Recherches et Applications en Finance Islamique بحوث و تطبيق ات في المالية االس

Recherches et Applications en Finance Islamique بحوث و تطبيق ات في المالية االسالمية Researches and Applications in Islamic Finance ISSN : 9052- 0224 Volume 2, Numéro 1, février 2018 45 La micro-finance islamique : Quel modèle de financement pour les TPE marocaines ? Khalid BRGCHOU la FSJES de Mohammedia, Université Hassan II, Casablanca, Maroc. E-mail : khalid.brg@gmail.com Pr. Mama HAMIMIDA FSJES de Mohammedia, Université Hassan II, Casablanca, Maroc. E-mail : mamahamimida@gmail.com Résumé : Le manque de financement est un obstacle auquel la plupart des nouvelles entreprises font face quel que soit le niveau de développement économique du pays. Ce problème se retrouve davantage amplifié au milieu des très petites (TPE) et petites et moyennes entreprises (PME). Le Maroc ne fait pas exception. En effet, la grande majorité des TPE ne possèdent pas suffisamment de ressources internes leur permettant de couvrir leurs besoins d’investissement. Elles s’orientent vers des sources de financement externes. A ce niveau, l’emprunt bancaire demeure de loin leur mode de financement privilégié. Cet article vise la proposition d’une nouvelle réflexion autour de la conception d'un modèle opérationnel de la microfinance islamique, en faisant référence aux particularités du contexte marocain, et de fournir les instruments financiers qui peuvent être utilisés par cette microfinance alternative à l'égard des microentreprises. Ceci, en analysant l’arsenal juridique marocain, en décryptant le comportement financier des micro-entrepreneurs au Maroc et en s’inspirant des bonnes pratiques des autres pays qui ont déjà expérimenté ce mode de financement. Mots clés : Micro-finance islamique, Financement, Micro-entreprise, TPE, Modèle marocain. Abstract: Lack of funding is an obstacle that most new businesses face regardless of the level of economic development in the country. This problem is amplified in the very small (VSE) and small and medium- sized enterprises (SMEs). Morocco is no exception. Indeed, the vast majority of VSEs do not have sufficient internal resources to cover their investment needs. Thus, they turn to external sources of funding. At this level, the bank loan is not their preferred mode of financing. This article aims at proposing a new reflection on the design of an operational model of Islamic microfinance, with reference to the peculiarities of the Moroccan context, and to provide the financial instruments that can be used by this alternative microfinance regarding the Microenterprise. This well be done by analyzing the Moroccan legal arsenal, decrypting the financial behavior of Moroccan micro- entrepreneurs and drawing on the best practices of other countries that have already experienced this financing mode. Keywords : Islamic Microfinance, Financing, Microentreprise, VSE, Moroccan model. Article reçu le : 12 juillet 2017, accepté le : 23 janvier 2018 Citation : Brgchou k. et M. Hamimida (2018), La micro-finance islamique : Quel modèle de financement pour les TPE marocaines ?, Recherches et Applications en Finance Islamique, Volume 2, Numéro 1, pages : 45-65. Volume 2, numéro 1 (2018) 46 Introduction L’économie des pays en voie de développement est dominée par des micro- entreprises, qui représentent un vecteur économique d’une grande valeur. Plusieurs recherches ont montré, durant les deux dernières décennies, le rôle important de cette composante économique1 dans la création des richesses et de l’emploi dans les économies émergentes. Le tissu des micro-entreprises occupe une place importante, en effet, leur nombre avoisine 500 millions unités et elles représentent un besoin de financement estimé à 250 milliards de dollars (MARROUF, 2011). De son côté, le tissu productif national ne sort pas de cette règle. En effet, il est composé à 98% des micro-unités (Haut-Commissariat au Plan - HCP, 2004) qui ont un effectif de moins de 10 salariés et fournissent des emplois à 75% de la main d’œuvre active (MAAROUF, 2011). Malgré l’importance de ce tissu économique en terme de taille et de création d’emploi, les micro-entreprises ne bénéficient que partiellement des sources de financement existantes, chose qui freine leur développement et remet en cause leur pérennité. Cela s’explique, d’une part, par la frilosité du secteur bancaire qui refuse de prendre le risque de s’engager avec les dites entreprises vu leur précarité financière et d’autre part, l’inadaptation de l’offre du secteur du micro-crédit aux besoins des micro-entreprises marocaines. D’où la nécessité de tester de nouveaux modes de financement qui peuvent contribuer à l’élargissement de la gamme des services financiers dédiés aux TPE marocaines. Le présent article s’inscrit dans le sillage des recherches perspectives qui visent l’exploration de nouvelles solutions financières, permettant de développer le tissu micro- entrepreneurial dans les pays en voie du développement. Il s’agit d’un travail de réflexion dans le but de concevoir un modèle micro-financier