Cyriac Guillaumin AIDE-MÉMOIRE Macroéconomie © Dunod, 2014 5 rue Laromiguière,
Cyriac Guillaumin AIDE-MÉMOIRE Macroéconomie © Dunod, 2014 5 rue Laromiguière, 75005 Paris www.dunod.com 978-2-10-072051-4 3 © Dunod.Toutereproductionnonautoriséeestundélit. Préface 5 Présentation 10 1 • Qu’est-ce que la macroéconomie ? 15 1 Introduction 15 2 Objet et méthodologie de la macroéconomie 18 2 • Les concepts fondamentaux de la macroéconomie 25 1 Introduction 25 2 La principale variable de la macroéconomie : le produit intérieur brut 26 3 Les autres grandeurs de la macroéconomie 44 3 • La comptabilité nationale 56 1 Introduction 56 2 Le circuit économique 58 3 L’élaboration de la comptabilité nationale 60 4 La synthèse des comptes 75 4 • La consommation 101 1 Introduction 101 2 L’approche keynésienne de la consommation 105 3 Les résultats empiriques et les premières reformulations 118 4 Les fondements microéconomiques de la consommation 125 5 • L’investissement 135 1 Introduction 135 2 Concepts fondamentaux 139 Table des matières 3 Le rôle du taux d’intérêt et la décision d’investir 144 4 Le principe de l’accélérateur 156 5 La situation financière de l’entreprise 164 6 • Le rôle de l’État 169 1 Introduction 169 2 L’État producteur et régulateur des marchés 171 3 Le budget de l’État 176 4 Les recettes de l’État financent-elles ses dépenses ? L’émergence de la dette publique 191 5 L’État et la politique économique 196 7 • Le modèle keynésien simplifié 198 1 Introduction 198 2 L’équilibre de sous-emploi 200 3 L’État et le rôle de la politique budgétaire 212 8 • La monnaie 222 1 Introduction 222 2 Fonctions et formes de la monnaie 223 3 La demande de monnaie 231 4 L’équilibre sur le marché de la monnaie 246 9 • Le modèle IS-LM : l’équilibre global en économie fermée 252 1 Introduction 252 2 L’équilibre sur le marché des biens et services : la courbe IS 254 3 L’équilibre sur le marché de la monnaie : la courbe LM 264 4 L’équilibre macroéconomique global : le diagamme IS-LM 274 5 L’analyse des politiques économiques 280 6 Critiques théoriques et validation empirique 298 Bibliographie 300 Index 303 4 © Dunod.Toutereproductionnonautoriséeestundélit. 5 Onn’enseignepaslamacroéconomieen2014commeen1974;eten 1974,onn’enseignaitpaslamacroéconomiecommeen1934.En1934,la macroéconomien’existaitpasentantquetelle:Keynesn’avaitpasen- coreécritsaThéorieGénéraledel’Emploi,del’IntérêtetdelaMonnaie ;et lacomptabiliténationalemoderne,quipermetdefairedelamacroéco- nomiegrandeurnature,n’existaitpasencore.En1974,ondisposaitde modèlesmacroéconomiquesestimésàpartirdesdonnéesdecomptabili- ténationale,permettantdemesurerl’effetdespolitiqueséconomiques surl’activité,lechômage,lesprixoulesoldeextérieur.Cesmodèles,qui sontàl’économiecequelessimulateursdevolsontàl’aviation,offraient unevisionmécanistedel’économie.L’undesprincipauxporte-drapeaux decemouvement,lePrixNobelnéerlandaisJanTinbergen,n’était-ilpas audépartuningénieur?Selonsonapproche,lapolitiqueéconomique revientaufondàinverserlamatricereliantlesinstrumentsdepolitique économique(monnaie,budget,fiscalité,salaireminimum...)auxobjec- tifs(activité,emploi,inflation,soldeextérieur...),cesderniersnedevant êtreennombresupérieurauxinstruments. Ques’est-ilpassédepuiscetteépoquebénieoùleministredesFinances pouvaits’appuyerentouteconfiancesuruneéquiped’économètres quantifiantavecpeudemarged’erreurl’impactdetelleoutelledécision depolitiqueéconomique? D’abord,leséconomiesoccidentalesontconnuplusieurstransforma- tionsmajeures,notammentlamondialisation,lesmutationsmonétaires etl’essordelafinance.Lamondialisationfaitquel’évolutionmacroéco- nomiqued’unpaysestdevenuedépendantedel’évolutiondesautres pays.Pensonsàl’impactdelacrisefinancièreaméricainede2008sur l’ensembledel’économiemondiale;maisaussiàladépendancedela Préface 6 M acroéconomie conjoncturefrançaiseparrapportàcelledenosprincipauxpartenaires économiques–Allemagne,Royaume-Uni,Italie.Enretour,l’efficacité d’unepolitiqueéconomiquedonnéedépenddel’orientationdelapoli- tiqueéconomiquedanslesautrespays.Parexemple,unestratégiede redressementdescomptespublicsestdifficileàmenersilespaysproches mènentlamêmepolitiqueaumêmemoment,carlesexportationspren- nentalorsplusdifficilementlerelaisdelademandepublique.Lesmuta- tionsmonétairesnesontpasmoinsimportantes.Alorsquedansles années1950et1960lastabilitémonétaireétaitassuréeparlerégimede changefixedeBrettonWoods,laFranceestdésormaisarriméeàsespar- tenairesdelazoneeuroautraversdel’unionmonétaire,quimodifie complètementlecadredelapolitiqueéconomique.Enfin,l’essordela finance,mesuréparl’activitédesmarchésfinanciersoulatailledes banques,aégalementremisencauselaconceptiondelamacroéconomie héritéedel’après-guerre.Parexemple,onsaitaujourd’hui,grâceà l’expérienceduJapondanslesannées1990etdelazoneeuroaprèsla crisede2009,quelatransmissiondesimpulsionsdepolitiquemonétaire àl’économieréellepeutsetrouverbloquéeparlasituationdégradéedes banques. Deuxièmephénomènedéterminant:ladisciplineaelle-mêmeconnu d’importantesmutations.L’unedesplusimportantesfutla«critique » formuléeparRobertLucasen1976.Enmodifiantlesanticipationsdes agents,lespolitiqueséconomiquesmodifientlescomportements.Par exemple,uneréformedesretraitesvamodifierlarelationentrerevenu courantetconsommation.Ainsi,onnepeuts’appuyersurdesmodèles estiméssurlepassépourorienterlespolitiqueséconomiquesfutures. CettecritiqueestparticulièrementpertinentepourlaFrance,dontle cadreinstitutionnelaradicalementchangéaveclamiseenplacedela zoneeuro.Lesmacroéconomistesontréponduàla«critiquedeLucas » enasseyantleursrelationsmacroéconomiquessurdesparamètres microéconomiques,telsquelapréférencepourleprésent,quirestent invariantslorsquelecadreinstitutionnelsemodifie.Ilsontaussiintro- duitdansleursmodèlesl’hypothèsed’anticipationsrationnelles,permet- tantdeprendreencomptelefaitquelesacteursdel’économie(ménages, entreprises,syndicats,etc.)disposentaumoinsd’autantd’information © Dunod.Toutereproductionnonautoriséeestundélit. 