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Les registres littéraires On appelle registre littéraire (ou « tonalité », « to

Les registres littéraires On appelle registre littéraire (ou « tonalité », « ton ») l’ensemble des caractéristiques d’un texte qui provoquent des effets particuliers (émotionnels ou intellectuels) sur le lecteur ou le spectateur. Dans un même texte, on peut trouver plusieurs registres et aucun registre littéraire n’est lié exclusivement à un genre littéraire. I- Le registre comique Le registre comique a pour but de faire rire et de divertir. Il permet de dédramatiser une situation angoissante et peut aussi permettre de faire des critiques efficaces. On y retrouve principalement des effets de chute, de rupture, de l’ironie et beaucoup de jeux de mots et de situations. Ce registre est présent dans tous les genres littéraires, mais particulièrement au théâtre. Effet recherché : provoquer le rire Exemple « Harpagon : Il crie au voleur dès le jardin, et vient sans chapeau. Au voleur ! Au voleur ! À l'assassin ! Au meurtrier ! Justice, juste ciel ! Je suis perdu, je suis assassiné ! On m'a coupé la gorge, on m'a dérobé mon argent ! Qui peut-ce être ? Qu'est-il devenu ? Où est-il ? Où se cache-t-il ? Que ferai-je pour le trouver ? Où courir ? Où ne pas courir ? N'est-il point là ? N'est-il point ici ? Qui est-ce ? Arrête ! Il se prend lui-même le bras. Rends-moi mon argent, coquin ! … Ah ! c’est moi. » L’Avare 1668 Les procédés utilisés pour créer cet effet hyperbole , exagération Ironie Répétition, accumulation Jeux de mots (polysémie) Jeux sur les niveaux de langue Quiproquos Caricatures II- Le registre lyrique (expression des sentiments) Le registre lyrique est l’expression des états d’âme et des émotions : plainte, regret, nostalgie, joie, etc. Ce registre est très fréquent en poésie (→ poésie romantique), mais on le retrouve aussi au théâtre ou dans le roman. Effet recherché : émouvoir le lecteur Exemple Autrefois, car il me semble qu’il y a plutôt des années que des semaines, j’étais un homme comme un autre homme. Chaque jour, chaque heure, chaque minute avait son idée. Mon esprit, jeune et riche, était plein de fantaisies. Il s’amusait à me les dérouler brodant d’inépuisables arabesques cette mince et rude étoffe de la vie  le condamné à mort exprime sa nostalgie envers son passé avant son emprisonnement , un temps où son imagination était riche et fructueuse. Il désire créer une émotion chez le lecteur. Les procédés utilisés pour créer cet effet  Une hyperbole : 6 semaines pour lui sont comme des années  une gradation: pour insister et montrer la créativité de son esprit et sa capacité à créer des idées différentes à tout moment.  Personnification de l’esprit et métaphore des idées comparés à des arabesques et la vie comme une étoffe( un tissu) : comme une personne capable de faire un joli tableau de broderie sur un tissu difficile à broder.  On remarque l’abondance des figures de style qui suscitent l’imagination du lecteur et lui transmet les vraies émotions du condamné, on a l’impression qu’il chante ses sentiments Autres procédés pour le registre lyrique: Champ lexical des émotions et des sentiments (vocabulaire affectif) Ponctuation forte  Pronoms personnels de la première personne (→ fonction expressive du langage) Métaphores et comparaisons, hyperboles, antithèses, apostrophes, etc. Travail sur le rythme: chaque jour, chaque heure, chaque minute ■III- Le registre pathétique (pitié et compassion) Le registre pathétique inspire au lecteur des émotions tristes et fortes devant une situation inhumaine (→ compassion) Exemple: Voilà cinq semaines que j’habite avec cette pensée, toujours seul avec elle, toujours glacé de sa présence, toujours courbé sous son poids !  le condamné souffre face à l’idée de la mort, il est incapable de penser à autre chose qu’à la mort et à sa condamnation. Sa situation crée un effet de pitié chez le lecteur  les procédés contribuant à créer cet effet:  Champ lexical de la souffrance: seul, courbé, glacé  Figures d’insistance: o Anaphore et gradation: o Personnification Ponctuation vive: ! Autres procédés du registre pathétique Lyrisme Champ lexical de l’affectivité, de la souffrance, du désespoir voire de la mort Phrases exclamatives et interrogatives, interjections  Figures d’amplification (hyperboles), métaphores, comparaisons Ellipses narratives: lorsque le narrateur cache certains épisodes de sa vie. IV- Le registre tragique: Le registre tragique est caractéristique de la tragédie classique et du théâtre du XXe siècle. On peut également trouver du tragique dans certains romans (par exemple chez Malraux, Camus, etc.) Un texte tragique émeut