Revue Économie, Gestion et Société N°5 juin 2016 1 http://revues.imist.ma/?jour
Revue Économie, Gestion et Société N°5 juin 2016 1 http://revues.imist.ma/?journal=REGS ISSN: 2458-6250 LES EFFETS DES ECHANGES COMMERCIAUX ET DE LA TECHNOLOGIE IMPORTEE SUR LES FLUCTUATIONS DE L’EMPLOI AU MAROC : UNE ANALYSE MACRO-ECONOMETRIQUE (1980-2013) De Nor-Eddine OUMANSOUR Chercheur en Sciences Economiques, Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales de Rabat- Agdal. Résumé : Au niveau de cet article, nous allons tenter - à la lumière des données statistiques macro- économique - d’évaluer et d’analyser la dynamique de l’emploi au Maroc dans un contexte économique polarisé et marqué par la multiplication des accords de libre-échange et pour s’intéresser à la relation entre le commerce international et le marché du travail. Pour cela, nous essaierons de relever les facteurs qui déterminent l’emploi à l’aide d’un modèle économétrique, et afin d’expliquer la faiblesse apparente des taux de création des postes d’emploi réalisés par notre économie dans le cadre des accords de libre-échange, au moment où d’autres pays économiquement semblables connaissent une augmentation massive des taux d’emploi. Cela va poser naturellement la question de l’identification de ces facteurs qui vont nous permettre aussi d’identifier les grandes tendances et les contraintes du marché du travail et du commerce extérieur. C’est ainsi que dans le but de clarifier cet impact, nous procédons à la vérification du lien entre l’emploi et les diverses variables qui paraissent représentatives de l’ouverture de notre économie via le test de causalité au sens de Granger ; puisque ces variables considérées comme les principaux proxys de la problématique étudiée dans cet article. Mots clés : Marché du travail, commerce extérieur, accords de libre-échange, modèle VAR. Abstract: At this article we will try - in light of the macro-economic statistical data - to assess and analyze the dynamics of employment in Morocco in a polarized economic context marked by the proliferation of free-trade agreements exchange and to be interested in the relationship between international trade and the labor market. For this, we will try to identify factors that determine employment using an econometric model, and to explain the apparent weakness of creation rate of job positions created by our economy in the framework of agreements free trade, when other economically similar countries are experiencing a massive increase in employment rates. This will naturally raise the question of the identification of these factors will allow us also to identify key trends and constraints of the labor market and external trade. Thus, in order to clarify this impact, we proceed to the verification of the link between employment and the variables that seem representative of the openness of our economy Revue Économie, Gestion et Société N°5 juin 2016 2 http://revues.imist.ma/?journal=REGS ISSN: 2458-6250 through the causality test Granger; since these variables identified as key proxy issues discussed in this article. Keywords: The labor market, trade, free trade agreements, VAR model. Revue Économie, Gestion et Société N°5 juin 2016 3 http://revues.imist.ma/?journal=REGS ISSN: 2458-6250 Introduction Au Maroc, à l’instar des pays en voie de développement, la nécessité d’assurer une croissance forte des exportations s’impose comme une solution pour plusieurs problèmes économiques qui hypothèquent l’avenir du pays. Avec l’accumulation des difficultés économiques et des déficits sociaux (chômage, détérioration des termes de change, perte du pouvoir d’achat, etc.) les solutions conjoncturelles ou partielles ne peuvent plus servir de remèdes efficaces. Les problèmes doivent être traités à la source qui les génère, et cette dernière n’est autre que la faible compétitivité de nos produits et la sous-utilisation des potentialités du pays. Il est donc impératif de se mettre sur un sentier fort et soutenir le tissu productif pour sortir le pays du cercle vicieux de la sous-utilisation des potentialités et de la faiblesse économique. Tout le monde est d’accord sur le fait que l’activité commerciale est un secteur de production en tant que tel ; créant de la valeur et rémunérant donc ses participants par les moyens qu’il exigeait et les liens qu’il entretenait avec les politiques internationales des Etats. D’ailleurs plusieurs études empiriques1 font systématiquement apparaître un lien étroit entre l’emploi et les exportations. Aussi, aucun pays dans l’histoire récente n’a réussi à maintenir des taux de croissance élevés dans une économie fermée et avec une politique de repli sur soi. Dans ce sens, le Maroc a cherché à approfondir son intégration dans l’économie globale pour en tirer profit et pour soutenir sa faible productivité et organiser son marché de travail par la concurrence directe. Toutefois, il reste d’importantes possibilités d’amélioration à faire. En effet, bien que la part du commerce dans le PIB ait augmenté au cours de la dernière décennie, son niveau