Discours de F. Carl Braun – 5 Avril 2011 Page 1 Discours de F. Carl Braun prési

Discours de F. Carl Braun – 5 Avril 2011 Page 1 Discours de F. Carl Braun président du conseil de la Unibank Monsieur le Gouverneur de la Banque Centrale, Messieurs les Membres du Conseil de la Banque Centrale, Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs les Membres de L'Association Professionnelle des Banques, Mesdames, Messieurs, les Présidents et Membres du Forum Économique et des Associations du Secteur Privé, Distingués Collègues Banquiers, Distingués Invités, Chers Amis, Je suis très sensible à cet honneur que me rendent ce soir la Banque Centrale et le Group Croissance, à l'occasion de ce cocktail d'ouverture du « Premier Colloque sur la Finance et la Technologie ». En effet, être reconnu pour ses contributions durant trois décennies au secteur bancaire et financier est certainement un grand honneur. Je remercie la Banque de la République d'Haïti et le Group Croissance d'avoir pensé à organiser cet évènement en hommage à certaines personnalités qui ont contribué au renforcement du secteur financier en Haïti, et en l'honneur de deux institutions qui fêtent 25 et 40 ans sur le marché. Les organisateurs m'avaient prié de dire quelques mots, et j'ai choisi de mettre en contexte pour vous le cadre de mes interventions dans le secteur qui en fin de compte est le plus moderne, le plus régulé, et le plus transparent de l'économie haïtienne. Je commencerai par vous ramener donc en 1979. En octobre 1979, tout juste quelques mois après avoir célébré mes 25 ans, j'avais décidé de fonder Capital Consult, cabinet de consultation en économie, finances et gestion qui a occupé, jusqu'en 1995, plus de 16 ans de ma vie professionnelle. Après avoir passé presque quatre ans dans le secteur industriel d'exportation comme cadre dirigeant et associé fondateur d'entreprises, et compte tenu de la situation économique et politique d'Haïti, d'une part, et de la situation institutionnelle du secteur privé national, d'autre part, il Discours de F. Carl Braun – 5 Avril 2011 Page 2 m'avait semblé important et urgent de concentrer mes efforts professionnels sur trois pôles prioritaires :  la formulation de politiques publiques pour favoriser et soutenir la croissance économique et le développement d'Haïti, la stabilité macroéconomique, l'efficacité et l'efficience dans l'utilisation des maigres ressources nationales, la promotion de l'épargne et de l'investissement ;  le renforcement institutionnel d'Haïti, et particulièrement des secteurs privé et non public, par la création de nouvelles entités faisant la promotion de l'économie de marché ; menant le combat contre les monopoles et autres barrières économiques ; utilisant la transparence et la bonne gouvernance comme armes journalières contre la corruption; érigeant la démocratie et l'État de droit en boussole permanente des actions du secteur privé ;  et, last but not least, la modernisation et l'approfondissement du secteur financier qui pourrait facilement se convertir en moteur d'un développement durable et soutenu. J'avoue avoir connu beaucoup de joie intellectuelle et professionnelle dans les deux premiers pôles d'intervention, ceux des politiques publiques - « public policy », pour les anglophones - et du renforcement institutionnel du secteur privé. C'était en effet les années qui ont vu, par exemple, la création de l'Association des Industries d'Haïti (ADIH), alors l'institution phare du secteur privé pro-marché et pro-démocratie ; l'institutionnalisation d'un dialogue public-privé autour de commissions mixtes pour la promotion de l'investissement et la réforme économique ; la réalisation de centaines d'étude de marché, de faisabilité, et d'opportunités d'investissement dans les secteurs industriels, agricoles et commerciaux, pour des entreprises privées, des organismes internationaux et des institutions non publiques (à cette époque, et jusqu'en 1986, ma politique personnelle, et donc celle de mon cabinet, était de ne pas entreprendre de mandats pour compte du gouvernement haïtien) ; la formulation de conseils pour la modernisation de la structure de gouvernance des entreprises à prédominante familiale (promotion de l'audit comptable, implémentation de codes de déontologie et de règles de conduite, rendre fonctionnel les conseils d'administration d'entreprises, etc.). C'était aussi, après 1986, la modernisation du cadre réglementaire des affaires, avec de nouvelles lois fiscales et douanières, un nouveau code des investissements, des modifications aux lois sur les sociétés anonymes, etc. Mais, c'était également l'époque de mes premières interventions dans le secteur financier, pour lequel j'avais toujours eu un faible d'abord parce que j'avais commencé, quand j'avais 14 ans, à travailler à la Bibliothèque de Saint-Louis-de-Gonzague, à la Bibliothèque Nationale et au Service de Statistiques de la Banque Nationale de la République d'Haïti (BNRH), sur une histoire monétaire d'Haïti ; et surtout parce que je pensais que le secteur privé haïtien et les