Etape 3 – Vers un renouveau des classes sociales ? Objectifs : - Maîtrise du
Etape 3 – Vers un renouveau des classes sociales ? Objectifs : - Maîtrise du vocabulaire des analyses théoriques des classes - Réflexion sur la pertinence actuelle des analyses théoriques La classe ouvrière existe-t-elle encore ? Document 1 : La société française des années 1990 (et l’on pourrait évidemment en dire tout autant de celle d’aujourd’hui), en dépit des transformations de grande ampleur qu’elle avait connues depuis les années soixante – expansion des classes moyennes, consommation de masse, tertiarisation, explosion scolaire… –, n’avait manifestement pas mis fin à l’existence, en son sein, d’un vaste ensemble de populations présentant trois caractéristiques : petitesse du statut professionnel ou social, étroitesse des ressources économiques – sans que cela signifie nécessairement précarité –, éloignement par rapport au capital culturel, et d’abord par rapport à l’école, même s’il ne s’agit aujourd’hui que d’un éloignement relatif. Le chômage de masse, la remise en cause de la « société salariale », pour reprendre les mots de Robert Castel, avaient profondément déstabilisé une grande partie de ces populations. La notion de « classe ouvrière », dont on sait la place qu’elle avait occupée dans les écrits des sociologues du travail jusque dans les années 1970, ne suffisait à l’évidence plus pour désigner ces groupes, ne serait-ce que parce que ceux-ci étaient désormais composés en grande partie de salariés des services. Celle de « classes populaires », en revanche, telle qu’elle avait été fréquemment utilisée dans les sciences sociales de langue française, semblait plus adéquate, puisqu’elle présentait l’avantage de permettre de désigner, dans toute sa diversité, tout l’éventail des catégories les moins dotées d’une société Source : Olivier Schwartz , Peut-on parler des classes populaires ? , La vie des idées, 13-09-2011 Document 2 : Lorsque Martin Thibault, sociologue du travail à l’université de Limoges, a entamé son enquête, Ouvriers malgré tout (Raison d’agir éditions, 2013), auprès des agents de maintenance de la RATP, l’entreprise lui a répondu qu’il n’y avait pas d’ouvrier chez elle. Souvent, les agents eux-mêmes ne se disaient pas ouvriers, jusqu’à ce qu’ils soient rattrapés par la réalité de leur métier – physique, répétitif, très encadré et exercé dans des hangars où il fait trop chaud ou trop froid. Dans les entrepôts de la grande distribution, même constat : ni les préparateurs de commandes ni les caristes ne se disent ouvriers. Et chez Amazon, les salariés sont des « associates ». (…) Maçons, chauffeurs, soudeurs, jardiniers, métalliers, commis de cuisine, dockers, ostréiculteurs… Selon l’Insee, la France compte 6,3 millions d’ouvriers, classés en trois catégories : qualifiés, non qualifiés et agricoles. Un chiffre en net recul par rapport aux années 1970. Alors qu’ils occupaient 40 % des emplois il y a quarante ans, ils n’en occupent plus que 20,5 % aujourd’hui. Continental, Metaleurop, Goodyear… Ce sont avant tout des postes non qualifiés du secteur industriel qui ont disparu : en moins de quinze ans, l’industrie a perdu près de 1,4 million d’emplois. Mais si la figure mythique de l’ouvrier en bleu de travail sur une chaîne de production n’est plus centrale, les ouvriers ont investi d’autres secteurs : la moitié d’entre eux travaillent désormais dans le tertiaire, ils sont 15 % dans le bâtiment et, dans certains domaines, comme la logistique, leur nombre augmente. (…) I –Classes, stratification et mobilité sociale Thème 1121– Les analyses théoriques sont-elles encore pertinentes pour expliquer les évolutions sociales actuelles ? Sociologie 1- 1 – Comment analyser la structure sociale? Notions: Inégalités économiques, inégalités sociales Acquis de première : salaire, revenu, profit, revenus de transfert Un autre facteur a contribué à la perte de visibilité des ouvriers : l’affaiblissement des organisations syndicales et politiques qui parlaient en leur nom – même si elles n’ont jamais représenté tous les ouvriers, et notamment les immigrés et les femmes. Le Parti communiste français (PCF), en particulier, a considérablement perdu de son influence. Il a aussi cessé, dès les années 1980, d’œuvrer à former et promouvoir des élites ouvrières militantes. Dans le champ de la représentation politique, plus personne, ou presque, n’est issu du monde ouvrier. « Dans certains secteurs d’activité, le groupe [ouvrier] n’a plus les moyens de se représenter en tant que tel », résume David Gaborieau. Autre évolution, la frontière entre le monde des ouvriers et celui des employés n’a jamais été aussi floue. Une caissière qui accomplit une tâche d’exécution répétitive, codifiée et fortement encadrée n’est-elle pas, d’une certaine façon, une ouvrière ? Et un employé d’un centre d’appel ? D’une chaîne