Améliorer le fonctionnement des marchés agricoles en Afrique de l’Ouest Benoit
Améliorer le fonctionnement des marchés agricoles en Afrique de l’Ouest Benoit FAIVRE DUPAIGRE Pierre ALARY Roger BLEIN Bio Goura SOULE Février 2008 2 3 SOMMAIRE 1. OBJET ET LIMITES DE L’ETUDE 6 1.1. Objet de l’étude : propositions pour le renforcement des acteurs et des instruments de marché 6 1.2. La spécificité des marchés agricoles 7 1.2.1. La saisonnalité de la production et la rigidité de la demande 7 1.2.2. L’irrégularité des productions agricoles 7 1.2.3. L’instabilité des prix agricoles 8 1.2.4. La segmentation des marchés 9 1.2.5. Des coûts fixes qui pénalisent l’efficacité de court terme 9 1.3. Les limites de l’étude : raisonner sur des faits qui font exemple plus que sur des données quantitatives 10 2. COMMERCE ET INTEGRATION REGIONALE 12 2.1. Les importations 13 2.1.1. Des situations géographiques déterminantes sur la dynamique d’échange 13 2.1.2. Le TEC favorable aux importations extra-régionales 14 2.2. Les exportations. 17 2.2.1. La structure des exportations confirme les profils des pays 17 2.2.2. Le TEC stimule-t-il les exportations en diminuant le coût des importations? 19 3. DES PROPOSITIONS POUR LEVER LES OBSTACLES AUX ECHANGES 20 3.1. Développer les infrastructures de transport 20 3.2. L’insécurité politique : facteur de détournement de commerce 22 3.3. Renforcer les capacités pour mieux appliquer les règlements régionaux afin de faciliter les échanges agricoles 23 3.3.1. Les avantages de réglementations plus stables dans le temps 23 3.3.2. Améliorer la stabilité du cadre réglementaire pour développer des stratégies commerciales 25 3.4. Equilibrer les rapports entre les différents acteurs économiques 27 3.4.1. Une gouvernance améliorée pourrait favoriser les échanges 27 3.4.2. Des initiatives régionales pour améliorer la « gouvernance » aux frontières 28 4 3.5. Les normes, les règles et le développement des échanges de biens agricoles. 29 3.5.1. Les normes sanitaires nécessaires : se mettre en conformité pour échanger 29 3.5.2. Les règles d'origine 30 3.6. L’influence des taux de change sur les échanges agricoles en Afrique de l’Ouest 31 3.6.1. Les unions monétaires 32 3.6.2. Les monnaies et les unions monétaires de la zone étudiée 33 3.6.3. Stabilité monétaire et production de biens 33 3.6.4. La stabilité entre deux espaces monétaires 34 4. LEVER LES OBSTACLES A L’OFFRE 37 4.1. Améliorer l’accès au crédit 37 4.1.1. La disparition des banques agricoles 39 4.1.2. Contribution des IMF au financement de l’agriculture 40 4.1.3. Le rôle des organisations paysannes « généralistes » 40 4.1.4. Des pistes d’amélioration de la fourniture de crédit aux agriculteurs 42 4.1.5. La question des garanties des clients : des solutions innovantes 43 4.2. L’amélioration de la couverture du risque agricole par un marché de l’assurance 45 4.2.1. L’efficacité économique des individus mise en cause 45 4.2.2. Des solutions de couverture du risque agricole 46 4.2.3. La gestion des marchés 48 4.3. Structurer des filières plus équilibrées au profit des producteurs 49 4.3.1. Les agriculteurs font face à des oligopoles et des cartels 49 4.3.2. Organisation des filières et interprofessions 51 4.3.3. Stimuler la concurrence des partenaires commerciaux par des actions concrètes 52 4.4. Des systèmes d’information sur les marchés au service des agriculteurs 53 4.4.1. Des asymétries d’information pénalisantes pour les agriculteurs 53 4.4.2. Des initiatives de réduction des asymétries : les nouvelles technologies de l'information et de la communication 54 5. CONSOLIDER UN MARCHE AGRICOLE REGIONAL: UNE CONDITION PREALABLE 56 5.1. Agir en cohérence : favoriser les investissements et renforcer les politiques publiques 56 5.2. Redéfinir ou réaffirmer le rôle des différents acteurs 58 5.2.1. La normalisation et la place relative de l’Etat face aux professionnels 58 5.2.2. Un rôle de l’Etat comme fournisseur de certains biens et services 59 5 5.2.3. Passer de la représentation professionnelle à l’action économique efficace 60 5.3. Construire un marché régional dans un environnement économique stable 60 6. BIBLIOGRAPHIE 64 ANNEXE 1 : LES NORMES SANITAIRES 68 ANNEXE 2 : LES NORMES TECHNIQUES 72 Améliorer le fonctionnement des marchés agricoles d’Afrique de l’Ouest Février 2008 6 1. OBJET ET LIMITES DE L’ETUDE 1.1. Objet de l’étude : propositions pour le renforcement des acteurs et des instruments de marché Les Accords de partenariat économique vont redéfinir les règles des échanges entre l’Union européenne et les pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique. La perspective de signature d’un accord régional avec la CEDEAO est l’occasion de favoriser un marché régional. L’application d’un tarif extérieur commun et la définition de produits sensibles devraient aider à promouvoir les productions agricoles de la région. Ceci suppose que les échanges fonctionnent au sein de la région. La situation est loin d’être satisfaisante de ce point de vue et les économies nationales ont longtemps été orientées vers les échanges