respectant les exigences de la Charia tout en prenant en considération les particularités juridiques, économiques et sociales du contexte marocain et en s’inspirant des expériences des pays précurseurs dans ce domaine. Pour bien mener notre processus de conception, nous allons d’abord présenter l’état des lieux des micro-entreprises marocaines en mettant le point sur le financement formel et informel de cette composante économique, ensuite nous allons entamer une réflexion autour de la conception d’un modèle de micro-finance islamique, en faisant appel à l’arsenal juridique en interaction avec notre proposition, au comportement financier des micro- entrepreneurs marocains et aux bonnes pratiques tirées des expériences d’autres pays. Et pour clôturer notre article, nous allons mettre en avant quelques contraintes et défis du modèle proposé afin d’ouvrir de nouvelles pistes de recherche, qui vont permettre de compléter ce travail et d’adopter un paradigme micro-financier sain et complet. 1 Nous pouvons citer à titre d’exemple HOUSE (1984), LIEDHOLM & MEAD (1998), SHAW (2004) et HAÏDARA (2015). Volume 2, numéro 1 (2018) 47 1. Micro-entreprises marocaines : Etat des lieux et contraintes de développement. La notion de la micro-entreprise ou de très petite entreprise (TPE) est souvent définie en combinant deux critères quantitatifs, à savoir : le nombre de salariés permanents et le chiffre d’affaire annuel réalisé. Ces deux critères sont à l’origine de l’absence d’une définition universelle de cette composante économique. Au Maroc, la TPE est définie comme étant toute entreprise qui emploie moins de 10 salariés en permanence et qui réalise un chiffre d’affaire annuel hors taxe inférieur à 3 millions de Dirhams. Au sein de cette définition, on peut distinguer entre les vraies micro- entreprises qui emploient entre 1 et 3 salariés, les moins petites entreprises qui emploient 4 ou 5 employés et les TPE qui ont un effectif allant de 6 à 9 employés. (HAMDOUCH, BERRADA & MAHMOUDI 2004). Les TPE représentent une très grande part du tissu économique marocain. D’après les derniers chiffres officiels, près de 98% des établissements recensés (750 900 établissements) emploient moins de 10 personnes et fournissent des emplois à 65% de la main d’œuvre (HCP, 2004). Toutefois, plus que 88% de ces établissements sont des TPE qui ont un effectif permanent de moins de 4 personnes, et déploient presque la moitié (48,4%) du volume de la main d’œuvre opérante dans tous les établissements touchés par l’étude (HCP, 2004). Les TPE et PME formelles participent à hauteur de 40% à la création de la valeur ajoutée globale du Maroc, une participation très volatile qui varie entre 78% pour le secteur de l’agriculture et 8% pour la production et la distribution de l’électricité, le gaz et l’eau (TILFANI, 2011). En éliminant les PME, cette participation baisse pour atteindre 10% de la valeur ajoutée globale du pays ; ce qui montre la faiblesse de la part de ces TPE (formelles) dans le PIB. Par contre cette part s’élève à 11,5% du PIB quand ne nous nous intéressons qu’aux micro-entreprises informelles (HCP, 2016). Le secteur marocain des TPE est caractérisé par la coexistence des deux secteurs, formel et informel. Ce qui s’explique par les résultats de la dernière enquête nationale sur le secteur informel menée par le HCP entre 2013 et 2014 et qui montre que le secteur informel assure son approvisionnement par le secteur formel à concurrence de 18,2% (2ème source d’approvisionnement). Cette coexistence des deux secteurs donne lieu à l’apparition d’un dualisme financier soulevé dans le rapport de l’organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) qui a montré que contrairement aux grandes entreprises modernes qui s’orientent vers les banques, les petites entreprises sont tributaires du secteur financier informel (OCDE, 2005). Volume 2, numéro 1 (2018) 48 1.1- Financement formel des TPE marocaines La recherche de financement est une préoccupation entrepreneuriale d’ordre mondial. Cette préoccupation est d’autant plus importante dans le cas des TPE. Au Maroc, la majorité des TPE n’ont pas suffisamment de ressources financières internes et se trouvent face à l’obligation de s’orienter vers des sources externes pour financer leurs cycles d’exploitation et leurs projets de développement. En s’orientant vers le financement externe, les TPE optent généralement pour une combinaison de plusieurs formules de financement en fonction de leur besoin, et en choisissant les instruments financiers les plus appropriés à leurs projets, selon leur degré de maturité, le secteur dans lequel elles opèrent et surtout selon les offres de financement disponibles sur le marché. Les TPE qui décident d’opter pour le financement formel de leur activité ont généralement le choix entre les instruments et modes de financement suivants uploads/Finance/ 9462-28093-2-pb.pdf

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  • Publié le Nov 08, 2022
  • Catégorie Business / Finance
  • Langue French
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