1 è è La problématique En l936, Keynes expose dans son ouvrage majeur Théorie g

1 è è La problématique En l936, Keynes expose dans son ouvrage majeur Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie une conception de l'économie très largement différente de celle qui prévaut à l'époque : l'analyse néoclassique. Celle-ci, qui nie toute possibilité de crise du fait de l'autorégulation de l'économie, est contredite par la grande dépression de 1929. Les explications de circonstances des économistes libéraux, résisteront mal aux apports de Keynes qui, en remettant en cause les postulats principaux de l'analyse néoclassique, démontrera la nécessité de l'intervention de l'État dans l'économie. Le débat qui s’établit entre les idées de Keynes et de Friedman se centre autour des préoccupations suivantes : - Quel doit-être le rôle de l’Etat en matière de politique économique ? - Doit-il, ainsi que le préconise Keynes, intervenir pour éviter la dépression et le chômage ou, au contraire, comme l’affirme Friedman, s’abstenir et laisser jouer le marché ? è è Les auteurs : John Maynard Keynes et Milton Friedman A) J. M. KEYNES – 1883-1946 (voir sa biographie dans un précédent dossier). B) MILTON FRIEDMAN (né en 1912). Né en 1912 à New York, dans le quartier populaire de Brooklyn, Milton Friedman est souvent considéré comme l'anti-Keynes. L'ironie du sort fait que ce descendant direct de la pensée libérale néoclassique obtiendra son doctorat en 1946, l'année de la mort du « Maître de Cambridge ». En 1947, Friedman rejoint la Société du Mont Pèlerin fondée par une autre grande figure du néolibéralisme : Friedrich Von Hayek. Ce « club » a pour vocation de dénoncer les effets pervers des politiques interventionnistes tout en prônant un ultralibéralisme. Friedman va devenir la principale figure du courant monétariste et le chef de file de l'université de Chicago dont il fera un « bastion anti-keynésien ». Une première opposition à la pensée keynésienne portera sur l'interprétation de la crise de 1929. Là où Keynes voyait l'insuffisance de la demande effective et un capitalisme incapable de s'autoréguler, Friedman ne voyait qu'un concours de circonstances et une erreur de politique monétaire, considérant que l'économie américaine des années 20 était fondamentalement saine, c'est-à-dire pas encore «contaminée» par l'État-providence. De la fin de la Seconde Guerre mondiale au début des années 70, les « Trente Glorieuses » sont dominées par le Keynésianisme triomphant. Certes, il y a une inflation rampante, mais on considère que c'est le prix à payer de la croissance et du plein emploi. Friedman assumera sa relative traversée du désert sans relâcher ses critiques à l'égard du Keynésianisme. Dans sa Théorie de la fonction de consommation, 1957, il critiquera (avec le concept de revenu 2 permanent) la thèse keynésienne selon laquelle la consommation à court terme est déterminée par les variations du revenu. (voir un peu plus loin). Dans son principal ouvrage de 1968 : Inflation et systèmes monétaires, Friedman développe une idée qui lui tient à cœ ur : « l'inflation est toujours et partout un phénomène monétaire », c'est donc une croissance excessive de la masse monétaire qui engendre l'inflation. Il défend par ailleurs les changes flottants qui doivent selon lui aboutir à équilibrer les balances des paiements. La décennie 70 marque le début de la crise « actuelle » et sera caractérisée par la stagflation : coexistence d'une croissance ralentie, d'une forte inflation et d'un chômage en augmentation. La régulation keynésienne semble impuissante face à ce problème nouveau. La crise va donc propulser Friedman au premier rang, lui qui dénonce depuis toujours les « erreurs keynésiennes » et dont la pensée semble offrir une alternative. En 1976, il reçoit le Prix Nobel et triomphe politiquement avec le « tournant monétariste » de la fin des années 70, début des années 80. Ainsi, les autorités monétaires des pays capitalistes et même de certains pays en développement (EX : le Chili) appliquent les principes monétaristes : à savoir le contrôle de la progression de la masse monétaire. Le débat avec les post-keynésiens (Galbraith, Barrère...) n'est pas pour autant clos car le monétarisme n'est pas exempt de critiques et, à l'évidence, il n'a pas permis de sortir les pays capitalistes de la crise. LIVRE DE REFERENCE : Inflation et systèmes monétaires, 1968. è è L’analyse keynésienne ou la justification de l’intervention des pouvoirs publics A) L'économie livrée à elle -même n'est pas autorégulée Selon J.B. Say, un des pères de l'école classique, les crises économiques sont impossibles dans un contexte de libre fonctionnement des marchés. Sa « loi des débouchés » présentée en 1803 dans son Traité d'économie politique, prétend le démontrer. En la réfutant, dans son ouvrage La Théorie générale, Keynes trouve un point d'appui décisif à sa réflexion. 