7 Préface quelemodélisateur,etqu’onnepeutdonclesflouerparexempleenlais- santsystématiquementfilerl’inflationau-delàdurythmesurlequelse fondentlesnégociationssalariales.Enfin,lesmodèlesmacroécono- miquesontbénéficiédesprogrèsdel’économétrie,commeparexemple lapriseencomptedelanon-stationnaritédelaplupartdessériesécono- miques. Malgrécesprogrèsindéniables,laprofessionaétéattaquée(dans l’ensemble,àjustetitre)pournepasavoirprévulacrisefinancièremon- diale.Ontoucheiciàunproblèmespécifiquedeladisciplinedontl’objet estmouvant:contrairementauxphysiciens,lesmacroéconomistessont enpermanenceàlapoursuitedeleurobjetderecherchequi,souvent, courtplusvitequ’eux.Celanesignifiepasqu’ilfaillebaisserlesbras devantladifficulté.Maisplutôtqu’ilconvientd’adopteruneattitude modeste.« Sileséconomistespouvaients’arrangerpourêtreperçus commeaussihumblesetcompétentsquelesdentistes,ceserait magnifique ».CettephrasedeKeynestiréedesesEssaisdePersuasion (1931)n’apasperdusapertinenceauXXIe siècle,bienaucontraire.L’éco- nomistedoits’attacheràavertirdesrisquesetàsoignerlescrisesplutôt qu’àlaissercroirequ’ilpeutprévoirlaconjoncture.Jamaisvotredentis- tenevouspréditunecarieavecunrisqued’erreurinférieurà1%.Alors pourquoidemanderauxmacroéconomistesunetelleperformance ? Danscemanueldemacroéconomie,CyriacGuillauminadoptecetteatti- tudehumblequepréconisaitKeynes.Bienloindesenvoléesthéori- ciennes,ilprendlelecteurparlamainetluimontrecommentmanieren pratiquecettepâtequ’estlamacroéconomie.Commentcorrigerlahaus- sedel’activitédel’effetdel’inflation;commentcalculerlescontribu- tionsdelaconsommationetdel’investissementàlacroissance;com- mentmesurerlarelationentreconsommationetrevenu;comment expliquerquelaconsommationestproportionnelleaurevenutandisque l’investissementestproportionnelàlavariationdurevenu,etc.Ilpar- vientàuneinterpénétrationremarquableentrelathéorieetlapratique, ens’appuyantleplussouventsurlesdonnéesdel’Inseequi,grâceàla révolutioninternet,sontdésormaisdisponiblesgratuitementenligne.Il répond,parladémonstration,àunecritiquefréquemmentadresséeà 8 M acroéconomie l’enseignementdel’économique,quiseraitàlafoistropmathématique etdéconnectédelaréalité.D’emblée,ilavertitlelecteur:unmodèlene s’écritpasforcémentsousformemathématique ;celan’enrestepas moinsunmodèle,doncunesimplificationdelaréalité.Onpourrait ajouter:lorsqu’onécritunmodèlesousformemathématique,cen’est paspourembêterlesétudiants,encoremoinspourdétacherunethéorie delaréalité;aucontraire,c’estpourquantifierlesphénomèneset,plus importantencore,poursedonnerlesmoyensderéfuterlemodèleà l’aidedesdonnéeshistoriques–choseimpossiblelorsqu’onlaissele modèlesousformelittéraire.Lelivremetd’ailleursl’accentsurlespro- blèmesdemesure,avecunchapitreentierconsacréàlacomptabilité nationale,situéaucœurdel’ouvrage.Contrairementàuneopinion répandue,lacomptabiliténationalen’apasétéinventéepourtorturerles étudiants.Ilneviendraitàpersonnel’idéequ’onpuisseétudierlagestion d’uneentreprisesansquelquesnotionsdecomptabilitégénérale;de même,onnepeutsérieusementcomprendrelamacroéconomiesans s’intéresseràlamanièredontelleestmesurée.Lacomptabiliténationale nepeutêtreisoléedesafinalité,etc’estlaraisonpourlaquelleelleatoute saplacedanscetouvrage.Lelecteurpressépourraaumoinsserendre comptedutravailénormedemiseencohérencedescomptesdesdiffé- rentsagentsquiestderrièredesnotionsaussisimplesquelePIBoula consommation. Lelivreprésentelaboîteàoutilsdelamacroéconomiedecourtterme. Onpourraitpenserqueladynamiqued’uneéconomieàlongtermen’est qu’unesuccessiond’équilibresdecourtterme.Iln’enestrien.Lorsqu’on raisonneàcourtterme,onconsidèrequelestockdecapitaldisponible pourlaproductionestconstantetqueleniveaudesprixestsinonfixe, dumoinsinsuffisammentflexiblepourassurerl’équilibreentreoffreet demandesurtouslesmarchés.L’équilibredecourttermemetdoncen avantlesdéséquilibresquisontlacausedespousséestemporairesdes tauxdechômageoudestauxd’inflation.Lapolitiqueéconomiqueaun rôleàjouerpouratténuercesfluctuations,voirecescrises,àl’aidedela monnaieetdubudget.Cespolitiquessontprésentéesdanslelivrenonde manièreabstraite,maisconcrètementàpartirdubudgetdesadministra- tionspubliquesenFranceetdelagestiondelamonnaieparlaBanque centraleeuropéenne.Lelivreseconclutparunediscussiondel’impact despolitiquesbudgétaireetmonétaireàpartirdumodèleIS-LMdéve- loppéparHicksetHansenilyaplusdecinquanteans.Onpourrait s’étonnerdelapermanencedecemodèledansunmanuelduXXIesiècle. Aprèsunrelatifdiscréditdanslesannées1980,cemodèleaconnuun retourengrâceàpartirdesannées1990,lorsqu’ons’estaperçuquele phénomènede«trappeàliquidité »quemetenévidencelemodèle n’étaitpasqu’unecuriositéthéorique,maisuneréalitébiendifficileà surmonterauJaponet,vingtansplustard,enzoneeuro.Sasimplicitéet sarésolutiongraphiqueenfontuneexcellenteintroductionauraisonne- mentmacroéconomiquequidoitsanscessenaviguerentreleséquilibres