demeure faible et insuffisant. Cette part représente seulement 7,6% du PIB ; alors qu’elle atteint 10,8% en Tunisie2 et 14,6% en Jordanie3. La situation s’explique en grande partie par la faiblesse des exportations qui sont toujours axées sur des produits et des marchés traditionnels. De plus, la dernière crise mondiale continue à révéler les vulnérabilités de la structure des exportations ; qui a entraîné une perte des parts de marché et une augmentation des déficits de la balance commerciale. Parallèlement, l’ouverture offre, certes, des opportunités, mais requiert des capacités d’adaptation et des forces concurrentielles pour en tirer profit. Mais notre appareil logistique reste cependant marqué par une faible compétitivité due à la hausse des coûts des services logistiques et à la vétusté de la majorité des équipements et de l’infrastructure commerciale. A cela s’ajoute essentiellement le niveau peu développé de son capital humain. A cet égard, divers travaux4 ont mis en exergue une forte interdépendance entre l’emploi et le développement du savoir et des connaissances et ont dégagé comme contraintes majeures à la réduction du chômage dans un pays, la faible qualité de la gouvernance et le faible niveau du 1Bernard, Andrew B. and J. Bradford Jensen. (1999). "Exceptional Exporter Performance: Cause, Effect, or Both?", Journal of International Economics, p. 47. En ligne à la date du 27 mars 2012 2 Parmi les pays signataires de l’accord d’Agadir. 3 Selon une enquête réalisée par « Kothes and Klewes » en 2006 dans le cadre d’un programme de coopération entre l’ODI et l’Agence de Coopération Allemande (DEG). 4 Notons toutefois que si Arrow (1962) mettait en avant les phénomènes de pratiques des apprentissages comme facteur d’efficience du travail, il ne reprenait pas les travaux autour du capital humain ; les gains d’efficience par la pratique étaient selon son approche uniquement liés aux modes d’organisation de la production. La formation initiale n’apparaissant que comme un élément externe qui peut accélérer les apprentissages. Ceci suivait une logique faisant de l’éducation un catalyseur de l’efficacité développée antérieurement dans le modèle de croissance d’Haavelmo(1954). Revue Économie, Gestion et Société N°5 juin 2016 4 http://revues.imist.ma/?journal=REGS ISSN: 2458-6250 capital humain qui souffre plus particulièrement d’insuffisances au niveau de son éducation et de sa formation. Ainsi, le Maroc reste encore mal classé sur l’échiquier international d’après les indicateurs du développement humain. Cette situation est non seulement attribuable aux niveaux élevés de l’analphabétisme mais aussi à la faible capacité de management des ressources et à la lenteur des initiatives et des réformes visant la qualification du capital humain. En fait, les progrès réalisés dans le domaine de l’éducation en termes de scolarisation, de niveaux d’instruction et de formation de la population ont été significatifs au vu des déficits hérités au lendemain de l’indépendance. Cependant, le dualisme de l’enseignement préscolaire, la non généralisation de la scolarisation au primaire, la faiblesse des infrastructures au milieu rural et la faiblesse du rendement interne et externe de l’ensemble du système éducatif sont autant de problèmes auxquels le Maroc devrait faire face pour relever les défis de l’emploi. L’objectif de cet article est d’une part, de relever au cours de l’analyse des relations entre le commerce extérieur et l’emploi les divers handicapes qui bloquent les effets positifs souhaités afin de mieux expliquer les fluctuations de l’emploi (tout en déterminant la nature des interactions) D’autre part, déterminer les parts respectives du commerce extérieur et du progrès technique dans les fluctuations de l’emploi. Notre réflexion s’appuie aussi sur les contraintes structurelles qui affaiblissent la compétitivité des exportations marocaines et entravent par conséquent la réalisation d’un taux d’emploi élevé ; capable de résorber le chômage et de redresser notre économie dans son ensemble. Généralement, la nature de ces contraintes se dévoile par une étude économétrique sur la relation entre le commerce extérieure et l’emploi au niveau macroéconomique. L’accent sera mis sur la problématique de la défaillance du système logistique marocain qui ne favorise pas la compétitivité des exportations nationales et la problématique du faible rendement du capital humain comme corollaire de la dégradation du système éducatif national, et par conséquent cette situation nous conduit vers un autre handicap majeur qui est la faible intégration du commerce extérieur à l’économie mondiale. 1.1. Spécification du modèle et définition des variables Un modèle économétrique est la représentation schématique et structurée mais approximative et incomplète d’un ensemble d’éléments réels. Autrement dit, il illustre la confrontation de la théorie à la réalité dans l’objectif de dégager des conclusions, et des enseignements permettant de concevoir l’avenir. Dans ce modèle, uploads/Finance/ 5506-14302-1-sm.pdf