Croissance et développement : Histoire, théories et perspectives ACCROCHE : Ken
Croissance et développement : Histoire, théories et perspectives ACCROCHE : Kenneth E. Boulding « Celui qui croit qu’une croissance exponentielle peut continuer indéfiniment dans un monde fini est soit un fou soit un économiste » Si l’économiste a longtemps été optimiste quant à la croissance, Boulding pose le caractère utopique de cette vision endogène de la croissance : elle repose sur des facteurs de production qui sont en nombre fini (ressources naturelles). Il apparaît alors impossible de penser une croissance infinie. DÉFINITIONS : Croissance (F. Perroux, 1961, L’économie au 20ème siècle) : « une augmentation soutenue pendant une ou plusieurs longues périodes d’un indicateur de dimension, pour une nation le produit global net en termes réels ». - La croissance est un phénomène de LT qui peut connaître des évolutions conjoncturelles. - La croissance se mesure à travers la variation de volume (en termes réels) et non pas à travers des agrégats monétaires. RQ : les variations des prix ≠ variation de la croissance (Venezuela avec l’hyperinflation). - La croissance est à distinguer de tout phénomène qualitatif (répartition de la VA, développement…) CONTEXTUALISATION : Habermas (La technique et la science comme idéologie, 1973) « le capitalisme est le premier mode de production dans l’histoire universelle à avoir institutionnalisé la croissance économique ». La croissance est indissociable du capitalisme. Angus Maddison (L’économie mondiale : une perspective millénaire, 2001) distingue différentes périodes de croissance. Si l’économie connait des épisodes de croissance extensive avant le 18ème siècle (en Chine sous la dynastie Song) ce n’est qu’avec la RI qu’apparaît une croissance intensive. • 1820-1870 : l’Europe comme locomotive de la croissance mondiale (RI) • 1870-1913 : Accélération de la croissance mondiale (latecomers s’industrialisent) • 1913-1950 : ralentissement du taux de croissance (WW1 et 2, crise éco 29 annulent les gains de productivité de l’OST) • 1950-1973 : les 30G et l’âge d’or de la croissance avec des TCAM de l’ordre de 5% en France, 10% au Japon, 3,5% aux USA • 1973-2000 : période de retour à la normale (2-3% de TCAM). La croissance a baissé comparativement aux 30G mais reste positive. RQ : la domination économique occidentale est relativement récente à l’échelle de l’histoire puisqu’en 1000 le revenu/hab en Europe = 400dollars contre 416 en Afrique et 450 en Asie. PROBLÉMATISATION : • Est-ce que ce phénomène qu’est la croissance économique (vieux de plus de 200ans) peut continuer à perdurer? • Est-ce souhaitable? Quelle est l’utilité sociale de la croissance? • Pourquoi cherche-t-on absolument à renouer avec la croissance? • Est-ce que tous les efforts déployés (par les populations, les entreprises et les États) au nom de la croissance peuvent réellement payer? Est-ce que le jeu de la croissance en vaut la chandelle? Page 1 sur 61 I. Modéliser la croissance : quels modèles pour quelles perspectives? Quelles conclusions peut-on tirer selon les différents modèles de croissance? A. La croissance chez les classiques : Remarque : chez les classiques ce ne sont pas des modèles de croissance à proprement parler. b) Adam Smith et l’étendue des marchés : Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations, 1776. La croissance provient de la DDT qui augmente la productivité du travail. Or, la DDT est indissociable de l’accumulation du capital (cercle vertueux). La figure centrale chez Smith est alors cette de l’homme frugal qui épargne et accumule du capital. « Il n’hésite pas à nommer le dissipateur un fléau public et ou homme frugal et rangé un bienfaiteur de la société » (J-B Say, Traité d’économie politique, 1803). A priori, la croissance peut être infinie. Mais Smith souligne la limite de son propre raisonnement : l’extension de la taille du marché. « Puisque c’est la faculté d’échange qui donne lieu à la DDT, l’accroissement de cette division doit être toujours limitée par l’étendue de la faculté d’échanger càd par l’étendue des marchés »1. Il est également conscient que croissance reposant sur DDT ≠ développement (« un homme qui passe tout sa vie à remplir une suite d’opérations simples n’a pas l’occasion de développer son intelligence ». b) Ricardo : une vision pessimiste de la croissance : Principes d’économie politique et de l’impôt, 1817. La croissance provient de l’accumulation du capital càd du réinvestissement du profit (d’où sa définition de l’économie comme science analysant la répartition des revenus). Toute croissance est donc limitée par l’évolution du profit, or chez lui, le profit est un revenu résiduel que le capitaliste obtient après déduction de la rente et des salaires. Comment en arrive-t-il à théoriser l’état