L'ANALYSE FINANCIÈRE Gérard CHARREAUX L'analyse fnancière consiste à étudier l'

L'ANALYSE FINANCIÈRE Gérard CHARREAUX L'analyse fnancière consiste à étudier l'information comptable et fnancière relative à une entreprise, afn d'émettre un diagnostic. L'analyse doit aboutir à un diagnostic, donc conclure quant à la performance de l'entreprise étudiée et permettre d'en comprendre les déterminants; en particulier, si cette performance apparaît médiocre. Une telle démarche suppose l'existence de normes et une défnition préalable de la notion d'équilibre fnancier, qui peut être la suivante: l'équilibre fnancier est réalisé si les apporteurs de capitaux, actionnaires et créanciers fnanciers, sont rémunérés à concurrence du risque qu'ils encourent. On en conclut que les deux dimensions fondamentales du diagnostic fnancier sont la rentabilité et le risque. L'utilisation fnale d'une analyse fnancière peut varier; ainsi, selon que cette analyse est faite à la demande d'un banquier, d'un gérant de portefeuille, du dirigeant de l'entreprise étudiée ou de celui d'une entreprise concurrente, les éléments-clés du diagnostic peuvent revétir une intensité différente et l'analyse peut être plus ou moins approfondie. Cependant, tout diagnostic fnancier s'articulera fnalement autour des deux dimensions précédemment énoncées: la rentabilité et le risque. 1- LA RENTABILITE, LE RISQUE ET LA DEMARCHE DE L'ANALYSE FINANCIERE Avant de présenter les principaux outils qui constituent l'analyse fnancière actuelle, il n'est pas inutile de rappeler brièvement les défnitions de la rentabilité et du risque. 10- Notion et mesure de la rentabilité 2 rentabilité analysée est celle des capitauxpropres. Selon l'optique comptable, le résultat net est censé exprimer la variation de valeur du patrimoine des actionnaires mesuré comptablement et sur l'exercice comptable. Lorsqu'on retient l'ensemble des capitaux investis par les actionnaires et les créanciers fnanciers, on aboutit de façon équivalente à la notion d'actif économique, qui est la contrepartie de ces capitaux (cf.la représentation du bilan fnancier); les notions de rentabilité économique et de résultat économique s'apprécient alors à partir de la variation de valeur de l'actif économique. Figure 1: Le bilan fnancier Pour mesurer la rentabilité, il est préalablement nécessaire d'évaluer les capitaux investis. Supposons que nous soyons en présence d'une entreprise cotée et que nous souhaitions mesurer la rentabilité obtenue par un actionnaire au cours du dernier exercice. Posons l'hypothèse, pour simplifer qu'il n'y a eu ni augmentation de capital, ni distribution de dividendes au cours de cet exercice. Dans ce cas, le résultat obtenu se mesure par la variation du cours de l'action, multipliée par le nombre d'actions, c'est à dire de la valeur de marché des fonds propres, pendant l'exercice; le taux de rentabilité s'obtient en rapportant cette variation à la valeur de marché initiale des fonds propres. La méthode d'évaluation ainsi retenue apparaît objective, au sens où la valeur de marché ( le prix ), résulte de la confrontation d'offres et de demandes multiples, donc d'un consensus entre des opinions diverses et qu'effectivement l'actionnaire aurait pu réaliser son patrimoine à cette valeur. Même si la valeur de marché connaît des fuctuations erratiques, il s'agit de la seule mesure factuelle et toute autre mesure ne constitue qu'une approximation critiquable et contestable. Encore faut-il disposer d'une théorie permettant d'estimer la valeur de marché d'une entreprise ou plus généralement d'un actif. La seule théorie satisfaisante en ce domaine est la théorie néo-classique qui fonde l'évaluation d'un actif sur sa capacité à sécréter des fux, et sur leur valorisation à un taux qui refète les attentes des apporteurs de capitaux sur le marché. Selon ce schéma, la valeur de l'actif d'une entreprise est 3 d'actualisation appliqué par les apporteurs de fonds compte tenu des autres opportunités qui s'offrent à eux; ce taux intègre le risque encouru. Le schéma d'évaluation est donc celui de la valeur actuelle. La valeur économique d'une entreprise peut donc varier en fonction de l'évolution des anticipations des fux économiques futurs et des taux requis par les investisseurs, lesquels évoluent notamment en fonction des opportunités générales de l'économie et de l'infation. Par suite, il apparaît normal que la valeur actuelle, et donc la valeur de marché d'une entreprise soit volatile. Même si la pratique courante de l'analyse fnancière s'appuie sur l'information comptable qui retient schématiquement, comme bases d'évaluation, les coûts historiques et les principes de prudence et de continuité d'exploitation, le raisonnement économique ne doit jamais être perdu de vue. D'ailleurs la comptabilité y fait souvent référence. Ainsi, la règle d'inventaire comptable repose sur la notion de valeur vénale, "il s'agit du prix présumé d'un bien qu'accepterait d'en donner un acquéreur éventuel de l'entreprise dans l'état ou le lieu où se trouve ledit bien". Cette notion est très proche de la notion de valeur actuelle économique. Les corrections de valeur appliquées par la comptabilité à partir des coûts historiques ont le plus souvent pour objectif de rapprocher l'évaluation comptable des actifs et du résultat, de l'évaluation économique. Le principe de prudence fait cependant que ce rapprochement n'intervient le plus souvent que lorsque la correction de valeur est défavorable. 