L ’entreprise johannaise P. Baillargeon est une habituée de la relève d’entrepr
L ’entreprise johannaise P. Baillargeon est une habituée de la relève d’entreprise. Pascale et Philippe-Antoine sont devenus, en 2007, la quatrième génération de Baillargeon à œuvrer dans la compagnie familiale. Mais ce dernier transfert avait une touche spéciale: deux co-chefs. Il s’agit d’un mode de gestion plus rare parce qu’il implique que les deux personnes à la tête doivent travailler vers les mêmes buts. Des entreprises comme Power Corp et Research in Motion (RIM) l’utilisent toutefois. C’est une première pour P. Baillargeon, qui n’a eu qu’un seul dirigeant depuis sa création, il y a 75 ans. «C’est nous qui avons choisi ce type de direction, indique Pascale Baillargeon. Mon frère et moi avons effectué des tests psychométriques, et nous nous sommes aperçus que nous avions des qualités différentes et complémentaires.» Aucun des deux ne possédait toutes les qualités recherchées pour être directeur général, ajoute-t-elle, mais à deux, ils formaient le profil recherché. «Le consultant n’en revenait pas, mentionne Mme Baillargeon. Mais il nous a dit que les facteurs de succès de relève à deux étaient améliorés si les personnes ont été élevées sous un même toit.» PRÉPARATION Comme l’entreprise et son ancien directeur général, Pierre Baillargeon, ont déjà vécu un transfert d’entreprise, la prépara- tion à la relève était amorcée depuis longtemps. «Mon père est déjà passé à travers le processus, et c’était important pour lui de préparer tout cela, estime Pascale Baillargeon. Quand on grandissait, il voulait qu’on ait la possibilité de s’impliquer dans l’entreprise. Il nous a aussi donné le goût de le faire.» Dès l’adolescence de Pascale et Philippe-Antoine, des mécanismes juridiques et financiers sont mis en place dans l’éventualité où les enfants voudraient un jour reprendre le flambeau. Les deux co-chefs se sont entourés pour assurer une transition impeccable. Ils se sont adjoint les services d’un consultant extérieur pour obtenir une vision différente de l’entreprise. Ils ont également suivi des cours d’accompagnement à la relève, à raison d’une demi-journée par semaine, pendant près de trois ans. «Nous avons beaucoup parlé de notre vision de l’entreprise, explique Pascale Baillargeon. Nous avons regardé si nous voulions la transférer à nos enfants ou encore la revendre parce que ce n’est pas la même chose si nous la gérons pour la prochaine génération.» AILLEURS Avant de prendre les rênes de l’entreprise, les deux enfants de Pierre Baillargeon étaient partis travailler ailleurs. Pascale a complété des études en administration ainsi qu’en droit et a œuvré dans un bureau d’avocats montréalais. Philippe-Antoine a fait ses études en pharmacie. «Ces expériences sont, à mon avis, primordiales, soutient Mme Baillargeon. Cela permet de voir d’autres manières de faire les choses et apporte une nouvelle vision dans l’entreprise.» Elle avoue que les études de son frère en pharmacie sont loin d’être perdues dans une entreprise de construction. P. Baillargeon vend des produits comme du béton et de l’asphalte, qui sont chimiquement complexes. Ses connaissances en chimie sont forts utiles pour améliorer ces marchandises. LA PROCHAINE Maintenant que ce transfert d’entreprise a été réalisé avec succès, P. Baillargeon travaille déjà sur la prochaine relève. «J’emmène mes enfants sur les chantiers, dans les usines d’épuration, et je leur explique ce qu’on y fait, souligne Pascale Baillargeon. C’est important de leur donner le goût. Ce n’est pas très séduisant de construire des conduites d’aqueduc, alors il faut leur rendre ça intéressant. Surtout que je suis en compétition avec mon conjoint, qui a son entreprise de marketing. On verra vers laquelle ils se dirigeront.» ■ LE CANADA FRANÇAIS - ÉCONOMIE - www.canadafrancais.com - LE JEUDI 17 JANVIER 2013 B-3 ÉCONOMIE L’ABC DU TRANSFERT D’ENTREPRISE CHARLES POULIN charles.poulin@tc.tc P . BAILLARGEON Une relève longuement planifiée L orsqu’Audrey Bogemans a annoncé à ses parents qu’elle se mariait