1 Les nouvelles fonctions de l’Etat à la libération ANGEL SOLIS MORENO ANGEL SO

1 Les nouvelles fonctions de l’Etat à la libération ANGEL SOLIS MORENO ANGEL SOLIS MORENO Master 1 - Administration Économique et Sociale TD : 04 - Histoire des Relations Sociales Enseignant : Sébastien Jolis 2 Dans l’immédiat après-guerre, la France vit ses années noires marquées par des restrictions, des rationnements, des soucis d’approvisionnement, des contraintes administratives et le contrôle des prix. En revanche, sur le plan économique, les années 1944-1946 marquent un tournant fondamental par rapport au pendant et à l’avant-guerre. En effet, dès la libération nous voyons naitre une volonté de rompre avec l’ordre libéral voulu à l’avant guerre pour laisser place à un nouveau système appelé « capitalisme organisé ». Ce capitalisme organisé ce veut révélateur d’une volonté de faire de l’Etat un acteur à part entière de l’économie française qui se traduirait par la transposition des idées keynésiennes dans le réel. Autrement dit, nous assistons à l’émergence de « L’Etat keynésien modernisateur » selon l’historien de la démocratie Pierre Rosanvallon. Mais pour arriver au dirigisme économique voulu en France, on voit se développer d’importantes réformes de structure ainsi que des réformes sociales qui vont marquer l’apparition de nouvelles fonctions de l’Etat, et dès lors, elles vont fonder « L’Etat-Providence » dans la France d’après-guerre. Dès la libération, la France du Général De Gaulle à la tête du Gouvernement Provisoire de la République Française, se fixe comme projet pour le pays d’appliquer le programme proposé par le CNR en mars 1944. L’application de ces projets se font au travers des réformes qui vont jouer un rôle fondamental dans la reconstruction du pays mais aussi pour la croissance exceptionnelle des années cinquante – soixante. Ainsi, à la libération, au travers des réformes et l’apparition d’une nouvelle idéologie interventionniste, l’Etat acquiert des nouvelles fonctions qui vont marquer le contexte socio-économique voire politique de l’Etat français. Eu égard aux faits, en quoi ces nouvelles fonctions marquent une rupture dans la pratique traditionnelle des fonctions de l’Etat? Après la première guerre mondiale, l’opinion souhaitait un « retour à la normale » et le rétablissement du libéralisme. L’Etat assurait ses fonctions d’intérêt général par délégation pour ne pas entraver le déroulement normal de l’économie selon le dogme classique et néoclassique de l’économie. Toutefois, En 1944 – 1945, un consensus se dégage pour une véritable rénovation des structures économiques et 3 la mise en place d’une économie dirigée par l’Etat. En effet, la reconstruction devait s’accompagner d’une modernisation du capitalisme français et de la construction d’un système économique et social différent de celui qui avait été incapable de sortir de la crise des années trente. Ainsi, il y a une aspiration à un renouvellement profond des structures économiques et sociales du pays par l’intervention directe de l’Etat. De ce fait, la fonction première de l’Etat fut son intervention directe, au sein de l’économie, nécessaire pour la reconstruction de du pays compte tenu des circonstances. Considéré comme le seul et unique acteur capable de gérer et orienter la reconstruction, dans les années de l’immédiat après-guerre, on voit naitre le « welfare state » ou Etat-Providence qui marque une rupture avec ses fonctions traditionnelles. I. Une fonction interventionniste de l’Etat nécessaire pour la reconstruction du Pays. Après la guerre, les difficultés économiques et matérielles ne vont pas disparaître. Au contraire, la libération va rendre compte les nombreux goulots d’étranglement qui pèsent encore sur l’économie française et qui empêchent une reprise immédiate. En effet, à la libération, les français font face au constat dramatique des destructions hérités par la guerre. Les principaux équipements sont détruits et le manque de matières premières accentue cette situation. De même, la situation financière de la France est désastreuse et est directement liée au coût des quatre années d’occupation allemande. Ainsi donc, le gouvernement est contraint d’intervenir et maintenir un contrôle économique, un contrôle de ravitaillement et de rationnement pour faire face à ces difficultés. A. Le contexte dramatique du pays à l’après-guerre La situation économique française au lendemain de la libération est désastreuse, tant sur le plan économique que matériel, offrant alors un portrait plus dramatique que celui de la guerre de 1914-1918. Cette situation est due aux effets de la guerre et des combats qui ont eu lieu sur le sol français et qui ont provoqué des pertes 4 humaines et matérielles. On estime à 600 000 morts pendant la guerre et presque toutes les grandes villes ont subit des bombardements affectant les infrastructures. Ces dégâts vont affecter aussi l’industrie qui fonctionne à seulement 35% par rapport à la période d’avant guerre. De plus, la situation a été empirée par le pillage de l’industrie