I N F L E X I O N S c i v i l s e t m i l i t a i r e s : p o u v o i r d i r e
I N F L E X I O N S c i v i l s e t m i l i t a i r e s : p o u v o i r d i r e L’ACTION MILITAIRE A-T-ELLE UN SENS AUJOURD’HUI? Éditorial Jérôme Millet Un grand détour Line Sourbier-Pinter Les mutations du sens de l’action militaire Monique Castillo L’action militaire : sens et contresens Jean-René Bachelet Regards et anecdotes Jean-Luc Cotard L’action militaire entre guerre et paix François Scheer L’action militaire aujourd’hui : un sens à partager François Lecointre Le déphasage Véronique Nahoum-Grappe Le sens de l’action des forces armées Gérard Bezacier COMPTE RENDU DE LECTURES I N F L E X I O N S ci vils et militaires : pouvoir dire La revue INFLEXIONS, plate-forme d’échanges entre civils et militaires, est éditée par l’Armée de Terre. 14, rue Saint-Dominique, 00453 Armées Rédaction : 01 42 19 36 71 – email : inflexions.emat-cab@defense.gouv.fr Télécopie : 01 42 19 73 50 Directeur de la rédaction : M. le général de division Jérôme Millet Rédacteurs en chef : M. le lieutenant-colonel Cotard Mme Line Sourbier-Pinter. Comité de rédaction : MM. le général d’armée (2 S) Jean-René Bachelet le général de division Gérard Bezacier Mme Monique Castillo MM. le chef de bataillon Michel Goya le colonel François Lecointre Mme Véronique Nahoum-Grappe. M. l’ambassa- deur de France François Scheer. M. Jacques Semelin. Les manuscrits qui nous sont envoyés ne sont pas retournés. Les opinions exprimées dans la revue n’engagent que leurs auteurs. I N F L E X I O N S ci vils et militaires : pouvoir dire février 2005 | nº 1 I N F L E X I O N S civilsetmilitaires: pouvoir dire Reposant sur la volonté méthodologique de croiser les approches de praticiens et de théo- riciens – français et étrangers – INFLEXIONS ambitionne de participer au débat intel- lectuel autour de problématiques actuelles centrées sur le champ de son activité propre, à travers le prisme des sciences sociales et humaines. Cette revue affirme le souhait de mettre en commun les expériences et les enseignements de la pratique des métiers mili- taires dans des domaines où l’armée de Terre possède une expérience avérée. Le débat qui en résultera implique que s’expriment les avis divergents, la contradiction, peut-être la mise en cause, afin que chemine la rélexion. Elle n’a donc pas vocation à apporter un éclairage institutionnel. Au contraire, elle veut promouvoir, autour de thèmes variés et actuels, une réflexion libre et féconde, hors de tout esprit polémique. English language (à venir). Deutsche Sprache (à venir). Prochain numéro: «Le militaire, la guerre et la paix : une nouvelle ère ? » NUMERO 1 L’ACTION MILITAIRE A-T-ELLE UN SENS AUJOURDH’UI ? ÉDITORIAL JÉRÔME MILLET 09 UN GRAND DÉTOUR LINE SOURBIER-PINTER 17 LES MUTATIONS DU SENS DE L’ACTION MILITAIRE MONIQUE CASTILLO 29 L’ACTION MILITAIRE : SENS ET CONTRESENS JEAN-RENÉ BACHELET 45 REGARDS ET ANECDOTES JEAN-LUC COTARD 65 L’ACTION MILITAIRE ENTRE GUERRE ET PAIX FRANÇOIS SCHEER 79 L’ACTION MILITAIRE AUJOURD’HUI : UN SENS À PARTAGER FRANÇOIS LECOINTRE 89 LE DÉPHASAGE VÉRONIQUE NAHOUM-GRAPPE 103 LE SENS DE L’ACTION DES FORCES ARMÉES GÉRARD BEZACIER 105 POUR COMPLÉTER LA RÉFLEXION EXTRAITS DU COLLOQUE DU 4 DÉCEMBRE 2003 «ÉDUCATION À LA DÉFENSE » 123 POUR EN SAVOIR PLUS 129 NOTES DE LECTURES 131 BIOGRAPHIES 136 JÉRÔME MILLET ÉDITORIAL Faut-il que les militaires s’expriment et participent au Débat? Notre réponse, celle de l’armée de terre, des personnalités civiles qui ont bien voulu participer à l’élaboration de la nouvelle revue dont nous vous présentons le premier numéro, est résolument positive. Depuis 50 ans, les militaires prennent peu la parole et ne partici- pent donc qu’exceptionnellement au débat d’idées concernant l’exerci- ce de leur métier, de même que sur la nature des relations des armées avec la société. De ce constat, il est naturel de tirer deux questions: tout d’abord pourquoi ? Et ensuite, est-il opportun, utile, nécessaire de corriger cet état de fait? Les raisons de ce mutisme sont clairement identifiables. Il s’agit d’abord des traumatismes successifs provoqués par la défaite de 1940, par les dissensions internes nées de l’armistice, les guerres d’Indochine et d’Algérie et le putsch de 1961. Il provient ensuite de l’adoption de la doctrine de dissuasion nucléaire. Même si quelques militaires de renom ont parti- cipé de façon essentielle à son élaboration1, cette stratégie donnait à la réflexion militaire, sans la stériliser absolument, une tournure uni- voque. Enfin, avec la disparition d’une menace existentielle à nos fron- tières et le phénomène de « mondialisation », le fait économique et social tend à s’imposer comme le seul facteur déterminant de l’évolu- tion de nos sociétés. En tout cas, les questions de défense