1) La réfutation de la loi de Say - Rappel de la loi des débouchés Toute crise de surproduction s'avère impossible dans la mesure où le montant des ventes des entreprises (somme des valeurs ajoutées) en étant intégralement reversé et reparti entre les salariés et les capitalistes sous forme de revenus, assure un débouché à la production. L'épargne, loin d'être une fuite, sert intégralement au financement de l'investissement via le marché des fonds prêtables (= marché des capitaux). Intégralement car, pour J. B. Say, la monnaie n'est utilisée et désirée que pour le produit qu’elle permet d’acheter. Elle n’est qu’un intermédiaire dans les échanges. Elle est demandée pour un motif de transaction uniquement. Comme elle n’est pas demandée pour elle-même, elle n'est donc pas thésaurisée (NB : la thésaurisation est le fait de mettre de l’argent de côté sans le dépenser ni même le faire fructifier). Les revenus sont donc bien dans leur totalité réinjectés dans l'économie. Dans un monde aussi bien réglé, toute possibilité de crise est écartée. Loin d’en être convaincu, Keynes va réfuter cette loi contribuant ainsi à déstabiliser tout l’édifice néoclassique. 3 - La réfutation de Keynes La critique de la loi de Say s'articule autour de la notion de fuite monétaire. Selon Keynes en effet, la monnaie n'est pas seulement demandée pour des motifs de transaction mais également pour des motifs de précaution (du fait de l'incertitude pesant sur l'avenir) et de spéculation (la liquidité peut ainsi être « mise de côté » et être affectée à l'achat d'obligations lorsque des opportunités se présenteront). Ces deux dernières raisons (précaution et spéculation) de détenir des encaisses monétaires (= sommes d’argent détenus par un individu) constituent une déperdition pour l'économie puisqu'il s'agit d'encaisses oisives (=qui n’ont aucun effet d’entraînement sur l’économie). Cette déperdition, en effet, met à mal la croyance selon laquelle l'offre créerait sa propre demande. L'existence d'une thésaurisation rend dès lors possible, voir probable, des déséquilibres entre l'offre et la demande et avec eux des crises de sous-consommation. De fait, la crise de 1929 constitue bien pour Keynes le résultat d'une insuffisance de débouchés, et la preuve de l'incapacité de l'économie à s'autoréguler. 2) La réfutation de la capacité des marchés à s’autoréguler - La contestation de la conception libérale du marché du travail Selon les néoclassiques, le marché du travail (comme tous les marchés) s'équilibre grâce à la flexibilité des prix, ici le salaire. Un excès d'offre de travail (ou demande d'emplois) entraîne une baisse du salaire qui permet à la demande de travail d'augmenter, en même temps qu'elle dissuade certains offreurs de venir proposer leur capacité à travailler. Le marché tend alors vers un équilibre stable correspondant à une absence de chômage involontaire. Keynes quant à lui, ne croit ni en la flexibilité des salaires, ni même en l'existence d'un véritable marché du travail. Selon lui, les salaires, en terme réel, sont en effet considérés comme stables dans la mesure où les salariés (et leurs syndicats) ne sauraient accepter une diminution de leur pouvoir d'achat. De plus, et il s'agit du point fort de l'argumentation, le niveau de l'emploi nécessaire aux entreprises varie en fonction de déterminants indépendants de ceux influençant le nombre total d'actifs (occupés et inoccupés). L'équilibre entre l'offre et la demande de travail (= équilibre de plein emploi), appartient dès lors plus à l'ordre du hasard et de la coï ncidence qu'à celui d 'un mécanisme autorégulateur « bien huilé ». Les déterminants du volume de la population active sont connus : facteur démographique (volume des générations arrivant à l'âge de travailler, des générations parvenant à l'âge de la retraite et bien sûr, poids de celles situées entre les deux), facteur sociologique (évolution du taux d'activité des femmes et de celui des hommes), solde migratoire. Or le niveau de l'emploi résulte, lui, de la demande effective. Celle-ci se définit comme la demande anticipée en biens de consommation et en biens d'équipement par les producteurs (= investissement des entreprises). On le voit, rien n'indique a priori que le nombre d'emplois s'ajustera sur le nombre total d'actifs. Le plein emploi est une situation possible parmi beaucoup d’autres mais elle n’est pas automatique. En allant plus loin dans sa démonstration, cette « impression » se confirme. De quoi dépendent en effet, la demande de biens de consommation et l'investissement ? 4 - Les déterminants de la demande effective La demande en biens de uploads/Finance/ friedman-keynes.pdf

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  • Publié le Jui 14, 2022
  • Catégorie Business / Finance
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