L'Harmattan is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access
L'Harmattan is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Cahiers d'économie politique / Papers in Political Economy. http://www.jstor.org L'Harmattan LE MÉTIER DU BANQUIER ET LE RISQUE : LA DÉNATURATION DES FONCTIONS DE FINANCEMENT DU SYSTÈME BANCAIRE Author(s): Sandrine Ansart and Virginie Monvoisin Source: Cahiers d'économie politique / Papers in Political Economy, No. 62 (2012), pp. 7-35 Published by: L'Harmattan Stable URL: http://www.jstor.org/stable/43107804 Accessed: 17-03-2016 12:37 UTC REFERENCES Linked references are available on JSTOR for this article: http://www.jstor.org/stable/43107804?seq=1&cid=pdf-reference#references_tab_contents You may need to log in to JSTOR to access the linked references. Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at http://www.jstor.org/page/ info/about/policies/terms.jsp JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org. This content downloaded from 128.119.168.112 on Thu, 17 Mar 2016 12:37:45 UTC All use subject to JSTOR Terms and Conditions LE MÉTIER DU BANQUIER ET LE RISQUE : LA DÉNATURATION DES FONCTIONS DE FINANCEMENT DU SYSTÈME BANCAIRE Sandrine Ansart et Virginie Monvoisin1 L'actuelle crise financière interpelle le grand public comme les analystes sur le rôle des banques. Bien que Minsky ait été l'un des rares auteurs à traiter du lien entre les banques, le risque et les crises, son approche nous paraît insuffisante pour éclairer la totalité des mécanismes à l'œuvre actuellement. Nous proposons donc de revenir sur l'histoire de la banque afin de souligner à la fois le lien spécifique du banquier avec le risque, la notion de risque elle-même, et de montrer alors l'altération récente du métier de banquier comme source de déstabilisations majeures. The banker's profession and risk : the alteration of the finance functions of the banking system. While the financial system has experienced a historical crisis, questions about the role of banking sector are rising among the public and commentators. Although Minsky was one of the few authors who studied the link between banks , risk and crisis , nevertheless his approach seems incomplete for throwing light on the whole set of phenomena of the current crisis. So, we propose to go back to history of banks in a perspective to show how the link between the banker and risk is specific, and how the recent alteration of this profession is source of main disequilibria. Mots clefs : Banquier, financement, risques, régulation. Keywords: Banker, financing, risks, regulation. Classification du JEL : E12, E44, E51, GOl 1. Sandrine Ansart Grenoble École de Management - sandrine.ansart@grenoble-em.com. Virginie Monvoisin Grenoble École de Management - vmonvoisin@grenoble-em.com. 7 This content downloaded from 128.119.168.112 on Thu, 17 Mar 2016 12:37:45 UTC All use subject to JSTOR Terms and Conditions Sandrine Ansart et Virginie Monvoisin Introduction La fin des années 2000 inaugure une ère pour le moins exceptionnelle sur le plan économique : une crise - peut-être sans précédent - s'est amorcée dans le fracas de l'effondrement des bourses mondiales et dans le morcellement des systèmes bancaires. Alors que la simple crise financière de 2007 est désormais devenue une crise systémique, les politiques et les économistes tentent notamment de proposer des modes de régulation à même d'en limiter les impacts immédiats ou d'éviter quelle ne se reproduise. Les observateurs et les politiques ont rapidement désigné un certain nombre de coupables et de mécanismes comme facteurs déclencheurs de la crise. Pour leur part, le grand public et les analystes ont mis en cause les traders, banques, et autorités monétaires - tous amalgamés et tenus pour responsables des défaillances du système financier. Plus encore, le monde s'est horrifié des prises de risque excessives de la sphère financière et de leur dissémination tant à travers celle-ci qu'à travers la sphère réelle. Le principe du crédit subprime, consistant à octroyer des crédits à des ménages peu solvables, est décortiqué et critiqué dans tous les médias ; les différents mécanismes de levier financier - LBO et autres - font l'objet d'une réprobation générale. La situation désastreuse des banques n'incite pas à la mansuétude, mais au contraire à la colère et à l'indignation, puisque ces entités privées s'en sont remises aux pouvoirs publics pour les sortir de la situation dans laquelle elles s'étaient elles-mêmes enfoncées. Évidemment, le diagnostic appelle des remèdes à sa mesure. Or, pour l'instant, il n'en est rien. Les actions mises en œuvre semblent timides et, pire, ignorent la question du risque ! En effet, les politiques se penchent sur les rémunérations des acteurs financiers, les paradis fiscaux, voire sur un nouveau Bretton Woods avec une réforme du FMI. Pourtant, il y a peu, le risque semblait être au cœur de la crise financière. Afin de résoudre ce paradoxe et d'envisager des modes de régulation appropriés à la gravité de la situation, il paraît donc utile de revenir sur l'analyse du risque et de ses liens avec la sphère financière. Si le risque est inhérent à la vie économique des différents agents, les institutions financières se sont exposées à des risques très différents les uns des autres, certains étant effectivement inhérents à leur activité usuelle, d'autres étant clairement en dehors de leurs missions. Qu'en est-il exactement ? 