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◄ Fascicule Eau - Écœurement Fascicule Écriture - Éducation ► < Encyclopédie anarchiste Collectif Encyclopédie anarchiste Texte établi par Sébastien Faure, sous la direction de, La Librairie internationale, 1925-1934 (tome 2, p. 618-629). ÉCOLE n. f. (du latin schola). Il n’est pas nécessaire de définir l’école, mais il est utile de montrer les défauts les plus graves des écoles que fréquentent tous les jeunes enfants et d’indiquer ce qui devrait être fait pour rendre ces écoles meilleures. Il n’est pas indispensable non plus d’étudier comment les écoles se sont différenciées ; mais il est bon de montrer que la différenciation qui a pour but de séparer les enfants des riches des enfants du prolétariat est combattue aujourd’hui par les partisans de l’école unique. Il nous faut signaler aussi l’influence de l’individualisme sur la différenciation des écoles, comment l’on se propose aujourd’hui de tenir mieux compte des intérêts et des capacités des enfants, pour aider ces enfants à devenir des hommes plutôt que pour en faire des croyants ou’des citoyens. ⁂ Nul mieux que Roorda n’a su exposer d’une façon claire, et souvent caustique, les défauts des écoles d’aujourd’hui. « Il y a, dit le pédagogue suisse, deux écoles : « 1° L’école proprement dite…, où tous les enfants vont pour commencer ; 2° L’école spéciale ou professionnelle, où l’on entre plus tard, et où tous les élèves font un même apprentissage déterminé. « Cette école spéciale sera, par exemple, une école de médecine, ou une école d’horlogerie, ou une école de droit, ou une école de commerce, ou une école de dessin, ou une école dentaire. « On comprend que dans une telle école tous les élèves se livrent au même entraînement méthodique ; qu’on propose à tous les mêmes travaux et que, finalement, on exige de tous les mêmes connaissances techniques et un même minimum d’habileté : les uns exécuteront plus facilement que les autres les exercices réglementaires ; mais les exigences du maître ne varieront pas avec leurs aptitudes respectives. En somme, c’est sa science de spécialiste, ce sont ses propres talents, ses propres tours de mains qu’il s’efforce de communiquer à tous ses élèves indifféremment. Si les goûts de l’un de ceux- ci sont trop fortement contrariés par cette discipline uniforme, qu’il s’en aille. Car il y a des règles concernant la résistance des matériaux que doivent connaître tous les futurs constructeurs de ponts. Il faut exiger aussi de tous les élèves d’une école d’horlogerie, qu’en dépit de leurs tendances individuelles, ils fabriquent des montres marchant d’accord. Et je trouve bon que l’on interdise aux jeunes gens qui étudient l’art dentaire une originalité excessive dans la manière d’arracher les dents. « Mais c’est de la première école que je veux parler, de celle que j’appellerai simplement l’Ecole, et dont on oublie trop souvent l’un des caractères essentiels. Dans cette Ecole-là, le maître s’adresse à des enfants qui exerceront par la suite les professions les plus diverses… L’Ecole doit donc se demander : « Est-ce que la science que j’enseigne a une valeur générale ? … » Donc, ici, nous ne sommes plus à l’école professionnelle. Ici, en face de son maître, l’écolier n’est plus celui des deux qui doit comprendre l’autre. Il ne s’agit plus d’enseigner à tous les élèves les mêmes procédés et les mêmes formules. Il faut fournir à chacun d’eux l’occasion d’améliorer ce que la nature lui a donné de bon. Car chacun d’eux, en qualité d’être humain, a des aptitudes précieuses dont on pourrait favoriser le développement. Or, tous les enfants ne se développent pas de la même façon ; ils ne peuvent pas progresser tous de la même allure. « …il est admissible que, dans certaines leçons, tous les écoliers fassent la même chose. Mais, à côté de ce domaine où l’instruction peut être obligatoire et uniforme, n’y en a-t-il pas un autre où la diversité et la liberté doivent être admises ?… « Il existe beaucoup d’écoles où les jeunes gens peuvent se spécialiser. Mais nous n’avons pas encore celle où l’enfant pourra s’épanouir. » ⁂ Certes, la plupart des écoles méritent encore les reproches que Roorda adresse à l’Ecole. On en comprendra la raison lorsque l’on saura que l’Ecole est née de l’Université et non l’Université de l’Ecole. Par routine, l’Ecole est restée mieux adaptée à la préparation à des études plus complètes qu’à la préparation à la vie. De plus en plus cependant, l’idée se répand que l’Ecole est faite pour les écoliers, si divers en leurs aptitudes et en leurs intérêts, et que tous les écoliers doivent profiter de l’enseignement d’une école. Sans doute parmi les défenseurs d’une meilleure et plus juste adaptation des écoles aux, écoliers, il