© Nathan 2020. Histoire Term collection S. Cote CHAPITRE 1 – L’impact de la cri
© Nathan 2020. Histoire Term collection S. Cote CHAPITRE 1 – L’impact de la crise de 1929 : déséquilibres économiques et sociaux COURS 1. La crise de 1929, des États-Unis au reste du monde (p. 28-29) Quelles sont les causes et les manifestations de la crise de 1929 ? A - Les États-Unis, de la crise à la dépression 1. Une crise financière et bancaire d’une ampleur inédite Depuis la fin du XIXe siècle, les crises économiques surviennent avec une régularité remarquable (1873, 1882, 1900, 1907) et sont de plus en plus internationales à mesure que le capitalisme se mondialise. Ces crises de l’ère industrielle éclatent d’abord dans la sphère financière. Ainsi, en octobre 1929, le cours des actions à la Bourse de Wall Street entame une baisse qui connaît une première accélération le 24, le fameux « Jeudi noir ». Dans les jours suivants, une panique gagne le monde de la spéculation et les cours des actions s’effondrent. Le krach boursier entraîne très vite une crise bancaire : entre 1930 et 1932, près de 800 banques font faillite. Les entreprises ne peuvent alors plus recourir aux financements bancaires et se trouvent rapidement confrontées à des difficultés insurmontables. © Nathan 2020. Histoire Term collection S. Cote 2. Une propagation rapide à toute l’économie La crise conduit à une chute de la production industrielle, qui diminue de moitié entre 1929 et 1933. Les faillites touchent de nombreux secteurs et provoquent une montée inédite du chômage, qui passe de 1,4 à 12,6 millions de personnes entre 1929 et 1933. La crise se mue en une dépression dont les effets se font sentir durant toute la décennie 1930. Une grave crise affecte également le monde rural avec la baisse des prix des produits agricoles. Dans les États du Centre et du Midwest, des tempêtes de poussière – Dust Bowl – rendent les terres incultivables. Tandis que les petits paysans ruinés peinent à nourrir leur famille, de grands propriétaires brûlent les productions qu’ils ne veulent plus écouler sur les marchés tant les prix se sont effondrés. Si des pans entiers de l’économie américaine présentaient déjà des signes de difficulté à la fin des années 1920 – notamment l’agriculture et le textile –, le krach financier accélère le phénomène et provoque une grave crise économique n’épargnant aucun secteur. 3. La détresse des populations Chômage, misère et violences sociales sont le lot de millions d’Américains. Les femmes, les Noirs et les migrants sont les plus touchés par la crise. Dans le quartier de Harlem à New York, 10 000 familles vivent dans des caves infestées de rats et de poux. Retour de la tuberculose, recrudescence du crime et de la prostitution sont les signes de la détresse des populations. Partout dans le pays, des écoles, qui ne sont plus financées par les États, ferment leurs portes, poussant des millions d’enfants dans des situations d’errance. © Nathan 2020. Histoire Term collection S. Cote B - Les causes multiples de la crise 1. La théorie des cycles Élaborée au début du XXe siècle par le Russe Nikolaï Kondratiev et par l’Autrichien Joseph Schumpeter, la théorie des cycles a longtemps été une clé de lecture privilégiée afin d’expliquer le retour des crises et des dépressions. En vertu de cette théorie, le retournement de la conjoncture au début des années 1930 marquerait la fin du cycle d’innovation qui s’était ouvert dans les années 1890, en lien avec l’électricité, la chimie et l’industrie automobile. 2. D’autres facteurs explicatifs À la suite de John Meynard Keynes (1883-1946), certains économistes expliquent la crise par des déséquilibres entre l’offre et la demande. Dans les années 1920, les salaires stagnent (tandis que les profits s’emballent), la consommation progresse donc moins vite que l’offre, ce qui conduit à une crise de surproduction. Plus récemment, des économistes comme Milton Friedman ou Robert Lucas insistent sur le rôle des politiques fiscales et monétaires : la création monétaire, mal contrôlée dans les années 1920, aurait produit une bulle inflationniste qui aurait éclaté en octobre 1929. C - Des États-Unis au reste du monde 1. L’internationalisation de la crise Durant la décennie 1920, placée sous le signe de la prospérité, les États-Unis ont investi 4 600 millions de dollars en Europe. Le retrait de leurs capitaux à partir de © Nathan 2020. Histoire Term collection S. Cote 1929 déstabilise les économies européennes qui, à des rythmes différents, sont touchées par la crise et la dépression. Après une décennie de prospérité, l’Amérique latine, très dépendante des cours internationaux des matières premières, s’enfonce dans une crise qui a de lourdes conséquences sociales et politiques : révolutions, élections ou coups d’État portent des dictateurs au pouvoir. Seule l’URSS de Staline, qui reste largement à l’écart de la mondialisation et met en place une économie planifiée, semble épargnée par la crise. 