Texte 1 "Tout vouloir procède d'un besoin, c'est-à-dire d'une privation, c'est-
Texte 1 "Tout vouloir procède d'un besoin, c'est-à-dire d'une privation, c'est-à-dire d'une souffrance. La satisfaction y met fin ; mais pour un désir qui est satisfait, dix au moins sont contrariés ; de plus le désir est long et ses exigences tendent à l'infini ; la satisfaction est courte et elle est parcimonieusement mesurée. Mais ce contentement suprême n'est lui-même qu'apparent ; le désir satisfait fait place aussitôt à un nouveau désir ; le premier est une déception reconnue, le second est une déception non encore reconnue. La satisfaction d'aucun souhait ne peut procurer de contentement durable et inaltérable. C'est comme l'aumône qu'on jette à un mendiant : elle lui sauve aujourd'hui la vie pour prolonger sa misère jusqu'à demain. - Tant que notre conscience est remplie par notre volonté, tant que nous sommes asservis à la pulsion du désir, aux espérances et aux craintes continuelles qu'il fait naître, tant que nous sommes sujets du vouloir, il n'y a pour nous ni bonheur durable, ni repos. Poursuivre ou fuir, craindre le malheur ou chercher la jouissance, c'est en réalité tout un ; l'inquiétude d'une volonté toujours exigeante, sous quelque forme qu'elle se manifeste, emplit et trouble sans cesse la conscience ; or sans repos le véritable bonheur est impossible. Ainsi le sujet du vouloir ressemble à Ixion1 attaché sur une roue qui ne cesse de tourner, aux Danaïdes2 qui puisent toujours pour emplir leur tonneau, à Tantale3 éternellement altéré". Schopenhauer, Le monde comme volonté et comme représentation Texte 2 Toute chose s'efforce - autant qu'il est en son pouvoir - de persévérer dans son être. [...] L'effort par lequel toute chose s'efforce de persévérer dans son être n'est rien d'autre que l'essence actuelle de cette chose. [...] Cet effort, en tant qu'il a rapport à l'âme seule, s'appelle : Volonté. Mais lorsqu'il a rapport en même temps à l'Âme et au Corps, il se nomme Appétit. L'appétit, par conséquent, n'est pas autre chose que l'essence même de l'homme, de la nature de laquelle les choses qui servent à sa propre conservation résultent nécessairement ; et par conséquent, ces mêmes choses, l'homme est déterminé à les accomplir. En outre, entre l'appétit et le désir il n'existe aucune différence, sauf que le désir s'applique, la plupart du temps, aux hommes lorsqu'ils ont conscience de leur appétit et, par suite, le désir peut être ainsi défini : "Le désir est un appétit dont on a conscience". Il est donc constant, en vertu des théorèmes qui précèdent, que nous ne nous efforçons pas de faire une chose, que nous ne voulons pas une chose, que nous n'avons non plus l'appétit ni le désir de quelque chose parce que nous jugeons que cette chose est bonne; mais qu'au contraire nous jugeons qu'une chose est bonne parce que nous nous efforçons vers elle, que nous la voulons, que nous en avons l'appétit et le désir". Spinoza, Éthique (1675), livre III, 1 Ixion tenta d’abuser d’Héra la femme de Zeus.Pour le punir ,Zeus l‘attacha à une roue enflammée,tournant sans cesse,et le lança ainsi à travers les airs. 2 Chacune des cinquante filles de Danaos, roi légendaire d'Argos, qui exécutèrent leurs maris la nuit de leurs noces, sur l'ordre de leur père, et furent condamnées aux Enfers à verser éternellement de l'eau dans un vase sans fond. 3 Tantale, fils de Zeus, était, suite à une punition de son père, condamné à supporter la faim et la soif pour l’éternité. En effet, lorsqu’il s’approchait d’un fruit ou d’une source, le premier se transformait en pierre, quant à la seconde, elle disparaissait. Problématique :quelle est la nature du désir ? Est-il un manque douloureux ou une force créatrice ? Faut-il se méfier de nos désirs ou au contraire les valoriser ?Doit on les condamner le désir voire les éradiquer ou les célébrer et les accomplir? peut-on vivre sans désir ? Texte 1 - Thèse : la satisfaction des désirs ne peut conduire au bonheur car ils sont causes de souffrance et d'illusion. - Antithèse : pour être heureux, il suffit de satisfaire ses désirs, de rechercher le plaisir total qu'offre leur satisfaction. - Question : désirer est-ce la voie qui conduit au bonheur ? Faut-il chercher à satisfaire tous ses désirs pour être heureux ? - Problème : pour tout un chacun, le moyen qui est considéré de manière évidente comme devant conduire au bonheur est la satisfaction des désirs, le paradis est ainsi souvent conçu comme la satisfaction de tous nos désirs. Le bonheur serait donc synonyme de désirs satisfaits. Cependant lorsque l'on observe la vie des êtres humains, on constate que désirer c'est bien souvent souffrir, être déçu, vivre une expérience négative faite