Pour Valentin, Ines, Sacha, Salomé et Baptiste SOMMAIRE Titre Dédicace Remercie

Pour Valentin, Ines, Sacha, Salomé et Baptiste SOMMAIRE Titre Dédicace Remerciements Introduction : « La machine à achever le monde que nous avons construite pour nous- mêmes » Chapitre 1 - Les faux jumeaux Chapitre 2 - Économie du confinement : le double rationnement Chapitre 3 - La mise à l’arrêt des émissions de CO2 Chapitre 4 - Économie de sortie du confinement : « c’est le virus qui fixe le calendrier » Chapitre 5 - Une relance bas carbone européenne Chapitre 6 - La résilience après la pandémie Conclusion - La tentation de l’amnésie collective Notes de fin Copyright Remerciements Durant ma période d’écriture en mode confiné, j’ai eu la chance de pouvoir échanger avec un groupe de relecteurs. Leurs retours m’ont beaucoup apporté. Un grand merci à : Ryadh Benlahrech, Valérie Bouba, Gilbert Cette, Barbara Demeneix, Charlotte Gardes, Guillaume Lecointre, Jacques Percebois, Brigitte de Perthuis, Bruno Rebelle, Jean-David Zeitoun. Ce fut à nouveau un grand plaisir de travailler avec l’équipe éditoriale de De Boeck Supérieur. Merci à Dominique De Raedt, Jérôme Duquène, Gracianne Harismendy et Lucie Verlinden pour leur gentillesse, leur réactivité et leur professionnalisme. Introduction : « La machine à achever le monde que nous avons construite pour nous- mêmes » J’ai commencé la rédaction de ce livre durant la deuxième semaine de confinement. Immobilisés, avec mon épouse Brigitte, dans une zone pavillonnaire de la Seine-Saint-Denis, nous avons vécu cette période dans un confort tout à fait injuste par rapport aux familles entassées dans les cités. Chaque soir, nous applaudissions à tout rompre sur le pas de la porte pour exprimer en compagnie de nos voisins notre solidarité avec les soignants. Paradoxalement, cette période a renforcé nos liens de proximité. Le bruit de nos claquements de mains restait cependant bien timoré à côté de la clameur montant depuis la cité voisine. Malgré cette concordance des temps, la catastrophe sanitaire n’a pas réduit le fossé entre ces deux mondes. Le passage dévastateur du virus risque même de le creuser un peu plus. Lorsque vous êtes confiné, votre première utilité sociale consiste à ne pas aller vers les autres. J’ai mal vécu cette interdiction de se rendre utile autrement qu’en restant dans son chez-soi : trop âgé pour donner son sang ; à risque pour garder les petits-enfants ; pas utile car sans compétence particulière en matière de soins. Quel contraste avec l’admirable engagement des soignants ! J’ai deux médecins dans ma proximité immédiate. Je les ai vues à la manœuvre. Ma sœur Emmanuelle est responsable du laboratoire d’analyse d’un grand hôpital public. Elle a innové de mille façons pour assurer la continuité des services de réanimation face à la vague montante des patients infectés. Ma fille Pascale a compris très tôt quel bouillon de culture allait devenir son cabinet collectif situé dans un quartier défavorisé. Elle a monté dans l’urgence un centre de soins Covid-19 dans le gymnase de la ville. Dans ces deux cas, comme dans beaucoup d’autres, la mobilisation de personnes aux compétences multiples rendait possible ce qui, sans l’urgence imposée par la vitesse de circulation du virus, eût semblé rigoureusement impossible en temps normal. C’est l’effet catalyseur de toute catastrophe. Comme plusieurs milliards d’humains, j’ai enfin eu cette impression que le monde tombait à l’arrêt. Le temps s’écoulait plus lentement, désormais rythmé par le bilan quotidien des victimes du virus. Le monde à l’arrêt devenait subitement silencieux. Sa paralysie éloignait les bruits de la ville et dissipait les nuages de pollution au-dessus de nos têtes. Une pause qui nous ramenait à l’essentiel. Dans ce silence retrouvé, j’ai beaucoup apprécié cette interrogation de Bruno Latour nous incitant à « imaginer des gestes barrières, pas seulement contre le virus », mais aussi « contre chaque élément d’un mode de production dont nous ne souhaitons pas la reprise 1 ». Parmi ces éléments, comment ne pas penser au CO2 ? Aussi omniprésent que le Covid-19 (le SARS-CoV-2 de son vrai nom scientifique), le CO2 est, comme lui, invisible à l’œil nu et insensible à l’odorat. Dans un article dénonçant la cruauté du confinement en Inde, l’écrivaine et militante Arundhati Roy revient sur cette mise à l’arrêt du monde. Écoutons ce qu’elle nous dit : « Le coronavirus a mis les puissants à genoux et le monde à l’arrêt comme rien d’autre n’aurait su le faire. Nos pensées se précipitent encore dans un va-et-vient, rêvant d’un retour à la normale, tentant de raccorder le futur au passé, de les recoudre ensemble, refusant d’admettre la rupture. Or la rupture existe bel et bien. Et au milieu de ce terrible désespoir, elle nous offre une chance de