organisations sociales « injustes » et penser autrement la justice comme recherche de l’égalité et de l’équité. Problème : L’Etat est-il capable d’être « vertueux », est-il capable de faire de la justice sa préoccupation première en renonçant éventuellement à sa pérennité ? Pb du rapport de l’Etat à la morale. D’autre part : Il faut, quand on fait une dissertation, toujours s’intéresser aux concepts « mineurs » du sujet. Le devoir La question du devoir de l’Etat. >Distinction entre un impératif hypothétique : l’Etat doit assurer l’ordre pour se maintenir ou bien assurer la justice (ou faire semblant) pour maintenir l’ordre ? Pb : l’ordre peut-il être une fin en soi ? >Et un impératif catégorique : l’Etat doit assurer la justice. Cette idée d’un devoir de l’Etat peut nous permet de reprendre la distinction entre ce qui relève de l’obligation et de la contrainte. (Distinction conceptuelle au programme) Un Etat qui contraint, un ordre qui contraint est un ordre dans lequel le citoyen ne peut pas se retrouver, un ordre dans lequel il ne peut pas se reconnaître. Même chose pour une loi qui contraint. A l’inverse, une loi qui oblige est une loi que le citoyen se donne à lui-même. (La loi qu’on s’est prescrite est liberté)Un ordre qui oblige est un ordre dont le citoyen reconnaît la légitimité. Maintenir Quand on parle de « maintenir l’ordre » on évoque pour l’Etat un rapport de contrainte, de force par rapport à la société et aux individus qui la composent. A quelle condition cette force est-elle légitime ? « Maintenir » c’est tenir avec la main, c’est contraindre et forcer. Maintenir l’ordre évoque donc cette idée d’un pouvoir qui s’impose de l’extérieur. Au contraire, quand l’Etat assure la justice, alors les membres de l’Etat se reconnaissent à l’intérieur de l’ordre qui est en place. Ne faut-il pas assurer la justice pour maintenir l’ordre ? Assurer A l’inverse, assurer la justice, c’est faire en sorte que chacun puisse d’une part prétendre à ce qui lui est du et d’autre part faire en sorte que les relations entre membres de l’Etat puissent être instituées et permettre des échanges équitables. L’Assurance suppose tjrs une certaine façon d’envisager l’avenir : si la justice n’est pas comme telle assurée, si elle n’est pas au minimum une promesse, elle ne peut susciter l’adhésion : cf Hobbes : c’est la crainte qui est la raison d’un dessaisissement de sa liberté au profit de l’Etat. Ce qui est juste est alors ce qui est sûr. Vivre dans un état de justice pour Hobbes, c’est vivre dans un état de paix où finalement l’ordre devient synonyme de justice. Si la justice est l’ordre, alors effectivement le régime proposé par Hobbes est un régime juste. Problème : Une telle approche de la justice est insuffisante : l’ordre peut être aussi un ordre fondamentalement injuste, surtout quand il est imposé de l’extérieur et qu’il ne correspond pas une nécessité interne. >La justice n’est pas forcément morale. En tant que système, un régime peut être parfaitement ordonné, organisé, ajusté à sa fonction et cependant en opposition uploads/S4/ l-x27-etat-doit-il-maintenir-l-x27-ordre-ou-assurer-la-justice.pdf

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  • Publié le Oct 04, 2021
  • Catégorie Law / Droit
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