2. Les conséquences politiques de la crise La rétraction de l’activité économique pousse des millions de personnes au chômage et provoque de fortes tensions politiques. Les classes populaires et surtout les classes moyennes appauvries se tournent vers des forces politiques hostiles à la démocratie. En France, la République est menacée par l’agitation de groupes d’extrême droite qui rendent le régime responsable de la situation. Face à ce risque, les gauches françaises s’unissent dans un Front populaire et remportent les élections en 1936. En Allemagne, la crise et la dépression précipitent la chute de la fragile République de Weimar née en 1918 ; le Parti nazi exploite habilement le mécontentement des populations pour conquérir le pouvoir (→ chapitre 2). © Nathan 2020. Histoire Term collection S. Cote POINT DE PASSAGE. Les conséquences de la crise de 1929 en Amérique latine (p. 30-31) Doc 2 p. 30 : Des économies d’exportation en difficulté Dans les années 1920, la surproduction menace l’économie de pays dépendants d’un très petit nombre de biens : le café représente, en 1929, 72 % des exportations brésiliennes, les nitrates 17 % des exportations chiliennes. En outre, des biens européens débarquent sur les marchés latino-américains […] déstabilisant les industries nationales. Des États se sont imprudemment endettés auprès de banques états-uniennes et, en 1928, la hausse des taux d’intérêt à New York accentue les difficultés. La crise de 1929 touche donc des économies fragiles et fait figure de cataclysme. La chute de la demande mondiale provoque un effondrement des exportations et des prix : de 1929 à 1932, le prix du café baisse de 45 %, celui du blé de 64 %, celui du sucre de 67 %. Les capitaux étrangers se font rares, les IDE (investissements directs étrangers) se retirent. Le chômage augmente et les salaires baissent. La crise de 1929 et ses prolongements constituent ainsi une rupture brutale et durable en matière d’insertion de l’Amérique latine dans l’économie mondiale : ne pouvant plus vendre et ne pouvant plus emprunter, elle ne peut plus acheter. [...] Le glissement vers des politiques de développement autocentré1 s’impose. A. Musset, J.-Y. Piboubès (dir.), Géopolitique des Amériques, Nathan, 2017. © Nathan 2020. Histoire Term collection S. Cote 1. Stratégie de développement reposant sur l’accroissement du marché intérieur pour assurer des débouchés aux industries nationales qui sont protégées par des barrières douanières. © Nathan 2020. Histoire Term collection S. Cote DOCUMENTS. 1929-1933 : les conséquences de la crise en Allemagne (p. 32-33) Doc 4 p. 33 : La montée des mécontentements et de l’antisémitisme Nos parents se plaignaient sans cesse de l’appauvrissement croissant de l’Allemagne… Nous entendions toujours les adultes parler de tel ou tel de leurs amis qui avait perdu son emploi et ne savait plus comment faire vivre sa famille. On comptait à la fin six millions de chômeurs. […] Mes parents imputaient tout cela aux réparations que l’Allemagne devait payer à ses anciens adversaires, ainsi qu’à la perte des zones industrielles allemandes1. On ne parlait pas, en revanche, des conséquences de la grande crise économique qui était durement ressentie partout, pas seulement en Allemagne, au début des années 1930. Tous nos maux venaient du désastre national de Versailles2. […] On entendait sans cesse répéter que l’une des raisons de ce triste état de choses était l’influence grandissante des Juifs. […] Les adultes nous enseignaient que les Juifs étaient mauvais, qu’ils faisaient cause commune avec les ennemis de l’Allemagne, etc. Mélita Maschmann, Ma jeunesse au service du nazisme, trad. Anny Rouffet, © Plon, 1964. 1. Au lendemain de la guerre, la France occupe la Rhénanie, riche région industrielle d’Allemagne. C’est l’une des clauses du traité de Versailles de 1919. 2. Nouvelle allusion au traité de Versailles, vécu par l’Allemagne comme une humiliation. © Nathan 2020. Histoire Term collection S. Cote DOCUMENTS. Le chômage en France dans les années 1930 (p. 34) Doc 1 p. 34 : Je suis fauché, chanson de Roland Toutain (1931) Bienheureux les gens qui ont des rentes1 ! Ma situation est différente Il me reste un ticket d’autobus, pas plus ! Et la vie pour moi est un rébus Je suis fauché, je suis fauché Voilà c’que c’est que d’être un débauché2 Je n’ai, j’vous l’dis, plus un radis3 Plus un uploads/Finance/ ch01-p022-textes.pdf
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- Publié le Fev 12, 2021
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