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1 Devoir surveillé du 12 novembre (corrigé) Il n’y a pas de satisfaction qui, d’elle-même et comme de son propre mouvement, vienne à nous ; il faut qu’elle soit la satisfaction d’un désir. Le désir, en effet, la privation, est la condition préliminaire de toute jouissance. Or avec la satisfaction cesse le désir, et par conséquent la jouissance aussi. Donc la satisfaction, le contentement, ne sauraient être qu’une délivrance à l’égard d’une douleur, d’un besoin ; sous ce nom, il ne faut pas entendre en effet seulement la souffrance effective, visible, mais toute espèce de désir qui, par son importunité, trouble notre repos, et même cet ennui qui tue, qui nous fait de l’existence un fardeau. Arthur Schopenhauer 1. Rédigez l’introduction d’un commentaire de ce texte. [Je formule la question qui résume le problème abordé par l’auteur] Que faut-il entendre par les mots de « satisfaction » ou de « contentement » ? Quel est donc cet état auquel nous attribuons une si grande valeur ? Tel est le problème abordé dans ce texte. [Je résume la thèse principale = réponse au problème] La solution défendue par Schopenhauer, c’est que la satisfaction n’est rien d’autre que le fait d’être délivré d’un désir, entendu comme sentiment douloureux d’un manque. [J’explique comment le texte est construit] Cette thèse n’apparaît pas dès la première phrase de l’extrait : elle est la conclusion d’un raisonnement en trois temps. D’abord, Schopenhauer affirme que la satisfaction est le terme d’un désir, elle est nécessairement liée à lui. Ensuite, il affirme que la satisfaction, en mettant un terme au désir, met aussi un terme à la jouissance. Enfin, il conclut son raisonnement en disant que la satisfaction est ce qui nous délivre de la douleur, du besoin, et rien d’autre. Et pour que cette thèse soit bien claire, il explique ce qu’il faut entendre par ce terme de « douleur ». [Transition avec le développement] Maintenant que nous avons une idée globale de ce texte, tâchons de le comprendre en détail. Au cours de cette étude, nous nous attacherons à l’étude du problème sous-jacent au texte : peut-on réduire la satisfaction d’un désir à la fin d’une souffrance ? Nous nous demanderons en particulier si la thèse de Schopenhauer ne repose pas sur une conception discutable du désir. 2. Expliquez le raisonnement de Schopenhauer. La structure du raisonnement est assez classique. Il y a d’abord une première étape (parfois introduite par « en effet », mais ce n’est pas le cas ici) ; puis une deuxième (introduite par « or »), et enfin une conclusion (introduite par « donc ») qui est censée être la conséquence logique, nécessaire (inévitable), des deux premières étapes. Voyons maintenant quel est le contenu de ce raisonnement. Pour montrer que la satisfaction n’est rien d’autre que la fin du désir (entendu comme sentiment douloureux d’un manque), Schopenhauer doit d’abord poser la thèse que la satisfaction est la fin du désir. Cela veut dire qu’elle est la réalisation d’un désir, et en même temps la disparition de celui-ci. Pour rendre cela plausible, il affirme (en se référant sans doute à notre expérience) que la satisfaction ne peut pas venir toute seule, sans avoir été précédée par un désir. On pourrait évidemment objecter à Schopenhauer qu’il y a des surprises qui nous font plaisir. Par exemple, quelqu’un peut nous faire un cadeau auquel nous ne nous attendions pas. En ce cas, il semble bien que nous soyons satisfaits du cadeau alors même 2 que nous ne l’avions pas désiré. Cependant, Schopenhauer pourrait nous répliquer qu’il y a sans doute des désirs qui sont en nous inconsciemment, soit que nous n’en ayons jamais pris conscience, soit que nous les ayons oubliés. La personne qui nous offre le cadeau a – par hasard ou parce qu’elle nous connaît bien – deviné ce que nous désirions. D’ailleurs, il y a des surprises qui nous déplaisent, justement parce qu’elles ne correspondent pas à nos désirs. La première thèse de Schopenhauer est donc plausible. Voyons maintenant la deuxième étape : « Or avec la satisfaction cesse le désir, et par conséquent la jouissance aussi. » Nous avons vu précédemment que la satisfaction est l’aboutissement du désir (et en même temps la disparition de celui-ci). Mais se réduit-elle à cela ? Ne peut-on pas éprouver un plaisir une fois que le désir est satisfait ? Non, nous dit Schopenhauer : la jouissance disparaît avec le désir. La jouissance, c’est ce plaisir que nous éprouvons lorsque nous sommes en train de satisfaire le désir. Une fois que le désir est pleinement satisfait, nous n’avons plus de plaisir, parce que le calme plat a succédé à cette excitation qui est nécessaire à la jouissance. Pour manger avec plaisir, par exemple, il faut encore avoir de l’appétit. La conclusion du raisonnement est dès lors nécessaire (inévitable) : la satisfaction est la fin du désir (comme on l’a vu dans la première étape), et elle n’est rien d’autre que cela (comme on l’a vu dans la seconde étape). 3. Définissez le mot « désir » en tenant compte du contexte. Pour bien comprendre cette thèse, il nous faut définir un terme important : le mot « désir ». Un désir, de manière générale, c’est une tendance consciente (ou qui a été consciente). Il se distingue des besoins purement biologiques, dans la mesure où ceux-ci sont limités (contrairement à nos désirs, qui renaissent sans cesse et sont souvent ambitieux). Une autre différence entre les désirs et les besoins biologiques, c’est que ces derniers ne sont ni conscients (ou pas forcément) ni personnels (alors que nos désirs varient suivant le contexte social, culturel, mais aussi suivant les personnes). Cependant, dans ce texte, la distinction entre désir et besoin biologique n’apparaît pas clairement, voire pas du tout. Schopenhauer ne semble pas faire de différence entre les mots « désir » et « besoin ». Le désir, ici, c’est le sentiment douloureux d’avoir un manque, et aussi la tendance qui nous pousse à combler ce manque. On comprend mieux, maintenant, pourquoi Schopenhauer n’a pas une très haute estime de la satisfaction : elle n’est pas réellement un plaisir en soi, mais la disparition d’une douleur. La satisfaction complète, c’est simplement le sentiment de ne plus souffrir à cause d’un désir. Il résulte donc de cette définition du désir une conception pessimiste de la vie : le seul « bonheur » dont nous puissions rêver, c’est simplement la fin de nos souffrances. 4. Proposez une objection à l’argumentation de Schopenhauer. Toute l’argumentation de Schopenhauer, on l’a vu, se fonde sur l’assimilation du désir au besoin, c’est-à-dire au sentiment d’un manque et à l’effort pour combler ce manque. Or, cette idée est très discutable : n’y a-t-il pas quelque chose d’inventif, de positif, de productif dans le désir ? Satisfaire un désir, est-ce seulement se débarrasser 3 d’une souffrance ? N’est-ce pas plutôt avoir la joie de produire quelque chose de neuf ? Cf. mon cours à ce sujet, et notamment le passage concernant Deleuze et Guattari. uploads/Finance/ commentaire-corrige-du-texte-de-schopenhauer.pdf

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  • Publié le Jui 25, 2022
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