pendant l’occupation allemande, par les réquisitions de main d’œuvre et pillage des principaux équipements de la fonction publique. De ce fait, l’opinion et les idéologies politiques font constat de ce bilan désastreux à la libération et vont prendre des mesures liées aux circonstances de la libération. Dans l’immédiateté, l’Etat, au travers de Pierre MENDES FRANCE, ministre de l’économie du Gouvernement Provisoire, propose d’appliquer une politique d’austérité qui ne fut pas appliquée mais modérée par le ministre des finances René PLEVEN afin de contrer la montée fulgurante de l’inflation connue depuis la fin de la guerre. En outre, l’Etat s’est vu obligé de maintenir les politiques de restriction afin de palier les effets de la guerre notamment dans l’industrie et l’agriculture. Selon ce contexte, l’Etat ne pouvait éviter de s’impliquer à la reconstruction du Pays que ce soit par une intervention dans l’économie ou dans les rapports sociaux. En effet, son rôle d’Etat ayant été critiqué durant la crise des années trente, l’Etat dirigé par un Gouvernement Provisoire de la République Française devait répondre et représenter les nouvelles idéologies de la libération non seulement pour reconstruire le pays et permettre le capitalisme de se restaurer mais pour refonder l’ordre libéral durement critiqué au sortir de la crise des années 30 et de la guerre qui s’en est suivie. B. L’Etat unique acteur capable de conduire la reconstruction Les années 1944-1946 sont marquées par des nationalisations qui apparaissent comme la manifestation essentielle des progrès de l’étatisation au lendemain de la seconde guerre mondiale. Ces nationalisations sont le fruit d’une volonté de « retour à la Nation des grands moyens de production monopolisés », le fondement de cette volonté étant le programme du CNR. Il y a donc la volonté « d’assurer l’instauration d’une véritable démocratie économique et sociale » ce qui implique l’éviction des grandes féodalités économiques et financières de la direction de l’économie. Pour 5 ce faire, dans la fonction de l’Etat, il est nécessaire de nationaliser les secteurs les plus stratégiques de l’économie dans le cadre de la reconstruction qui attend la France et seul l’Etat a une véritable légitimité pour le faire puisque cette volonté de prendre le pouvoir sur les services d’intérêt général émane de la population française et ses nouvelles idéologies concernant la conduite de l’économie. Ainsi les nationalisations qui vont permettre de concentrer les efforts et de coordonner les investissements portent sur les secteurs stratégiques. D’abord, nous avons des nationalisations-sanctions comme l’automobile avec Renault, le charbon avec Charbonnage du Nord et l’aéronautique avec Gnôme et Rhône. Ensuite, se suivent les nationalisations bancaires en décembre 1945 et les nationalisations d’assurances en avril 1946. Ces nationalisations fournissent à l’Etat le contrôle des moyens monétaires permettant d’alimenter la reprise et l’expansion économique tout en assurant l’investissement. Enfin, les secteurs stratégiques tels que l’électricité et le gaz vont être nationalisés et devenus EDF et GDF. L’ensemble de ces nationalisations a permis à l’Etat d’étendre considérablement son rôle économique. En effet, les entreprises nationalisées emploient dès 1946 près de 1 200 000 salariés et réalisent le quart des investissements industriels du pays et ce secteur public représente le cinquième de la population active. Ces événements vont donc permettre à l’Etat de s’emparer d’une nouvelle fonction qui lui était jusqu’alors « refusée » par l’idéologie libérale avant la guerre. Désormais, l’Etat dispose de moyens de production stratégiques pour relancer l’économie et la reconstruction du pays. Un nouveau ordre libéral s’instaure où le rôle de l’Etat est révélateur d’une construction d’un Etat keynésien modernisateur, cet Etat est donc le seul à pouvoir bien gérer les services publics d’intérêt général. Ces nationalisations vont permettre une planification d’une économie exsangue au sortir de la guerre et, à la libération, va se suivre un ensemble des réformes sociopolitiques et économiques pour assurer la pérennité de l’économie française. En effet, face aux difficultés de l’après-guerre la planification par l’Etat s’impose comme une nécessité aux yeux de Jean Monnet pour permettre la reconstruction et la modernisation de l’économie française. Pour ce faire, la planification doit assurer la répartition des maigres ressources, faire face aux nécessités urgentes de la reconstruction notamment le logement, et donner à la France la possibilité de 6 rattraper son retard sur le plan économique. Ainsi, le premier plan de modernisation est voté par le Parlement en 1947 et il est prévu pour cinq ans. Ce plan se concentre sur les secteurs de base tels que l’électricité, le charbon, la sidérurgie, uploads/Finance/ les-nouvelles-fonctions-de-l-x27-etat-a-la-liberation.pdf

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  • Publié le Mar 25, 2022
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