Dans la même collection : Zeynep Tufekci, Twitter et les gaz lacrymogènes. Forc
Dans la même collection : Zeynep Tufekci, Twitter et les gaz lacrymogènes. Forces et fragilités de la contestation connectée. Traduit de l’anglais (États-Unis) par Anne Lemoine. ISBN 978-2-915825-95-4 Finn Brunton & Helen Nissenbaum, Obfuscation. La vie privée, mode d’emploi. Traduit de l’anglais (États-Unis) par Elena Marconi. ISBN 978-2-915825-92-3 Stéphane Bortzmeyer, Cyberstructure. L’Internet, un espace politique. ISBN 978-2-915825-97-9 Giorgio Griziotti, Neurocapitalisme. Pouvoirs numériques et multitudes. Traduit de l’italien par Fausto Giudice. ISBN 978-2-915825-82-4 Catalogue complet : https://cfeditions.com ISBN 978-2-37662-004-4 / Collection Société numérique, ISSN 2647-1493. L’ouvrage est publié sous licence édition équitable (http://edition-equitable.org). C&F éditions, mars 2020 35C rue des rosiers – 14000 Caen Christophe Masutti Affaires privees Aux sources du capitalisme de surveillance Préface de Francesca Musiani Collection Société numérique C&F éditions 2020 Table des matières Préface 9 Une archéologie du capitalisme de surveillance 19 Surveillance : relire l’histoire de la révolution informatique 43 L’ordinateur entre dans l’entreprise 46 Des machines à produire de l’information 50 Du contrôle cybernétique à la société de contrôle 56 Informatisation de la société 62 Une histoire d’ordinateurs 62 La soif de données 70 Le retour du panoptique 74 Gouverner rationnellement avec l’ordinateur 80 National Data Center 81 Cybersyn 89 Technocratie du contrôle : une question française 98 Informatique, libertés, travail 102 L’échec du fichage de masse informatisé 115 Économie de la surveillance 122 Crédit à la consommation 124 Les données : un moyen et une fin 132 Informatique : productivité ou valeur déduite 135 Le facteur humain 144 Profilage 150 Vie privée, bases de données, surveillance 157 Considérations générales sur une approche par dystopie 162 Bases de données, danger civique 174 Informatiser l’administration des personnes 176 Un débat politique 185 Années 1970 : définir la vie privée 191 Informations personnelles : le clash bancaire 195 Définir la vie privée par la loi 202 La protection de la vie privée 206 La valeur des données 213 La fièvre du marketing 216 Puissance des bases de données 226 Production de valeur 232 Les données : propriété et capital 238 Du tri social 244 Communication et prédiction 249 Contre-culture 250 Sears, modèle des années 1980 255 De la surveillance prédictive 261 Capitalisme de surveillance 275 L’approche matérialiste 278 L’informatisation du travail 281 Le texte électronique 285 Culture de la surveillance 288 Hégémonie et modernité 293 L’approche de la Monthly Review 294 Le complexe américain 298 Postmodernité 305 De l’infrastructure de communication à la gestion de l’information 315 Prééminence des États-Unis 320 Gouvernance d’Internet 323 Lobbying 329 Marchés bifaces 337 Solutionnisme 341 Le cas Français : dilution des institutions 346 Gouverner par les instruments 349 Microsoft à tous les étages 355 Le droit en pilotage automatique : solipsisme 362 Big data 377 Gigantisme 380 Qui sommes-nous ? Une lecture de Shoshana Zuboff 387 Mise au point 388 Définition et critique 390 Le RGPD est-il une solution ? 399 Un chemin vers l’émancipation 406 Économie de la contribution 411 Société de la contribution 415 Soixante ans de capitalisme de surveillance 431 Bibliographie 441 Remerciements à : Sébastien Broca, Pierre-Yves Gosset, Yann Kervran, Frédéric Urbain, Pouhiou pour leur lecture, et tous les amis de Framasoft, oxygène numérique. 9 Préface Francesca Musiani C omment et pourquoi nous surveille-t-on sur et au moyen des réseaux numériques aujourd’hui ? Y a-t-il une porte de sortie pos- sible ? Telles sont les questions cruciales auxquelles s’attache cet important livre de Christophe Masutti, qui mêle histoire et socio-éco- nomie à une profonde connaissance de l’informatique, dans ses « façons de faire » et sa culture. On y trouvera des cas d’étude, des problématisa- tions théoriques et de nombreuses discussions éclairées de références anglo-saxonnes et francophones. La surveillance numérique ne se limite pas aux institutions et leur volonté d’imposer un pouvoir (politique) via le contrôle des faits et gestes d’une population – et de certains de ses individus en particulier. Contrôler et imposer l’autorité sont deux composantes fondamentales de l’appareil de la surveillance qui peuvent s’appuyer sur la captation permanente de traces par les entreprises pour des raisons strictement commerciales. On mesure d’autant mieux les « liaisons dangereuses » entre gouvernements et grands acteurs du secteur privé depuis qu’ont explosé aux yeux du grand public les révélations Snowden. Celles-ci ont donc remis avec force les États – si jamais il en était encore besoin – au centre des questions concernant l’exercice de la politique et de la gouvernance sur Internet, alors que le premier âge du réseau des réseaux avait pu croire les reléguer au rang d’entités obsolètes et inadaptées à l’âge du numérique. Les aspects de contrôle et d’autorité pervasifs, et plus