avec les pays tiers. Toutefois, depuis une quinzaine d’années, des groupements agricoles se sont structurés. Ils sont fédérés dans le Réseau des organisations paysannes et des producteurs agricoles d’Afrique de l’Ouest (ROPPA) et constituent l’amorce de pouvoirs économiques locaux. Le développement d’une classe de négociants parallèlement à la privatisation des filières, même s’il n’a pas répondu à toutes les attentes, constitue le début d’une dynamique commerciale. L’hypothèse que nous formulons est que la priorité devrait être accordée au renforcement des acteurs et des instruments des marchés : accès au crédit, couverture des risques, organisations des marchés, entreprises agricoles de commercialisation, négoce, informations sur les marchés, mise aux normes. Ces thèmes constituent des cadres de partenariat public-privé et des domaines d’investissements de fonds publics et d’acteurs privés. Ils couvrent la plus grande partie des phases qui relient les producteurs aux consommateurs. Chacun d’entre eux doit être renforcé. C’est aussi dans la conception systémique et dans la cohérence que doivent se concevoir les innovations institutionnelles. Dans un premier temps, nous rappellerons les spécificités des marchés agricoles qui militent pour des investissements adaptés. Nous présenterons, dans un deuxième temps, les effets de la libéralisation des échanges internationaux, vécue avec la mise en place de l’Union douanière de l’UEMOA. Dans un troisième temps, en analysant le fonctionnement des marchés en Afrique de l’ouest (marchés internationaux puis marchés domestiques), nous proposerons des orientations politiques favorables à la croissance agricole. Enfin, nous proposerons une hiérarchisation des priorités et une répartition des responsabilités quant à la mise en œuvre des politiques. Améliorer le fonctionnement des marchés agricoles d’Afrique de l’Ouest Février 2008 7 Notons que le rôle des défaillances de marché dans le blocage du développement du commerce a déjà été en partie développé dans le cas de l’Afrique de l’ouest1. Nous détaillerons donc des aspects jusque là négligés et en tirerons des leçons pour l’action. 1.2. La spécificité des marchés agricoles 1.2.1. La saisonnalité de la production et la rigidité de la demande Les biens agricoles ne sont pas, sauf à se dégager des contraintes agro-climatiques, produits en permanence. De plus, la demande en produits agricoles est assez constante dans le temps, elle est rigide par rapport aux prix. Ainsi, l’arbitrage entre l’importation d’un produit ou l’achat au niveau local n’obéit pas toujours à des considérations de prix, mais souvent de disponibilité. En période de pénurie, on peut donc avoir des augmentations d’importations sans que cela soit justifié par les prix mais uniquement pour faire face à une demande qu’il faut satisfaire. Les périodes de sécheresse au Sahel induisent ainsi des hausses d’importations des céréales qui peuvent se font même si les prix des biens importés sont élevés. D’autre part, les déterminants des achats de céréales peuvent être de nature institutionnelle – par exemple pour compenser les ventes de stocks de sécurité alimentaire nationaux – ou par des opérateurs privés, des importateurs anticipent sur la pénurie pour acheter des céréales sur le marché international et mettre à disposition des marchandises, sans réaliser de marges unitaires plus importantes mais en pariant sur l’augmentation des volumes de céréales importées vendues localement. A l’inverse, on trouve des situations comme celle du Niger en 2005 ou malgré des tensions inflationnistes très prononcées sur les céréales, les achats extérieurs n’ont pas progressé rapidement, conduisant à une pénurie. La faiblesse du pouvoir d’achat des populations les plus nécessiteuses ne permettait pas de créer un marché solvable pour des céréales importées. De façon générale, face à une demande rigide, la hausse des prix des produits importés ne se traduit pas forcément pas une baisse des volumes importés ; inversement, la demande ne croit pas nécessairement face à des prix faibles. Ainsi, le prix est un signal d’achat qui n’est pas toujours pertinent dans le cas des produits agricoles. 1.2.2. L’irrégularité des productions agricoles La quantité et la qualité des productions agricoles sont très variables d’une année à l’autre et cela d’autant plus en Afrique de l’Ouest où les conditions de production sont peu maîtrisées. Les aléas climatiques, comme les attaques de ravageurs des cultures, sont relativement importants alors que l’ « artificialisation » du milieu reste faible - l’irrigation, le recours à l’agro-chimie sont marginaux -, ce qui réduit les moyens disponibles pour faire face aux accidents agro-climatiques . 1 Faivre Dupaigre et al. Iram 2006 ; Lipchitz , AFD, 2007 ; Améliorer le fonctionnement des marchés agricoles d’Afrique de l’Ouest Février 2008 8 Figure 1 : productions uploads/Finance/ etudemarches-rapport.pdf
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- Publié le Apv 26, 2022
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