LA BANQUE AU XIXEME SIECLE | La France du XIXème siècle La Banque au XIXème siè
LA BANQUE AU XIXEME SIECLE | La France du XIXème siècle La Banque au XIXème siècle Introduction : Il est impossible de comprendre l’histoire de la Banque en France au XIXème siècle sans étudier sa naissance avortée au XVIIIème siècle. A la mort de Louis XIV, la France est ruinée par les guerres. Le financier du Roi, Samuel Bernard, eut alors une idée: la création d’une banque publique émettant des billets à l’instar de la Banque d’Angleterre fondée en 1694. Cependant les « Financiers » chargés de récolter et d’administrer les finances publiques y étaient farouchement opposés. Elle aurait réduit considérablement leurs profits. Un Ecossais, John Law, réussit à convaincre le Régent de créer cette banque publique en avançant l’argument suivant : « Lorsque le sang ne circule pas à travers le corps, le corps se languit ; il en est de même quand la monnaie ne circule pas ». La Banque Générale ouvrit ses portes en juin 1716. Transformée bientôt en Banque Royale garantie sur les nouvelles terres du Mississipi, cette banque de dépôts émettant des billets fut minée par la spéculation qui s’empara des actions. En juillet 1720, les actions se mettent à baisser. En Novembre, la fête est finie. « L’expérience que fit la France avec John Law fut telle qu’on hésita même à prononcer le mot « banque » pendant les 150 années suivantes » écrit C. Kindleberger. A par la Caisse d’Escompte fondée par le Suisse Isaac Panchaud, il n’y eu aucune banque publique en France au XVIIIème siècle. L’Etat devait pour financer ses emprunts avoir recours aux banquiers privés, notaires, officiers qui existaient mais de manière informelle. La crise des finances publiques de 1788 entraina la convocation des Etats Généraux et la fin de l’Ancien Régime. Cependant, la proclamation des Droits de l’Homme et du Citoyen ne changeait rien à la situation financière, surtout quand s’y ajouta la guerre contre l’Europe entière. La spoliation des biens de l’Eglise et leurs mises en vente servit de garant à l’émission de billets qui eurent rapidement cours forcé pour lutter contre la spéculation. Son usage fut rendu obligatoire sous peine de mort, la monnaie métallique interdite et pour tenter de lutter contre la dépréciation des assignats, la Convention utilisa l’emprunt forcé. Alors que les biens du Clergé avaient été estimés à 3 milliards de Livre en 1790, il circulait 45 milliards de Livre d’assignats en 1796… En moins d’un siècle, la France subissait deux échecs spectaculaires et retentissants d’émission de papier monnaie sous forme de billet de banque. Situation à comparer avec la Grande-Bretagne où l’usage du billet s’est intensément développé au cours de XVIIIème siècle et représentait déjà 50 % de la masse monétaire en 1800. Quand Napoléon arrive au pouvoir, tout le système bancaire est à inventer. Comment la France va parvenir en un siècle à développer son système bancaire et favoriser par ce biais la révolution industrielle ? I- Le renouveau de la banque avec Napoléon Page 1 sur 13 LA BANQUE AU XIXEME SIECLE | La France du XIXème siècle A- Les innovations de Napoléon et la stabilisation monétaire Grâce à ses nombreuses victoires, Napoléon récolte les indemnités des pays vaincus ramenant ainsi de l’argent à la France qui en manquait. Le 18 janvier 1800, avec les plus puissants banquiers, il fonde la banque de France, sur le modèle de la banque d'Angleterre, avec un capital de 30 millions de livres (30 millions de livres de fonds propres) chargée de faire des opérations d’escompte et d’avances sur titres à l’aide des billets qu’elle est autorisée à émettre. Définition de l’escompte : https://www.l-expert-comptable.com/fiches-pratiques/qu-est-ce-que-l- escompte.html Selon ses statuts rédigés par Claude Perier, la Banque de France se présente juridiquement sous la forme d'une société anonyme dont le capital est divisé en 30 000 actions nominatives de 1000 francs. Les actionnaires sont représentés par 15 régents et 3 censeurs. La réunion des 15 régents forme le conseil général qui élisait dans son sein un comité central composé de trois membres dont le président était de droit président du conseil général. Le comité central est chargé de la direction de l'ensemble des opérations de la Banque. Le premier président fut Jean-Frédéric Perregaux. En 1806 apparaîtra le « gouverneur de la Banque de France » qui en est le président. Le premier à porter ce titre sera Emmanuel Crétet. Fonds propres : Les fonds propres sont les capitaux dont dispose l'entreprise. Ils ont été soit apportés par les actionnaires, soit acquis par l'activité économique. Encaisse : Une encaisse correspond