capitaux nationaux pouvaient jouer un rôle important dans son Discours de F. Carl Braun – 5 Avril 2011 Page 3 renforcement et sa modernisation au service d'un développement national plus autonome. J'ai en tout premier lieu commencé à réfléchir à ce que le secteur financier n'avait pas : il n'offrait pas des prêts hypothécaires à long terme pour favoriser l'accès au logement ; il n'avait pas de banque privée de développement qui pourrait accompagner les banques commerciales privées et publiques existantes dans le financement à long terme de projets dans les secteurs industriels, agro-industriels, et agricoles ; et en fin de compte, le secteur bancaire n'avait pas une grande présence de capitaux nationaux. En 1981, tout juste après la création de l'Association des Industries d'Haïti (ADIH), feu André Apaid, son fondateur et premier président, et moi avions commencé à discuter, avec les autres membres du Conseil d'Administration, de la possibilité de créer une « banque de développement » à capitaux privés, dirigée par le secteur privé. C'est ainsi que naissait le projet de fonder la SOFIHDES, la Société Financière Haïtienne de Développement, fruit des efforts conjoints de André Apaid et des membres du Conseil de l'ADIH, de la USAID comme co-bailleurs de fonds, du Ministre de l'Économie et des Finances d'alors, Marc Bazin, et de moi comme coordonnateur technique chargé du montage du projet pour l'ADIH comme promoteur. Nous avons réuni alors 142 actionnaires fondateurs qui ont investi 1 million de dollars américains, après que le Ministre Bazin, feu Me. Guy Malary et moi avions mis la dernière main à la loi du 30 août 1982 autorisant les sociétés financières de développement. C'était à l'époque un effort important de mobilisation de capitaux et de personnes ; le million de dollars de capital est aujourd'hui l'équivalant de $ 2.5 millions, et à part l'effort pionnier de réunir des actionnaires par la Banque de l'Union Haïtienne, aucune société anonyme haïtienne ne comportait autant d'actionnaires. J'avais 27 ans quand j'ai eu le privilège de mettre mes connaissances et ma personnalité au service d'un projet de grande envergure; c'était ma première expérience dans la mobilisation d'un grand nombre d'actionnaires et de capitaux importants, dans des négociations avec les Pouvoirs Publics et les Bailleurs de Fonds internationaux, dans le montage opérationnel d'une institution financière. En tant qu'actionnaire fondateur et coordonnateur du montage financier et institutionnel, et avec une pensée très spéciale pour André Apaid, je suis fier de voir que, vingt-neuf ans après, la SOFIHDES est toujours debout, jouant un rôle important dans le financement des entreprises haïtiennes. Depuis son premier prêt à terme pour l'acquisition de tracteurs et d'équipements pour la société agro-industrielle du Rhum Barbancourt, la SOFIHDES a continué à faire oeuvre qui vaille dans son domaine. La réussite du montage de la SOFIHDES m'encouragea à entreprendre le projet de création d'une banque d'épargne et de logement orientée essentiellement vers les prêts à très long terme (entre 10 et 20 ans), qui à l'époque n'étaient pas un produit offert par le secteur bancaire. Le Gouvernement haïtien avait essayé d'entreprendre, sans succès, le montage Discours de F. Carl Braun – 5 Avril 2011 Page 4 d'une institution financière publique, le Crédit Foncier et Immobilier. La USAID, de son côté, cherchait à promouvoir une meilleure adaptation du secteur bancaire aux besoins des agents économiques. Des actionnaires institutionnels comme les fonds de pension des grandes entreprises publiques comme la TELECO, l'APN et l'EDH cherchaient des placements. Des actionnaires privés haïtiens pensaient qu'il y avait une opportunité d'investissement. C'est dans ce contexte que j'ai réuni en 1983, avec l'accord du Ministère de l'Economie et des Finances et de la Banque Centrale, et le support de la USAID, un groupe de fondateurs composé d'actionnaires individuels et institutionnels ayant pour objectif de créer une nouvelle banque privée qui fonctionnerait à l'intérieur d'une loi-cadre permettant une large compétition dans le secteur. Les travaux de constitution de la Banque de Crédit Immobilier (BCI, aujourd'hui Capital Bank) ont duré environ deux ans : il fallait non seulement rédiger la loi-cadre, mais la négocier avec les Pouvoirs Publics et la faire approuver par le parlement, ce qui fut fait le 24 juillet 1984. Il fallait ensuite assurer le montage opérationnel de la nouvelle banque, rédiger les procédures, politiques et manuels, recruter le personnel, et surtout assurer le « nerf de la guerre », le capital. Avec la participation du groupe des fondateurs, et l'assistance de mes collègues professionnels haïtiens et étrangers, on a réussi à tout boucler dans un délai jusque-là record en Haïti, et l'Assemblée uploads/Finance/ discours-de-f-carl-braun-5-avril-2011.pdf

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  • Publié le Fev 10, 2021
  • Catégorie Business / Finance
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