97 COURS MÉMO CORRIGÉS ENTRAÎNEMENT Les 5 points incontournables Le travail 5 L
97 COURS MÉMO CORRIGÉS ENTRAÎNEMENT Les 5 points incontournables Le travail 5 La chrématistique (Aristote) En toute logique, l’homme travaille pour assouvir ses besoins vitaux et utilise son argent pour développer ses échanges. Toutefois, pour certains, l’argent apparaît comme une fin en soi et ils en deviennent dépendants. Dès lors, ils s’évertuent à augmenter leur capital et à acquérir des biens dont ils n’ont nullement besoin. Cette perversion des besoins aboutit à l’aliénation des travailleurs, ces derniers se voyant dans l’obligation de se vendre comme des produits ayant une valeur pécuniaire. Cours, 3. a. Le travail est libérateur (Hegel) En travaillant, l’homme s’affranchit de son état de nature. Il se forme, se construit par l’effort et l’intelligence. Ce faisant, sa liberté n’est pas seule- ment intérieure, elle devient pratique et s’exprime par la réalisation d’œuvres qui façonnent l’histoire des hommes. Cours, 2. b. La revalorisation du travail (Jouvenel) La notion de travail revêt un paradoxe : le travail est une nécessité vitale et pourtant, l’homme le vit comme une aliénation et préfère le loisir. Il faut donc l’organiser pour que l’homme s’y épanouisse. Cours, 5. b. Les loisirs socialisés Les sociétés occidentales ont développé une conception marchande du travail en imposant des comportements de soumission aux individus. Même les loisirs répondent à ces valeurs d’effi- cacité, d’organisation et de contrôle des individus. Cours, 4. b. L’homme n’est pas un animal comme un autre Les hommes sont conscients du tra- vail qu’ils effectuent. À l’inverse, les activités animales sont instinctives et ne progressent pas. L’homme conçoit et réalise volontairement ce qu’il fait, ce qui lui permet d’améliorer ses tech- niques et ses réalisations. Cours, 1. a. 98 5. Le travail Le travail n’est pas seulement l’expression poétique de l’homme, tels que certains peintres ou écrivains ont pu l’illustrer, il est aussi et souvent une souffrance, voire un ennui qui engendre une fatigue. Cette dernière ne se voit pas, ne se calcule pas, mais est malgré tout éprouvée par le travailleur pendant le temps de son labeur. Ce temps passé à travailler n’est pas consacré à jouer, se reposer, aimer, contempler, qui sont pourtant des activités essentielles à l’homme. Aussi le travail s’apparente-t-il à une lutte entre les individus et, comme nous le verrons, un moyen pour certains d’imposer aux autres leur pouvoir. Est-ce donc à dire que le travail est foncièrement néfaste pour l’homme et qu’il n’y fait qu’user son corps et son esprit ? 1 Le travail est spécifique à l’homme a. L’homme se distingue de l’animal Nous ne pouvons attribuer aux comportements des animaux des intentions humaines (anthropomorphisme), ni réduire l’existence de l’homme à un simple prolongement d’une activité biologique ou naturelle. En effet, par son travail l’homme ne reçoit pas ses fins de l’extérieur mais les crée lui-même. Autrement dit, il ne subit pas la nature mais la transforme à son image, c’est-à-dire selon ses idées, et de ce fait construit le monde dans lequel il va vivre. Pour autant, à pre- mière vue, les animaux se livrent à des activités qui peuvent être assimilées à un travail : l’oiseau construit son nid, le castor et l’abeille réalisent des abris, voire utilisent un objet, comme l’homme un outil pour faciliter son activité. Mais tout cela repose sur l’instinct de l’animal, tandis que le travail des hommes est une activité consciente, réfléchie et volontaire. Cette capacité à se représenter une fin (un plan de mai- son) et à organiser ses actions d’après cette repré- sentation suffit à distinguer le travail des activités instinctives des animaux. Par ailleurs, cela explique les raisons pour lesquelles les animaux effectuent toujours les choses de la même façon alors que l’homme a la capacité de réfléchir sur sa manière de travailler, d’anticiper et d’envisager ses futures productions. C’est pourquoi, par exemple nous ne concevons pas les maisons de la même manière qu’à l’époque du Moyen Âge. b. Une activité consciente et donc perfectible Un homme ne travaille pas à l’aveugle, il anticipe ce qu’il va faire et conçoit même des projets, voire des plans précis sur ce qu’il veut réaliser. Il peut donc changer ses projets et imaginer d’autres réalisations à l’infini. À l’inverse, les ruches CITATION « Ce qui distingue dès l’abord le plus mauvais architecte de l’abeille la plus experte, c’est qu’il a construit la cellule dans sa tête avant de la construire dans la ruche. Le résultat auquel le travail aboutit préexiste idéalement dans l’imagination du travailleur. » (Marx, Le Capital, 1867) 99 COURS MÉMO CORRIGÉS ENTRAÎNEMENT des abeilles sont toujours identiques. Parce qu’il est une activité consciente, le travail repose sur un savoir-faire qui peut être transmis, changé, voire amélioré. L’évolution des techniques change les méthodes de travail et implique également l’apparition et la disparition de professions. 