avec Vincent Goudreault, elle a eu droit à une autre grande demande. Son père a proposé au couple de reprendre la ferme familiale. Ni Audrey ni Vincent ne se destinaient nécessairement à la production agricole. Vincent, mécanicien de métier, n’avait jamais travaillé sur une ferme. Audrey, ayant grandi dans ce milieu, avait un certain intérêt mais avait choisi d’étudier en gestion de commerce. «Lorsque nous sommes allés dire à mes parents que nous allions nous marier, en février 2011, ils m’ont dit Ça tombe bien, on voulait justement vous parler, raconte-t-elle. Ils nous ont avoué qu’ils aimeraient bien qu’on reprenne la ferme, qu’ils trouvaient que nous étions un couple à la hauteur.» Le couple a pris le temps d’y penser. Audrey avait un vif intérêt pour la gestion des prix et la mise en valeur des grains. Vincent, lui, pouvait s’occuper du côté technique et mécanique. «J’y ai pensé un peu, avoue Vincent. Je savais très bien que ce n’était pas le même nombre d’heures qu’un boulot habituel. Le mode de vie est aussi très différent.» Finalement, en s’apercevant de leur grande complémentarité, le couple a dit «oui» à la grande demande. AGRICULTURE Il ne leur restait qu’à maîtriser un petit point: cultiver la terre d’une grande culture de 500 hectares. La ferme de Saint- Sébastien produit du maïs, du soya et du blé. Le couple a eu la chance de pouvoir profiter de l’expérience d’André Bogemans et Madeleine St-Amant, qui sont encore aujourd’hui présents dans l’entreprise, ainsi que sur celle de Stéphane Alix, qui travaille sur la Ferme Bogemans depuis 30 ans. «Être agriculteur, ce n’est pas seulement conduire un tracteur dans un champ. Une terre, c’est comme une carte, image Vincent Goudreault. Pendant un an, j’ai fait le tour. Mon beau-père m’a fait connaître chaque parcelle pour savoir comment obtenir les meilleurs rendements.» Audrey et Vincent ont aussi suivi, en parallèle à leur nouveau travail quotidien, un DEP en grandes cultures au Centre des moissons de Beauharnois pour améliorer leurs connaissances dans ce domaine. TRANSFERT Pour s’assurer que le transfert se déroule sans nuire à l’entreprise, le couple a de plus suivi une formation avec Syneraction Management, une firme spécialisée en gestion de relève. «On a fait le tour de tous les spécialistes: notaire, comptable, fiscaliste, psychologue, ressources humaines…, indique Audrey Bogemans. Mes parents, Vincent et moi avons également passé des tests psychométriques pour apprendre comment travailler ensemble, mais aussi avec mes trois sœurs pour être sûrs qu’il n’y ait pas de froid avec le transfert. Cette aide a été très importante pour nous.» Ils ont également mis sur pied un «conseil de famille» qui se réunit une fois par année pour parler des volontés de tous par rapport à l’avenir de la ferme. Le but est de séparer l’entrepreneur, l’entreprise et la famille. Audrey Bogemans et Vincent Goudreault ont acquis jusqu’à maintenant 20% des actions de la ferme. Dans le plan de succession, le rachat des parts est planifié afin de ne pas amputer l’entreprise. André Bogemans et Madeleine St- Amant planifient travailler encore dix ans. «Ils le font par amour du métier, souligne Audrey Bogemans. Mais leur présence est plus du registre du mentorat que de la dictature. À chaque fois qu’il y a un contrat à terme pour le grain, mon père me dit C’est toi qui le sait, c’est ta business.» ■ Audrey Bogemans et Vincent Goudreault ont fait la tournée des spécialistes (notaire, fiscaliste, comptable, psychologue) pour s’assurer que le transfert de la ferme familiale de 500 hectares se déroule bien. (Photo Judith Charette) Philippe-Antoine et Pascale Baillargeon ont suivi des cours de préparation à la relève pendant près de trois ans. (Photo courtoisie) CHARLES POULIN charles.poulin@tc.tc FERME BOGEMANS Un mariage menant à un transfert de ferme uploads/Finance/ canadafrancais-17janvier2013.pdf
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- Publié le Dec 25, 2021
- Catégorie Business / Finance
- Langue French
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