1.1. Notion et mesure du risque La notion de risque est d'appréhension plus complexe. Trés généralement, il y a risque s'il y a possibilité d'écart entre la valeur anticipée d'une grandeur et sa valeur réalisée. Ainsi, un actif est dit risqué si la rentabilité qu'il permet d'obtenir peut être différente de la rentabilité anticipée par son détenteur. Le plus souvent, le caractère risqué d'un actif est évalué en mesurant les fuctuations de son taux de rentabilité au moyen d'un indicateur statistique telle que la variance ou l'écart-type; on mesure en fait sa variabilité. Une autre notion de risque, plus proche du sens commun, est également 4 seuil critique. On évalue ainsi la possibilité d'être défcitaire ou d'être dans l'impossibilité de faire face par exemple, à des remboursements d'emprunts. Cette dernière vision du risque privilègie la prise en compte des cas défavorables, alors qu'une mesure de la variabilité tient également compte des cas favorables et des cas défavorables. Ces deux acceptions du risque se retrouvent dans les méthodes de diagnostic fnancier. Ainsi, sous l'infuence des résultats de la recherche fnancière, l'étude du risque peut se faire selon la typologie suivante: risque d'exploitation, risque fnancier et risque de faillite (ou d'illiquidité). Le risque d'exploitation peut s'appréhender en évaluant la variabilité du résultat économique (ou du taux de rentabilité économique), ou la possibilité qu'il soit négatif. Le risque fnancier s'analyse en étudiant la variabilité du résultat net (ou du taux de rentabilité des capitaux propres) ou la possibilité qu'il soit négatif. Enfn, l'étude du risque de faillite consiste en l'analyse de la capacité de remboursement des dettes fnancières. Le fondement de cette typologie réside dans la décomposition qui peut être faite des attentes d'un apporteur de fonds propres en matière de rentabilité. On constate sur les marchés fnanciers que le risque est rémunéré; plus l'investissement est risqué, plus il rapporte en moyenne. La valeur des fonds propres d'un actionnaire varie en fonction des trois types de risque précédemment identifés En conséquence, le taux de rentabilité requis par un actionnaire peut être présenté de la façon suivante: Taux de rentabilité = Taux de rentabilité + Prime de risque des capitaux propres sans risque d'exploitation + Prime de risque + Prime de risque fnancier de faillite Un créancier fnancier considèrera quant à lui, le risque de faillite, c'est à dire la possibilité de ne pas être remboursé et en tiendra compte pour établir le taux de son prêt. 5 Quoique les développements précédents insistent sur l'arbitrage entre risque et rentabilité, la démarche d'analyse fnancière s'articule sur la séparation "étude de la rentabilité, étude du risque". Ces deux dimensions cependant, ne doivent pas être jugées de façon indépendante; à terme, pour qu'une entreprise soit viable, le risque doit être rémunéré de façon satisfaisante sous peine de ne plus trouver d'apporteurs de capitaux. Figure 2: La démarche du diagnostic fnancier (1) 2- LE DIAGNOSTIC DE LA RENTABILITE L'objectif premier d'une entreprise est d'enrichir ses actionnaires.Comme le disait récemment Antoine RIBOUD 1, PDG de BSN "Ne jamais oublier ceux qui possèdent l'entreprise, les associer à ses performances, il ne peut y avoir d'autre volonté pour BSN." Tous les autres objectifs, tels que par exemple, la maximisation de la croissance de l'activité ne sont en fait que des objectifs secondaires, qui doivent à terme être subordonnés à l'objectif de recherche de rentabilité. L'exemple de Renault est là pour le démontrer. Quant à l'objectif de remboursement des créanciers, il s'agit en fait d'une contrainte. En conséquence, l'aspect qui doit primer dans le diagnostic fnancier est celui de la rentabilité, dont l'aboutissement est l'étude de la rentabilité pour les actionnaires. 2.1. L'analyse de la rentabilité des capitaux propres L'analyse de la rentabilité des capitaux propres soulève différents types de problèmes: en premier lieu, le choix de la mesure de la rentabilité et en second lieu, l'invention d'une norme à considérer. Enfn, il est important de pouvoir s'appuyer sur un schéma qui permette d'aller plus loin dans l'étude de la formation de la rentabilité; ce schéma s'appuie sur la relation de l'effet de levier fnancier. 6 2.1.1. Mesure du taux de rentabilité des capitaux propres et norme de diagnostic Les diffcultés liées à la mesure de la rentabilité des capitaux propres, qui uploads/Finance/ cours-anafi-gerard.pdf

  • 29
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager
  • Détails
  • Publié le Oct 05, 2022
  • Catégorie Business / Finance
  • Langue French
  • Taille du fichier 0.1075MB