Annexe 7/Développement local VALORISATION DES EXPÉRIENCES DE DÉVELOPPEMENT LOCA

Annexe 7/Développement local VALORISATION DES EXPÉRIENCES DE DÉVELOPPEMENT LOCAL EN HAÏTI ANNEXE 7 DÉVELOPPEMENT LOCAL Groupe de recherche en administration publique et management international (GRAP) / Chaire J.W. McConnell de développement local Directeur de la recherche : Jacques Gagnon Chercheur principal : Paul Prévost Coordonnatrice de la recherche : Caroline Perron Chercheurs : Ian Asselin Dicko Baldé Brigitte Dibi Isabelle Drainville Richard Fréchette Sylvie Laliberté Pierre Turcotte Chakda Yorn Faculté d’administration Université de Sherbrooke Septembre 2003 GRAP/Chaire J.W. McConnell de développement local Annexe 7/Développement local TABLE DES MATIÈRES INTRODUCTION...............................................................................................................................1 1. QUELQUES MODÈLES GÉNÉRAUX DE DÉVELOPPEMENT...........................................1 2. LES FONDEMENTS DU DÉVELOPPEMENT LOCAL........................................................8 3. LE DÉVELOPPEMENT LOCAL AUJOURD’HUI..............................................................17 4. LE DÉVELOPPEMENT LOCAL CONTIENT DE NOMBREUX INTANGIBLES..................26 5. SYNTHÈSE GLOBALE DU DÉVELOPPEMENT LOCAL .................................................28 6. BRÈVE ANALYSE COMPARÉE DU DÉVELOPPEMENT LOCAL....................................31 7. LE DÉVELOPPEMENT LOCAL EN CONTEXTE HAÏTIEN...............................................38 BIBLIOGRAPHIE ...........................................................................................................................42 GRAP/Chaire J.W. McConnell de développement local page i Annexe 7/Développement local INTRODUCTION Une revue de littérature est constamment en évolution. Il est aussi difficile d’articuler le savoir dans un document car le développement local est un concept éclaté, interdisciplinaire et multidimensionnel. Dans cette synthèse, nous proposons de traiter le développement local sous plusieurs points. Le premier point est de présenter le développement local dans une perspective plus large des modèles de développement. Il s’agit des modèles : libéraux, indépendances nationales, néolibéralismes (ou les programmes d’ajustement structurel) et développement durable. Le deuxième point tente d’offrir une évolution du concept du développement local en trois grandes périodes : le local traditionnel qui est assimilé au développement régional; le développement local de contestation qui invite à voir le développement comme un processus de bas vers le haut; le développement local nouveau qui est reconnu depuis les années 1980. Le troisième point montre que le développement local peut être vu sous deux pôles (communautaire, économique) et trois logiques (acteur, réseaux, développement). Le quatrième point souligne le caractère intangible du développement local où nous présentons les facteurs de succès. Le cinquième point offre une synthèse du développement local en des façons de voir et faire le développement local. Enfin, les deux derniers points mettent l’accent sur le développement local à l’international d’abord (sixième point) et ensuite, le développement local spécifique à Haïti (septième point). 1. QUELQUES MODÈLES GÉNÉRAUX DE DÉVELOPPEMENT Pour comprendre l’émergence du développement local, nous proposons une brève incursion historique. Dans les pays pauvres ou riches, plusieurs modèles ont été mis en évidence durant le 20ème siècle (Massiah, 2000) : modèle de la régulation fordiste, modèle des indépendances nationales, modèle de l’ajustement structurel, modèle du développement durable. Chaque modèle contient son cortège de théories qui le supportent ou qui le critiquent. Chaque modèle est aussi une critique du modèle précédent. Un modèle tend à être hégémonique. Nous les présentons brièvement afin de situer le développement local. 1. Le modèle de la régulation fordiste constitue le modèle de référence. Selon Dockès (1993, p. 491), il faut distinguer « le fordisme micro-économique, présent surtout dans certains secteurs, et le fordisme macroéconomique, dominant surtout dans certaines nations ou régions du monde ». C’est surtout ce dernier dont nous parlons ici. Il s’agit du libéralisme avec la présence de l’État. Il émerge à partir de 1945. Il s’agit d’un modèle de croissance et de modernité construit autour du cercle vertueux (Massiah, 2000) : progrès économique, progrès social, progrès politique. La base de ce progrès est la croissance de la productivité et le plein emploi décrit comme : « les gains de productivité retirés des méthodes de production et de la standardisation du produit sont répercutés sur les prix permettant l’extension du marché et de nouvelles économies d’échelle » (Dockès, 1993, p. 493). Le salariat devient la forme de régulation sociale. Henri Ford a défini ce compromis social : les ouvriers acceptent le contrôle hiérarchique en échange de salaire et d’une croissance de la productivité. En gestion, cela coïncide avec le taylorisme et la division scientifique du travail. Les GRAP/Chaire J.W. McConnell de développement local page 1 Annexe 7/Développement local organisations sont qualifiées de mécanistes par Max Weber dans les années 1920. C’est la notion d’État-providence des trente années glorieuses (Lévesque, 1999). Il constitue le modèle de référence. Il se répand à partir de 1945 jusqu’en 1975. Favreau et Lévesque (1999, p. 6) étiquettent cette période de « société