I- État des lieux des classes populaires en France dans les années 2000 -2014 A

I- État des lieux des classes populaires en France dans les années 2000 -2014 A) Les ouvriers et les employés Les catégories populaires sont composées des employés et des ouvriers. En 1900, 80% des salariés français étaient des ouvriers. Aujourd’hui, ils ne représentent plus qu'un quart de la population active. C'est pourquoi, le terme « d’ouvrier » disparaît peu à peu du vocabulaire collectif pour être remplacé par « opérateur »ou « collaborateur ». Le nombre d’ouvriers demeure toujours important mais d’autres catégories socioprofessionnelles comme les employés ont progressé de manière très importante. En 1962, les ouvriers représentaient 39% de la population active, tandis que les employés représentaient 18%. En 2012, le nombre d’ouvriers a baissé, ils ne représentent plus que 26% de la population active. A l’inverse, le nombre d’employés s’est accru, ils représentent 35% de la population active.1 On constate donc que le nombre d'employés a progressé de façon continue. Ce qui peut donner l’impression d’un effacement de la classe ouvrière. Par conséquent, depuis quelques années le sentiment d’appartenir à une classe ouvrière décline. De plus, beaucoup de français se définissent comme appartenant à la classe moyenne alors qu'ils appartiennent a priori aux classes populaires. Ceci s'explique en partie du fait que le terme de « classe populaire » est vu pour beaucoup comme péjoratif. Nous constatons ainsi qu’il est de plus en plus difficile de se situer dans une catégorie socioprofessionnelle. Le figaro a publié récemment un graphique qui permet de se donner une idée de notre classe sociale : 1 http://cafecours.fr/cours/science_po/m1/2013_2014/classes_pop.pdf Mais alors qui sont les ouvriers et les employés ? Selon le figaro, « ceux qui appartiennent à la classe populaire perçoivent au plus 1183 euros pour une personne seule, 2251 euros pour un couple sans enfant et 3100 euros pour un couple avec deux enfants. » Selon l’INSEE, « En 2007, un salarié sur cinq est employé ou ouvrier non qualifié, soit 5,5 millions de salariés ». Mais l’ouvrier des années 2014 n’est plus celui des années 1950. La condition ouvrière a connu de profonds changements. Les contraintes associées au travail ont changé de nature: la fatigue physique a reculé, le travail est moins dur. Dans les années 1950, les ouvriers travaillaient dans de grosses entreprises notamment industrielles. A cette époque, la main d’œuvre ouvrière était principalement masculine et peu qualifiée. De même que, les contrats de travail étaient pour la plupart à durée indéterminée et la part des emplois temporaires étaient quasiment inexistants. Aujourd’hui, la moitié des ouvriers travaillent dans des entreprises de moins de 50 salariés. La classe ouvrière s'est modifiée avec le développement des emplois dans le secteur des « services ». Ils doivent également s’occuper de nouvelles requêtes envers les fournisseurs ou des clients et moins de la production. Le développement des emplois dans les « services » 4 ouvriers sur 5 restent des hommes mais leurs conditions de travail ont connu de profonds changements. T andis que près de 4 employés sur 5 sont des femmes. La proportion des temps partiels a également évolué : « 10 % des ouvriers sont en mission d’intérim et 44 % des employés travaillent à temps partiel.»2 On constate aussi que les inégalités salariales sont en forte progression : entre 1998 et 2006, le salaire moyen mensuel des 0,01% les mieux payés a augmenté de 68,9% ; dans le même temps, le salaire mensuel moyen des 90% les moins bien payés n’a augmenté que de 0,9%. Ces arguments accréditent la thèse selon laquelle il y aurait un retour des classes sociales : une classe de privilégiés s’enrichit tandis que les moins bien fortunés voient leur situation stagner. B) Les inégalités scolaires 1- Les inégalités face au capital culturel L’école est un facteur de cohésion sociale, tout comme elle est un facteur d’inégalités. En effet, la réussite scolaire est très liée à l’origine sociale et notamment au capital culturel, qui détermine grandement des conditions d’environnement plus ou moins favorables à la réussite scolaire. Ce qui explique en grande partie les inégalités scolaires c’est le capital culturel et social. Les individus intériorisent des principes sociaux du milieu dans lequel ils vivent. Par exemple, les catégories supérieures vont davantage au musée, au théâtre que les 2 http://travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/2000.11-47.1.pdf catégories populaires, ce qui amplifie encore plus les inégalités culturelles. C’est pour cela que certains enfants de milieux aisés profitent d’un capital culturel plus avantageux ce qui favorise leur réussite scolaire car ils possèdent une partie des attentes de l’école et s’adaptent donc plus facilement. Ils ont plus de facilités à s’exprimer et à écrire. Alors que, l’enfant d’une famille moins bien dotée en capital culturel aura plus de difficulté à l’école. Les enfants des catégories populaires n’ont pas moins de capital culturel mais un capital différent de celui qui est valorisé part l’école. Ce qui les handicaps tout au long de leur parcours scolaire. De ce fait, les connaissances transmises par les parents, les aides scolaires dont bénéficient certains enfants déterminent des parcours scolaires inégaux. 