dedifférentsmarchés.C’estd’ailleursuneerreurfréquentedansledébat publicquedenégligerl’interactionentrelemarchédesbiensetservices, lemarchédutravail,lemarchédelamonnaie.Cechapitreestenréalité untestàl’attentiondulecteur,pourdéterminersavéritableappétence pourlamacroéconomie.Ilpourrapoursuivresonapprentissageavec d’autresmanuelsquil’initierontnotammentàladynamiquedelong termedel’économieetauxcyclesdemoyenterme.Illuifaudraaussi enrichirsoncadredepenséeenintégrantunacteurlongtempsconsidéré commetransparent–lesystèmebancaire–ainsiquelesdifférentscanaux detransmissioninternationauxdelaconjoncture–commerce,monnaie, finance.Ilpourra,enfin,s’interrogersurlaformationdesanticipations, àl’aidedestravauxd’économiecomportementale,réfléchiràlaforma- tiondebullesetleurimpactsurleséquilibresmacroéconomiques.Mais commedanstoutediscipline,ilfautcommencerparlesbases,ceque nousproposeCyriacGuillauminaveccetouvrage. Àuneépoqueoùlamacroéconomieestpartoutdanslesdébatspolitiques etoùlamonnaieuniquesetrouveàlacroiséedeschemins,saluonscet effortpourrendreladisciplineconcrèteetaccessible.Pourensavoirplus, vousn’aurezqu’àretournerchezledentiste! AgnèsBÉNASSY-QUÉRÉ, Professeuràl’Écoled’économiedeParis, UniversitéParis1etPrésidentedéléguée duConseild’analyseéconomique. © Dunod.Toutereproductionnonautoriséeestundélit. 9 Préface 10 «Ilestdurd’échouermaisilestpireden’avoirjamaistentéderéussir. » FranklinD.Roosevelt PourparaphraserMankiw(1990),économistereconnu,auteurdenom- breuxouvragesetenseignantàHarvard,ilestplusfaciled’étudierla macroéconomieaujourd’huiqu’ilyaquaranteans.Eneffet,jusqu’àlafin desannées1960,seulelathéoriekeynésienneexistait.Surtout,celle-ci dominaitlesdébatsmacroéconomiques.Ellepermettaitderépondreaux questionsessentielles.Enquaranteans,lathéoriemacroéconomiquea évolué1. Lamacroéconomieestunebranchedel’économiequiévolueavecson temps2.Cetteévolutionestnécessaire,ellepermet,commelerappelle, parexemple,OlivierBlanchard,d’étudierdenouveauxmécanismes, d’expliquerdenouveauxphénomènes,etc. Unrenouvellementdelapenséeetdesthéoriesmacroéconomiquesest doncnécessaire.Àl’heureactuelle,nousnepouvonsplusexpliquercer- tainsphénomèneséconomiquescomme,parexemple,larelationinfla- tion-chômage,pardesoutilsélaborésilyaplusieursdécennies.Lesoutils apparaissentchaquefoisqu’unnouveauphénomènesurgitafindemieux Présentation 1 Sereporter,parexemple,àMignon(2010),pouruneétudedecetteévolution. 2 PourparaphraserSamuelson,l’économien’estpasunedisciplineachevéemaisune sciencetoujoursenvoiededéveloppement(Samuelson,1972). © Dunod.Toutereproductionnonautoriséeestundélit. 11 Présentation l’appréhender.Mêmesiaujourd’huilamacroéconomiesemble«cas- sée »,c’est-à-diremoinsapteàexpliquerlesphénomènesactuels,ellefait l’objetdenouvellesinvestigationspourlarebâtiretproposerunethéorie macroéconomiqueadaptéeauxphénomènesétudiés. 1 Présentation de l’ouvrage 1.1 Quelle approche adopter ? Iln’yapasuneméthodeuniversellepourenseignerlamacroéconomie. Chaqueenseignant-chercheurasaméthodeetsonapprochedela macroéconomie. Certainsprofesseursvontprivilégieruneapprochetrèsmodélisée, d’autresuneapprochepluslittéraire.Certainsprofesseursvonts’orien- ter,deparleurinfluenceidéologique,surdescourantsdepenséede l’économieplutôtquedeprésenterl’ensembledescourants. Danscelivre,l’objectifn’estpasdeprivilégieruncourantdepenséepar rapportàunautre.Sic’estdavantageunepenséeinfluencéeparKeynes quiseraprésentée,cen’estpaslerésultatd’unchoixpersonnelmaisla volontédesuivrelesenseignementsdonnésauxétudiants. L’objectifn’estpasnonplusd’avoiruneapprocheuniquementmodéli- sée(mathématique)delamacroéconomieni,àl’opposé,uneapproche intégralementlittéraire,maisunmixtedecesdeuxapproches.Monsouci estégalementderapprocher,dumoinsdenepasdissocier,lathéorieéco- nomiquedeladémarcheempirique.Ainsi,pourchaqueconceptétudié, j’essaie,danslamesuredupossible,deleconfronteràlaréalitéécono- mique(laréalitédeschiffres).Untelrapprochementpermetauxétu- diantsdecomprendrequelamacroéconomien’étudiepasdesphéno- mènesabstraits(bienaucontraire!)etdemieuxassimilerlesconcepts étudiés3. 3 Sinousdevionsrésumerdemanièretrèssimple,pournepasdirevulgaire,leschoses: mettredeschiffresàlaplacedeslettresesttoujours«plusconcretetparlant »pourpré- senteretfairecomprendreunconceptmacroéconomique. 12 M acroéconomie 1.2 Les outils utilisés Danscemanueluncertainnombred’outilssontmisàladispositiondes étudiants. Toutd’abordlamodélisationestintroduiteprogressivement.Avantde modéliserunphénomènemacroéconomique,ilestprésentéetdiscuté. Àchaquefoisqu’unconceptmathématiqueestutilisé,ilestdéfinide manièregénérale(propriétés,etc.)puisappliquéauconceptmacroéco- nomiqueétudié. Ensuite,desexemplesconcrets,essentiellementconsacrésàdesdonnées françaisespermettentd’illustrerlesconceptsétudiés.Lorsquecelaest possible,enfonctiondeladisponibilitédesdonnées,desexemplesau niveaueuropéen,voiremondial,sontégalementprésentés. Enfin,desréférencessontfourniestoutaulongdutexteafinquelesétu- diantspuissentsoitcompléterleursconnaissances,soit,s’ilslesouhai- tent,approfondircertainsconcepts. 