salariale et providentialiste ». Bref, la recette du fordisme pour Maillat (1996, p. 75) : « Il s’agissait essentiellement de produire de manière efficace et en plus grande quantité pour les marchés en croissance ». Cette période voit aussi l’écho de la voix puissante de John Maynard Keynes (1936) qui met en évidence le rôle important de l’État. Avant Keynes, l’État est perçu depuis Adam Smith et les mercantilistes comme un ennemi à la libre expression des intérêts individuels. Keynes a souligné l’importance sur le rôle de la demande effective et des investissements. Keynes met en difficulté la théorie classique de l’équilibre optimal entre la demande et la production. La Grande Dépression lui donne raison car celle-ci montre « qu’il pouvait avoir persistance du chômage et persistance de la dépression générale » (Galbraith, 1995 p. 94). Cette thèse fondamentale de John Maynard Keynes stipule qu’il pouvait exister un équilibre durable du sous-équilibre. La deuxième thèse découle de la première. Keynes soutenait que le déficit pouvait être un facteur de croissance. Il allait ainsi contre l’orthodoxie fondamentale de l’équilibre budgétaire. L’État pouvait intervenir en finançant ses investissements par le déficit. L’État a un rôle prépondérant dans la croissance en intervenant dans les facteurs du keynésianisme : production, emplois, revenus, consommation, épargne, demande globale. L’État doit établir les politiques économiques cohérentes afin de trouver un emploi pour tous et protéger la démocratie. Puis, plusieurs chocs de grande ampleur viennent secouer les acquis de l’Occident et de l’Amérique : chocs pétroliers, crises monétaires, dérive inflationniste résultant de la perte de contrôle sur la spirale prix- salaire, politiques déflationnistes et concurrence technologique plus accélérée. Ainsi, « le cercle vertueux devient un cercle vicieux » (Demazière, 1996, p. 13). L’éclatement de la société salariale et providentialiste mène au dualisme et à l’exclusion sociale (Favreau et Lévesque, 1999). Le dualisme indique qu’il y a ceux qui sont à l’intérieur de la société salariale et ceux qui sont à l’extérieur, les exclus. Ce qui fait une société « cassée en deux » (Conseil des affaires sociales, 1989 dans Favreau et Lévesque, 1999, p. 8). Le toyotisme va graduellement remplacer le fordisme comme mode de production industrielle. 2. Le modèle de développement des indépendances nationales est particulièrement illustratif des pays pauvres. Il émerge dans le contexte de la décolonisation des années 1960 et 1970. La décolonisation est une conséquence de la Deuxième Guerre. Dans la pensée courante, ce changement avait deux raisons : la sagesse des colonisateurs de laisser partir leurs frères et la pression vive et trop coûteuse à résister. Si tout cela est vrai, Galbraith (1995) indique une troisième raison plus fondamentale. L’intérêt de la décolonisation réside dans le désintérêt économique. Si les colonies ont longtemps servi à enrichir les colonisateurs, ce n’est plus le cas. Le moteur du bien-être économique se trouve maintenant à l’intérieur des pays riches et entre eux. GRAP/Chaire J.W. McConnell de développement local page 2 Annexe 7/Développement local Le point de vue du modèle des indépendances nationales estime au contraire que le départ des colonisateurs n’arrête pas la poursuite de l’impérialisme. Le capitaliste est devenu monopoliste et exploite les pays pauvres. Ainsi, « les économies du tiers- monde ne sont plus des économies sous-développées en soi, mais des économies capitalistes périphériques » (Courlet, 2001, p. 19). Une telle analyse repose sur les rapports sociaux et les hiérarchies spatiales. Cette théorie de la dépendance des économistes néo-marxistes prône l’idée que : L’industrialisation en économie capitaliste sous-développée s’accompagne de la concentration des revenus au détriment des salaires et la baisse de la part des salaires est d’autant plus accentuée que l’industrie est plus dynamique. Cela parce que les salaires augmentent moins vite que la productivité (en raison de l’importation des technologies des pays développés). (Courlet, 2001, p. 19) Donc, pour se développer, il ne faut compter que sur soi-même. On rejette le modèle centre-périphérie (pôle de croissance que nous décrirons plus loin) assimilé à l’exploitation coloniale et néo-coloniale (Scott, 2001). Les fondements reposent sur (Massiah, 2000) : les industries lourdes; la réforme agraire; le contrôle et la valorisation des ressources naturelles; la substitution des importations et le développement du marché intérieur (développement auto-centré); les entreprises nationalisées; le contrôle du commerce extérieur. Comme le modèle fordiste, il exige aussi un État puissant. L'affinité avec le modèle des indépendances nationales des pays nouvellement souverains est compréhensible. L’analyse néo-marxiste évoque la théorie de la dépendance des pays du sud face aux pays du nord. Cette dépendance bloque le développement des pays pauvres (Amin, 1973; Emmanuel, 1969; Cordoso et Faletto, 1978). Les blocages sont : liens post-impérialistes qui poursuivent la dépendance; les échanges défavorables au sud; la crise de l’endettement face aux institutions de Bretton Woods; la nouvelle classe riche qui contrôle la masse (Favreau et Fréchette, 2002, p. uploads/Finance/ annexe7-developpement-local-haiti.pdf

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  • Publié le Dec 26, 2022
  • Catégorie Business / Finance
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