Le comportement des banques et la crise des crédits subprime : l’apport de la t
Le comportement des banques et la crise des crédits subprime : l’apport de la théorie de l’agence Introduction générale : Le système financier joue un rôle primordial dans le financement de l’économie. Les banques constituent le principal maillon de ce système. Je reprends la fameuse question de Coase : pourquoi la firme existe ? Pour dire, pourquoi la banque existe ? En effet, la banque sert d’intermédiaire entre les agents économiques ayant une capacité de financement ou un excédent financier et ceux ayant un besoin de financement ou un déficit financier. Ainsi, la banque existe pour réduire les coûts de transactions liés à la rencontre entre les épargnants et les investisseurs : coûts de la confrontation entre l’offre et la demande, coûts liés à la recherche des informations, choix des meilleurs placements, etc. T out système financier nécessite une régulation. En effet, l’Etat doit mettre en place un arsenal réglementaire pour empêcher les comportements opportunistes des banques et par la suite déclencher des crises financières. La relation entre les banques ou les marchés financiers, d'une part, et les Etats, d'autre part, s'apparente à la "relation d'agence" décrite par les économistes Jensen et Meckling dans les années 1970. Lors de la crise financière en 2008, l’Etat, en l’occurrence les E.U.A, avait embrassé la position de principal et les banques, celle de l’agent. Les banques détenaient des informations privées qui faisaient défaut à l’Etat. Les objectifs de l’Etat en tant que principal étaient clairs : chercher à préserver les avoirs des épargnants et les capacités futures à créer de la croissance en garantissant le bon fonctionnement du système financier. Dans un autre registre, la relation d’agence s’applique aussi à la relation entre les banques et les emprunteurs d’une part et avec les arrangeurs (organismes intervenant dans les opérations de titrisation) d’une autre part. Ces relations impliquent des asymétries d’information et donc des inefficiences de marché. Cette recherche a pour ambition d’apporter une réflexion théorique sur la responsabilité des banques dans l’éclatement de la crise financière aux Etats- Unis à la lumière de la problématique de la théorie d’agence. Dans cette recherche, on va supposer que les actionnaires et les dirigeants des banques n’entrent pas en conflit. Le mécanisme des stock-options incite les dirigeants à maximiser la valeur de la firme. Nous allons répondre à la problématique de cette recherche à travers deux parties : dans la première partie, on va essayer de présenter les points saillants de la théorie d’agence, et dans la deuxième partie, on va appliquer cette théorie afin d’analyser le comportement des banques et leur responsabilité dans le déclenchement de la crise financière en 2008 qui a par la suite secoué l’économie mondiale. Partie 1 : les fondements de la théorie de l’agence (voir l'article, la théorie de l'agence sur ce même blog) Partie 2 : Le comportement des banques et la crise des subprimes : l’apport de la théorie de l’agence La crise financière qui s’est déclenchée en août 2007 est exceptionnelle par son ampleur et déjà par ses conséquences économiques et sociales. Cette crise avait un effet domino en touchant même la sphère réelle de l’économie mondiale ; en effet, plusieurs secteurs ont souffert : l’automobile, le tourisme, etc. C’est la crise la plus grave depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Rétrospectivement, le krach de 1987, la crise asiatique de 1997 ou l’affaire Enron paraissent seconds en comparaison de ce qui se passe depuis le milieu de 2007. Le choc a été mal anticipé, par presque tout le monde, et surtout nous sommes passés de mauvaise surprise en mauvaise surprise, avec la faillite de Lehman Brothers en septembre 2008 et le scandale Madoff en décembre 2008. La crise financière est le résultat inéluctable de la crise des crédits subprime. Ces derniers se présentent comme suit : Les crédits subprime sont des crédits immobiliers proposés à des ménages américains ne présentant pas les garanties financières nécessaires pour accéder aux emprunts « normaux », dits « prime ». Il s’agit généralement de ménages qui ne peuvent apporter la preuve de revenus réguliers et suffisants, ou qui sont déjà endettés, ou encore qui ont des antécédents de défaut de paiement. Compte tenu du profil des emprunteurs, ces crédits présentent plusieurs spécificités par rapport aux emprunts normaux : les taux d’intérêt sont plus élevés : une clientèle peu solvable présente un risque plus important qu’une clientèle normale pour le prêteur, qui exige donc une rémunération plus élevée ; les remboursements s’échelonnent en moyenne sur une plus longue durée (vingt-cinq ou trente ans) ; dans de nombreux cas, les remboursements sont faibles