RANIA FERCHICHI DOCTORAT EN CO-TUTELLE UNIVERSITE DE PARIS 13 (FRANCE) ET UNIVE
RANIA FERCHICHI DOCTORAT EN CO-TUTELLE UNIVERSITE DE PARIS 13 (FRANCE) ET UNIVERSITE DE SOUSSE (TUNISIE) DIRECTEUR DE THESE : SAID SOUAM ANALYSE DES OPERATIONS DE FUSIONS-ACQUISITIONS EN TUNISIE Résumé : Les nouveaux engagements internationaux pris par la Tunisie conjugués aux effets des différentes crises et chocs économiques ont obligé les entreprises tunisiennes à se restructurer, se moderniser et s’internationaliser afin d’arriver à une taille leur permettant de faire face à la concurrence mondiale. Les fusions-acquisitions pouvant constituer une solution à ces nouveaux défis, plusieurs opérations de ce type ont été réalisées à partir du milieu des années 1980. Devant le caractère nouveau de ce phénomène et l’absence de statistiques exhaustives, notre travail a consisté, tout d’abord, à créer une base de données recensant ces opérations entre les années 1995 et 2009. Ensuite, et dans un contexte économique et entrepreneurial spécifique à la Tunisie, nous avons tenté d’analyser ces opérations et d’expliquer la genèse de ce phénomène, son ampleur ainsi que ses spécificités. Introduction : Bien qu’elles soient largement étudiées dans les pays développés, l’analyse des fusions- acquisitions dans les pays en voie de développement, et notamment dans les pays du Maghreb, est pratiquement inexistante pour différentes raisons. La plus importante étant l’absence, jusqu’à une période relativement récente, d’une vraie dynamique de marché qui anime les économies de ces pays. L’actionnariat familial des entreprises et l’absence de marchés financiers efficients expliquent en grande partie cette absence de dynamisme. En Tunisie, on observe depuis plusieurs années maintenant la naissance d’un secteur privé dynamique qui se restructure et qui tente d’augmenter sa taille à travers soit des investissements directs (croissance interne) ou des rachats d’entreprises (croissance externe). Les fusions-acquisitions étant considérées comme l’une des solutions aux nouveaux défis des entreprises tunisiennes dictés par la conjoncture et la politique de libéralisation économique du pays. Ainsi, notre travail a pour objectif, dans un premier temps, de présenter le contexte des fusions-acquisitions en Tunisie. Le second volet sera consacré à l’analyse descriptive des fusions-acquisitions en Tunisie. Nous y aborderons la genèse de ce phénomène, son ampleur ainsi que ses spécificités par référence à des statistiques élaborées par nos soins. I- Contexte des fusions-acquisitions en Tunisie : L’économie tunisienne avait longtemps bénéficié de fortes protections (douanière, cloisonnement du marché financier, etc.) qui, si elle a soutenu le développement industriel, a néanmoins engendré des faiblesses structurelles et organisationnelles qui freinent l’émergence d’entreprises compétitives au niveau régional et/ou international. L’Etat était omniprésent et assurait notamment, la prise en charge directe des secteurs économiques stratégiques, le contrôle de la commercialisation des produits de base et administrait le niveau des prix. Les agréments et autorisations permettaient à l’administration de contrôler les investissements privés, de réglementer les activités de commerce et limiter les importations. Le milieu des années 1980 a marqué un tournant pour l’économie tunisienne. Après un dérapage des équilibres macro-économiques au début de la décennie 1980, des réformes structurelles importantes ont été mises en œuvre à l’effet de réorienter le rôle de l’Etat et de transformer une économie fortement réglementée et protégée en une économie ouverte, régie par les forces du marché. Ces réformes ont concerné différents domaines tels que le cadre réglementaire, la fiscalité, les prix, le commerce extérieur, l’investissement, le système d’incitations, le système bancaire et financier. La Tunisie est engagée depuis 1987 dans un programme de libéralisation et d’ajustement structurel tendant à établir les mécanismes du marché, la liberté du commerce intérieur et extérieur, à encourager l’initiative privée et à activer la privatisation des entreprises publiques. Par ailleurs, la Tunisie s’est engagée dans de multiples négociations : adhésion en 1990 au General Agreement on Tariffs and Trade (GATT) devenu depuis l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), signature en juillet 1995 d’un accord d’association avec l’Union Européenne instaurant une zone de libre échange entre les deux parties et entré en vigueur en janvier 2008 et signature, en février 1997, d’une convention visant la création sur une période de dix ans d’une zone de libre échange arabe suivi par la signature en 1998 et 1999 d’accords bilatéraux avec le Maroc, la Jordanie et l’Egypte prévoyant le démantèlement accéléré des droits de douane entre la Tunisie et chacun de ces pays. Cette politique de libéralisation et d’ouverture suivie depuis plus de vingt ans aura permis à la Tunisie de réaliser de bonnes performances en termes de croissance économique. Le taux de croissance moyen du PIB réel a été de 5% sur la période 1997-2007 (6,3% en 2007 puis 4,6% en 2008), une valeur supérieure à ce qui a été observé