2- Les inégalités dans les choix scolaires On observe des inégalités aussi au niveau des choix scolaires. Les ambitions familiales divergent selon le milieu social. Dans les catégories populaires, les parents interviennent peu dans l’étude des enfants alors que dans les catégories moyennes ou supérieures les parents s’investissent plus. Par exemple, ils mettent en place des stratégies familiales pour avoir le bon professeur, dans le bon établissement et ainsi mieux affronter les compétitions scolaires et professionnelles. Ce qui a un impact sur le taux de redoublement, l’accès au baccalauréat et les études poursuivies des individus. Les familles comparent aussi les coûts, les avantages et les risques à la poursuite des études. Les classes supérieures vont maintenir leurs enfants dans le système scolaire car les coûts sont faibles. Les classes populaires à l’inverse vont plus réfléchir quant au fait de poursuivre la scolarité de leurs enfants, en fonction des coûts engagés. Même à compétence égale, les enfants de milieu populaire redoublent plus souvent et sont moins bien orientés que les enfants de milieu favorisé, ce qui les pénalisent dans la poursuite de leurs études. T outefois, ces dernières années les familles des milieux populaires développent des attentes de plus en plus importantes vis-à-vis de l'école. De plus, les parcours scolaires sont très différents selon les milieux sociaux. On remarque une sous-représentation de certaines catégories défavorisées de la population dans les bacheliers généraux, les étudiants de classes préparatoires et les élites en général. Selon l’INSEE, les chances d'avoir le bac et le type de bac obtenu diffèrent déjà nettement selon le milieu social : parmi les jeunes entrés en 6e en 1995, près de 90 % des enfants d'enseignants ou de cadres ont eu le bac, contre 40 % des enfants d'ouvriers non qualifiés.3 De ce fait, les enfants d’ouvriers ont deux fois moins de chances que les enfants de cadres d’obtenir le Bac. Ce qui est confirmé par le Odds ratio c'est-à-dire « le rapport des rapports des chances des deux catégories pour accéder aux «bonnes» situations plutôt qu’aux «mauvaises. Ce odds ratio vaut (53,5/6,6)/(5,6/53,0) =76,5 et signifie que les enfants de cadres ont 76 fois plus de chances que ceux d’ouvrier d’accéder aux bonnes places plutôt qu’aux mauvaises. »4 Les enfants de cadres et de professions libérales représentent près d’un tiers des étudiants à l’université. Ces inégalités se manifestent par un inégal accès à l’emploi.. Même à diplôme égal, les enfants des catégories populaires sont peu 3 http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?reg_id=0&id=3740 4 http://www.ofce.sciences-po.fr/pdf/revue/9-79.pdf nombreux à obtenir un CDI et un emploi de cadre car ils ne bénéficient pas du capital social souhaité. On constate donc que les inégalités scolaires vont parfois en s’aggravant lorsqu’on regarde la composition des classes préparatoire, d’où des tentatives de réformes comme la Convention Zones d’éducation prioritaire (ZEP) signée par Sciences Po il y a plusieurs années. On reste donc loin d’une école favorisant une réelle égalité des chances. L’origine sociale influence largement l’avenir professionnel des individus Ainsi, les écarts de réussite entre les enfants selon le milieu social s’expliquent en grande partie par les différences dans les comportements et les principes des familles. Ceux-ci sont renforcés par les choix scolaires en fonction de l’appartenance à telle classe. C) Le chômage au sein de la classe populaire Les ouvriers et les employés sont deux catégories sociales particulièrement confrontées au chômage. Parmi ces 2 catégories, on distingue 2 niveaux de qualification : les ouvriers qualifiés et non qualifiés, les employés qualifiés et non qualifiés. Ceux-ci constituent 1 salarié sur 5. les ouvriers non qualifiés de type artisanal, de type industriel et les ouvriers agricoles représentent l'ensemble des ouvriers non qualifiés. Pour les employés non qualifiés il s'agit des agents de service, des standardistes, agents de surveillance, caissiers, etc... . Ce sont principalement ces catégories de non qualifiés qui sont touchés par le chômage car ils sont souvent en contrat à court terme ou à temps partiels. Selon l'INSEE, ils ont un niveau de vie inférieur de 24 % à celui de l'ensemble des salariés. 13 % des employés et des ouvriers non qualifiés uploads/Finance/ dissertation-sociologie.pdf

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  • Publié le Jul 14, 2022
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