1.3 La structure du livre L’ouvragecomporte9chapitres.Ilssontorganisésdemanièreimbriquée. Ainsi,ladifficultévacrescendo etl’étudedesdifférentschapitresvaper- mettred’arriveràunobjectiffinal:l’équilibremacroéconomiquedecourt terme.Cetouvragenetraitepaslacroissanceéconomiqueàlongterme.Il étudieuniquementlesfluctuationséconomiquesdanslecourtterme. Leschapitres1et2constituentunepartieintroductivepuisqu’ilsdéfinis- sentlamacroéconomieetprésententsesconceptsfondamentaux. Lechapitre3estunepartieenlui-mêmecarilestconsacréàlacompta- biliténationale.Ilouvreladeuxièmepartiedulivre. Leschapitres4à9constituentlatroisièmepartiedulivrequianalyse l’économiedanslecourtterme.Cequel’onappellel’analysedesfluctua- tionséconomiques. Leschapitres4(laconsommation),5(l’investissement)et6(lerôlede l’État)sontrelatifsàlasphèrediteréelle.Lechapitre7constitueune © Dunod.Toutereproductionnonautoriséeestundélit. 13 Présentation synthèsedeces3chapitrespuisqu’ilprésentelemodèlekeynésiensim- plifié.Lechapitre8estrelatifàlasphèreditemonétaire. Enfin,lechapitre9définitl’équilibremacroéconomiquedecourte période4.Ils’agitdumodèleIS-LM.Cechapitreest«lebouquetfinal » del’ouvragepuisqu’ilréunit,grâceàcemodèle,lessphèresréelleet monétaire. 2 Conception et utilisation du livre Celivreestlefruitd’unenseignementdelamacroéconomiedispensépar l’auteuràl’universitéPierreMendès-France(GrenobleII).Ils’adresse principalementauxétudiantsdeLicencedeSciencesÉconomiques, Gestion,MASSainsiqu’àceuxdesIEPetdesIAE.Ilseraégalementutile auxétudiantsdetousniveauxetissusdefilièresvariéespourreprendre(ou apprendre)lesconceptsfondamentauxnécessairesdelamacroéconomie. Chaquechapitres’appuiesurdesdonnéesempiriquesrelatives,essentiel- lement,àl’économiefrançaise.Cesdonnéessontissuesdel’Insee. Lorsqu’elleestpossible,unecomparaisonavecd’autrespaysàl’échelle européenneoumondialeestentreprise.Lesdonnées,danscecas,vien- nentsoitdel’institutEurostat,soitdelabasededonnéesdel’OCDE. L’ensembledesdonnéesutiliséesdanscetouvragesonttéléchargeables surlesitedeséditionsDunod(www.dunod.com).Ainsi,lesétudiants peuventrefairelescalculsetgraphiques;ilspeuventégalementactualiser lesdonnéess’ilsledésirentet,parconséquent,disposerd’unebasede donnéesmacroéconomiquescomplèteetàjour.Unglossaire,enfrançais etenanglais,desprincipauxtermesmacroéconomiquesestégalement proposéenligne.Enfin,descompléments(graphiques,démonstrations, etc.)sontdisponiblessurlesitedeséditionsDunod(www.dunod.com). 4 Onpeutégalement,c’estd’ailleursletitreduchapitre,lenommer:l’équilibreécono- miqueglobalenéconomiefermée.Nousverronsaucoursduchapitre9pourquoinouspar- lonsd’unéquilibreglobaletnongénéral. Remerciements MonpremierremerciementestdestinéàJudithChouraqui,deséditions Dunod,pourm’avoirproposéceprojetmaisaussipoursonsoutien,ses encouragementsainsiquesesnombreusesrelecturestoutaulongde l’écrituredel’ouvrage. Jeremercieégalementl’ensembledespersonnesquim’ontaidéparleurs relectures,leursremarques,leursencouragements,aideetconseils(pré- cieux)toutaulongdel’écritureparmilesquelsVirginieCoudert,Jézabel Couppey-Soubeyran,ManonDominguesDosSantos,Jean-Baptiste Gossé,LaëtitiaGuilhot,PierreJoly,Jean-MarieLePage,FionaOttaviani, HélèneRaymondetGuillaumeVallet. Celivredoitégalementbeaucoupauxprofesseursquej’aieusdurantmes annéesd’étudiantauxuniversitésdeParisVIII-Saint-Denis,ParisIX- DauphineetParisI-PanthéonSorbonne.Ilsontcontribuéàmaforma- tionmaisaussiàcesoucidepédagogie,derigueuret,surtout,dene jamaisdissocierlathéorieéconomiquedel’évidenceempirique,queje souhaiteapporteràchacundemescours. Enfin,jeremerciemesétudiantsdontlesquestionsontcontribuéàla clartédecetouvrage. 14 M acroéconomie © Dunod.Toutereproductionnonautoriséeestundélit. 15 1 Introduction Déficitpublic,croissance,balancecourante,chômage,tauxd’intérêt, spread,tauxdechange,marchésfinanciers,etc.,touslesjours,àlatélé- vision,àlaradio,danslesjournaux,nousentendonsparlerdeces conceptscomplexes.L’objetdelamacroéconomieestprécisémentd’y mettredel’ordrepourencomprendrelescausesetleseffets. Lamacroéconomie,àladifférencedelamicroéconomie,estune approcheglobaledel’économie1.Ellenesepréoccupepasdesdétails concernantlesindividus,elleétudiel’économiedanssonensemble.Elle raisonneàpartirdequantitésagrégées,c’est-à-direglobales,dansles- quelleslesindividussontregroupésencatégorieshomogènes.L’objectif delamacroéconomievaêtrededéfinirpuisd’analyserdesproblèmes globaux,lescaractéristiquesglobalesd’uneéconomie,telsquelacrois- sance,lechômage,l’inflationoulespolitiqueséconomiques. 1 Qu’est-ce que la macroéconomie ? Mots-clés Macroéconomie,modèle,analysepositive,analysenormative. 1 D’unpointdevueétymologique,letermemacrovientdugrecmakros quisignifiegrand. 16 M acroéconomie Maisau-delàdecesexplications,lamacroéconomienousestdirectement utile,quenoussoyonsétudiants,enseignantsoumêmetoutepersonne quin’étudieoun’enseignepasl’économie.Ellepermetdecomprendre desphénomènesconcretspourlesquelsnouspouvonstousavoiruninté- rêt.Àtitred’exemple,lamacroéconomiepermetd’expliquer: lesprogrammeséconomiquesproposésparlespartispolitiquesàla veilledesélections; lesdécisionsdesentreprisesenmatièredelicenciementouderecrute- ment; lesdécisionsdel’Étatsurl’augmentationouladiminutiondesimpôts et/oudesdépensespubliques; l’impactd’uneréformedelafiscalité; l’évolutiondesmarchésfinancierssuiteàlapublicationdestatistiques économiquesouaudiscoursd’unebanquecentrale; etc. Sinouspouvonsraisonnablementdaterl’émergencedel’économie moderneaveclaparutiondel’ouvraged’AdamSmith,Recherchessurla natureetlescausesdelarichessedesnations,en17761,lamacroéconomie peutêtreconsidéréecommeunebranchedel’économierelativement « jeune ».Eneffet,jusqu’àlaGrandeDépressiondesannées1930,l’étude del’économies’effectuaitàtraversuneconceptiongénéraledel’écono- miedéfinieparl’écoleClassique2.L’analysedel’économieparles Classiquesreposesuruneapprochemicroéconomiqueentermed’équi- libredemarché,oùl’interventiondel’Étatestnonseulementinutilemais aussietsurtoutnéfastepuisquelesmarchésonttendanceàs’autoréguler. L’économieestalorsanalyséecommeunsystèmedemarchésinterdé- pendantsdontl’équilibresefaitdemanièreharmonieuse.Onaboutit ainsiàunéquilibregénéral(c’est-à-diredel’ensembledesmarchésde l’économie)quiestégalementunoptimumcollectif. 