en est un certain nombre qui se placent uniquement ou presque uniquement au point de vue social : pour qui les écoles spéciales pour arriérés ont pour but de déterminer les charges sociales, les écoles pour surnormaux de tirer le maximum de profit des élites, l’école unique — pas encore réalisée en France — de recruter toutes les élites. Mais que le but soit ou ne soit pas le progrès social, il n’en est pas moins vrai que les moyens envisagés se résument à peu près tous en une meilleure adaptation de l’enseignement aux individualités enfantines. Le progrès individuel et, partant, l’individualisation de l’enseignement sont les moyens du progrès social. Le besoin de différencier l’enseignement par la création d’écoles différentes s’est surtout fait sentir à propos des enfants trop différents des autres pour pouvoir profiter de l’enseignement collectif. La première école pour sourds-muets fut créée à Paris en 1760 ; en 1784, à Paris également, on créait la première école pour aveugles ; cependant, l’écriture Braille, la plus usitée aujourd’hui pour les aveugles, ne fut inventée que vers 1829. L’enseignement pour les enfants infirmes et estropiés est encore aujourd’hui trop négligé, sauf peut-être au Danemark et aux Etats-Unis. A New-York, en 1921, près de 2.000 enfants estropiés étaient transportés journellement à des écoles spéciales par deux autobus municipaux et plusieurs véhicules loués ; plus de 500 étaient hospitalisés et 172, non transportables, instruits à domicile par 12 instituteurs volontaires. Cependant, l’intérêt des enfants n’est pas toujours seul en cause, celui des instituteurs a également influé sur la différenciation des écoles. On comprend que les enfants arriérés, anormaux, vicieux, aient été une gêne pour leurs maîtres. On devine que les élèves particulièrement bien doués n’aient pas été dans le même cas et que les maîtres soient heureux de conserver de tels élèves dans leurs classes. Aussi, alors que la première école spéciale pour arriérés était créée en Allemagne dès 1867, ce n’est qu’en 1905 que des écoles pour surnormaux furent créés aux Etats-Unis. Aujourd’hui encore, l’Ecole unique n’est désirée par la plupart des instituteurs qu’à la condition qu’ils n’y perdront pas leurs bons élèves. ŧ Wikisource ŏ ɿ Pour que chaque enfant profite au maximum du temps passé par lui à l’école et du travail qu’il y fait, il faut que l’école tienne compte de la diversité des aptitudes et des intérêts. Parmi les solutions qui ont été proposées pour satisfaire à cette condition, l’une consiste à différencier les écoles et les groupes d’une même école, chaque groupe homogène pouvant ainsi recevoir un enseignement collectif profitable ; l’autre à différencier les travaux dans la même école, à individualiser l’enseignement et à assurer le contrôle, soit directement par le maître, soit indirectement. Il est, enfin, des écoles qui s’efforcent de combiner les deux solutions précédentes. Nous remettons à plus tard un exposé des méthodes employées pour la sélection des groupes ou pour l’enseignement individualisé. La première de ces solutions est employée dans quelques grandes villes, la seconde convient aux petites écoles. Un modèle de différenciation du premier genre nous est offert à Jackson (Etats-Unis) où, en 1921, on comptait : 1° Des ungraded schools pour enfants déficients ; 2° Des lower auxiliary schools pour jeunes arriérés ; 3° Des upper auxiliary schools pour arriérés plus âgés ; 4°Des opportunity schools pour les arriérés qui vont quitter l’école ; 5° Des speed schools, écoles rapides pour mieux doués ; 6° Des open air schools pour prétuberculeux et anémiés ; 7° Des schools for deaf pour sourds ou durs d’ouïe ; 8° Des schools for the blind or sight saving scheel pour aveugles ou vues faibles ; 9° Des maîtres-répétiteurs (spécial help) pour des enfants normaux mais retardés en quelque matière. Parmi les autres typés d’écoles spéciales, dont nous n’avons pas encore parlé, nous devons citer celles pour enfants vicieux, vagabonds, délinquants, qui se sont surtout développés en Angleterre et aux Etats-Unis. Ajoutons encore les écoles destinées aux tout-petits et, parmi elles, les jardins d’enfants de Fröbel, créés en Allemagne dès 1837, les écoles maternelles françaises organisées tout d’abord par Mme Pape Carpentier et la maison des enfants (Case deï Bambini), de Mme Montessori, apparue en Italie, en 1907. Ainsi, peu à peu, en se différenciant, l’Ecole tient de plus en plus compte des aptitudes diverses des enfants. En est-il de même en ce uploads/Finance/ encyclopedie-anarchiste-ecole-economie.pdf

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  • Publié le Mar 20, 2022
  • Catégorie Business / Finance
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