s’effacent der- rière celles de sécurité, a priori de nature plus «policière» que militaire. En bref, après l’éviction naturelle de la notion de débat, son absence semble s’être imposée naturellement. D’ailleurs, particularité françai- se, les intellectuels de notre pays s’intéressent peu aux problèmes stra- tégiques de même que les médias: il n’existe presque plus de journalistes spécialisés. Pourquoi donc les militaires chercheraient-ils à s’investir dans un débat qui tend à disparaître et dans lequel leur présence n’est pas particulièrement souhaitée? La réponse nous semble évidente pour au moins deux raisons : en premier lieu parce que notre temps exige une réflexion renouvelée ; ensuite parce qu’il ne serait pas sain de cantonner une armée profes- sionnelle à un isolement technique en marge de la société. La guerre n’a pas disparu de notre horizon proche. Elle n’est ni hors jeu ni hors la loi. Certes, il n’est sans doute plus possible d’affirmer comme Raymond Aron que « ce qui caractérise les relations internationales, c’est la légitimité du recours à la force2». Le droit international, y com- pris sous sa forme « naturelle », tend en effet à devenir une réfé- rence concurrente, même s’il ne repose pas sur des valeurs unanimement partagées et ne dispose pas de la force pour s’impo- ser 3. Autrement dit, après l’illusion de voir la guerre devenue un risque lointain et faible pour le monde occidental et l’Europe en par- ticulier, nous voici confrontés avec le terrorisme, la mondialisation qui exacerbe des rivalités et des tensions nouvelles, la criminalité dont la puissance financière et les capacités d’organisation dépas- sent les frontières, le droit qui recule face à des États qui se dislo- quent et des zones dites « grises » qui s’étendent. Par ailleurs, les migrations, que leur origine soit économique (sous développement) ou politique (persécutions) tendent à faire disparaître la distinc- tion entre sécurité intérieure et extérieure. L’Europe elle-même, construite pour la paix, est fragile face à ces phénomènes : sa riches- se, sa faiblesse politique, sa démographie défaillante, sa dépendan- ce énergétique, sa politique de défense encore en devenir, la rendent très vulnérable. En somme, notre génération risque de ne pas échap- per à des formes nouvelles de guerre. À ce stade, il convient d’évo- quer les deux principales ruptures stratégiques auxquelles nous sommes simultanément confrontés : tout d’abord la numérisation de la guer- re qui fait que tout objectif qui se dévoile est aujourd’hui immédia- tement détecté et, si nécessaire, détruit ; ensuite, et l’évolution citée précédemment n’y est pas pour rien, ce sont les villes qui sont main- tenant le théâtre privilégié des affrontements, ce qui signifie que les populations civiles deviennent à la fois les premiers acteurs, les enjeux et les victimes privilégiées. Tout cela mérite que les professionnels confrontés en permanence à ces situations, les militaires, s’expri- ment, fassent partager leurs expériences, leurs interrogations, et leurs réponses. 10 ÉDITORIAL N’oublions pas, en outre, et c’est le deuxième point de notre argu- mentation, que ce qui fonde l’existence des armées, c’est la défense de la Nation et donc de la société à laquelle elles appartiennent en rem- plissant les missions que le pouvoir politique leur donne. La professionnalisation a réduit le volume des armées, le nombre de leurs implantations et donc leur visibilité. L’antimilitarisme a simul- tanément presque disparu, laissant place à une certaine indifférence, même si les missions de maintien de la paix actuellement dévolues à l’armée de terre suscitent l’assentiment de nos compatriotes. Cependant les besoins et les particularismes de la société militaire restent incom- pris. Même en mettant de côté l’aspect budgétaire (essentiel mais d’une autre nature), les missions des armées, faire la guerre, engager le com- bat, donner et recevoir la mort, exigent de maintenir des spécificités fortes par rapport à la société civile dont ces armées doivent cepen- dant rester l’émanation. Or la raison d’être de ces particularismes risque d’être mal comprise. Et pourtant il est impossible d’engager une armée au combat sans que, dès la préparation du temps de paix, soient mises en œuvre des règles particulières relatives à l’obéissance, à la discipline, à la restriction des droits. Comment entretenir ces pratiques indispensables à l’efficacité militaire sans créer un grave hiatus entre une armée professionnelle et la société dont elle est, à la fois, l’éma- nation et l’ultime rempart ? Comment s’assurer que uploads/Finance/ inflexions-n001.pdf
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- Publié le Sep 08, 2021
- Catégorie Business / Finance
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