1 NouspouvonségalementévoquerleTableauéconomique deFrançoisQuesnayquidéfinit lecircuitéconomiquedès1758. 2 LetermeClassique estutiliséausenslarge.Ilenglobelesauteursclassiques(Smith, Ricardo,etc.)etnéoclassiques(Jevons,Marshall,etc.). © Dunod.Toutereproductionnonautoriséeestundélit. 17 Qu’est-ce que la macroéconomie ? 1 Lacrisede1929etsesconséquencesdanslesannées1930vontfairevoler enéclatcetteconceptiongénéraledel’économie.C’estaveccettecriseet laparution,en1936,del’ouvragepharedeJohnMaynardKeynes, ThéorieGénéraledel’Emploi,del’IntérêtetdelaMonnaie,quevavérita- blementémergerlamacroéconomieetseforgerundiscoursdistinctau seindel’économie.Letermede«macroéconomie«estd’ailleursintro- duitdès1933parRagnarFrish1 et,depuissonémergencedanslesannées 1930,lamacroéconomieafaitl’objetdenombreuxdéveloppementsà traversdifférentscourantsdepensée. Aujourd’huiencore,aveclacrisequisecouel’économiemondialedepuis 2008,lamacroéconomiefaittoujoursl’objetd’approfondissementvoire denouvellesinvestigationspuisquelamacroéconomie,danssaforme actuelle,estremiseencausepournepasavoirsuprévoiretanalysercor- rectementlacriseinitiéesurlemarchédessubprimes2. Undesaspectsdelamacroéconomieestsarelation,parfoisambiguë, aveclapolitiqueéconomiquemiseenplaceparungouvernement. DepuisKeynes,denombreuxéconomistessontconvaincusqu’ungou- vernementanonseulementledroitmaisaussiledevoird’intervenirdans l’économieafindecorrigerlesdéfaillancesdumarché.Cependant, l’expériencedesannéespassées,miseàjourdanslesannées1970,amon- tréquelesgouvernementssontfaillibles.Aujourd’hui,deuxgrandes catégoriesd’économistess’affrontent:ceuxpourlesquelslegouverne- mentdoitinterveniretceuxpourlesquelssoninterventionestnuisible. L’objetn’estpasicidesavoirlaquelledesdeuxcatégoriesaraisonoutort, maisdecomprendrelesraisonsquiexpliquentl’adoptiondel’uneoul’autre decesdeuxpostures.Defait,lelienentrelamacroéconomieetlespolitiques publiquesnepeutêtreignoré.Eneffet,ilfautbienreconnaîtrequ’ungou- vernement,àl’approchedesélections,peutêtrejugéetdoncsanctionné– oureconduitànouveau–parlasituationéconomiquedanslaquellese trouvelepays.Cetteimprégnationdelapenséemacroéconomique dansle 1 RagnarFrischaobtenuleprixNobeld’économieen1969. 2 DansuneinterviewaujournalLesEchos,datéedu25juin2013,OlivierBlanchard,chef économisteduFondsmonétaireinternational,n’hésitepasàdirequelamacroéconomieest «cassée.Iln’yapasd’autrechoixquedelarebâtir ». 18 M acroéconomie champdespolitiquespubliquess’opèreégalementàtraverslesconseils queleséconomistespeuventproférerauxhommespolitiques.Ellepasse pardescommandesfaitesparleshommespolitiquesauxéconomistes (sousformederapportsparexemple)pourqueceux-cilivrentleurs expertisessurcertainssujets.Enfin,lesanalysesmacroéconomiquespeu- ventêtre,danscertainscas,instrumentaliséesparleshommespolitiques afindepoursuivredesobjectifsquidépassentoumêmecontredisent ceuxélaborésdanslecadrescientifique.Laposturedel’économistevis- à-visdelapolitiquen’estpasunivoque:ilpeutconseillerleshommes politiques,mettresonexpertiseàleurservice,appuyeroupourfendreles politiquesmenéesmaiségalementpeutvoirsestravauxservirdefaire valoiràcertainesfinspolitiques. 2 Objet et méthodologie de la macroéconomie 2.1 Distinction macroéconomie/microéconomie Lamicroéconomieetlamacroéconomiesontdeuxbranchesdel’écono- mie.Ellessontparailleurscomplémentaires. Tandisquelamicroéconomie analyselescomportementsetlesdécisions desindividus,lamacroéconomie s’intéresseàl’étudedescaractéristiques globalesd’uneéconomie.Plusprécisément,lamicroéconomies’intéres- seauxchoixdesagents(unconsommateurouunproducteur)quidoi- ventallouerdemanièreefficaceleursressourcesrespectivesainsiqu’à l’équilibredumarchésurlequelcesdeuxtypesd’agentserencontrent. Ainsi,lamicroéconomieva,parexemple,étudier: l’arbitrageentretravailetloisirpourunindividu; pourquoiunconsommateurpréfèrelestransportsencommunàla voiture; commentleproducteurutilisecapitalettravaildansunprocessusde production; etc. © Dunod.Toutereproductionnonautoriséeestundélit. 19 Qu’est-ce que la macroéconomie ? 