8 This content downloaded from 128.119.168.112 on Thu, 17 Mar 2016 12:37:45 UTC All use subject to JSTOR Terms and Conditions L'apport de Minsky dans ce domaine est incontestable : il développe une argumentation éclairante sur le lien entre les banques, les agents économiques, les risques et l'instabilité financière et de nombreux analystes et politiques s'accordent pour reconnaître que la crise actuelle est une crise minskyenne, un Minsky Moment. Les mesures proposées s'avèrent dès lors conformes à la théorie. Cependant, l'approche de Minsky n'est pas exempte d'imperfections ou de lacunes : elle ne nous apprend rien sur la dissémination du risque et sous-estime l'impact des transformations en matière de métier bancaire et de rapport aux risques des banques. Un retour sur l'histoire des banques s'avère alors nécessaire pour appréhender leur rapport effectif et tangible aux risques et pour expliciter quels en sont les changements récents susceptibles de compléter les explications de la crise financière actuelle. Pour proposer des actions ciblées et pertinentes, il est nécessaire de prendre toute la mesure des dysfonctionnements et d'en souligner les dangers. Ainsi verrons-nous dans un premier temps en quoi consiste la théorie du risque et de l'instabilité financière de Minsky afin d'en montrer les enseignements analytiques. Puis, dans un second temps, nous reviendrons sur l'analyse de l'évolution du métier de banquier et de sa relation au risque qui permet d'expliciter certains des mécanismes de la crise autres que ceux proposés par Minsky. Il nous sera alors possible de comprendre comment la dissémination du risque s'est mise en place et comment il est donc possible de la combattre. Notre problématique consiste à démontrer combien la dénaturation du métier de la banque et de la fonction de financement du système bancaire est dangereuse pour le système économique et que la crise actuelle n'est pas seulement un moment minskyen. Les événements récents n'en sont que la confirmation. I. La conception dominante de l'approche du risque influencée par Minsky La crise économique actuelle trouve ses racines dans de nombreux dysfonctionnements. Beaucoup ont été évoqués, tous relatifs au système financier, et plus particulièrement à la prise de risque excessive des acteurs 9 This content downloaded from 128.119.168.112 on Thu, 17 Mar 2016 12:37:45 UTC All use subject to JSTOR Terms and Conditions Sandrine Ansart et Virginie Monvoisin financiers. La théorie de Minsky a alors largement été mobilisée tant pour son analyse des événements que pour la réglementation qu'elle suppose2. D'une part, il est vrai que peu ďauteurs lient avec autant de pertinence et de cohérence les pratiques bancaires et le rapport de la banque aux risques : Minsky est Pun des rares économistes qui permettent d'appréhender une mécanique de crise, le rôle des banques et l'importance des innovations financières comme de la titrisation. D'autre part, son approche des risques et de la crise inspire amplement les approches actuelles de la réglementation en matière financière et bancaire dirigée vers la gestion prudentielle, les accords de Baie et leur révision relevant strictement de cette logique. Néanmoins, si Minsky traite longuement du risque, il ne nous éclaire pas sur les mécanismes de dissémination des risques dans la sphère financière et dans la sphère réelle ou plus précisément, son analyse demeure finalement traditionnelle et insuffisante pour dessiner un cadre législatif satisfaisant pour éviter une nouvelle crise. 1.1. Les risques bancaires et la fragilisation financière En 1957, Hyman Minsky entend proposer un modèle foncièrement différent de la théorie standard de la banque et, en tant que keynésien3, une théorie dynamique des crises dans un cadre d'une économie monétaire de production - soit une économie où la dichotomie sphère réelle et sphère financière n'existe plus. Depuis, et plus encore depuis 2007, l'étude des risques encourus par les établissements de crédit s'appuie souvent sur les principes de Minsky relatifs à l'activité bancaire, uploads/Finance/ l-x27-harmattan.pdf
Documents similaires







-
34
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Aoû 09, 2021
- Catégorie Business / Finance
- Langue French
- Taille du fichier 1.9580MB