à la quantité de monnaie, sous forme de liquidité ou en espèce, disponibles dans les caisses d'un particulier, d'une entreprise ou d'une banque. En avril 1803, elle devient la seule banque sur Paris à pouvoir émettre des billets et son capital est augmenté de 15 millions. Le billet de banque n'est cependant pas un instrument de règlement très répandu puisque la moindre coupure est de 500 francs. Dans les premières années du XIXème siècle, il n'est donc utilisé que pour les règlements importants, l'or ou l'argent monnayé assurant les paiements courants. Il est à noter que le billet était convertible en une quantité d'or spécifiée de métal et l'est resté pendant toutes les guerres napoléoniennes (la banque d'Angleterre, avait, elle, suspendu la convertibilité). Cette pratique a assuré le crédit du billet de la banque de France pour longtemps. Le 27 mars 1803, par la loi dite du 7 germinal an XI, le Premier Consul fixe la valeur du franc et lui donne une base stable : «5 grammes d'argent au titre de neuf dixièmes de fin» (autrement dit, elle contient 4,5 grammes d'argent pur). Cette nouvelle unité s’appelle le franc germinal qui repose donc sur l’or et l’argent : c’est un système bimétalliste. Le franc germinal permet une stabilisation de la monnaie. B- La vision de Napoléon et l’opposition de Mollien 1) Opposition quant à l’extension de la banque de France La Banque de France agit plus en tant que « Banque de Paris » qu’en tant que banque du pays tout entier. Son extension dans les provinces fut une question qui l’occupa, elle et les experts, tout au long du siècle. Pourquoi vouloir étendre la Banque de France ? Page 2 sur 13 LA BANQUE AU XIXEME SIECLE | La France du XIXème siècle En 1810, Napoléon écrit à François Nicolas Mollien, son ministre du Trésor public, en plein blocus continental, alors que les Français tentent d’empêcher les Britanniques de commercer avec le continent et que les Britanniques ont coupé la France de l’Amérique du nord et du sud. Il lui affirme dans sa lettre qu’il suffirait pour sortir le pays de la crise, où l’a plongé le blocus, que des crédits moins coûteux puissent être obtenus en dehors de Paris. Il veut que la Banque de France étende son système de comptoirs – bureaux subsidiaires qui avaient déjà été établis sur son insistance, dans les centres commerciaux de Rouen et de Lyon (1808) – aux villes industrielles comme Amiens, Saint Quentin, Lille, Valenciennes et Cambrai. Il veut doubler le capital de la Banque afin de pouvoir offrir des demandes de crédit alors que les régents de la Banque attendent que l’on vienne faire une demande. Ainsi Napoléon laissaient derrière lui, lors de ses voyages dans le pays, un comptoir d’escompte (bureau d’escompte) pour commémorer son passage. « La Banque se doit d'être présente dans toute l'étendue de l'Empire ». Toutefois Mollien s'emploie à modérer l'empereur et dans sa « note du Havre », insiste sur le fait que la confiance accordée par le public est le plus souvent locale. De plus la création de succursales pose un autre problème. Le billet est à l’époque un substitut pour le numéraire et que l’objectif le plus important de la banque est de maintenir la convertibilité des billets en numéraire. L’existence de succursales locales de la Banque créerait des difficultés puisque pour chaque billet de 1000 francs en circulation, il faudrait avoir 1000 francs en numéraire dans plusieurs endroits pour assurer la convertibilité sur demande. Celles-ci devaient pouvoir se suffire à elle-même donc avoir des fonds propres, ce qu’elle ne pouvait pas. Ce conseil est suivi et, par la suite, un seul comptoir est créé, celui de Lille en 1810. Dès la connaissance du décret du 8 septembre 1810 qui autorise la Banque « à exercer son privilège dans les villes où elle a des comptoirs de la même manière qu'à Paris », une véritable panique est déclenchée à Lyon, donnant raison à Mollien. Les déposants, craignant que l’émission croissante de billet provoque l'inflation et la faillite monétaire, comme cela avait été le cas avec les assignats. Ils retirent leurs fonds en compte et les transactions ne sont plus conclues qu'avec une grande défiance. La politique donc très prudente de Mollien restreint la diffusion des billets et fait obstacle au développement d’autres banques d’émission. 2) Opposition quant à l’aide de la Banque au sujet du développement économique Mollien s’oppose à Napoléon sur une autre question. L’empereur veut que la Banque uploads/Finance/ la-banque-au-xixeme-siecle.pdf
Documents similaires







-
37
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Dec 31, 2022
- Catégorie Business / Finance
- Langue French
- Taille du fichier 0.1331MB