1 Lamacroéconomie s’intéresseàl’étudedescaractéristiquesglobales d’uneéconomie.Elleinsistesurlesliensquiexistentdansl’ensemble dusystème.Sonraisonnementnesefaitpasauniveauindividuelmais global. Dèslors,lamacroéconomieva,parexemple,s’intéresserà: laconsommationglobaled’uneéconomie; lerevenuglobald’uneéconomie; laproductionglobaled’uneéconomie; etc. Enmacroéconomie,unagrégat estunegrandeurstatistiqueetsyn- thétique.Parexemple,lePIBestunagrégat,ilmesurelaproduction globale(enunitésmonétaires)d’uneéconomieàunedatedonnée. Cettemesures’effectuantchaqueannée,lemacroéconomistevadonc pouvoirconstituerunesériestatistique.Ainsi,ilvaêtrepossiblepour unmacroéconomisted’étudierlePIBdelaFranceentre1949et2012. Silamicroéconomieetlamacroéconomies’opposentparleurobjet,elles s’opposentégalementparlesposturesadoptées.Ainsi,lamicroéconomie reposesurl’individualismeméthodologique alorsquelamacroécono- miereposesurleholismeméthodologique.Cettedernièreapproche reposantsurl’idéequeletoutestdifférentdelasommedesparties. Silamicroéconomieconstituelefondementducomportementindivi- duel,lecomportementcollectifrésultededécisionsindividuellesprises sansconnaissancecomplètedesagissementsdesautres.C’estceque Keynesvadévelopperenparlantd’undéfautdecoordination.Dèslors, Keynesopposeàcetteapprochemicroéconomiqueundiscoursapriori strictementalternatifàl’approcheclassiquequivalégitimerl’interven- tiondel’Étatdanslarégulationdenoséconomies.Keynesmontrequele défautdecoordinationpeutconduireàdesdéséquilibresauseindel’éco- nomie.LadémarchedeKeynesconsidère«qu’onacommisdeserreurs gravesenétendantausystèmeprisdanssonensembledesconclusions quiavaientétécorrectementétabliesenconsidérationd’uneseulepartie dusystèmepriseisolément »(Keynes,1936). 20 M acroéconomie Lamacroéconomiequiémergedanslesannées1930apparaîtdonc commeunealternativeàlamicroéconomietellequ’elleaétédéveloppée parleséconomistesclassiques.Ellefutélaboréeessentiellementpar Keynesquiessayaitdecomprendrelesmécanismesquiavaientengendré lacrisede1929ettentaitd’yapporterdesréponsesconcrètes depolitiques économiques.Grâceàsestravaux,lamacroéconomievadésormais influencerleschoixdepolitiqueséconomiquesmêmesi,depuisles années1970,lamacroéconomieestungrandsujetdecontroversestant chezleséconomistesquechezleshommespolitiques. 2.2 Réalité et modèle : que veut-on expliquer ? ■ Variables endogènes et variables exogènes L’objetdelamacroéconomievaêtred’expliquerl’activitéglobale,lechô- mage,lesprix,lestauxd’intérêt,etc.L’explicationdecesphénomènesva doncfaireapparaîtredeuxtypesdevariables:lesvariablesendogèneset lesvariablesexogènes. Unevariable estdéfiniecommeunegrandeurouunequantitéqui peutprendren’importequellevaleuràl’intérieurd’undomainepréa- lablementdéfini.Ilnefautpasconfondreunevariableetunparamètre quiestuneconstantemaisdontlavaleurpeutvarierd’unproblèmeà unautre.Enmacroéconomie,unevariableestunegrandeur[synthé- tique]associéeauxagrégatsetàdescomportementscollectifs(PIB, consommation,emploi,etc.).Cesvariablessontdoncanalysées lorsquel’onétudiel’économiesousunangleglobal.Toutaulongde cetouvrage,nousverrons(etnouslesdéfinirons)qu’ilexistedes variablesendogènesetexogènesetdesvariablesdefluxetdestocks. Lesvariablesendogènes sontlesvariablesquel’onchercheàexpliqueren termeséconomiques.Ils’agitdelavariableexpliquée(ouàexpliquer).Les variablesexogènes sontlesautresvariables,cellesquel’onnecherchepasà expliquer,maisquel’onprendcommeacquises,«données »,afind’expli- querlesvariablesendogènes.Ainsi,lavariableexogèneestlavariableexpli- cativedelavariableendogène.Autrementdit,lavariableexogèneestla © Dunod.Toutereproductionnonautoriséeestundélit. 21 Qu’est-ce que la macroéconomie ? 1 variableutiliséepourexpliquerlavariableendogène.Parexemple,le macroéconomistevachercheràexpliquercommentlerevenu(lavariable exogène)peutinfluencerlaconsommation(lavariableendogène). ■ La modélisation Pourexpliquerunphénomène,l’économistepeutavoirrecoursàla modélisation,c’est-à-direàl’élaborationd’unmodèleéconomique.En effet,ilestimpossibleetmêmeinutile,pourunéconomiste,dereprésen- terlaréalitééconomiquedanssesmoindresdétails.L’économistevaalors chercheràadopterunereprésentationsimplifiée[etnonsimpliste]dela réalitéautraversd’unmodèleéconomiquepermettantdemettreenévi- denceetd’expliquerlesliensentrelesdifférentesvariablesétudiées. Unmodèle estavanttoutuneséried’hypothèsesrelativesauxprinci- pauxdéterminantsducomportementd’unevariableetpermettant d’expliqueretdeprévoircelle-ci. Unmodèlepeutprendreuneformelittéraireou,cequiestleplussou- ventlecas,peutêtretraduitenuneformalisationmathématique.Le modèleestainsiconstituéd’unevariableendogène–égalementqualifiée devariableexpliquéeoumêmeencoredevariabledépendante–etd’une ouplusieursvariablesexogènes–égalementqualifiéedevariablesexpli- cativesoubienencoredevariablesindépendantes.Lemodèlevaalors établirdesrelationsdecausalitéentrelesvariablesexogènesetlavariable endogènecommelemontrelafigure1. Relation(s)decausalité Variableendogène Modèle Variable(s)exogène(s) Figure 1 – Le modèle Unefoislemodèleconstruit,l’économistechercheàexpliquerl’influence desvariablesexogènessurlavariableendogène.Mêmesilemodèle construitestunereprésentationsimplifiée,lemodèleprisdanssagloba- litépeutêtrecomplexepuisque,laplupartdutemps,lemodèlecontient ungrandnombredevariablesexogènes.Danscecas,l’économisteale plussouventrecoursàdeshypothèsesquipeuventparaîtrenon conformesàlaréalitémaisquisontnécessairespourparveniràisolerles différentescausesd’unmêmephénomène.Lanon-conformitéàlaréalité deshypothèsesn’estpasproblématiquecarlemodèleestjugéavanttout auregarddesaportéeexplicativeetprédictive. Exemple : la consommation des ménages Supposonsquenouscherchionsàexpliquerlaconsommationdes ménages.Nouspouvonspenserquecetteconsommationvaêtreinfluen- céeparlerevenudesménages,lesprixàlaconsommationainsiquele tauxdechômage.Bienentendu,nousl’étudieronsauchapitreconsacréà laconsommation,laconsommationdesménagespeutdépendred’autres paramètresquin’ontpasétéintégréspourlemomentàl’analyse. Sinousadoptonsuneformemathématiquedecemodèle,nousdispo- sonsdel’ossaturesuivante: Consommationdesménages =f(revenu,prix,chômage) (1) L’expression(1)nousindiquequelaconsommationdesménagesdépend durevenu,desprixàlaconsommationetdutauxdechômage.Lafonc- tionf () signifie«fonctiondetouteslesgrandeursrecensées(intégrées) entrelesparenthèses ».Letermefonctionindiqueiciquelaconsomma- tiondépend(estfonction)decesvariables(revenus,prix,chômage). Supposonsàprésentquenoussouhaitionsallégerl’écrituredel’expres- sion(1).Pourcela,nousallonsadopterlanotationsuivante.Laconsom- mationdesménagesserareprésentéeparC,lerevenudesménagesparY, lesprixàlaconsommationparP etletauxdechômageparu.Dèslors, l’expression(1)peuts’écrire: C = f (Y,P,u) (2) 22 M acroéconomie © Dunod.Toutereproductionnonautoriséeestundélit. 