le lecteur car il présente des situations sans issue : les personnages, tourmentés par de fortes passions ou par un dilemme, ne peuvent éviter un dénouement malheureux (la mort ou la folie). C’est un registre qui inspire l’effroi (devant la puissance du destin) et la pitié. Procédés et caractéristiques : - Registre de langue soutenu - Interrogations et exclamations, ponctuation affective - Métaphores et comparaisons, figures d’opposition (antithèses, chiasmes) et d’amplification - Champ lexical du destin, du désespoir, de la souffrance, de la faute, de la mort Exemple: Procédés utilisés pour créer cet effet o Le destin fatal Champ lexical de la mort Le futur proche exprime la certitude de la mort. o Expression de l’impuissance Champ lexical de l’impuissance: le conditionnel passé exprime une impossibilité de réalisation de la vie pour Antigone . →Son destin est inévitable. →Elle est encore en vie mais la certitude de son destin fatal crée un effet d’effroi chez le lecteur. o Répétition et hyperbole (seule en face du monde): insistance sur la solitude d’Antigone et le poids de la mission qu’elle doit accomplir seule. o Ellipse narrative : les trois points laissent comprendre au lecteur qu’il s’agit de la mort et cela suscite la peur . Elle pense. Elle pense qu’elle va être Antigone tout à l'heure, qu'elle va surgir soudain de la maigre jeune fille noiraude et renfermée que personne ne prenait au sérieux dans la famille et se dresser seule en face du monde, seule en face de Créon, son oncle, qui est le roi. Elle pense quelle va mourir, qu’elle est jeune et qu’elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n'y a rien à faire. Elle s'appelle Antigone et il va falloir qu’elle joue son rôle jusqu'au bout... Antigone, princesse et nièce de l’actuel roi de Thèbes, est obligée de se révolter contre le roi et d’affronter son destin fatal qui la mène à une mort certaine. Cette situation suscite la peur et la pitié du lecteur. V- Le registre satirique : (dévalorisation) un texte satirique critique, en s’en moquant, les défauts d’un individu (ou d’un groupe d’individus), d’un comportement, etc. Exemple: Un homme à front déprimé, des yeux de bœuf, une figure inepte (stupide).  le condamné décrit le deuxième gendarme qui a remplacé le premier qu’il avait. La description est dévalorisante et presque caricaturale. Il critique la stupidité de cet homme. Procédés utilisés pour créer cet effet: Adjectifs péjoratifs ( qui ont un sens négatif) Hyperbole, ironie, antiphrase Autres procédés satiriques  Des descriptions avec exactitude réaliste des détails  Utilisation des procédés suivants : l’exagération, le grossissement (hyperbole) et la déformation (caricature) , l’accumulation pour souligner ce qui est révoltant  Utilisation de termes dépréciatifs, d’images dévalorisantes, d’hyperboles  Des procédés d’opposition pour souligner des contrastes  Un vocabulaire et des tournures emphatiques  Les procédés de l’ironie (se présenter comme un éloge): antiphrases  Des commentaires critiques du narrateur VI- Le registre polémique ( attaque, accusation, débat) Polémique vient du grec :(pomelos)qui veut dire « combat »: l’auteur combat, dénonce, un adversaire ou une idée. Il correspond à une prise de position agressive visant à provoquer la colère et l’indignation du lecteur . L’auteur ainsi révolté cherche à ouvrir le dialogue et lancer le débat en discréditant son adversaire. Exemple Ces médecins, ces sœurs de charité, semblaient prendre intérêt à moi. Mourir si jeune et d’une telle mort ! On eût dit qu’ils me plaignaient, tant ils étaient empressés autour de mon chevet. Bah ! curiosité ! Et puis, ces gens qui guérissent vous guérissent bien d’une fièvre, mais non d’une sentence de mort. Et pourtant cela leur serait si facile ! une porte ouverte ! Qu’est-ce que cela leur ferait ?  le condamné est en colère contre les médecins qui l’ont soigné; il les attaque et les accuse d’hypocrisie et de désintérêt par rapport à sa situation. Il porte à témoin le lecteur qui est indigné par leur comportement . Procédés pour créer cet effet Accusation: o Déterminants démonstratifs: il pointe du doigt les médecins et les sœurs de charité. o Modalisateurs de doute: il remet en doute les soins reçus par ces derniers. o Expression de concession: contradiction entre les soins médicaux et l’attitude passive par rapport au condamné et sa situation.(ils ne font rien pour l’aider à s’enfuir) Colère et indignation: o ponctuation vive o apostrophes Implication du lecteur o Emploi du vous, je o Questions rhétoriques VII- Le registre ironique: L ’ironie fait entendre le contraire de ce que l’on dit, dans le but de uploads/Finance/ le-registres-litteraires.pdf