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See discussions, stats, and author profiles for this publication at: https://www.researchgate.net/publication/323681988 L’économie sociale et solidaire face aux enjeux du management Book · October 2017 CITATIONS 0 READS 512 2 authors, including: Some of the authors of this publication are also working on these related projects: Socio-economic impacts of mobile phones in Haiti View project Jean-Michel Huet BearingPoint 50 PUBLICATIONS 31 CITATIONS SEE PROFILE All content following this page was uploaded by Jean-Michel Huet on 10 March 2018. The user has requested enhancement of the downloaded file. 1 Préface Préface Deux cents ans d’histoire bien remplis L’économie sociale se veut avant tout un groupement d’hommes et non de capitaux, ayant une finalité sociale. Elle s’est structurée à partir du xixe siècle1 autour de quelques formes juridiques (association, fondation, coopérative et mutuelle) et s’est enrichie à partir des années 1970 d’une dimension solidaire autour du commerce équitable, des systèmes d’échanges locaux, etc. L’histoire de l’économie sociale n’a pas toujours été simple. Tout d’abord, elle ne s’inscrivait pas dans les courants révolutionnaires de la fin du xviiie siècle et du début du xixe siècle. La Révolution française était hostile aux organisations non lucratives (décret d’Allarde et loi Le Cha- pelier en 1791 contre les corporations et les associations) et le Code napo- léonien interdit les associations de plus de vingt personnes à compter de 1810. Malgré ces interdictions, le mouvement associatif se développe en parallèle de la première révolution industrielle. Apparaissent les sociétés de secours mutuel, les associations ouvrières de production, les premières associations de consommateurs (pour l’achat collectif de denrées de pre- mière nécessité). Plusieurs courants de pensée cherchent alors à concilier l’émancipation individuelle et l’intégration collective pour remédier aux effets pervers de la révolution industrielle. Les communautaires veulent réconcilier lieu de travail et lieu de vie (les familistères), les association- nistes souhaitent créer des coopératives contre l’accaparement du progrès par les capitalistes, les chrétiens-sociaux aspirent à moraliser la société 1. Il existe des traces d’économie sociale en Mésopotamie dans le domaine agricole remon- tant à plus de 4 000 ans, en Égypte chez les tailleurs de pierre à 3 500 ans, ainsi que dans le monde rural européen au Moyen Âge… Mais c’est avec la révolution industrielle que l’économie sociale se développe. ©2017 Pearson France - L'économie sociale et solidaire face aux enjeux du management - J.-M. Huet et S. Roques L’économie sociale et solidaire face aux enjeux du management 2 via l’économie sociale tandis que les libéraux considèrent que cette éco- nomie permet la concurrence juste et équitable pour tous. Petit à petit, en France, le champ légal se libère. En 1848, un décret autorise les réunions sur simple déclaration, puis entre 1884 et 1901 les différentes lois Waldeck-Rousseau ouvrent la voie aux syndicats, sociétés de secours mutuel et associations avec la loi de 1901. Le système mutua- liste se met en place aussi dans la seconde moitié du xixe siècle avec l’influence de Léon Bourgeois et du solidarisme (dette sociale à l’égard des générations passées dont les hommes sont redevables vis-à-vis des générations suivantes). Quant aux coopératives, si elles sont autorisées plus tôt (première coopérative ouvrière française en 1834), elles mettent du temps à trouver leur modèle économique et finissent par se spécialiser soit dans la production soit dans la consommation (loi sur les SCOP en 1915, loi sur les coopératives de consommation en 1917, loi Ramadier en 1947). La seconde moitié du xxe siècle va voir la confirmation de ces bases, avec un renforcement de l’institutionnalisation. Le mouvement mutualiste prend une importance clé dans le secteur de la finance, et le secteur asso- ciatif dans ceux de l’action sociale, de la santé et du sport. La fondation de France est créée en 1969, la charte de l’économie sociale est signée en 1980, une délégation interministérielle à l’économie sociale est fondée en 1981, ainsi qu’un secrétariat d’État ensuite. La dynamique est aussi internationale avec bien sûr des différences liées à la culture et à l’histoire (les caisses villageoises en Allemagne, le mouvement associatif populaire en Espagne, les tontines en Afrique, l’économie compatissante en Asie, la Grameen Bank au Bangladesh, le Community Reinvestment Act aux États-Unis). Les forums internationaux se multiplient, ainsi que les textes législatifs (reconnaissance des organi- sations sans but lucratif au Japon en 1989, statuts pour les sociétés coo- pératives