La Lettre de la recherche de Bank Al-Maghrib Numéro 5 - 2021 Dans ce numéro 14

La Lettre de la recherche de Bank Al-Maghrib Numéro 5 - 2021 Dans ce numéro 14 SÉMINAIRES DE RECHERCHE Découvrez les évènements de recherche organisés durant l'année 2020. 17 ÉVENEMENTS A VENIR Explorez les rendez-vous de quelques évènements futurs. 03 PUBLICATIONS Venez à la rencontre des auteurs des documents de recherche publiés cette année dans la série des documents de travail de Bank-Al Maghrib. 12 PROGRAMME CHERCHEUR VISITEUR Consultez la liste des chercheurs ayant effectué une visite de recherche au sein de notre institution au titre de l'année 2020. 1. 2. 3. 4. EDITORIAL Chers lecteurs, La crise sanitaire liée au Covid-19 a provoqué un choc économique sans précédent. Au Maroc, Bank Al-Maghrib, à l'instar d'autres banques centrales, a participé activement aux efforts déployés par les autorités nationales pour soutenir les ménages, protéger les emplois et accompagner les entreprises à traverser cette période difficile. Compte tenu de la nature exceptionnelle et imprévue du choc et des délais de parution de certaines statistiques officielles, les chercheurs de la Banque ont contribué aux premières études visant à appréhender les impacts de cette crise sur l’économie nationale et fournir des éclairages pertinents pour la prise de décision. Ils ont aussi conduit des analyses sur les risques auxquels ont été confrontés les entreprises non financières marocaines dès le déclenchement de la pandémie. De même, ils ont mené des études comparatives des mesures budgétaires et monétaires déployés par plusieurs pays émergents et en développement pour soutenir l’activité et éviter que ce choc ne laisse des séquelles profondes sur leurs économies. Parallèlement à ces travaux, l’année 2020 a connu la publication de trois documents de travail sur des sujets qui se sont révélés d’un grand intérêt dans le contexte de cette crise : « Poids et évolution de l’économie informelle au Maroc », « Capacité de mobilisation des recettes fiscales au Maroc » et « Indice agrégé de stabilité financière au Maroc ». En outre, l’année écoulée a été marquée par l’organisation de plusieurs évènements dont notamment l’accueil d’imminents chercheurs visiteurs au sein de notre Institution dans le cadre du programme « Chercheur Visiteur » et la tenue de la conférence sur le système national d’information et de modélisation organisée conjointement avec l’Académie Hassan II des Sciences et Techniques, le Ministère de l’Economie, des Finances et de la Réforme de l’Administration, le Haut-Commissariat au Plan et l’Observatoire National du Développement Humain. Ces activités ont permis de renforcer les échanges d’expériences et l’ouverture de la Banque sur le milieu académique national et international. Pour ce qui est des travaux de recherche de 2021, ils concernent également des questions d’une grande importance pour l’économie nationale. Il s’agit notamment des thématiques portant sur la vulnérabilité du tissu productif, le rôle des systèmes de garantie des crédits, les déterminants de l’inflation, la monnaie digitale de banque centrale et la thésaurisation. En ce qui concerne les évènements programmés au titre de cette année, notamment la conférence « IMF Economic Review » et la cinquième édition des « Journées Internationales de Macroéconomie et de Finance », ils ont été reportés à 2022, en raison de la crise pandémique. Abdessamad SAIDI Directeur du Département Recherche 1. PUBLICATIONS Durant l'année 2020, trois travaux de recherche ont été publiés dans la série des documents de travail de Bank Al-Maghrib. Des interviews avec les auteurs ont été réalisées en vue de présenter aux lecteurs, les principaux résultats de leurs travaux. 4 COMMENT DÉFINIR L’ÉCONOMIE INFORMELLE ? POURQUOI SE DÉVELOPPE- T-ELLE ? ET QUEL EST SON IMPACT SUR L’ÉCONOMIE ? Dans la littérature dédiée à cette thématique, il n’existe pas de définition consensuelle de l’économie informelle. Un grand nombre de travaux reprend la définition proposée par Schneider et al. (2010) qui présentent l'informalité comme toute production légale sur le marché des biens et services, dissimulée aux autorités publiques pour des contraintes (i) monétaires dues aux charges liées aux impôts et cotisations de sécurité sociale, (ii) réglementaires à cause de la lourdeur des procédures administratives, et (iii) institutionnelles en lien avec la corruption, la qualité des institutions publiques et l’effectivité de l'Etat de droit. S’agissant des facteurs à l’origine de l’expansion de l’économie informelle particulièrement dans certains pays, les travaux de recherche soulignent la contribution significative du faible développement et l’incapacité des structures économiques et sociales urbaines à suivre la dynamique démographique du pays et, surtout, à intégrer dans l’économie formelle les jeunes et les migrants venus du milieu rural. Les résultats des travaux reviennent également sur le rôle très important de la fiscalité et de la rigidité de la règlementation. En effet, des charges fiscales élevées et une réglementation