de restauration rapide ? Les classifications de l’Insee disent-elles tout du travail ouvrier ? En décembre, la revue Savoir/Agir (éditions du Croquant) titrait : « De la classe ouvrière aux classes populaires ». « La notion de classe populaire, qui rassemble ouvriers et employés, permet de prendre en compte un double mouvement, explique Cédric Lomba, chargé de recherche au CNRS. D’un côté, le travail des employés s’est industrialisé, standardisé. Et à l’inverse, une partie des ouvriers réalise des tâches éloignées du monde manuel. Dans la sidérurgie par exemple, les opérateurs de production interviennent assez peu sur le produit et contrôlent un processus informatique. » La notion de « classes populaires » traduit aussi une mixité nouvelle. Avec l’arrivée des femmes sur le marché du travail, les familles ouvrières ont été remplacées par des familles « hybrides », avec un père ouvrier – le secteur reste masculin à 80 % – et une mère employée – plus de 75 % des employés sont des femmes. « C’est une évolution importante, insiste Henri Eckert, professeur de sociologie à l’université de Poitiers. Historiquement, ouvriers et employés n’avaient pas les mêmes comportements vis-à-vis de la propriété, de la consommation… Et pendant longtemps, être employé était plus prestigieux. » Si le monde employé a perdu de son aura, c’est aussi le cas du monde ouvrier. « A l’époque, quand on obtenait un CAP ou que l’on était apprenti, c’était une promotion, indique Roger Cornu. Aujourd’hui, si vous n’avez pas le bac, vous êtes considéré comme un déchet. Devenir ouvrier ne fait plus rêver. » « Beaucoup d’enfants deviennent ouvriers comme leurs parents – plus d’un ouvrier sur deux est un enfant d’ouvrier, quasiment comme il y a trente ans –, alors qu’ils ont fait des études beaucoup plus longues, ajoute Martin Thibault. Ils ont une autre grille de lecture et sont plus sensibles à la représentation dominante, très dévalorisante. Mais la position ouvrière est souvent la seule à laquelle on peut accéder sans diplôme d’enseignement général. » De fait, les ouvriers sont les premiers touchés par la précarisation de la société. Ils sont la catégorie professionnelle la plus frappée par le chômage (14,7 % en 2014) et la plus exposée aux contrats temporaires. Dans les grands groupes, le chômage partiel se multiplie. « Les fermetures d’usine ne sont souvent que l’aboutissement d’une longue série de restructurations partielles, détaille Cédric Lomba. A chaque fois, on diminue le nombre d’intérimaires, on ne reconduit pas un CDD, on licencie une partie des travailleurs stables ou on ne remplace pas des départs à la retraite… Cette condition d’incertitude, cet état de restructuration permanente font partie du quotidien des ouvriers. » (…) Invisibles et souvent précaires, privés d’une représentation forte et valorisante, les ouvriers n’ont pourtant pas disparu. « La notion de classe populaire a un sens, assure Cédric Lomba. La bourgeoisie est la classe la plus mobilisée pour défendre ses intérêts, mais ce n’est pas parce que les autres classes sont moins mobilisées qu’elles n’existent pas. » Source : Perrine Mouterde, Qui sont les ouvriers d’aujourd’hui ?, Le Monde 07/06/2016 Questions : A. Vers une disparition de la classe ouvrière 1. Montrez que la classe ouvrière n’est plus une classe au sens marxiste La classe ouvrière n’est plus une classe en soi Le nombre d’ouvriers diminue : «les ouvriers occupaient 40 % des emplois il y a quarante ans, ils n’en occupent plus que 20,5 % aujourd’hui » Leurs conditions de vie ne se distinguent plus de celles des autres groupes sociaux C’est la moyennisation : consommation de masse, tertiarisation, explosion scolaire « la frontière entre le monde des ouvriers et celui des employés n’a jamais été aussi floue » La classe ouvrière n’est plus une classe pour soi Les ouvriers ne se reconnaissent pas comme tels : « Lorsque Martin Thibault, sociologue du travail à l’université de Limoges, a entamé son enquête, Ouvriers malgré tout (Raison d’agir éditions, 2013), auprès des agents de maintenance de la RATP, l’entreprise lui a répondu qu’il n’y avait pas d’ouvrier chez elle. Souvent, les agents eux-mêmes ne se disaient pas ouvriers (…) Et chez Amazon, les salariés sont des « associates ». Comme ils ne se considèrent pas comme un une classe sociale, ils ne développent pas des partis ou des syndicats qui vont défendre leurs intérêts : « l’affaiblissement des organisations syndicales et politiques qui parlaient en leur nom – même si elles n’ont jamais représenté tous les ouvriers, et notamment les immigrés et les femmes. Le Parti communiste français (PCF), en particulier, a considérablement uploads/Finance/ etape-3-correction-existence-bourgeoisie-proletariat.pdf
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- Publié le Dec 28, 2021
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