Jean Darrouzès Notes inédites de transferts épiscopaux In: Revue des études byz
Jean Darrouzès Notes inédites de transferts épiscopaux In: Revue des études byzantines, tome 40, 1982. pp. 157-170. Résumé REB 40 1982 France p. 157-170 J. Darrouzes, Notes inédites de transferts épiscopaux. — A la fin d'un opuscule banal, le Bodleianus Roe 18 contient en supplément quelques notes concernant les sièges de Nyssa, Arkadioupolis, Argos et Pyrgion, leur promotion sous Isaac II et la rétrogradation de Pyrgion sous Théodore Ier Laskaris, d'Argos sous Alexis III ; ces notes apportent quelques renseignements inédits très utiles pour la critique de la notice des métropoles de la fin du 12e siècle. Citer ce document / Cite this document : Darrouzès Jean. Notes inédites de transferts épiscopaux. In: Revue des études byzantines, tome 40, 1982. pp. 157-170. http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rebyz_0766-5598_1982_num_40_1_2135 NOTES INÉDITES DE TRANSFERTS ÉPISCOPAUX Jean DARROUZÈS Parmi les pièces recueillies par le compilateur du Bodleianus Roe 18 se trouve le petit traité sur les transferts d'évêques d'un siège à un autre. La copie, identique à celle du Sinaiticus 1117, commence par l'exemple de Basile de Crète transféré à Thessalonique et finit par celui d'Eustrate de Flavias transféré à Antioche : en tout vingt-sept exemples sur les quarante- cinq à cinquante que comprennent les copies normales1. Mais le Bodleianus contient à la suite une addition remarquable, dont l'intérêt dépasse de beaucoup la question des transferts qui est à l'origine de la composition. Je laisserai de côté ici tout ce qui regarde le traité lui-même, dont je prépare une édition critique, et à partir du texte de ces notes additionnelles je montrerai seulement l'intérêt de ce témoignage pour la critique de la notitia episcopatuum de la fin du 12e siècle ; sa tradition manuscrite reçoit ici 1. A part quelques variantes insignifiantes, le Bodleianus donne le même texte que PG 119, 904-909 ; il commence au n° 20 de la série éditée : Basile de Crète (905, milieu de la colonne). Le manuscrit de Cambridge, Trinity Coll. Ο 11 16, f. 50v-52, donne le même texte, que le copiste déclare plus haut (f. 13V) avoir tiré d'un Oxoniensis. En raison de références fréquentes, je citerai en abrégé : Regestes : V. Grumel, V. Laurent, J. Darrouzès, Regestes des actes du patriarcat de Constantinople, fasc. 1-6, 1932-1979 ; renvoi au numéro de l'acte (numération continue). Notitiae : J. Darrouzès, Notitiae episcopatuum ecclesiae Constantinopolitanae, Paris 1981 ; on se contente parfois d'un renvoi au numéro de la notice (1-21) avec la ligne du texte. 158 J. DARROUZÈS une confirmation inattendue de l'authenticité de certains noms, et on constate en même temps que les compilateurs, loin de disposer d'un mod èle officiel de la liste épiscopale, avaient beaucoup de peine à suivre l'actualité. Ce n'est certainement pas le copiste du Bodleianus, Constantin Sophos, qui ajouta ces notes au traité, en 1348 (septembre 6857). Le traité des trans ferts, sans titre, se trouve entre les questions canonico-historiques de Photius2 et les réponses synodales à Marc d'Alexandrie3 ; cette séquence ne se retrouve pas exactement dans le Sinaiticus, ni dans aucun autre manuscrit. Les mélanges à la fois canoniques, moraux