Le contexte de microcrédit au Maroc Pré et post crise « Grameen- Jameel Microfi
Le contexte de microcrédit au Maroc Pré et post crise « Grameen- Jameel Microfinance Ltd a fait un tour d’horizon sur le contexte de microcrédit au Maroc avant et après la crise, ses causes, la façon dont le secteur a réagi et les leçons apprises. Ce document est basé sur l'expérience de Grameen-Jameel au Maroc et sur des témoignages de certains acteurs du secteur. Bien que ce ne peut pas présenter une image complète ni ne définit le secteur du microcrédit dans son ensemble au Maroc, il est destiné à relater les faits qui ont été mis en évidence pour apporter un éclairage sur les événements que le secteur du microcrédit a connus, comment le secteur s’en est sorti et les changements qui ont intervenu au cours des cinq dernières années " Citation de Julia Assaad, Directeur Général de la microfinance Grameen-Jameel Limited -Juin 2012. 2005-2007: Le succès du secteur du microcrédit au Maroc Le secteur du microcrédit au Maroc est considéré comme un leader dans le Moyen-Orient et dans l’Afrique du Nord (MENA) et une réussite reconnue dans le secteur de la microfinance dans le monde. Ce succès a été largement attribué à l'appui du Gouvernement marocain qui a permis la création d’un cadre réglementaire favorable à travers une loi microcrédit en 1999 et créé des fonds pour soutenir la croissance du secteur (Fonds Hassan II) ainsi que par l’attrait de bailleurs de fonds étrangers qui ont soutenu la croissance du secteur , et par des volontés et des compétences locales porteuses de projets de création et de développement d’associations de microcrédit. Cette croissance a été alimentée par une forte demande pour les services financiers aux populations non- bancarisées et par l'existence d’un potentiel d’activités génératrices de revenus au Maroc avec des gros besoins de financement et d'assistance technique. Treize institutions de microcrédit actives au Maroc se sont vite développées et pérennisées pour atteindre en 2007, un portefeuille de plus de 1,3 millions de clients actifs (le plus grand rayonnement dans la région), servant 44% de clients dans le monde arabe. Les quatre plus grandes IMF; Zakoura, Al Amana, la Fondation Banque Populaire et la FONDEP représentaient près de 90% du portefeuille encours du secteur au Maroc. Ces institutions ont été toujours classées parmi les plus performantes dans le monde et la croissance du secteur était unique, ce qui a fait du Maroc une référence dans le domaine du microcrédit assez rapidement. Le graphique ci-dessous, donne la répartition du portefeuille des encours par pays dans la région arabe. Source : Étude Sanabel- 2010 1 2008-2009 : le début de la crise La croissance du secteur du microcrédit au Maroc a été spectaculaire entre 2005-2007, elle a atteint plus de 60% en 2006. Cette croissance a été suivie par une décélération de l’activité et une détérioration de la qualité du portefeuille. A partir de fin 2008, les premiers signes de la crise du remboursement commençaient à se faire sentir au sein du secteur Microcrédit. Beaucoup de spécialistes et analystes du secteur attribuent ce phénomène à la croissance forte et rapide du secteur, une croissance qui n’a pas été souvent accompagnée par un renforcement des capacités institutionnelles des institutions. Une étude de cas1 réalisée par CGGAP en 2010 dans quatre régions du Monde ayant connu des crises de croissance, dont le Maroc, a révélé que dans les quatre régions, le problème de la crise des impayés dans le secteur était lié à trois facteurs de vulnérabilité: 1. La compétition sur le marché favorisant l’endettement multiple des clients 2. La limite des systèmes de contrôle des IMF 3. L’érosion de la culture du remboursement chez les clients. Sur les mêmes zones d’intervention, les institutions et leurs personnels se livraient à une course à la production débouchant sur un relâchement dans les pratiques de sélection des clients et d’octroi de prêts et l’érosion de la culture du remboursement chez les clients. Ces derniers n’étaient plus dans une logique de relation unique et de long terme avec leurs institutions pour autant qu'ils aient le choix entre plusieurs offres, sur les mêmes produits et dans les mêmes territoires. Le taux moyen de non renouvellement des prêts avoisinait les 35%, créant une forte pression sur les ressources humaines des Institutions. Les agents de crédit se voient contraints de faire la course aux nouveaux clients pour maintenir leur niveau de performance, leurs primes et les coûts opérationnels grimpaient en termes de prospection, de promotion et d’initiation des nouveaux clients. Les systèmes d’informations pour la plupart des institutions « faits maison » ont été dépassés par le volume des transactions et par la taille du portefeuille en forte croissance. Les reporting ne reflétaient pas toujours une image réelle des opérations sur le terrain et la migration vers de nouveaux systèmes de type bancaire à partir de 2007, a dévoilé des problèmes de gestion de portefeuille qui ne remontaient pas toujours à travers les anciens systèmes. 