de souffrance et de frustration. Que doit-on penser ? Qu'en est-il des relations entre désir et bonheur : l'un est-il condition de l'autre comme on le croit très spontanément ou bien faut-il dissocier la recherche du bonheur et la quête de la satisfaction des désirs ? - Enjeux : Il est nécessaire d'abord de connaître les définitions exactes du désir et du bonheur afin d'espérer savoir quelles sont leurs relations. Et ceci est nécessaire afin de savoir quelle place je dois / je peux légitimement accorder à la satisfaction des désirs si je veux être heureux, quelle valeur, donc, je peux leur attribuer dans le cadre de la quête du bonheur. A quelle condition le bonheur est-il accessible par la satisfaction des désirs ? Plan et structure de l'argumentation Nous avons constaté trois parties dans ce texte. Dans la première partie, Schopenhauer étaye la définition du désir, confondu avec la dynamique du manque présente dans le besoin. Dans le seconde partie, l’auteur vise tout particulièrement les défauts et les lacunes du processus de satisfaction des désirs. Et enfin, dans une dernière partie, Schopenhauer apporte ce qu’il estime être une solution durable à des désirs n’engendrant que souffrance. Mais le désir est-il réductible à cette expérience source négative ? Schopenhauer répond par l’affirmative :les plaisirs que nous espérant lorsque nous satisfont nos désirs ne font qu’accentuer nos souffrances et nos malheurs. La première partie de ce texte présente en quelque sorte la définition du désir dont les conséquences se déduisent implacablement: « Tout vouloir procède d’un besoin, c’est-à-dire d’une privation, c’est-à-dire d’une souffrance ». De manière générale, le vouloir est identifié chez Schopenhauer au désir, et ce désir lui-même découle et dépende de la dynamique du besoin dont le trait fondamental est la « privation » càd la souffrance. Cette maxime à l’allure implacable agence une vision pessimiste propre à Schopenhauer. . cette vision montre comment la douleur l’emporte sur le plaisir, le plaisir n’étant qu’une cessation ponctuelle de cette même douleur. Affirmer le désir ou la volonté comme dérive du besoin, marque le désir par une privation ou un manque radical. 4 raisons qui font que le désir ne peut etre une source de bonheur : 1°) « pour un désir qui est satisfait, dix au moins sont contrariés » ; 2°) « de plus le désir est long » mais la satisfaction est courte » 3°) les exigences du désirs tendent à l’infini ; la satisfaction (…) est parcimonieusement mesurée. » 4°) « Mais ce contentement suprême n'est lui-même qu'apparent ; le désir satisfait fait place aussitôt à un nouveau désir » 1-Premièrement S. met en évidence qu'un désir satisfait c'est 10 autres auxquels on a, au moins ponctuellement, renoncé faute de pouvoir tous les satisfaire en même temps. Toute satisfaction est donc une goutte d'eau dans le désert. La quantité de désir qui exige satisfaction est toujours beaucoup plus importante que les possibilités matérielles (temps, occasions, énergie) dont nous disposons pour les satisfaire. 2-A cela il faut ajouter la différence temporelle qui sépare l'expérience du désir (longue attente) comparée à l'expérience de la satisfaction qui elle est très courte ,autrement dit, le désir ouvre en permanence, alors que la satisfaction est intermittence, n’ayant qu’un effet ponctuel sur la permanence du désir. 3-En plus, Du point de vue de leur force, les « exigences » du désir « tendent à l’infini », alors que la satisfaction est « parcimonieusement mesurée », c’est-à-dire que la force du désir ne connait aucune limite possible, alors même que la satisfaction est de part en part constitutive d’une extrême tempérance, et est qualifiée comme strictement mesurable. Autrement dit, la satisfaction n’est pas une puissance suffisante pour se positionner comme celle du manque oeuvrant dans le désir de façon profonde. 4- Enfin S. ajoute que la satisfaction se révèle être après coup une pure illusion. La satisfaction n'est en effet qu'apparente puisque l'insatisfaction renaît sans cesse telle les têtes de l'hydre de l'Herne que l'on croyait avoir décapitées. La satisfaction qui se donnait comme terme du désir n’en est en réalité pas un puisqu’elle relance le désir, elle le fait renaître sans cesse. Pourquoi entraine-t-elle cette renaissance ? C’est parce que, comme le montre ensuite S., la satisfaction est en son fond déception. S. peut enfin conclure ce premier temps en affirmant ce qui constitue l'essentiel de sa uploads/Finance/ desirer-est-ce-la-voie-qui-conduit-au-bonheur.pdf
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- Publié le Oct 20, 2022
- Catégorie Business / Finance
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