stationnaire? Il distingue biens économiques (reproductibles) et non économiques. L’individu détendant un bien non économique peut s’approprier une rente. Or, le fruit de toute production (prix) est reversé à ceux qui ont contribué à la production par leur travail (salaire), par la mise à disposition de biens non économiques (rentes) et par le capital (profit). Les travailleurs étant multiples et substituables, le salaire tend vers son niveau de subsistance (Ferdinand Lassalle) càd qu’il est indexé exclusivement sur les variations du prix du blé. En partant de la loi des rendements factoriels (théorisée par A. R Turgot) qui stipule que les terres agricoles sont mises en culture par ordre décroissant de fertilité il en arrive à montrer que le coût marginal associé à la production de chaque parcelle de terre supplémentaire est supérieur au précédent. Or, les rentiers n’acceptent de produire qu’à condition que le prix soit > Cm, et comme tout bien économique le blé doit suivre la loi du prix unique : son prix va se fixer au niveau du Cm de la dernière terre mise en culture. Ainsi, le rentier perçoit une rente sur toutes les autres parcelles de terre (prix de vente - coût de production). Ce revenu n’est pas capté par les capitalistes parce que le rentier dispose d’un bien non économique càd d’un pouvoir de négociation plus fort ni par les salariés parce qu’ils sont nombreux et substituables. Ainsi, en cas d’accroissement démographique, la droite de demande se décale vers la droite ce qui fait augmenter le prix du blé. Cette augmentation du prix du blé fait mécaniquement augmenter salaires de subsistance et rente. In fine le seul revenu à baisser est le profit. À LT on aboutit à une annulation du taux de profit et à un état stationnaire… que l’on peut repousser moyennant le libre-échange (prix du blé moindre). C’est pour cela que Ricardo enjoint à abolir les corn laws (1815, loi britannique interdisant l’M de blé quand le prix du blé < 80shillings le quarter). Elles seront abolies en 1846. c) Le pessimisme malthusien : 1 il en appelle au libre-échange et s’oppose en cela au mercantilisme Page 2 sur 61 Essai sur le principe de population, 1798. La population croit selon une loi géométrique alors que les moyens de subsistance croient selon une loi arithmétique. À terme, apparaît une surpopulation absolue. La croissance de la population est limitée par l’évolution des produits de subsistance (régulée par la mortalité), or l’augmentation des richesses ne pouvait passer à l’époque que par une croissance extensive… le processus de création de richesse est limité. Ashraf et Galdor (Dynamism and stagnation in the Malthusian epoch, 2011) modélisent la pensée de Malthus par deux graphiques. Le premier met en relation le PIB/habitant (Y/L) et le nombre de travailleurs. Conformément à la loi des rendements factoriels décroissants, l’augmentation de la population aboutit à un produit/tête toujours plus faible (absence de PT à l’époque). Le second schéma met en relation le PIB/tête et le taux d’accroissement démographique. L’hypothèse est ici que plus les gens sont riches, plus ils font d’enfants (puisqu’ils peuvent les nourrir) et ce en vertu du « préventive check » (avant de concevoir, les individus s’assurent de pouvoir nourrir de potentiels enfants). Y’a-t-il une convergence vers le point d’équilibre où le taux d’accroissement démographique est nul? On tend nécessairement vers l’équilibre et donc vers un modèle d’état stationnaire caractérisé par un PIB/habitant fini. On peut imaginer deux facteurs agissants chacun sur l’un des deux graphiques permettant de repousser l’état stationnaire : • La relation PIB/tête et travailleurs : Le PT (augmente la productivité globale des facteurs) nous permet à un même volume de facteurs de production de produire toujours plus.: le PIB/tête étant supérieur, on a un accroissement démographique positif et donc une augmentation des travailleurs qui fait baisser le PIB/tête. Le PT n’a pas d’effet. • La relation PIB/tête et taux d’accroissement démographique : La restriction morale permet dans le modèle malthusien de dépasser l’état stationnaire. d) Marx : une théorie de la croissance fondée sur l’exploitation : Le capitalisme a pour essence l’accumulation du capital : on investit une somme d’argent A pour produire une marchandise M afin d’obtenir une somme d’argent A ‘ supérieure à A. (A’ = A + survaleur). « Accumulez, accumulez, c’est la loi et les prophètes » Marx, Le capital. Il parle même de fétichisme de la monnaie, on acquiert de la monnaie pour elle-même et non plus pour acquérir des marchandises maximisent notre utilité. Comment uploads/Finance/ croissance-et-developpement-2-n 1 .pdf
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- Publié le Jui 03, 2021
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