23 Qu’est-ce que la macroéconomie ? 1 Commentrendrecomptedel’évolutiondurevenudesménagessurleur consommation?Pourrépondreàcettequestion,l’économistevadevoir analyserlarelationentrelavariableY etlavariableC sousl’hypothèse quelesautresvariables,P etu,restentinchangées.Ilcherchedoncàiso- lerl’effetd’unevariableexogènesurlavariableendogène. Pourcela,l’économistevaposerl’hypothèsetouteschoseségales par ailleurs,ceterisparibus enlatin.Cettehypothèseestincontournableàpar- tirdumomentoùunphénomène,dansnotrecaslaconsommation,est expliquéparplusieursvariables.Cettehypothèsevapermettred’analyser, touràtour,l’influencedechacunedesvariablesexogènessurlavariable endogène.Dèslors,enposantcettehypothèse,l’économistevapouvoir étudiercommentlavariable«revenu«(Y) agitsurlavariable«consom- mation »(C),lesautresvariables,«prix »(P) et« tauxdechômage » (u),restantconstantes. Cettehypothèsetouteschoseségalesparailleursestbienplusimportante qu’ellen’yparaîtcarellereposesurlaséparationdesdifférentescauses d’unphénomène.Eneffet,nepasfairecettehypothèsenepermettraitpas d’isolerunevariableparrapportauxautrespourexpliquerunmême phénomène.Si,danslessciencesphysiquesouchimiques,letestscienti- fiqueestrelativement«aisé »àréaliser,iln’envapasdemêmedansles scienceséconomiquesengénéraletdanslamacroéconomieenparticu- lier.Letest,enmacroéconomie,s’effectue«grandeurnature »;lelabo- ratoirecorrespondaumonderéel!Parailleurs,lesystèmequel’onétu- die,lasociété,l’économienationale,estextrêmementcomplexeetpos- sèdeplusieursdizainesdemilliersdevariables.Ilestdonctrèsdifficile d’isoleruneseulevariableparrapportauxautresetd’êtrecertainquele résultatquel’oncroitavoirdégagén’estpasdûaufaitqu’uneautre variablesoitsubrepticementvenueperturberl’observation.Dèslors, l’hypothèseceterisparibus vapermettred’isolerlesvariableslesunespar rapportauxautresafindedéterminerleurinfluencerespectivesurle phénomèneétudié.Bienentendu,sil’hypothèseceterisparibus peut apparaîtresimple,elledoitêtreutiliséeavecprécautionetàbonescient afinqu’ellegardetoutsonsensetqu’ellenedeviennepasuneéchappa- toirenimêmeunehypothèsesimplistedoncvidedesens. 2.3 Analyse positive et normative L’économiepositiveetl’économienormativesontdeuxbranchesde l’économieetellessontàlasourcedudébatéconomique. L’économiepositive définitlemondetelqu’ilest. Elleatraitauxexplicationsobjectivesouscientifiquesdufonctionne- mentdel’économie.Sonbutestdoncd’établirdesliensentrecertains faitssansaucunjugementdevaleur.Danscecas,l’économisteespèreagir commeunscientifiquerigoureuxet« dépassionné ».Danscecadre, l’objectifdel’économisteestd’essayerdecomprendrelefonctionnement del’économieetdumondeengénéraldanslaréalité. L’économienormative définitlemondetelqu’ildevraitêtre. Ellefournitdesprescriptionsourecommandationsfondéessurdesjuge- mentsdevaleurspersonnels.L’économienormativevadoncplusloin quel’économiepositive.Danscecas,l’économisteestinfluencésoitpar sesorientationspolitiquessoitparsesconvictionsthéoriques.Cette démarchenepeutdoncéviterlesjugementsdevaleurs.Àtitred’exemple, leconseilleréconomiqued’unministreauratendanceàdire:« pour influencertellevariable,ilfautagirdetellemanière ». 24 M acroéconomie © Dunod.Toutereproductionnonautoriséeestundélit. 25 1 Introduction Pourrépondreauxgrandesquestionsmacroéconomiques(cf.chapitre 1),lemacroéconomisteutiliselathéorieetl’observation.L’observation consisteenlacollectedestatistiquesquivontluipermettredevaliderou nonunethéorie,danslechampdespécialitéqu’ilétudie(marchédutra- vail,marchésfinanciers,etc.). Cechapitreprésentelestroisprincipalesvariablesmacroéconomiques: leproduitintérieurbrut(PIB),lesindicesdeprix(àlaconsommationet ledéflateurduPIB)etletauxdechômage.Lorsquenouslisonsunrap- portéconomique(del’OCDE,duFMIoudelaDirectiongénéraledu Trésor),cesontcestroispremiersindicateursquifontl’objetd’étudeset d’analysesstatistiques. 2 Les concepts fondamentaux de la macroéconomie Mots-clés PIBréel,PIBnominal,tauxdecroissance,inflation,chômage. 26 M acroéconomie 2 La principale variable de la macroéconomie : le produit intérieur brut 2.1 Définition Leproduitintérieurbrut (PIB)mesurelaproductionglobaled’uneéco- nomie,c’est-à-direl’ensembledesrichessescréées.LePIBestcalculé pourunezonegéographiquedonnée(leplussouventunpays,maisaussi unerégion,ouungroupedepays)etpourunepériodedetempsprécise (généralementl’annéeouletrimestre).CettedéfinitionduPIBs’appuie surlesprincipesélaborésparlacomptabiliténationalequenousétudie- ronsdanslechapitre3.LePIBnedoitpasêtreconfonduaveclePNBqui correspondauproduitnationalbrut. ■ PIB et PNB LePIBmesurelarichessecrééeaucoursd’unepériodedetemps(géné- ralementl’année)parl’ensembledesproducteursrésidentsdanslepays étudié,quellequesoitlanationalitédesproducteurs.LePNBmesure, quantàlui,larichessecrééeaucoursd’unepériodedetempsparlespro- ducteursnationaux,quelquesoitl’endroitoùilsrésident. Ainsi,laproductiond’unproducteurfrançaisquirésideenItalieest comptabiliséedanslePIBdel’ItalieetnondansceluidelaFrance.En revanche,saproductionestintégréedanslePNBdelaFranceetnondans celuidel’Italie. ■ Mesure du PIB IlexistetroisfaçonspourdéfinirlePIBd’uneéconomie. 