2 Par son travail l’homme construit son humanité a. Conception morale du travail Notre conception et notre morale du travail puisent leur source dans notre culture judéo-chrétienne. Ainsi, dans la Genèse, Adam fut placé par Dieu dans le jardin d’Éden, la plus belle partie du monde pour qu’il puisse le cultiver et préserver cette création divine. Cela signifie que dans tout travail, même le plus humble, il y a une participation à l’œuvre créatrice de Dieu. Il n’est pas question ici de souffrance ni même de peine, mais plutôt de la joie à parfaire ce que Dieu a librement créé. Toutefois, cette participation heureuse à la création divine suppose le respect d’un commandement divin : celui de ne pas manger le fruit de l’arbre de la connaissance du bonheur et du malheur. Comme nous le savons, Ève et Adam transgressent cet interdit, ce qui entraîne la malédiction divine et l’apparition du travail comme une condamnation. Ève est alors condamnée à enfanter dans la douleur et Adam à gagner son pain à la sueur de son front. Nous sommes loin du mythe grec de Prométhée qui se rebelle contre les dieux en leur volant le feu pour l’apporter aux hommes. Ici le travail des ces derniers est envisagé comme une soumission au commandement de poursuivre l’organisation progressive du monde. La transgression de ce commandement ou interdit a transformé la participation première et heureuse dans l’Éden en un terrible effort. b. Le travail libérateur Si le travail est pensé comme une condamnation, il apparaît aussi comme un moyen de libération de l’homme. Il lui permet, en effet, de produire quelque chose de nouveau : pour Ève, il s’agit d’un enfant et pour Adam, d’œuvres. En effet, derrière la fatalité du travail se cache la possibilité pour l’homme de faire l’histoire et de se réaliser. Hegel, à partir de ce que la tradition philosophique a nommé la dialectique du maître et de l’esclave illustre en quoi la création d’œuvres libère progressivement les hommes. Si la genèse des rapports humains est celle des rapports de force, la mort apparaît comme le maître suprême. C’est en effet elle qui crée la distinction entre ceux qui la craignent, qui refusent de risquer leur vie dans une lutte à mort, préférant la soumission à la force naturelle, et ceux qui, au contraire, sont prêts à perdre leur vie et devenir alors les maîtres des premiers. 100 5. Le travail Mais le travail auquel va être logiquement soumis un esclave va progressivement renverser les premiers rapports. En effet, si le maître n’a plus à se soucier des contingences liées à la réalité, l’esclave, quant à lui, est obligé d’affronter pleinement son existence et d’élaborer des stratégies pour satisfaire au mieux les attentes de son maître. À cause de cela, il se doit d’être patient, intelligent, pugnace et dévoué à sa tâche. Ce faisant, il se forme, se transforme lui-même alors que son maître ne fait rien, stagne et surtout, ayant perdu le contact avec le réel, subit passivement l’activité de ce dernier. Ainsi, le devenir historique a pour agent véritable l’esclave travailleur et non le maître guerrier. Grâce à son travail, un homme se libère de sa servitude, car il n’est plus dépendant de la nature et parvient à la transformer à son image : par cette activité de transformation, il change lui-même et prend conscience de ses capacités. Sa liberté n’est donc plus seulement intérieure, elle devient pratique, il l’oriente et lui donne un sens. En travaillant à produire des œuvres (maisons, institutions politiques, livres, etc.), l’homme devient son propre maître, ne subit plus passivement la nature et participe activement à son histoire. 3 De la perversion des besoins naturels à l’aliénation des travailleurs a. La finalité morale des échanges Selon Aristote, la chrématistique ou « l’art d’acquérir des richesses » est ambivalente, c’est-à-dire bonne ou mauvaise. Cet art d’acquérir des richesses se révèle bénéfique lorsqu’il vise à satisfaire des besoins naturels. À l’inverse cet art devient mauvais lorsqu’il s’agit d’amasser de la richesse pour la richesse, à savoir d’accumuler sans limite de l’argent. Le besoin doit être le critère permettant de juger de l’usage de l’argent. Il ne s’agit donc pas d’écarter par principe l’argent car il apparaît nécessaire pour l’acquisition de certains biens. Ce qu’Aristote nous dit c’est uploads/Finance/ le-travail.pdf
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- Publié le Nov 02, 2021
- Catégorie Business / Finance
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