pour la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (4,3% sur la période) mais légèrement inférieur à la performance des pays à revenu intermédiaire (5,4% sur la période). En vue de raffermir ces bonnes performances, la stratégie de croissance à moyen terme de la Tunisie, telle qu’explicitée dans le XIème Plan datant de juillet 2007 et relatif à la période 2007-2011, repose sur le développement d’une économie du savoir à forte valeur ajoutée. L’objectif principal de ce plan est d’augmenter la croissance annuelle moyenne du PIB à 6,1% sur la période afin de réduire le taux de chômage de 13,9% en 2007 à 13,4% en 2011. La stratégie de développement retenue s'appuie sur divers axes dont l’encouragement de l'investissement privé, notamment dans les secteurs à forte valeur ajoutée. Toutefois, malgré les prémices d’une reprise économique, l’ampleur de l’impact de la crise financière et économique de 2008-2009 rend très peu probable l’atteinte des objectifs de ce XIème Plan. A l’instar de la majorité des pays, la Tunisie est touchée par cette crise essentiellement par un effet retour de la récession dans les principaux marchés cibles du pays, notamment en Europe. La croissance économique a commencé à décélérer à la fin 2008. La croissance des exportations en volume s’est fortement réduite au second semestre 2008 (1,5% contre 14% en 2007) et le déficit du compte courant s’est accru significativement en 2008 (4,6% du PIB contre 3 % en 2007). De fait, le taux de croissance moyen du PIB au prix constant a atteint et 3% en 20091, une bonne performance dans le contexte actuel de crise économique internationale. Les nouveaux engagements pris par la Tunisie au niveau macro-économique conjugués aux effets de la crise économique internationale dictent de nouveaux impératifs aux entreprises tunisiennes. Elles doivent se restructurer et se moderniser, s’adapter aux lois de marché et enfin s’internationaliser afin d’arriver à une taille lui permettant de faire face à la concurrence mondiale. Au regard de la physionomie du contexte entrepreneurial en Tunisie et de la taille moyenne des entreprises tunisiennes, ces nouveaux impératifs s’avèrent être difficiles à relever sans passer par des solutions rapides et efficaces d’augmentation des moyens (techniques, humains, etc.) et de renforcement des capacités des entreprises tunisiennes. En effet, les données disponibles montrent que les PME dominent le paysage entrepreneurial en Tunisie. La définition de la notion de PME en Tunisie a évolué au cours du temps, celle-ci se basant le plus souvent sur la définition d’un seuil d’investissement et d’effectif maximal. En 2008, un décret a défini ce type de firme en stipulant que toute entreprise réalisant des investissements ne dépassant pas cinq millions de dinars fonds de roulement inclus (soit 2,7 million d’euros) dans les activités des industries manufacturières, de l’artisanat et de certains services est classée parmi les PME. Par ailleurs et selon l’institut nationale des statistiques (INS), 87% des entreprises tunisiennes emploient moins de 10 personnes, 11% comptent employant entre 10 et 99 personnes et seulement 2% des entreprises emploient plus de 100 employés. 1. Les données macroéconomiques et financières rétrospectives proviennent du Ministère du Développement et de la Coopération internationale. En 2010, le tissu industriel tunisien comptait 5.793 entreprises de plus de 10 employés et pratiquement autant d’entreprises comptant moins de dix employés. Sur la base du critère de taille du CMF2, les PME représentent plus de 95% des firmes dans le secteur industriel. Le secteur manufacturier, qui a été à la base historique du développement de la Tunisie, est prépondérant. Il représente en moyenne près de 18% du PIB durant la période 1997-2007 et plus de 79% des exportations de biens et services du pays pour la période 1997-2005. Le secteur manufacturier formel est actuellement dominé en termes de nombre d'entreprises et d'emploi par le secteur textile/habillement qui regroupe 2.095 entreprises soit 37% de l’industrie tunisienne. Les industries agro-alimentaires occupent le deuxième rang avec 1.033 entreprises devant les industries mécaniques-électriques avec 921 unités. Les secteurs mécaniques-électriques et textiles-habillement représentent les secteurs ayant le plus fort taux d’exportation (27% et 26%). La contribution du secteur manufacturier au PIB fait ressortir l’importance de ces trois secteurs. Ce sont des secteurs à fort potentiel qui dégagent une forte valeur ajoutée par rapport aux autres industries manufacturières Ils représentant 67% du PIB du secteur industriel : l’industrie textile-habillement représentant près de 24% contre 23% pour les industries mécaniques-électriques et 20% pour l’industrie agroalimentaire. Se basant le critère de taille du CMF, toutes les entreprises du secteur des services sont des PME. Les activités commerciales ainsi que les services aux uploads/Finance/ ferchichi-analyse-des-operations-de-fusions-acquisitions-en-tunisie.pdf
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- Publié le Mai 19, 2022
- Catégorie Business / Finance
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