et littéraires du Bodleianus sont disparates, de sorte que l'origine d'une pièce n'éclaire pas nécessairement celle d'une pièce voisine. Ainsi les deux manuscrits contien nent également la notifia episcopatuum, mais dans deux recensions différentes : Roe 18 donne la notice 10, recension b ; Sinaiticus 1117, la notice 13 (une des deux recensions du 12e siècle)4. Quoique dépendant d'un même modèle, les deux copies n'ont pas de rapport entre elles. Il est même paradoxal que le Sinaiticus, généralement bien pourvu de documents du 12e siècle, n'ait qu'un texte banal et sans aucune addition dans le traité des transferts ; c'est bien le hasard qui favorise l'un ou l'autre compilateur. Le 12e siècle n'a pas fourni de cas notables au fonds commun du traité ; on rencontre seulement deux ou trois fois la mention du transfert de Dosithée de Jérusalem, et chaque fois dans une rédaction un peu différente. Le Vati- canus 1455 signale lui aussi l'origine latine de Dosithée (latinogénès). Nicéphore Calliste développe un peu ce passage d'après une source propre5, tandis que le Mosquensis 33, citant Nicétas Choniatès, parle de Théodose (pour Dosithée). La rédaction du Bodleianus est originale et fait allusion à des difficultés canoniques (aitiamata) soulevées par ce transfert ; ce cas n'intéresse pas directement le sujet, mais il confirme la bonne information du rédacteur, qui est le témoin unique jusqu'à présent des autres faits qu'il rapporte. En voici le texte et la traduction. 2. PG 104, 1219 s. 3. Regestes, n° 1184. 4. Notitiae, p. 313, 353 ; pour la notifia, le Bodleianus est de même famille que Sinaiticus 1795, Dionysiou 120, S. Sabbas 225, qui ont aussi l'opuscule des transferts, mais dans une recension différente. Les compilateurs peuvent changer de modèle d'une partie à l'autre ; ces manuscrits sont très volumineux, sauf celui de Jérusalem qui n'a pas 200 folios. 5. PG 146, 1197 ; après le règne d'Isaac Angélos, l'historien passe directement aux transferts de la seconde moitié du 13e siècle : Nicéphore d'Ephèse et Germain d'Andri- nople, devenus patriarches. NOTES INÉDITES DE TRANSFERTS ÉPISCOPAUX 159 Extrait du Bodleianus Roe 18 f. 105v ΈπΙ της βασιλείας Ίσαακίου του 'Αγγέλου ψήφω κοινή της συνόδου τω Νύσσης Γρηγορίω εδόθη κατ' έπίδοσιν ή Άρκαδιούπολις, ώς κοινής της εκκλησίας υπό τόν Βουλγαρίας τέως γεγονυίας Ίωάννην. Έπί της αυτής βασιλείας ό 'Ιεροσολύμων Δοσίθεος ό λατινογενής μετετέθη 5 εις το πατριαρχεΐον Κωνσταντινουπόλεως, ώς τηνικαΰτα σχολάζων και αυτός δια τό τα 'Ιεροσόλυμα υπό τους Λατίνους, μάλλον δε υπό τους Σαρακηνούς, γενέσθαι' πλην του τοιούτου πατριαρχείου πάλιν κατεβιβάσθη, έκπεσών και του των 'Ιεροσολύμων δια πολλά μάλιστα ετέρα αίτιάματα. f. 106 Παρά του αύτοΰ βασιλέως Ίσαακίου έτιμήθη ό "Αργούς επίσκοπος 10 μητροπολίτης καΐ μετ' αυτόν βασιλεύσας ο αύτάδελφος αύτοΰ 'Αλέξιος κατήνεγκε τόν μητροπολίτην πάλιν εις έπίσκοπον, της συνόδου άμφοτέροις συμπραξάσης. Έπί της βασιλείας κυροΰ Θεοδώρου του Λάσκαρι τό Πυργίον, τό άπό της επισκοπής φθάσαν τιμηθήναι εις μητρόπολιν έπί Ίσαακίου του 'Αγγέλου, 15 αΰθις εις έπισκοπήν κατηνέχθη. Έπί τής αυτής βασιλείας πολλοί μητροπολΐται δυτικοί και έτεροι, δια την τηνικαυτα έπικράτειαν τών Λατίνων έξελαθέντες των οικείων εκκλησιών, εγκατέστησαν ψήφω και τής συνόδου προσκαίρως χηρευούσαις μητροπόλεσι κατά Άνατολήν και έπισκοπαΐς. 