1http://www.lamicrofinance.org/files/27699_file_croissance_impayes_solutions.pdf 2 La forte concentration des associations de microcrédit en milieu urbain a conduit au phénomène d’endettement croisé qui était estimé à 30% entre 2008 et 2009, ramené aux alentours de 15% à partir de 2010. Depuis 2007, la Fédération Nationale des Associations de Microcrédit, l'organe de coordination du secteur, n’est plus implicitement informée des plans d'extension des IMF. L'outil de cartographie qui a été développé pour informer sur la présence géographique des associations, n'a pas été mis à jour depuis 2006. Ce n’est qu’en février 2012, que le Centre Mohammed VI pour la microfinance a repris le projet de mise à jour de l’outil et a invité tous les acteurs de la profession à signer un accord pour s’engager à fournir leurs données sur leurs présences territoriales à une fréquence trimestrielle. A partir de fin 2008, le portefeuille à risques a commencé à croitre considérablement en passant de moins de 1% entre 2003-2007 à 5 % en 2008 et à 10% en 2009. Le coût du risque est devenu un des principaux postes de coûts pour les institutions de microcrédit pesant lourdement sur leur rentabilité et sur leur solvabilité. Depuis 2009, le portefeuille de l’ensemble du secteur se contractait de 10% par an, en raison des mesures prises par plusieurs institutions pour maintenir une qualité de leur portefeuille à un niveau acceptable et réduire le risque lié à l’endettement multiple de leurs clients. La plupart des institutions ont adopté des mesures restrictives de limitation des clients communs dans leur portefeuille en interdisant l’octroi de prêts pour des clients déjà actifs chez les autres institutions, d’autres institutions ont interdit de débourser des clients actifs ayant des incidents de paiements. Le suivi de la situation des clients en commun a été rendu possible grâce à la mise en place d’un système d’échange de données clients entre les institutions, la centrale des risques interne qui est actuellement utilisée gratuitement presque par l’ensemble des acteurs du secteur. En 2011, treize IMF Marocaines desservent ensemble près de 800 000 clients actifs2 (sur une population de quelque 32 Millions) et gèrent un portefeuille de prêts d'un montant estimé US $ 552 M. Les prêts du Groupe représentent 70% de l'encours total et la taille moyenne des prêts reste stable à US $ 720. Le potentiel de la microfinance au Maroc est estimé à 3,5 millions de microentrepreneurs, ce qui porte le taux de pénétration du microcrédit à environ 23%. Prenant en compte le phénomène d’endettement croisé estimé à 15%3, le taux de pénétration effectif serait ramené de 23% à 20%. Dans certaines zones, on peut noter une concentration des Institutions de microcrédit, dans d’autres, une couverture relativement faible, en particulier dans les zones rurales. Les clients actifs ciblés sont souvent des micro-entrepreneurs avec des activités génératrices de revenus de très petite taille pour la plupart situées dans les zones urbaines et périurbaines. Certaines Institutions sont fortement présentes dans les zones rurales et leur portefeuille dans ces zones a évolué de manière très rapide pour égaler, presque leur portefeuille dans les zones urbaines, après seulement quatre années d’intervention en rural. La diminution de la taille du portefeuille de prêts a été accompagnée d'une amélioration de la qualité du portefeuille avec un portefeuille à risque de plus de 30 jours autours de 5% en 2011, en baisse de 25% par rapport à 2010 et de 50% par rapport à 2009. Le portefeuille à risque en 2009 s'élevait à 58 millions de dollars et la valeur des radiations près de $ 50 millions. 2 Chiffres du secteur à fin septembre 2011 (source FNAM et mixmarket) 3 Chiffres estimés à partir de la Centrale des risques 3 Ci-dessous, les graphiques montrant la tendance du nombre d'emprunteurs actifs et le portefeuille à risque entre 2009 et 20114.de 2005 à 2011 Source : Données des institutions ayant rapporté leurs chiffres sur le mix MIX market Etude de cas Zakoura La Fondation Zakoura Microcrédit (FZMC) a été fondée en 1995, et depuis sa création, elle s'est positionnée comme un institution de microfinance avec une forte mission sociale offrant à la fois des services financiers et uploads/Finance/ microcredit-morocco-french.pdf
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- Publié le Jui 12, 2022
- Catégorie Business / Finance
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