européennes en 2003, etc.). Le développement des ONG, l’appel aux dons et à la charité internationale, le rôle des bailleurs de fonds, sont autant de phénomènes qui ont également contribué à renforcer l’ESS au cours des dernières décennies. Ce secteur représente 8 % de l’emploi dans l’Union européenne, plus de 12 % en France et devient de plus en plus un débouché en France pour les jeunes diplômés. Les grandes institutions de recherche se penchent sur la question de ce secteur depuis les années 2000, avec notamment le CRG de l’École polytechnique, l’ESSEC, HEC et Neoma Business School parmi les écoles pionnières dans ce domaine. ©2017 Pearson France - L'économie sociale et solidaire face aux enjeux du management - J.-M. Huet et S. Roques 3 Préface L’économie sociale et solidaire en France en 20172 Le secteur de l’économie sociale représente en France 12,7 % des emplois, avec quelque 2,4 millions de salariés (+ 25 % en quinze ans à comparer à + 7 % pour l’emploi privé sur la même période) pour une masse salariale de 54 milliards d’euros. Ce secteur consolide un chiffre d’affaires de 270 milliards d’euros. Certaines structures sont des éléments clés de l’éco- nomie, notamment dans les secteurs de l’action sociale (60 % de l’emploi), des sports et loisirs (53 %), de l’activité financière et d’assurance (30 %), des arts et spectacles (25 %) et de l’enseignement (20 %). Au sein de ce que l’on appelle l’« économie sociale », quatre grands ensembles se dégagent : • • les 165 000 associations employant 1,8 million de salariés (1 million d’équivalents temps plein) auxquels il faut ajouter 1 million d’équiva- lents temps plein pour les bénévoles3. Ces associations représentent un peu plus de 10 % des 1,3 million d’associations actives en France. Au total, ces associations étaient 1,1 million en 2007 et 730 000 en 1997. Il se crée de nos jours quelque 75 000 associations par an, contre 70 000 en 2005, 50 000 en 1985, 20 000 en 1975, 12 000 en 1965 et 5 000 au début du xxe siècle. Jamais le poids économique des associations n’a été aussi important ; • • les 26 000 coopératives employant 320 000 salariés ; • • les 7 000 mutuelles employant 160 000 salariés ; • • les 1 500 fondations employant 80 000 salariés. Typologie Taille moyenne en nombre de salariés Salaire moyen en k€ Associations 11 20,9 Coopératives 12 31,8 Mutuelles 20 32,6 Fondations 57 27,2 Moyenne ESS 12 23,3 Moyenne secteur privé 9 29,5 2. Sources : ministère de l’Économie et des Finances, 2017, et recherches-solidarites.org, 2017, à partir des données ACOSS-URSAFF et MSA, 2015. 3. Selon une étude du ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Vie associative datant d’avril 2006, les bénévoles actifs (mandats électifs ou nominatifs) d’une association y consacrent chaque année l’équivalent de 35 jours (sur la base d’une journée de travail de 8 heures). Dans le domaine sportif, avec 13 bénévoles actifs en moyenne, cela représente par exemple 3 789 heures, soit deux équivalents temps plein. Ces bénévoles offrent un vrai modèle économique aux associations : sans la non-rémunération de leur temps, elles ne pourraient pas fonctionner, y compris les plus célèbres (Les Restos du Cœur, Le Puy du Fou…). ©2017 Pearson France - L'économie sociale et solidaire face aux enjeux du management - J.-M. Huet et S. Roques L’économie sociale et solidaire face aux enjeux du management 4 Selon le Crédoc (Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie), les associations totalisent, en France, 22 millions d’ad- hérents. Les deux tiers ont un budget inférieur à 10 k€ annuel, 25 % entre 10 k€ et 50 k€, les 10 % les plus importantes dépassent les 73 000 euros, 8 % disposent de plus de 100 000 euros et 2 % de plus de 500 000 euros. Une association compte en moyenne 82 membres, les 2 % les plus impor- tantes ayant un effectif moyen de 800 membres. Les associations sans salariés ont un budget annuel moyen de 12 k€ contre 290 k€ pour celles qui emploient. Les associations qui ont au moins un salarié représentent 10 % de l’ensemble (165 000 établissements avec au moins un salarié). 40 % du million d’emplois dans les associations relèvent du domaine des services, 15 % de l’éducation et 10 % de la santé, alors que les bénévoles actifs agissent pour 50 % d’entre eux dans le champ culturel, 15 % dans les services sociaux, 9 % dans l’éducation et 9 % dans l’environnement. 77 % des emplois sont des CDD (+ 8 points en quinze ans). La répartition de l’emploi dans les associations est présentée dans le tableau ci-après. Segments d’associations selon uploads/Finance/ f0181-preface.pdf

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  • Publié le Jui 12, 2022
  • Catégorie Business / Finance
  • Langue French
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