20 Έπί τής αυτής βασιλείας κατά τήν μεγαλόπολιν Νίκαιαν άθροισθεΐσα σύνοδος διαφόρων αρχιερέων επιτροπή εγγράφω του πατριάρχου 'Ιωάννου του Καματηροΰ, τηνικαυτα παροικοΰντός που τής δυσμικής Θράκης και μή δυναμένου διαβήναι εις Νίκαιαν δια τήν τών Λατίνων δυναστείαν, έψηφίσατο και έχειροτόνησε πολλούς εις εκκλησίας άσιανας χηρεύουσας αρχιερέων. Traduction Sous le règne d'Isaac Angélos, par décision commune du synode, à Grégoire de Nyssa fut donné en supplément Arkadioupolis, le diocèse étant devenu commun (désert ?) sous Jean de Bulgarie. Sous le même règne, Dosithée de Jérusalem, latin de naissance, fut transféré au patriarcat de Constantinople, parce qu'il était en disponibilité du fait que Jérusalem était au pouvoir des Latins ou plutôt tombée au pouvoir des Sarrasins ; cependant il fut évincé de nouveau de ce patriarcat, après avoir perdu celui de Jérusalem pour bien d'autres griefs. Sous le même empereur Isaac, l'évêque d'Argos fut honoré du titre de métrop olite ; régnant après lui, son propre frère Alexis ramena le métropolite au rang d'évêque, tandis que le synode collaborait aux deux actes. 160 J. DARROUZÈS Sous le règne de Théodore Laskaris, Pyrgion, qui venait d'être promu du rang d'évêché à celui de métropole sous Isaac Angélos, fut ramené de nouveau au rang d'évêché. Sous le même règne, beaucoup de métropolites occidentaux ou autres, chassés de leur propre diocèse par la domination latine de l'époque, furent établis par vote aussi du synode dans des métropoles vacantes à l'occasion en Anatolie et dans des évêchés. Sous le même règne un synode de divers évêques réuni à la capitale, Nicée, par ordre écrit du patriarche Jean Kamatèros, émigré à ce moment quelque part en Thrace occidentale et empêché de passer à Nicée à cause de la domination des Latins, élut et ordonna beaucoup de candidats pour les diocèses d'Asie privés d'évêques. 1. Nyssa et Arkadioupolis Le premier paragraphe offre plusieurs difficultés. La première est la mention d'un Jean de Bulgarie contemporain du règne d'Isaac II, le premier règne d'après le contexte. L'expression désigne en principe un archevêque d'Achrida ; celui-ci n'a rien à voir à Arkadioupolis, un archevêché de Thrace, et il n'y aurait rien de changé, si ce Jean siégeait à Tirnovo. Jean de Bulgarie n'est pas un homme d'Eglise, mais celui que Nicétas Choniatès appelle Jean le Mysien, c'est-à-dire Kalojean ; ce personnage n'intervient pas sous le règne d'Isaac II, mais après 1197. La seconde difficulté, liée à l'inte rprétation du nom Jean de Bulgarie, est dans l'adjectif« commun », indiquant le résultat d'une action ; l'adjectif n'a aucun sens dans ce contexte, car le rédacteur aurait employé un autre terme pour signifier que la ville est occupée tantôt par l'un, tantôt par l'autre. Un passage de Nicétas Choniatès permet de proposer une correction possible et de comprendre que la ville était devenue non pas «commune», mais «vide, déserte»6. Dans cette hypothèse, la donation en supplément de la ville archiépiscopale ne signifie uploads/Finance/ jean-darrouzes-notes-inedites-de-transferts-episcopaux-revue-des-etudes-byzantines-tome-40-1982-pp-157-170.pdf
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- Publié le Mai 25, 2021
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