récemment les tentatives de prédiction des comportements ont été repris de façon particulièrement imaginative et multiforme par la littérature et 10 affaires privées le cinéma, du célébrissime 1984 de George Orwell à Minority Report de Steven Spielberg, s’inspirant lui-même des dystopies de Philip K. Dick. Sous toutes ses formes, la surveillance occupe dorénavant une place très importante dans l’imaginaire du grand public. Cependant, nous dit Christophe Masutti, la surveillance numé- rique consiste en beaucoup d’autres choses. Tant qu’on n’identifie pas clairement ses divers éléments, il nous sera difficile de nous battre pour ébranler le modèle socio-économique sous-tendu par la captation de données et la surveillance. Si on n’a pas ce panorama complet, le risque est grand de se tromper de cible ou de n’en voir qu’une partie. Au fil des exemples et des références, le livre de Christophe Masutti nous montre les différentes facettes du capitalisme de surveillance. Tout d’abord, la surveillance est un problème (socio-)économique ; elle obéit à une logique capitaliste dans laquelle l’information serait le ca- pital, généré par la production, l’utilisation et la consommation des outils numériques. Il s’agit, pour les entreprises, de récolter des données dans l’objectif de mieux comprendre d’abord, et influencer les choix ensuite, afin de favoriser le marché et le profit. Si ce système de capitalisme de sur- veillance a récemment beaucoup bénéficié de l’attention des chercheurs et chercheuses – notamment via le travail très médiatisé de Shoshana Zuboff – il est temps de souligner l’étape suivante à laquelle pourrait nous mener la compréhension de ce phénomène et de son étendue sur l’ensemble des activités économiques et sociales contemporaines. C’est ce que montre la dernière partie de cet ouvrage (j’y reviendrai). La surveillance commence par une question organisationnelle : Christophe Masutti montre comment les projets de contrôle à grande échelle des populations exercés au moyen de traitements massifs et au- tomatisés de l’information ont été à l’origine davantage conçus pour créer des schémas organisationnels profitables que pour devenir des instruments de pouvoir. Les techniques d’acquisition et de gestion de l’information en masse servent, avant tout, à la rationalisation des procé- dures, à la gestion des services et à construire des modèles spécifiques de société, de relations, de travail… L’informatisation a été décisive dans ce processus visant plus à rationaliser qu’à contrôler. Mais la rationalisation a ouvert les portes d’une nouvelle forme de pouvoir, à la fois pour les géants du Net qui sont susceptibles de savoir « traiter » les données, et préface 11 pour les pouvoirs politiques. Il n’est pas anodin qu’un phénomène comme le nudge, à l’origine propre au marketing et destiné à provoquer une dé- cision du consommateur, soit devenu un outil des campagnes sociétales portées par ces pouvoirs : les phénomènes de rationalisation internes aux entreprises se sont étendus aux institutions et aux processus politiques. La surveillance est également un problème infrastructurel et ma- tériel : des ordinateurs mainframe pionniers aux puissants datacenters d’aujourd’hui, jusqu’à des artefacts immatériels possédant cependant une fonction infrastructurelle indéniable, tels que les protocoles et les al- gorithmes, la surveillance se tisse au fil des dispositifs et des technologies. J’apprécie particulièrement cet aspect de la démonstration de Christophe Masutti, qui résonne avec mes propres travaux sur la gouvernance de l’Internet « par l’infrastructure ». Cette importance de l’infrastructure conduit de nombreux chercheurs et chercheuses en études sociales des sciences et des techniques à souligner la « discrétion », voire l’invisibilité, de la plus grande partie de ces dispositifs de surveillance aux yeux des surveillés, et donc la difficulté pour ceux-ci d’en appréhender l’étendue et la portée systémique. La pollution de la vie privée par le capitalisme de surveillance ne produit pas de fumées ou de signe concret. La surveillance est une question sociétale. Une société qui se sait et se sent surveillée va répondre par l’autocensure et le silence, ce qui va avoir pour effet secondaire de bloquer les innovations sociales autant que les capacités de résistance et de proposition des populations. Heureusement, de nombreux activistes de la sphère numérique ont refusé ce silence imposé. Christophe Masutti montre bien comment les résistances à la surveillance se sont développées sur plusieurs fronts et ne sont aucunement l’affaire d’une élite (intellectuelle). Certaines recherches actuelles, comme celles menées par le projet ANR ResisTIC sur la gou- vernance de l’Internet russe et les résistances qui s’y expriment contre la mainmise du gouvernement, confortent ce point. Myriam Desert sou- ligne à ce propos la cohabitation entre l’engagement politique (souvent à contrecœur) uploads/Finance/ masutti-specimen.pdf
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- Publié le Jul 21, 2021
- Catégorie Business / Finance
- Langue French
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