1. LePIBestlavaleur(eneuros,endollars,etc.)desbiensetservices «finaux »produitsdansl’économiepourunepériodedonnée. 2. LePIBcorrespondàlasommedesvaleursajoutéesgénéréesdans l’économiepourunepériodedonnée. © Dunod.Toutereproductionnonautoriséeestundélit. 27 Les concepts fondamentaux de la macroéconomie 2 3. LePIBestlasommedesrevenusdesfacteursissusdel’activitéet distribuésdansl’économiepourunepériodedonnée. Lesdéfinitions1et2définissentlePIBsousl’angledelaproductionalors queladéfinition3l’abordesousl’angledesrevenusquiluisontassociés. 2.2 PIB réel et PIB nominal AvantdedéfinirlesnotionsdePIBréeletdePIBnominal,ilnousfaut effectuerladistinctionentrevariableréelleetvariablenominale. Unevariablenominale estunevariableexpriméeenmonnaiecou- rante,c’est-à-direeneuro,endollar,enyen,etc.,del’annéeencours. Unevariableréelle estunevariablenominaledelaquelleonaretiré l’influencedesprix. LePIBnominal mesurelePIBauxprixdel’annéeencours,c’est-à- direauxprixquiprévalentlorsquelesbiensetlesservicessontpro- duits. LePIBnominalseraégalementappeléPIBenvaleurouPIBeneuros courants.CettemesureduPIBtientcomptedel’évolutiondesprixdes biensfinaux,c’est-à-direl’inflation. LePIBréel,égalementappeléPIBenvolumeouPIBeneuros constants,estmesuréauxprixd’uneannéeditederéférence(oude base). Ainsi,toutaccroissementduPIBréelcorresponduniquementàuneaug- mentationdesquantitésproduites(ils’agitalorsd’uneprogressionen volume). Exemple : PIB nominal et réel de la France en 2012 En2012,lePIBnominaldelaFranceestévaluéà2032,3milliards d’euros(Mds€)contreseulement46,3Mds€ en1960.Est-cequelapro- ductionaétémultipliéepar43,9entrecesdeuxdates?Laréponseest 28 M acroéconomie bienévidemmentnégative.Eneffet,lePIBnominalcorrespondàla sommedesquantitésdesbiensfinauxproduitsmultipliésparleurprix courant.L’augmentationduPIBnominalde46,3Mds€ en1960à 2032,3 Mds€ en2012résultededeuxéléments: l’augmentationdesquantitésproduitesdebiensfinaux; l’augmentationdesprixdesbiensfinaux; Cesdeuxexplicationspeuventégalementsecombiner.Ilfautdonc,pourréelle- ment mesurerl’évolutiondelaproduction,isolerl’augmentationdesprix.C’est pourquoinousraisonnonsàpartirduPIBréelquicorrespondàlasommedes quantitésdesbiensfinauxproduitsmultipliésparunprixconstant,c’est-à-dire parunprixquicorrespondàuneannéedebase(deréférence).Ainsi,lorsquele PIBréeldelaFrancepassede413,4 Mds€en1960à1808,8Mds€en2012(en retenantl’année2005commeannéedebase),noussommesassurésquel’effet desprixaétééliminéetque,parconséquent,laproductiondebiens(lesquan- titésproduites)aétémultipliéepar4,4entrecesdeuxdates. Lafigure1présentel’évolutiondesPIBnominaletréelpourlaFrance depuis1960. 0 500 1000 1500 2000 2500 1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 PIBréel PIBnominal Figure 1 – Évolution des PIB réel et nominal de la France depuis 1960 (en Mds€) Source:Insee(base2005). Note:pourl’annéedebase,2005,lePIBnominaletlePIBréelsontégaux. © Dunod.Toutereproductionnonautoriséeestundélit. 29 Les concepts fondamentaux de la macroéconomie 2 Parconstruction,lesdeuxPIBsontégauxen2005puisqu’ils’agitactuel- lementdel’annéederéférencepourl’Insee. LetauxdecroissanceduPIB Pourl’année2012,letauxdecroissanceduPIBsecalculedelamanière suivante: PI B2012 PI B2011 1 × 100 (1) Ainsi,letauxdecroissanceduPIBnominalaétéde+ 1,5%tandisque celuiduPIBréelaétéde+ 0,0%.D’unemanièregénérale,letauxde croissanceduPIBpourl’annéet faitréférenceautauxdecroissancedu PIBentrelesdatest 1 ett.SinousnotonsY lePIB,sontauxdecrois- sancevaut: Yt Yt1 1 × 100 ⇐ ⇒ Yt Yt1 Yt1 × 100 (2) Lespériodesoùletauxdecroissanceestpositifsontappeléesdespériodes d’expansiontandisquelespériodesoùletauxdecroissanceestnégatif sontappeléesdespériodesderécession1. LedéflateurduPIB Commenousl’avonsmontré,ilexisteunedifférenceentrePIBnominal etPIBréel.CettedifférenceentrePIBnominaletPIBréelmesurel’évo- lutiondesprix. LedéflateurduPIB estuninstrumentdemesureduniveaudesprix. IlsedéfinitcommeleratioentrelePIBnominaletlePIBréel: DéflateurduPIB = PIB nominal PIB r´ eel (3) 1 Ausenstechnique,larécessioncorrespondàunesituationoùletauxdecroissanceduPIB estnégatifpendantaumoinsdeuxtrimestres. 30 M acroéconomie SinousnotonsledéflateurP,lePIBnominalYn etlePIBréelYr,nous pouvonsréécrirelarelation(3)delamanièresuivante: P = Yn Yr ⇐ ⇒Yn = P × Yr (4) Decetterelation,nouspouvonsdirequelePIBnominalestégalauPIB réelmultipliéparledéflateurduPIB. Letableau1présente,depuis1995,lesdonnéesdePIBnominaletréel ainsiquel’indiceduprixduPIB(ledéflateurduPIB).Nousconstatons quelaformule(4)estvérifiée. Année PIB réel PIB nominal Indice de prix du PIB 1995 1387,6 1196,2 86,2 1996 1402,4 1226,6 87,5 1997 1433,1 1264,8 88,3 1998 1481,5 1321,1 89,2 1999 1530,2 1367,0 89,3 2000 1586,6 1439,6 90,7 2001 1615,7 1495,6 92,6 2002 1630,7 1542,9 94,6 2003 1645,4 1587,9 uploads/Finance/ aide-memoire-macroeconomie-by-cyriac-guillaumin 1 .pdf
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- Publié le Mai 13, 2021
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