repenser la machine à achever le monde que nous avons construite pour nous-mêmes 2. » Arundhati Roy nous invite à penser la sortie de la crise du Covid- 19 autrement que comme un « retour à la normale ». Pour l’économiste, c’est un défi. En matière de santé, d’environnement ou de macroéconomie, il a appris à raisonner en écarts relativement à la normale : écart par rapport aux groupes témoins en matière de santé ; écart par rapport au scénario contrefactuel en matière d’environnement ; écart par rapport aux équilibres monétaires ou budgétaires en macroéconomie. Aussi, le débat économique classique a rapidement envahi l’espace public : combien de points de PIB perdus du fait de la crise sanitaire ? Combien de chômeurs en plus ? Combien de temps pour résorber ce choc inédit en temps de paix ? On ne doit pas totalement s’abstraire de ces questions. À mesure que se prolonge le confinement, le retour à la normale est une aspiration montante des citoyens. Aspiration à sortir du rationnement imposé de facto par les règles sanitaires ; aspiration à renouer les contacts humains interdits par la distanciation sociale ; aspiration à retrouver la liberté de ses mouvements ; aspiration à retrouver son emploi, encore plus à en trouver un quand on a la malchance d’être chômeur ou premier demandeur au mauvais moment. Si l’économiste se réfugie dans le monde d’après, il perd contact avec la réalité du moment. Pour autant, il est inimaginable qu’un choc planétaire affectant simultanément des milliards d’humains ne soit qu’une simple parenthèse. Ici interviennent les ruptures qu’Arundhati Roy nous invite à identifier, pour tenter de repenser « la machine à achever le monde » que nous avons nous-mêmes érigée. Une composante majeure de cette machine est l’accumulation du stock de gaz à effet de serre au-dessus de nos têtes. Ce stock annonce de futures crises sanitaires et environnementales. C’est sur le dérèglement de cette machine climatique que je me propose de réfléchir dans cet essai. En partant d’une question simple : comment la catastrophe sanitaire va-t-elle affecter l’action climatique ? Avant que n’explose la pandémie, la grande majorité des experts pointait le fossé entre la trajectoire haussière des émissions de CO2 et l’immense coup de frein requis pour conserver des chances de limiter le réchauffement global à 2 °C, voire 1,5 °C. Chaque année, le programme des Nations unies pour l’environnement rappelait l’ampleur de cet « Emission Gap » ; les COP semblaient s’enliser dans un immobilisme délétère du fait des multiples manœuvres politiciennes ; sous l’impulsion de Greta Thunberg, le mouvement de la jeunesse rappelait aux générations en place leur coupable insouciance face au risque climatique. À court terme, la catastrophe sanitaire a provoqué, du fait de la mise à l’arrêt de pans entiers de l’économie, une chute des émissions de CO2, le principal gaz à effet de serre d’origine anthropique. Inédite en temps de paix, cette chute ne sera pas rattrapable rapidement par un classique effet rebond. Elle rend possible l’atteinte du pic mondial des émissions dès 2019. Cette perspective permet de gagner du temps face au tic-tac de l’horloge climatique. Elle pourrait marquer un point de retournement important dans le combat au long cours contre la dissémination du CO2 au- dessus de nos têtes. Le passage du pic d’émission en 2019, s’il se confirme, serait une rupture majeure relativement aux tendances séculaires. Mais une telle rupture resterait insuffisante pour nous protéger contre le risque climatique. Ce ne sont pas les émissions annuelles de gaz à effet de serre qui réchauffent la planète. C’est l’accumulation de leur stock dans l’atmosphère. Pour stabiliser ce stock, il faut atteindre la neutralité carbone, ce qui exigera plusieurs décennies d’action collective pour ramener le flux annuel d’émissions brutes au niveau de la capacité d’absorption des puits de carbone. Comment alors identifier les ruptures qui favoriseront l’enclenchement de ces actions collectives ? Celles qui empêcheront le redémarrage de la « machine à détruire le monde » ? Une façon de penser les ruptures est de se projeter dans le monde de demain, de tenter d’en imaginer le fonctionnement, mieux, de construire un récit qui stimule l’action. Cette méthode a conduit à la multiplication de scénarios de décarbonation à long terme. En France, les travaux d’Henri Waisman de l’IDDRI et ceux de Céline Guivarch du Cired sont d’une très grande utilité. Cette méthode est aussi utilisée par certains militants de la cause climatique. uploads/Finance/ covid-19-et-rechauffement-climatique-by-de-perthuis-christian.pdf

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  • Publié le Dec 17, 2022
  • Catégorie Business / Finance
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