les premières années puis s’alourdissent. Les établissements de crédit utilisent en effet pour séduire une clientèle fragile un système de taux d’intérêt promotionnel pendant quelques années (« teaser rate »), qui se transforme en un taux beaucoup plus élevé (et souvent variable) à la fin de la période de grâce. Ce type de crédit s’est abondamment développé aux États-Unis au cours de la dernière décennie : le montant des prêts subprime est ainsi passé de 35 milliards de dollars en 1994 à 600 milliards en 2006, soit 23 % de l’ensemble des émissions de prêts cette année-là et 10 % de la totalité de la dette hypothécaire américaine. Les crédits subprime concernaient en 2006 près de six millions de ménages. T rois raisons principales ont rendu possible leur multiplication : l’absence de règles protégeant les emprunteurs vulnérables aux États-Unis : dans un contexte de forte valorisation de l’accès à la propriété, de nombreux ménages se sont laissé séduire par ces formules de prêt attractives sans toujours avoir conscience des modalités réelles de remboursement ; le boom de l’immobilier : les prêteurs pouvaient compter sur la revente du bien immobilier en cas de défaut de paiement. Comme le prix des logements progressait fortement, ils pensaient pouvoir récupérer à coup sûr la somme due; le développement de la titrisation : les crédits subprime ont été fractionnés et incorporés à différents titres (d’où le terme de titrisation) et revendus sur les marchés financiers. Cette opération permet de partager les risques : si un ménage se retrouve dans l’incapacité de rembourser son emprunt, comme sa dette a été « partagée » entre de nombreux créanciers aux portefeuilles diversifiés, le défaut de paiement est presque indolore pour le créancier. En contrepartie, la titrisation dissémine le risque dans l’ensemble du système financier. Cela ne pose pas problème tant que les risques de défaut de paiement sont indépendants. Mais si ce n’est pas le cas, le scénario où de nombreux défauts de paiement se produisent simultanément et mettent en difficulté plusieurs institutions financières devient vraisemblable ; c’est précisément ce qui s’est produit pour la crise des subprimes : les capacités des ménages à rembourser leur emprunt étaient dépendantes les unes des autres car liées aux tendances du marché de l’immobilier. Dans cette partie, nous allons nous intéresser aux établissements de crédit et leur responsabilité dans le déclenchement de la crise des subprimes (les crédits hypothécaires à haut risque) qui est à l’origine de la crise financière. Pour effectuer cette étude, nous avons choisi la théorie de l’agence comme soubassement théorique pour analyser le rôle des banques dans cette crise à travers leurs relations avec : les autorités monétaires, les emprunteurs et les arrangeurs (organismes intervenant dans la cotation des crédits titrisés). I. La présence de comportement d’aléa moral en raison de la garantie implicite de l’intervention des autorités monétaires La banque n’est pas une activité comme les autres. Elle permet de financer toute l’économie réelle. En cela, les banquiers ont une responsabilité particulière, ce qui justifie qu’ils soient soumis à une régulation contraignante, et que personne ne puisse se décréter banquier sans avoir reçu l’aval des autorités de son pays. Les banques, dans le monde entier, sont des institutions aussi indispensables et constitutives d’une société organisée que ses organes de pouvoir politiques ou judiciaires. Quand ils sont menacés, il n’est pas d’autre choix que de les défendre, car c’est se protéger soi-même. Dans ce sens, on peut expliquer la crise des crédits subprime par les interactions entre les autorités monétaires, chargées de réguler le système à travers un ensemble de règles, et les banques censés respecter ces règles de conduite. Dans un autre volet, l’histoire économique nous renseigne qu’à chaque crise bancaire, l’Etat intervient pour sauver la situation. En effet, les banques américaines ont abusé de ce privilège pour faire tourner leur machine à crédit sans moindre prise de risque. Ainsi, Les banques, ayant conscience de l’intervention des autorités monétaires en cas de risque de contagion des défauts de paiement, sont incitées à des comportements d’aléa moral. Cette garantie implicite conjuguée à l’intensification de la concurrence au sein de la sphère bancaire et financière a largement poussé les opérateurs à l’excès de risque. La prévisibilité de l’intervention des autorités monétaires est fonction du comportement passé des autorités monétaires face aux risques de contagion. En l’occurrence, les décisions passées de la FED (sauvetage de LCTM en 1998 (Long T erm uploads/Finance/ theorie-d-x27-agence 1 .pdf
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- Publié le Aoû 04, 2022
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