Enjeux www.lafaimexpliquee.org Le commerce international des produits agricoles

Enjeux www.lafaimexpliquee.org Le commerce international des produits agricoles La question du commerce agricole international a été sur le devant de la scène tout au long des 25 dernières années, largement du fait de la signature et de la mise en œuvre de l’accord de Marrakech dont la portée va bien au-delà de l’agriculture. On peut estimer que le commerce agricole international a dominé le débat sur l’agriculture et l’alimentation de façon excessive, avant de finalement laisser de nouveau la place à la question plus dramatique de la faim au cours de ces toutes dernières années, du fait de la crise alimentaire de 2007-2008 et du blocage du processus de Doha jusqu’au récent accord partiel atteint à Bali fin 2013. [lire] Pour bien comprendre la situation, il est important de remonter un peu dans le temps. A la fin de la Seconde Guerre mondiale, les pays industrialisés étaient confrontés à deux enjeux capitaux qui étaient d’une part le contrôle de l’approvisionnement des pays industrialisés en produits tropicaux (les produits d’exportation traditionnels des ex- colonies) et d’autre part la capacité des pays industrialisés de s’assurer une certaine indépendance alimentaire tout en protégeant leurs producteurs. Ces deux enjeux doivent eux-mêmes être replacés dans un cadre géopolitique plus large où les puissances cherchent constamment à renforcer – ou tout au moins à préserver – leur influence et leurs intérêts. Au cours de ces dernières années, les effets de la mondialisation se sont fait sentir par l’accélération des échanges des produits agroalimentaires, la place croissante des pays émergents, ainsi que par la domination croissante du marché mondial par les firmes multinationales. Le contexte du commerce international Depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, les échanges internationaux, tous produits confondus, ont augmenté plus vite que la croissance mondiale (voir graphe) Cette évolution peut être expliquée par: • Les progrès techniques en matière de transports, de communications et de technologies de l’information et leur effet de baisse sur les coûts des échanges qui ont entrainé une accélération des échanges commerciaux !1 • La facilitation des échanges résultant des avancées faites lors des négociations commerciales menées aux niveaux multilatéral (CNUCED , GATT et plus tard OMC ), 1 2 3 régional (accords commerciaux régionaux) et bilatéral. Ce dernier niveau (bilatéral) a en effet vu une multiplication rapide des accords bilatéraux au cours des dernières années, les plus célèbres et sans doute les plus importants étant ceux signés entre l’Union Européenne ou les Etats Unis et leurs nombreux partenaires commerciaux, à la suite du blocage des négociations menées au sein de l’OMC . 4 Indicateurs de croissance économique et des échanges entre 1760 et 2010 ! ---- Taux de croissance de l’industrie mondiale ---- Taux de croissance du PIB mondial ---- Taux de croissance du commerce mondial --------------------------- Sources: Rostow,W.W. 1978 (croissance de la production industrielle et du commerce mondial de 1780 à 1971 OMC, croissance des exportations mondiales de 1970 à 1980 CNUCED, croissance du PIB de 1970 à 2010 et des exportations mondiales de 1980 à 2010) Les principaux acteurs du commerce mondial ont aussi évolué comme en témoigne le tableau suivant. Evolution du classement des pays exportateurs entre 1970 et 2009 CNUCED: Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement 1 GATT: Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce 2 OMC: Organisation mondiale du commerce 3 M.Maetz et Y.F. de Larrrinoa Arcal, Les principales tendances du commerce international et du 4 commerce des produits agricoles dans «Les négociations commerciales multilatérales sur l’agriculture, Manuel de référence - I - Introduction et sujets généraux, FAO 2000, http://I.fao.org/docrep/003/x7352/ x7352f00.htm !2 Source: OMC Cette évolution s’est également traduite par une modification du poids relatif des régions dans les flux commerciaux, et une augmentation plus rapide des échanges Sud-Sud. L’évolution des exportations par région (1950 - 2010) (en pourcentage des exportations mondiales totales) Source: OMC Classement des pays exportateurs 1970 2000 2009 1 Etats-Unis Etats-Unis Chine 2 Allemagne Allemagne Allemagne 3 Pays-Bas Japon Etats-Unis 4 Royaume Uni France Japon 5 France Royaume Uni France 6 Japon Chine Pays-Bas 7 Italie Italie Italie !3 1948% 1950% 1952% 1954% 1956% 1958% 1960% 1962% 1964% 1966% 1968% 1970% 1972% 1974% 1976% 1978% 1980% 1982% 1984% 1986% 1988% 1990% 1992% 1994% 1996% 1998% 2000% 2002% 2004% 2006% 2008% 2010% 0%% 10%% 20%% 30%% 40%% 50%% 60%% 70%% 80%% 90%% 100%% Europe% Amérique%Centrale% et%du%Sud% Amérique%du%Nord% Moyen%Orient% CEI% Asie% Afrique% La nature sectorielle des produits échangés a, elle aussi, changé au fil du temps. En 1970, les biens industriels représentaient près de la moitié des échanges (46%). En 2009 ils pesaient 10% de plus (56%) alors que le poids des produits primaires était resté pratiquement stable aux alentours de 15%. Du point de vue institutionnel, le développement du commerce mondial a été accompagné par la mise en place de multiples institutions internationales et régionales. Au niveau international, l’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT), créé en 1948 avait eu pour objectif de définir les règles du commerce international et réguler les échanges commerciaux. Les travaux du GATT n’ont jamais porté sur les produits agricoles. La création de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), le 1er janvier 1995, qui prend la place du GATT, s’est faite suite à la signature de l’Accord de Marrakech qui comprenait trois accords portant plus ou moins directement sur l’agriculture (l’Accord sur l’Agriculture, l’Accord sur l'Application de Mesures Sanitaires et Phytosanitaires, et l’Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce). Créée en 1964, la CNUCED est le principal forum des Nations Unies permettant de discuter de façon globale des problèmes de développement, de commerce, d’investissements et de capitaux internationaux, de technologie et de développement durable. Parallèlement à ces processus au niveau global, les Etats se sont également regroupés en de nombreux groupes ou blocs commerciaux régionaux régis par des accords visant à favoriser les échanges commerciaux entre pays membres, par la suppression progressive des droits de douanes et la mise en place de tarifs extérieurs communs. On peut en citer les principales: • En Afrique: la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC), l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), le Marché commun de l'Afrique orientale et australe (COMESA), l’Union du Maghreb Arabe (UMA), la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC), l’Union Douanière d’Afrique Australe (SACU), l’Autorité Intergouvernementale sur le Développement (IGAD) • En Amérique: l’Association des États de la Caraïbe (AEC), l’Accord de Libre- échange Nord-Américain (ALENA), la Communauté Caribéenne (CARICOM), le Marché commun du Sud (MERCOSUR) • En Asie: l’Association des nations du Sud-Est asiatique (ASEAN), l’Association Sud-Asiatique pour la Coopération Régionale (SAARC) • En Europe: l’Association Européenne de Libre-Echange (AELE) et l’Union Européenne (UE). L’échec des négociations menées dans le cadre de l’OMC (Processus de Doha), a eu pour conséquence la prolifération d’accords bilatéraux notamment entre les Etats-Unis et ses principaux partenaires et entre l’Union Européenne et les siens. Le développement des marchés mondiaux a également été accompagné, depuis les années 70, par l'émergence de nouveaux dispositifs tels que les produits dérivés du commerce des marchandises, en particulier les contrats à terme et les options. Ces instruments financiers, dont la valeur dépend de l’évolution des prix des marchandises et !4 de leur volatilité, sont cotés sur les marchés et permettent de spéculer sur les changements des prix des produits à plus ou moins long terme. Le volume concerné par les dérivés sur les marchés financiers peut concerner plusieurs fois le volume réel de produits échangés sur le marché physique. Ils ont connu une véritable explosion au cours des ans avec le développement des capitaux financiers (fonds de pension notamment) et des taux d’intérêts bas. Ils représentaient en 2011 plus de 700.000 milliards de dollars, à comparer aux 18.000 milliards de dollars d’exportations mondiales et au 60.000 milliards de dollars du PIB mondial. Les produits dérivés ont été mis en cause par certains pour expliquer l’instabilité de certains marchés comme les marchés des produits agricoles lors de la flambée des prix alimentaires en 2007-2008. [voir aussi http://unctad.org/fr/Docs/ tdr2011_fr.pdf vers p160 sur financiarisation des marchés] Enfin, parallèlement à la croissance des échanges internationaux et aux changements institutionnels, on a observé une très forte expansion des activités des entreprises transnationales: une entreprise transnationale est une compagnie de droit privé et à but lucratif qui mène des activités de production, distribution ou de recherche dans plusieurs pays à la fois par l’intermédiaire de filiales dont elles peut détenir une partie plus ou moins importante du capital. Elles jouissent d’un poids considérable dans l’économie mondiale, les échanges, les investissements et le transfert de technologies. On estime qu’il y avait 4.000 entreprises transnationales en 1969 et 82.000 en 2009 (avec 690.000 filiales). D’après la CNUCED, le chiffre l’affaire des multinationales s’accroit en moyenne de 10% par an depuis le début des années 90. En 2010, leur poids était équivalent à au moins 25% du PIB mondial (16000 milliards de dollars - 7 fois le PIB de la France) et elles étaient impliquées dans les uploads/Finance/ commerce-internat-des-mp-001 1 .pdf

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  • Publié le Jul 28, 2021
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