non adaptée du marché du travail incitent les entreprises à rester dans l’informel pour réduire leurs coûts. Bien que l’économie informelle puisse apporter une certaine flexibilité aux entreprises durant leur démarrage ou lorsqu’elles traversent une période difficile, son expansion pourrait obscurcir l’économie formelle. En effet, la présence de concurrents informels qui ne s’acquittent pas des différentes charges fiscales et sociales est de nature à instaurer une concurrence déloyale entre les opérateurs, réduire la rentabilité des entreprises formelles et affaiblir leurs capacités de développement. En outre, la profusion des activités informelles est associée à des taux de croissance économique modérés en raison de la faible accumulation du capital physique et humain. En plus, l'informalité limite les options des entreprises en matière de financement vu qu’elles sont souvent dans l’incapacité de répondre aux critères de fiabilité des comptes et de transparence exigés par les institutions financières. Aussi, et du moment que l’emploi informel se caractérise généralement par le non-respect de la réglementation du travail et l’absence de filets sociaux, la tendance à embaucher des travailleurs moins qualifiés qui 1.POIDS ET ÉVOLUTION DE L’ÉCONOMIE INFORMELLE AU MAROC LETTRE DE LA RECHERCHE DE BANK AL-MAGHRIB - Numéro 5 Kamal Lahlou Hicham Doghmi Friedrich Schneider LETTRE DE LA RECHERCHE DE BANK AL-MAGHRIB - Numéro 5 5 réalité a été mise au grand jour par la crise de la Covid-19 qui a révélé que 5,5 millions de familles opérant dans l’informel ont bénéficié des aides de l’opération « Tadamon ». QUELLE MÉTHODOLOGIE AVEZ-VOUS UTILISÉ POUR ÉVALUER L’ÉCONOMIE INFORMELLE AU MAROC ? QUELS SONT VOS PRINCIPAUX RÉSULTATS ? S’inspirant des travaux récents de la Banque Mondiale et du FMI, les approches indirectes «Demande de Cash (CDA)» et «Multiples Indicateurs Multiples Causes (MIMIC)» ont été utilisées pour mesurer la taille de l’économie informelle au Maroc sur la période 1988-2018. Ainsi, l’approche CDA stipule que si les transactions non enregistrées sont effectuées en cash pour échapper au contrôle des autorités, l’écart qui existerait entre la demande de cash de l’économie formelle et le cash en circulation observé dans l’économie devrait correspondre aux transactions des activités informelles. S’agissant de l’approche MIMIC, celle-ci considère que l’économie informelle est une variable non observable qu’on peut estimer à l’aide de variables structurelles (PIB, fiscalité, gouvernance, etc.) et de variables indicatrices qui reflètent son poids dans l’économie (cash en circulation, participation au marché du travail, etc.). Les résultats des estimations ont montré que l’évolution de l’économie informelle peut être décrite en trois périodes. Entre 1988 et 1998, elle a stagné autour de 40% du PIB selon les deux modèles CDA et MIMIC. Sur la période 1999-2008, elle a affiché une diminution relative avec une moyenne de 32% pour le modèle CDA et 34% pour MIMIC. La baisse s'est prolongée sur la période 2009-2018 mais à un rythme plus modéré vu que l'économie informelle a évolué autour de 30% du PIB pour les deux modèles. acceptent ces conditions peut ralentir l'accumulation du capital humain, la modernisation des outils de production et l'adoption des nouvelles technologies. Enfin, il est à noter que l’OCDE et le FMI soulignent que l’usage excessif de la monnaie fiduciaire par les opérateurs informels en vue d’échapper au contrôle de l’administration fiscale ralentit considérablement le développement des systèmes et moyens de paiement. EXISTE-T-IL DES ESTIMATIONS ANTÉRIEURES À VOTRE TRAVAIL SUR L’ÉCONOMIE INFORMELLE AU MAROC ? Pour mesurer l’économie informelle, la littérature fait ressortir deux principales approches. La première dite « directe » essaye d’évaluer la taille de l’économie informelle à travers des enquêtes auprès des ménages et des entreprises. La deuxième approche, indirecte, procède par des estimations économétriques à l’aide de différents déterminants socioéconomiques et institutionnelles de l'informel. Les deux approches présentent des avantages et des limites et sont complémentaires. Au Maroc, les études récentes traitant de la taille du secteur informel restent limitées et les définitions adoptées varient selon les objectifs poursuivis. Ainsi, d’après la dernière enquête nationale sur le secteur informel réalisée par le HCP en 2013, l’économie informelle hors agriculture se situe à 11,5% du PIB. De même, une étude menée par la CGEM en 2018 fait ressortir un poids de 21% du PIB non agricole. Enfin, Schneider et Medina, dans leur document de travail publié par le FMI en 2018, ont conclu à l’aide d’un modèle estimé sur 158 pays que l’économie informelle au Maroc a représenté en moyenne 34% du PIB sur la période de 1991-2015. A noter que ce résultat est proche d’une estimation uploads/Finance/ lettre-recherche-5-2021.pdf

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  • Publié le Jan 16, 2021
  • Catégorie Business / Finance
  • Langue French
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